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Full text of "Le Roman de la Rose, par Guillaume de Lorris et Jean de Meung, dit Clopinel. Édition faite sur celle de Lenglet Dufresnoy, corrigée avec soin, et enrichie de la dissertation sur les auteurs de l'ouvrage, de l'analyse, des variantes et du glossaire publiés en 1737 par J. B. Lantin de Damerey. Avec figures."

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LE  ROMAN 

D  E 

LA  ROSE. 


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A  PARIS, 
DE  L'IMPRIMERIE  DE  DIDOT  JEUNE. 

L'AN  VII. — 1799. 


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LE  ROMAN 

D  E 

LA  ROSE, 

FAR 

GUILLAUME  DE  LORRIS 

ET 

JEAN  DE  MEUNG,  dit  Clopinez,. 

Édition  faite  sur  celle  de  Lenglet  Dufresnoy,  corrigée 
avec  soin,  et  enrichie  de  la  Dissertation  sur  les  Auteurs 
de  l'ouvrage ,  de  l'Analyse ,  des  Variantes  et  du  Glossaire 
publiés  en  1737  par  J.  B.  Lantin  de  Damerey. 

Avec  Figures. 
TOME  QUATRIÈME. 


A  PARIS, 

{J.  B.  FOURNIER  et  Fils, libraires,  rue  Hamefeuïïle,  n.«î7. 
P.  N.  F.DIDOT,  imprimeur-libraire,  quai  des  Augmtim,  n.°  aa, 

AN  SEPTIÈME. 


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E  TESTAMENT 

DE  MAISTRE 


JEAN  DE  MEUNG. 

lorieuse  Trinité . 
Une  essence  en  vraye  unité , 
En  trqys  singulières  personnes  : 
O  glorieuse  deïté , 
Et  souveraine  majesté , 
Qui  ung  Dieu  de  toutes  pars  sonnes  t 
Qui  toutes  choses  nous  feiz  bonnes, 
Qui  les  quatre  élémens  esbonnes , 
Qui  règnes  en  éternité , 
Qui  vivre  et  entendement  donnes , 
Et  tous  les  biens  nous  habandonnes , 
Aïde-mqy  à  ce  ditté. 

Tu  es  cil  Dieu  qui  trestous  feis , 
Qui  la  chair  en  la  Vierge  pris , 

4*  A 


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LE     TESTAMENT  (T. 

Sans  sa  virginité  mal  mettre , 
Dieu  et  homme  en  ung  corps  tu  mis, 
Et  à  la  foy  tu  te  soubzmys , 
Où  foy  ne  te  povoit  soubzmettre  ; 
.  Car  circoncis  fuz  à  la  lettre , 
Et  baptisé ,  pour  nous  démettre 
Du  pechié  que  tu  as  maulditz  : 
Nul  ne  se  povoit  entremettre , 
Fors  toy ,  de  ce  pechié  remettre  ; 
Par  quoy  à  toy  nous  as  acquis. 

Moult  de  voyes  tu  peusses  querre , 
S'il  te  pleust  pour  tous  nous  acquerre  ; 
Mais  ceste  fut  plus  convenable 
A  mouvoir  vertueuse  guerre , 
Pour  nostre  adversaire  conquerre  ; 
Si  nous  doit  estre  souvenable , 
Et  à  deux  mains  entreprenable , 
Pour  la  grant  joye  permanable , 
Gaigner  ce  qui  n'est  pas  en  terre  ; 
Ains  y  est  le  monde  et  le  diable , 
Et  chair  ensemble  guerroyable , 
Que  la  grâce  vaint  et  atterre. 


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fi.».)       DE   JEAN   DE  MEUN6.  3 

Qui  contre  ces  troys  veult  emprendre, 
Il  luy  convient,  pour  soy  deffendre , 
Avoir  foy  et  ferme  espérance , 
Et  charité  qui  n'est  pas  mendre , 
Et  doit  haubert  et  escu  prendre, 
Et  vrayes  œuvres  de  penance  ; 
Et  qui  a  ce,  soit  en  doubtance 
Que  dart  tant  soit  agu  ne  lance 
Puist  son  escu  percier  ou  fendre , 
Ne  doit  riens  doubter  qu'on  luy  lance, 
S'il  a  foy  et  ferme  espérance , 
Qu'on  doit  en  sept  choses  emprendré. 

Vraye  foy  de  nécessité , 
Non  tant  seulement  d'équité , 
Nous  fait  de  Dieu  sept  choses  croire  : 
C'est  sa  doulce  nativité , 
Son  baptesme  d'humilité , 
Et  sa  mort  digne.de  mémoire; 
Son  descens  en  la  chartre  noire , 
Et  sa  résurrection,  voire 
S'ascencion  d'auctorité, 
Sa  venuë  judicatoire , 


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LE    TESTAMENT  <,.5,.> 

Où  ly  bons  seront  mis  en  gloire , 
Et  ly  mal  en  adversité. 

Tenons  donc  pour  vray  fondement , 

De  Jesu- Christ  le  naissement , 

Le  baptesme ,  la  passion , 

Le  descens,  le  suscitement, 

L'ascension ,  le  jugement , 

Qui  sera  constimmacion 

De  ce  siècle ,  et  division 

De  l'humaine  créacion  ; 

Quant  les  bons  sans  département 

Auront  joyeuse  vision , 

Et  les  maulvais  confusion 

Qui  durra  pardurablement. 

Ces  sept  choses,  ces  sept  article , 
Sont  du  tout  qui  bien  les  applique , 
Contraire  aux  sept  péchez  mortelz  ; 
Ces  sept  sont  drois,  ces  sept  oblique , 

Ces  sept  sont  sain ,  ces  sept  éthique  ; 

Car  diables  si  les  a  séchiez , 

Qui  les  a  par  tout  aluchez , 

Puisqu'il  fut  par  luy  trebuschez  : 


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#)       DE   JEAN    DE    MEUNG,  S 

Mais  par  les  sept  saintz  y  replicque 
Dieu ,  qui  est  en  nous  embuschiez 
Par  grâce  où  il  crye  :  Tu  chiez , 
Se  tu  ne  tiens  foy  catholique. 

Se  foy  n'as ,  en  vain  te  phfsiques  ; 
Car  foy  a  toutes  les  reliques , 
Par  foy  toutes  vertus  sont  faictes , 
Elle  guerist  les  ydropiques , 
Les  pouacres ,  les  frénétiques  ; 
Car  elle  a  Part  et  les  receptes , 
C'est  la  fin  des  sept  ars  pourtraîctes , 
C'est  la  vision  des  prophètes , 
Ce  sont- là  les  dames  croniques , 
Ce  sont  les  sept  vertus  parfaictes , 
C'est  le  pouvoir  des  sept  planettes  9 
Qu'on  nomme  estoilles  erratiques* 

C'est  la  vertueuse  septaine, 
C'est  le  misteriel  sepmaine, 
Qui  parfaictement  signifie 
Le  cours  de  nostire  vie  humaine , 
Ce  sont  les  sept  dons  de  demaine, 


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6  LE    TESTAMENT  (t.k»> 

Du  saint  Esperit  c'est  la  hye, 

Qui  tout  froisse ,  desjoint  et  esmye, 

Orgueil  etyre  où  Dieu  n'est  mye, 

Et  gloutonnye  la  villayne, 

Luxure,  paresce  et  envje , 

Et  avarice  l'endurcie, 

Et  toute  leur  pourrie  graine. 

Ces  sept  articles  de  foy  vraye, 
Qui  dresse  quanque  pechié  playe, 
Sont  figurés  en  maintes  guyses: 
Salomon  son  temple  en  estaye 
Sur  sept  pilliers ,  mais  la  gent  laye 
N'ont  pas  telz  figures  aprises  ; 
Saint  Jehan  en  a  fait  ses  devises 
Des  sept  anges ,  des  sept  églises, 
Des  sept  chandeliers  où  Dieu  raye, 
Des  sept  estoilles  de  Dieu  prises , 
Des  sept  lampes  au  trosne  assises , 
Où  toute  charité  est  gaye. 

Sept  signaulx y  a  en  ung  livre, 
Que  Dieu  qui  siet  au  trosne  livre 


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rr.nx)       DE   JEAN    DE    MEUNG.  7 

A  l'aignel  qui  sept  cornes  a , 

Et  sept  yeulx  ;  mais  nul  qui  puist  vivre 

Fors  cil  qui  de  mort  voult  revivre , 

Aux  signes  ouvrir  n'a  deçà  ; 

Mais  si-tost  que  ou  vers  les  a, 

Dont  saint  Jehan  il  se  repaisa, 

Qui  le  mystère  voult  descrire , 

Que  Faignel  que  Judas  baisa , 

Qui  pour  nous  tant  se  mesaisa , 

Que  nous  feussions  de  mort  délivre. 

Doncques  en  sept  lieux  sept  louanges , 
Et  sept  busines  et  sept  anges, 
Businans  successivement , 
Monstrans  les  visions  estranges 
Qui  sont,  se  vraye  foy  ne  changes , 
Des  sept  articles  fondement, 
Se  tu  y  voys  parfondement, 
Sans  herese  confondement, 
Lors  resourdront  les  mors  des  fanges , 
De  terre  en  leur  corps  proprement ,  . 
Et  en  leurs  ames  ensement , 
Sans  erreur  de  foy  ne  t'enfanges. 


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8 


LE  TESTAMENT 


Ces  ames  que  j'ay  nommées  , 
Ne  sont  pas  fables  controuvées  f 
<?  De  blanche  fleur  ne  d'esglantine  ; 
Ains  sont  visions  esprouvées, 
A  noz  saintz  pères  démons  trées, 
Par  inspiration  divine , 
Toutes  naissans  d'une  racine 
Qui  est  de  vraye  foj  medicine, 
Qui  rend  les  ames  terminées  , 
Qui  par  foy  les  purge  et  affine  > 
Et  qui  par  œuvre  vraje  et  fine 
Les  rend  devant  Dieu  affinées. 

Ces  sainctes  septaines  sans  doute» 
Qui  comprennent  nostre  fqy  toute 
En  vérité  et  en  figure , 
Qui  en  aspirant  la  mere  goutte , 
Et  la  savoure  bien  et  gouste , 
Selon  nostre  saincte  escripture , 
Tiennent  nostre  vie  bien  seure , 
Et  nostre  manière  bien  meure , 
Et  purge  toute  mortel  goutte , 
Ceste  vive  et  divine  armeure , 


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î%l&J,}      DE   JEAN   DE    ME  UN  G. 

Qui  devers  Dieu  si  nous  asseure , 
Qui  ce  ne  croit- il  ne  voit  goutte. 


9 


Goutte  certes  ne  voit- il  point , 
Ains  est  aveugle  en  ce  point , 
Quant  aux  jeulx  de  l'entendement  ; 
Car  Dieu  de  ses  sept  poins  n'ont  point 
Et  ceste  armeure  et  ce  pourpoint , 
C'est  nostre  garentissement 
Contre  tout  envahissement  : 
Pour  ce  vueil  singulièrement 
Parler  de  chascun  point  à  point  ; 
Car  si  affectueusement , 
Ne  si  très -amoureusement, 
Riens  que  je  saiche  ne  me  point. 

O  très- glorieuse  naissance , 
Qui  humilias  la  puissance , 
A  qui  nulle  ne  se  compère  f 
Qui  fis  du  Filz  de  Dieu  enfance  > 
Qui  desordonnas  ordonnance  , 
Quant  tu  fis  de  la  fille  mere  > 
Char  de  déité  pure  et  clere  > 


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ÎO  LE  TESTAMENT 

Homme  de  Dieu  frère  de  pere , 
Et  de  mortel  guerre  alliance  ; 
Ceulx  qui  virent  ce  saint  mystère 
Ne  voulurent  ce  que  j'aj  dit  taire, 
Trojs  mil  ans  et  plus  devant  ce. 

Mojse  qui  la  loy  ordonna , 
Et  foj  chrestienne  y  entonna , 
Couverte  de  cerimonies , 
Saint  Abraham  la  rebonna , 
Qui  la  circoncisionna  ; 
Et  puis  vindrent  les  prophecies , 
David ,  Daniel ,  Ysaies  , 
Ezechiel  et  Jeremies , 
Et  maint  autre  en  sermonna  ; 
Leurs  paroles  sont  averies  , 
En  ung  baptesme  tesmoignies , 
Quant  la  voix  du  pere  j  tonna. 

Vertueux  baings  et  moult  seris  9 
Qui  saulvez  et  riens  ne  péris  ; 
Puisque  Dieu  entrer  y  daigna, 
Et  tout  le  monde  estoit  péris  > 


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„0      DE    JEAN    DE   M  E  U  N  G.  il 

Ne  bien  qui  fust  n'estoit  méris  ; 
Quant  le  doux  fils  Dieu  se  baigna , 
Dieu  le  pere  Taccompaigna, 
Qui  telz  motz  dits  sur  le  baing  a  : 
Ojez-le ,  c'est  mon  fils  chéris  ! 
Ce  saint  sacrement  empreigna 
Le  coulon  qui  ce  enseigna , 
Com  vraj  Dieu  et  sainct  Esperis. 

Fontaine  vivificative , 
Saincte  eauë  generative  * 
Fleuve  de  remède  final, 
Clere  unde  purificative, 
Du  vieil  homme  renovative , 
Qui  par  son  pechié  cri  minai 
Espandit  de  son  orinal  , 
Par  tout  le  vice  original 
Chargié  de  paine  obligative , 
Du  fruict  du  ventre  virginal, 
Pour  nous  délivrer  de  tout  mal 
Donna  ceste  eauë  purgative. 

Glorieux  Fleon ,  glorieuse  Eve , 


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LE    TESTAMENT  , 

Qui  lavas  ce  qu'Adam  et  Eve 
Ont  par  leur  pechié  ordoyé  9 
Tu  trouves  au  gâtel  la  feve, 
Et  metz  en  bûche  seiche  seve , 
Par  les  motz  qui  sont  desplqyé 
Sur  toj ,  par  quoj  t'y  souldojé 
Sont  en  ung  moment  souldojé , 
En  la  joye  qui  tout  achevé , 
Tu  es  le  Fils  Dieu  baptoyé, 
Par  qui  nous  sommes  nectoyé 
D'ordure ,  d'escume  et  de  beve. 

Comme  grant  sacrement  cy  a , 
Qui  la  trinité  dédia , 
Baptiser  oyant  et  veant  ; 
Quant  cil  qui  tout  fist  et  créa, 
Nos  pechié  il  mondiffia, 
Et  il  recreut  le  recréant , 
Et  nous  soubstrait  du  soubstrayant 
Qui  tous  nous  alloit  soubstrayant, 
Par  noz  parens  qu'il  conchia , 
Soyons  de  ce  ferme  et  créant , 
Car  je  vous  afferme  et  créant , 


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Cv.âi*.)      DE  JEAN   DE   ME  UN  G.  l3 

Que  Dieu  nous  j  sanctifia. 

Moult  a  cy  vertueux  baptesme, 

Qui  enta  sans  huille  et  sans  cresme 

Salut  d'invocacion  trine , 

Qui  tout  peut  sans  nombre  et  sans  esme , 

Qui  enchâsse  Tesperit  pesme , 

Par  sa  vertu  puissant  et  digne, 

Qui  par  tout  rend  l'ame  bénigne , 

Et  en  trait  toute  riens  maligne. 

Et  d'innocence  si  la  sesme , 

Qui  la  fait  plus  blanche  que  cresme  f 

Et  la  seigne  de  son  saint  signe , 

Et  la  retient  tout  à  soy-mesme. 

Or  parlons  du  sacrement  tiers , 
Où  je  peus  tant  plus  volentiers 
Quant  il  plus  nous  vault  et  profKte  : 
C'est  le  nostre  greigneur  rentiers , 
Et  nostre  amj  lj  plus  entiers , 
Et  où  plus  grant  amour  habite , 
Qui  toutes  noz  debtes  acquitte , 
Et  nous  radresses  et  hérite  f 


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LE  TESTAMENT 

Qui  nous  adresse  ès  drois  sentiers, 
Qui  a  mort  par  mort  desconfite , 
Qui  a  vie  en  son  sens  confite , 
Qui  a  fait  quanqu'il  est  mestiers. 

Mestiers  fist  à  l'humain  lignage, 
Que  plus  fort  de  luj  mist  en  gage , 
Suffisant  pour  luj  acquitter 
Vers  Dieu  qui  l'eut  fait  à  s'jmage , 
Qui  paradis  à  héritage 
Luj  livra  pour  luj  délicter  ; 
Mais  petit  luj  peut  prouffiter , 
Pour  Eve  et  Adam  qui  jetter 
S'en  firent  à  tout  leur  mesnage  ; 
Pour  ce  vient  en  terre  habiter 
Le  fils  Dieu,  pour  eux  hériter , 
Où  il  souffrit  de  mort  la  rage. 

Mort  très-angoisseuse  et  sans  feinte , 
Mort  très -douloureuse  et  pou  plainte, 
Mort  nette  de  mortel  desserte , 
Mort  très-glorieuse  et  très-saincte, 
De  vie  et  de  victoire  enceinte, 


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DI   JEAN   DE   MEUNG.  ï$ 

Où  Déité  estoit  couverte, 
Mort  dure  doulcement  soufferte , 
Puissance  est  à  son  gré  offerte  , 
Souveraine  beaulté  estainte , 
Fort  couverture  descouverte, 
Forteresse  en  cinq  lieux  ouverte , 
Pitié  de  toutes  parts  emprainte. 

Très-doulx  Dieu,  qui  peut  dignement 
Parler  de  ce  saint  sacrement 
Où  tout  lj  autre  ont  vertu  prise , 
Où  cil  qui  est  Dieu  proprement, 
Sans  fin  et  sans  commencement  f 
S'obligea  pour  mettre  à  justice , 
Et  qui  pour  nous  si  pou  se  prise,. 
Qui  la  mort  maistrise  et  justise , 
Par  effect  de  faulx  jugement , 
Qui  termine  arbitrage  et  mise, 
Qui  paje  la  paine  commise 
Du  trespassé  commandement  ? 

Adam  par  grant  impacîence, 
Et  par  fol  inobédience  f 


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LE    TESTAMENT  (v. 

Mordit  le  mors  qui  mort  engendre; 
Pource  vient  par  obédience 
La  vertu  et  la  sapience 
De  Dieu  chair  en  la  vierge  prendre  , 
Puis  se  souffrit  trahir  et  vendre, 
Batre ,  lyer ,  clouer  et  pendre, 
Pour  haster  vostre  expedience , 
Son  doulx  costé  ouvrir  et  fendre , 
Sa  glorieuse  amè  à  Dieu  rendre 
En  souveraine  patience. 

Par  tout  souffrir  pour  nous  saulver, 
Forment  fut  pour  nous  mener 
Aux  délictz  qui  sont  sans  essoine , 
Où  nul  ne  povoit  assener 
Sans  luy ,  qui  se  laissa  pener 
Pour  nous  oster  hors  de  la  paine 
Qui  à  mort  pardurable  mairie, 
Par  tout  fut  trouvé  sa  brojne , 
Par  noz  ennemis  refréner , 
N'y  ot  emplastre  de  cyroyne , 
Ne  n'y  ot  nerfz ,  ne  oz  ne  vaine , 
A  estendre  n'à  estrener. 


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t*.^.),      DE    JEAN  DI   MEUNG»  17 

Tous  ses  membres  jusques  au  feste, 
Pieds  et  mains,  bras ,  costé  et  teste , 
Furent  tous  de  sang  arrousé  , 
Pour  laver  sa  gent  et  sa  geste , 
Qui  par  leur  coulpe  manifeste 
Estoyent  par  tout  si  housé, 
Et  si  ort  et  si  embousé , 
Que  se  le  sang  dont  dit  vous  é 
Ne  fust  jamais  sainct  n'eust  esté > 
N'aux  nopces  du  saint  espousé 
N'entrast  homme ,  rez  ne  touzé , 
Pour  prière  ne  pour  requestei 

Pour  Dieu ,  or  ne  vous  soit  paresse 
D'assavourer  com  grant  aspresse 
Dieu  souffrit  en  sa  passion  ; 
Car  qui  au  voir  dire  s'adresse , 
Sa  doulceur  et  sa  grant  destresse 
Fut  sur  toute  estimation , 
Pour  sa  noble  complexion  > 
Qui  soustint  ceste  affliction  ; 
Et  pour  plus  fort  causeant  ce , 
Ce  fut  l'amoureuse  union  • 
4.  B 


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1.8  LE    TESTAMENT  (ft3$9.f 

Dont  la  mort  fist  division , 

Au  meilleur  point  de  sa  jeunesse. 


S'ame  de  son  sainct  corps  partir, 
Luj  fist  un  tant  greigneur  martir, 
Quant  Famé  plus  le  corps  ayma  ; 
Mais  ceste  amour  fut  sans  mentir 
Plus  grant  que  cueur  ne  peut  sentir  ; 
Car  saint  Esperit  l'enflamma , 
Et  l'embrasa  fort  et  flamma 
Du  doulx  feu  qui  doulce  flamme  a  , 
Qui  fait  amer  sans  repentir  9 
Qui  si  s'y  joignit  et  ferma , 
Qui  déité  y  afferma , 
Pour  tout  saulver  et  garentir. 

Glorieux  corps ,  glorieuse  ame , 

Conçeu  de  Dieu ,  ne  de  femme  , 

En  humanité  honorant 

Dieu  se  texit  en  ceste  lame , 

Rotée  en  croix  comme  une  game, 

Du  précieux  sang  decurant, 

Qui  amortit  mort  en  mourant,  ' 


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^       DE  JEA»   DÉ  MEDNG.         •  19 

Qui  auxentit  plours  en  plourant, 
Qui  nous  délivra  de  la  flame 
Et  du  feu  d'enfer  demourant , 
En  homme  et  femme  secourant, 
Pour  ame  serve  faire  Dame. 


Dieu ,  qui  vous  meist  en  ce  vouloir 
Pour  quel  cause  offristes  vous  loir 
De  paradis  à  mort  pour  homme  ? 
Qui  vous  mist  à  vous  tant  douloir, 
Pour  voz  ennemis  desdouloir  ? 
Qui  vous  mist  à  porter  leur  somme  ? 
Par  les  glorieux  saintz  de  Romme, 
Vous  ne  mangastes  pas  les  pomme, 
Ne  leur  en  donnastes  vouloir  : 
Du  mangier  si  me  merveil  comme 
Nul  qui  soit,  ose  c'est  la  somme, 
Riens  qui  vous  vueille  desvouloir. 

S'aulcun  pour  ses  enfans  endure 
Aulcune  maie  grant  advanture, 
Ou  les  amis  pour  les  amis , 
Lojaulté  et  droit  de  nature 


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20  LE  TESTAMENT 

Font  et  soignent  ceste  cousture, 
Par  les  poins  que  Dieu  j  a  mis  ; 
Mais  de  son  gré  cil  c'est  soubzmis 
D'acomplir  ce  qu'il  a  promis, 
A  mourir  à  si  grant  laideure , 
Et  prier  pour  ses  ennemis 
Que  leur  méfiait  leur  soit  remis, 
C'est  rage  d'amour  sans  mesure. 

Nul  ne  s'en  peut  amesurer 
A  parfaictement  mesurer 
L'amour  Jesu -Christ  et  la  mort  ; 
Nul  ne  les  peut  si  grans  jurer, 
Qui  s'en  peut  de  riens  parjurer , 
Tant  en  juge  qu'à  mort  la  mort, 
Qui  d'amour  endure  la  mort  ; 
Car  la  pomme  et  cil  qui  la  mort, 
Qui  bien  le  sçait  conjecturer , 
Firent  tant  que  cil  contre  mort, 
Que  conscience  ne  remort 
De  mort  souffrir  pour  mort  curer. 

S'amour  fut  si  caritative, 


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tt.ja.)      DE   JEAN    DE    M  E  U  N  G,  2* 

Et  sa  mort  si  amerative, 

Que  nul  engin  ne  peut  atteindre  f 

Àins  convient  que  cueur  se  cqytive  ; 

Car  les  mies  yssent  de  rive , 

Qui  trop  veult  les  croustes  estraindre  ; 

Mais  qui  veult  grappe  a  droit  espraindre, 

La  bonté  du  vin  en  est  graindre , 

Et  plus  vertueuse  et  plus  vive: 

Pour  ce  voult  Dieu  au  meilleur  maindre , 

Pour  nous  donner  exemple  à  fraindre , 

Et  de  laisser  chose  excessive. 

Saint  Pol  qui  sçeut  si  haultement , 
Enseigne  à  sçavoir  sobrement, 
Et  non  plus  que  sçavoir  comment  : 
Assez  sçait  qui  croit  fermement  r  s 
Et  qui  se  régeist  simplement, 
Dieu  qui  tout  peut  et  dont  tout  vient  , 
Cueur  peut  tost  errer  laidement, 
Qui  parler  en  veult  autrement  ; 
Quant  de  la  mort  Dieu  me  souvient , 
Une  pensée  me  sourvient 
Où  je  pense  entendivement  : 


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22  LE  TESTAMENT 

C'est  que  tout  bien  de  Dieu  nous  vient* 

Povoirs  et  vouloirs  et  bontez, 
Ces  trois  tout  ung  en  Dieu  compter 9 
Créèrent  tout  nostre  roison  ; 
Anges  à  Dieu  plus  hault  monter, 
Et  donna  à  leurs  neuf  costez , 
Franc  arbitre  par  livroison  ; 
Mais  ly  plus  que  par  mesprison 
Et  par  orgueilleuse  achoison , 
Cheirent  du  tout  ahonter , 
Et  vuyderent  le  ciel;  mais  hom 
Fut  fait  pour  remplir  leur  maison 
Qui  chejt ,  puis  fut  remontez. 

Ly  ange  par  soj  se  déceupt , 

Pource  n'eut- il  et  ne  recôupt 

Saulveur  ne  nul  médiateur  ; 

Mais  tantost  contre  homme  conceupt 

Par  envye ,  car  il  perceut 

Que  Dieu  l'eut  fait  de  tel  atour , 

Pour  monter  au  ciel  en  sa  tour , 

Avec  son  tfès-doulx  Créateur* 


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DE    JE  AN    DE    ME  UN  G.  23 

Lors  tempta  homme ,  et  homs  le  creut  ; 
Pouree  ltiy  donna  curatouf 
Dieu  le  pere  qui  cura  tout, 
Par  arbre  et  que  l'arbre  l'acreut. 

Helas  l  pourquoj  tant  meschey 
A  hom  cp*i  le  desobej , 
A  Dieu  qui  bel  et  bon  loeset? 
Car  tantost  en  pechié  chey , 
Quant  Dieu  l'eut  fait  et  l'eut  beney , 
:  Ce  fut  de  bien  fait  à  tort  fait  ; 
Car  il  mist  en  son  vil  coffret 
La  pomme  que  cil  luj  offret , 
Que  Dieu  avoit  or  jà  malej  : 
Cy  ont  fort  font  et  ont  fort  fait; 
Caï  le  Fils  Dieu  pour  ce  fort  fait, 
Qu'il  ne  pécha  mal  en  chey. 

Hé  !  coiilpe  bien  ftdvantureuse , 
Qui  de  la  mort  Dieu  précieuse 
Estre  ravise  desservis , 
Tu  nous  fuz  trop  contrarieuse, 
Destraiguans  et  contagieuse  ;    •  :i 


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24  LE    TESTAMENT  Cv.^ 

Car  tout  le  monde  as  asservis  : 
Tu  feis  serfz  mors  et  feis  serfit  vifz  ; 
Dieu  serujt ,  et  tu  desservis 
De  gloire  et  de  vie  joyeuse  : 
Dieu  mesme  de  la  mort  servis , 
Qui  à  mort  faulse  le  transmis 
Par  la  fine  mort  vertueuse. 

Ceste  vertu  par  tout  courut , 
Quant  soy-mesmes  ne  secourut, 
Fors  ceulx  qui  le  croyent  et  creurent  ; 
Car  qui  par  foy  n'y  acobrut , 
Par  mescheance  vil  mourut , 
Et -pires  après  qu'avant  furent 
Ceulx  qui  en  ceste  foy  ne  creurent , 
Et  qui  n'ont  fait  ce  qu'ilz  deurent  : 
Car  puisque  le  Filz  Dieu  parut , 
En  chair  si  bel  fait  et  parurent , 
Parmy  furent  ceulx  qui  mescreurent  ; 
Car  rayson  adonc  fort  courut. 

Fort  courre  est  muer  droicte  voye , 
Et  cil  se  mue  trop  et  desvoye , 


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7-)       DE  JEAN   DE   METTNG.  2$ 

Et  desvoya  qui  lors  le  veit , 
S'il  ne  le  creut  ;  car  il  ravoye 
Les  desvoyés ,  et  les  convoyé 
A  la  gloire  qu'il  leur  promist , 
Où  tous  leurs  souhetz  assovist , 
Où  nul  n'entre  qui  se  forvist, 
Ne  n'entrera  qui  se  forvoye. 
Cil  qui  tout  gouverne  et  chevit, 
Qui  vray  Dieu  sans  fin  règne  et  vit , 
Nous  doint  que  chascun  là  le  voye  ! 

La  le  verrons-nous ,  c'est  le  voire , 
Par  bien  ouvrer  et  par  bien  croire  ; 
Mais  foy  est  la  première  porte 
D'entrer  en  pardurable  gloire  ; 
L'autre  est  bien  ouvrer  sans  recroire: 
Car  foy  sans  bien  ouvrer  advorte , 
Foy  sans  bonnes  œuvres  est  morte , 
L'une  sans  l'autre  est  voye  torte , 
En  ceste  vie  transitoire  : 
Quant  Tune  avecque  l'autre  porte  f 
Elle  allège  tout  et  réconforte  # 
Et  oste  enfer  et  purgatoire* 


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26  LE    TESTAMENT  ul 

Ces  deux  lieux  sont  faitz  à  punir 
Tous  ceulx  qui  faillent  à  venir , 
A  ces  biens  souverains  ensemble , 
Qui  pevent  blanchir  et  brunir 
Tout  homme ,  et  garnir  et  munir 
Paradis  ou  Dieu ,  ce  me  semble , 
Que  nul  s'U  n'est  net  ne  resemble 
A  une  f  les  bons  y  assemble , 
Pour  les  sièges  vuydes  remplir;  1 
Caï  quant  ennemys  y  dessemble , 
Il  convient  que  Dieu  y  rassemble , 
Ains  que  ce  siècle  doje  finir. 

Tu  qui  m'os,  lesyeulx  du  cueur  euvres; 
Car  vraye  foy  est  et  bonnes  œuvres 
Feront  ceste  doulce  assemblée , 
Et  si  par  ce  ne  la  recueuvres , 
Là<en  vain  t'excuses  et  œuvres  ; 
Car  jà  n'y  sera  acceptée 
T'excusation ,  n'escoutée  ; 
Ain$  est  t'ame  et  ta  chair  boutée 
En  enfer,,  aux  lict  aux  couleuvres , 
Qui  peut  cy  estre  recouvrée , 


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,         DE    JEAN    DE   MEUNG.  2j 

Et  garaijtye  et  délivrée , 

Se  tu  as  foy  et  bien  tu  œuvres. 

Vray  foy ,  espérance  et  amours , 
En  homme  et  femme  qui  amours 
Sont  les  trojs  vertus  de  salu , 
Dédiées  de  deux  coulours , 
Qui  décoururent  de  doulours 
Du  costé  Dieu  à  grant  palu , 
Qui  cje  la  chartre  Tantalu  f 
Et  de  la  maison  Dedalu 
Nous  mist  hors ,  où  tant  a  de  tous  : 
Se  plus  ne  nous  en  eust  valu 
Qu'il  ne  nous  a  de  luy  chalu , 
Là  fust  de  nous  tous  ly  retours. 

Là  retourner  nous  convenoit 
Par  force ,  quant  homs  ne  tenoit 
De  quoy  suffisamment  payer  f 
Se  ly  doulx  Filz  Dieu  ne  prenoit 
Chair  d'homme ,  cil  ne  la  prenoit 
Pour  homme  à  son  pere  apayer; 
Pource  se  laissa  -  i  1  player  ê 


i 

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2S  LE    TESTAMENT  ( 

De  son  précieux  sang  rayer , 
Car  force  d  amour  le  menoit; 
Bel  fut  nez  qui  sans  délayer , 
Voult  en  cueur  souvent  essayer , 
Que  son  corps  en  croix  soustenoit. 

Toutes  vertus  parfaictemenfr, 
Comme  en  leur  propre  fondement  9 
Sont  en  luy  qui  veult  dire  voyr; 
Pour  ce  ama-il  plus  vivement, 
Et  souffrit  plus  sensiblement, 
Quant  vint  à  la  mort  recevoir; 
Car  chascun  peut  apparcevoir 
Qu'il  fist  pour  chascun  son  devoir  f 
Qui  povoit  avoir  sonnement  : 
C'est  ce  qui  me  fait  concevoir 
Que  s'amour  fut ,  sans  décevoir, 
Sur  tout  humain  entendement. 

Veoir  povez  en  la  saincte  croix, 
Se  de  penser  tu  n'y  recroix , 
De  sa  grant  amour  le  mystère  ; 
Car  se  tu  en  t'ame  m'accroix , 


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DE   JEAN   DE   ME  UN  G.  2$ 

Ou  tes  propres  yeulx  ne  mescroix, 
Il  tend  ses  bras  hault  à  son  pere , 
Son  chief  au  peuple  et  à  sa  mere , 
Esquelz  le  fruict  de  sa  prière 
Descent  aussi  comme  une  escroix , 
Qui  fendit  la  dure  pierriere 
Qui  de  bière  et  de  mort  amere 
Ressourt  maint  mort  à  celle  foys. 

Les  piedz  pour  nous  aval  descendent, 

Et  du  long  de  la  croix  s'estendent 

Vers  terre ,  pour  fructifier 

A  ceulx  qui  ce  mystère  entendent , 

Et  sa  doulce  mercy  actendent , 

Pour  eulx  ou  luy  se  confier, 

Pour  leurs  ames  justifier, 

Pour  aymer  et  croire  et  fier, 

Qui  leur  vie  et  leurs  us  despendent , 

Et  luy  doulcement  mercier, 

En  luy  très -humblement  prier 

Que  leurs  cueurs  o  luy  en  croix  pendent 

Çueur  qui  en  ceste  croix  se  pent , 


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Sa  LE    TESTAMENT  t, 

Dont  nostre  saulvement  despent, 
Ne  peut  ne  ne  doit  riens  doubter, 
Qui  des  maulx  passez  se  repent, 
Et  aux  maulx  presens  se  souspent, 
Que  ne  luj  puissent  point  grever 
Au  salut  de  s'ame  eschiver , 
Seur  se  peut  couchier  et  lever 
Qui  son  temps  en  tel  us  despent; 
Car  toutes  boces  peut  crever, 
Et  son  cueur  jusqu'au  vif  câver , 
Pour  garir  tout  maulx  de  serpent. 

Toute  morsure  venimeuse 
Garist  celle  croix  précieuse , 
En  cueur  qui  la  sçet  aguisier  : 
Elle  est  et  riche  et  très -heureuse, 
Elle  est  en  tous  biens  planctureuse , 
Si  qu'on  ne  la  peut  espuisier , 
Tant  y  peut-on  prendre  et  puisier  : 
Ce  n'est  pas  puis  huj ,  ne  puis  hier, 
Que  croix  est  et  fut  vertueuse  ; 
Nul  ver  ne  la  puist  pertuisier, 
Ne  son  vernis  vermenuisier , 


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t)       DE   JEAN    DE   MEUNG.  31 

Car  elle  est  de  tous  vers  tueuse. 

Croix  fut  du  sang  Dieu  vernisée, 
DQiit  une  goutte  où  qu'elle  chée 
Pourroit  nul  monde  rachapter  : 
Croix  fut  par  grâce  pourchassée  9 
Croix  fut  avec  Dieu  clofichée, 
A  qui  nulz  ne  peut  contrester  : 
Croix  acquitte  sans  endebter, 
Croix  aïde  sans  barater  ; 
Et  quant  elle  est  en  cueur  fichée , 
Diable  n y  peut  jvrqye  gecter  f 
Ne  giboer ,  ne  fureter , 
Car  croix  ne  peut  èstre  enforcée. 

Croix  a  fort  cueur  et  dure  escorce , 
Croix  ne  doubte  cisel  ne  force, 
Ne  diable ,  ne  chair ,  ne  le  monde  ; 
Les  fors  frappe ,  froisse  et  defforce , 
Les  foibles  conforte  et  enfonde  ; 
Car  tput  effort  en  croix  se  fonde  : 
Croix  est  la  pierriere  et  la  fonde 
Qui  tout  encravante  et  affonde  ; 


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32  LE  TESTAMENT 

Car  le  sang  Dieu  luj  donne  force , 
Longue ,  lée ,  haulte  et  profonde 
.  En  tous  lieux  et  de  tous  biens  bonde; 
Car  diable  ne  craint  riens  force  ce. 

Croix  ne  peut  mye  estre  defFuyte, 
Car  elle  est  du  sang  Dieu  confite  ; 
Et  qui  ce  sçait  et  regehist, 
Avec  Dieu  en  sa  croiz  habite  : 
Croix  fut  jadis  vieulx  ét  despite, 
Ains  que  le  Filz  Dieu  ne  s'y  mist  ; 
Car  qui  adoncques  se  meffit, 
Croix  de  double  mort  si  loccist , 
L'une  et  l'autre  honteuse  et  triste  : 
Le  corps  du  bon  larron  mort  prist, 
Et  l'ame  jamais  Dieu  ne  vist , 
Car  nul  bien  n'avoit  lors  mérite. 

Riens  quant  à  pardurable  gloire , 
N'estoit  devant  croix  méritoire  ; 
Mais  ceste  croix  dont  je  vous  dj, 
Nous  ediffia  purgatoire , 
Qui  rend  paine  consolatoire 


s 

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D        DE  JEAN  DE  MED  N  G.  33 

A  ceulx  dont  on  chante  au  lundy  ; 

Car  le  Filz  Dieu  qui  y  pendjr , 

Pour  son  sang  qui  y  espandy , 

Qui  avoit  vertu  rédemptoire, 

Tant  y  hurta  et  contendy. 

Que  la  vie  nous  y  rendy 

Par  mort  qui  eut  de  mort  victoire. 

A  mort  de  toutes  mors  non  paire, 

Et  à  qui  nul  ne  se  compère, 

Sans  qui  nul  n'est  sauf  ne  sera  , 

N'oncques  ne  fut;  quant  ly  saint  pere 

Veirent  et  creurent  ce  mystère, 

Ta  vertu  qui  mort  enfer  a, 

Qui  ce  croit,  ou  creut,  qu  croira  , 

Et  pas  ne  se  démentira , 

Ja  ne  mourra  de  mort  amere; 

Car  ta  vertu  le  saulvera , 

Qui  povoir  de  tout  saulver  a  : 

Tu  nous  es  fille ,  dame  et  mere. 

Fille  humble ,  dame  prouffitable , 
Mere  advenant  et  amyable, 


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34  LE    TESTAMENT  (,.«„.) 

Amour  et  àmye  amoureuse. 
Grâce  aggreant  et  aggréable, 
Pitié ,  piteuse  et  piteable, 
Qui  descendit  victorieuse 
Jusqu'en  la  charte  ténébreuse , 
Où  la  lumière  glorieuse 
S'espandit,  et  se  fist  voyable 
A  ceulx  qui  vie  langoureuse 
Menèrent  en  vie  joyeuse , 
Quant  lors  tu  triumphas  du  diable. 

O  com  joyeuse  descenduë , 

Par  qui  lumière  fut  renduë 

A  ceulx  qu'en  ténèbres  estoyent , 

Moult  leur  en  fut  grant  joye  creuë , 

Quant  cil  qui  souffrit  à  leur  veuë , 

Que  si  ardamment  desirovent  » 

Et  qui  prophetisié  avojent, 

Et  sa  descenduë  attendovent 

Deux  mille  ans  devant  sa  venuë  ; 

Et  croy  que  mains  si  luy  disoyent  : 

O  très-doulx  saulveur  !  nozyeulx  voj'ent 

Nostre  prophecie  advenuë. 


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lY.TM.)       D?  JEAN   DE  M  EU  NO.  % 

Àdonc  David ,  Ysaïes , 

Ne  teurent  pas  leurs  prophecies, 

Qui  parlement  de  cest  endroit  ; 

Ezechiel  et  leremyes , 

Et  saint  Jean  et  saint  Zacharies, 

Qui  bien  sçavoyent  qu'il  viendrait. 

Et  qu'à  eulx  saulver  entendrait, 

S  escrierent  lors  orendroit  : 

Sont  noz  paroles  avérîes  ; 

Il  nous  promist  que  chair  prendrait, 

Et  que  de  nous  luj  souviendrait  ; 

Ses  promesses  sont  acomplies. 

Qui  veult  escrire,  dire  et  lire , 

Et  les  motz  peser  et  eslire 

Dont  ce  présent  article  traicte, 

Il  verra ,  se  bien  les  remire , 

Que  trop  de  beaulx  motz  peurent  dire 

Lj  patriarche  et  ly  propheste , 

Quant  virent  la  clarté  parfàicte 

Que  sainte  trinité  a  faicte , 

En  quoj  tout  paradis  se  mire , 

Dont  toute  clarté  est  extraicte  ; 


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3$  LE   TESTAMENT  (v.uxy 

Car  nulle  autre  clarté  que  ceste, 
Ne  peut  à  si  grant  fait  souffire. 

O^aincte  ame  déifiée, 
Qui  hors  ta  chair  crucifiée 
Tantost  en  enfer  descendiz, 
Doit  à  ta  grant  mortifiée , 
Qui  par  toj  fut  vivifiée  , 
Quant  ceste  clarté  leur  rendiz , 
A  eulx  délivrer  entend  iz , , 
Pour  grâce  avoir  et  paradiz  ; 
Si  la  feis  par  toute  fiée, 
Habiter  à  toj  ung  tendiz, 
Jusqu'à  tant  que  tu  ascendiz 
A  la  clarté  glorifiée. 

Trop  fut  grant  ta  compassion 

Souffrir  pour  les  tiens  passion, 

Et  puis  eulx  tantost  visiter , 

Et  donner  consolation 

De  toute  tribulation , 

De  coulpes  et  paines  quitter, 

Et  du  limbe  d  enfer  gecter, 


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DE   JEAN   I>E    MEUNG.  3jT 

Et  en  eulx  par  gloire  habiter, 
Et  au  jour  de  l'ascension 
Monter  ès  cieulx  sans  respiter, 
Et  de  faire  les  hériter 
En  ta  joyeuse  mansion. 

Or  avez  des  articles  quatre , 

Qu'il  convient  crojre  sans  débatre, 

Sans  errer  et  sans  forvoire  : 

Huy  mais  me  vueil  au  quint  embatre  ; 

Car  plus  bel  ne  me  puis  esbatre , 

Ne  mes  rimes  mieulx  employer , 

Qu'en  parler  et  en  rimojer 

De  mon  glorieux  souldojer , 

Qui  a  ses  coustz  se  vint  combatre , 

Pour  moj  en  terre  guerroyer 

Mes  ennemis  et  fouldroyer, 

Pour  leur  très-grant  orgueil  abatre. 

Le  quint  est  qu'il  ressuscita, 
Et  quarante  jours  habita 
En  terre  avecques  ses  esleuz  y 
Et  plusieurs  fois  les  visita, 


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38  LI    TÉSTAMÊNT  (t.t«W 

Les  receupt  et  administra  ; 
Car  si  pas  il  ne  les  eust  veuz , 
Et  visitez  et  puis  repeuz , 
Moins  il  en  auroit  esté  creuz; 
Mais  tant  de  biens  leur  recita , 
Que  chascun  d'eulx  si  fut  esmeuz , 
Et  que  de  tous  fut  recongneuz 
Par  grâce  qui  les  excita. 

En  ceste  saincte  quarantaine 
Apparut ,  c'est  chose  certaine, 
Ly  doulx  filz  Dieu  visiblement 
A  sa  mere  et  à  Magdelaine, 
A  saint  Piere  qui  la  sepmaine 
Devant  lot  renié  nicement  ; 
Mais  pour  ce  que  du  niement 
Ne  versast  en  desperement , 
Vint  à  luy  pitié  souveraine, 
Qui  souffrit  son  tresbuchement , 
Pour  ce  qu'après  plus  humblement 
Se  portast  vers  nature  humaine. 

Se  Dieu  qui  à  tout  scet  pourveoir, 


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;J        DE   JEAN   DE  MEUNG,  39 

N'eust  mye  laissé  cestuj  cheoir 
Sy  grandement  comme  il  chëy, 
Il  cui  Dieu  donna  son  povoir 
En  terre ,  et  qui  se  devoit  seoir 
Plus  hault  qu'onc  homme  n'eut  sey , 
Si  comme  Dieu  mesmes  gehy , 
Eust  tant  tous  les  pécheurs  hajf 
Qu'à  paine  les  daignast-il  veoir, 
Ainsi  fussions  mors  et  trahy  ; 
Si  qu'en  ce  qu'il  luj  meschey, 
A  restrainct  Dieu  nostre  mescheoir. 

Ainsi  apparut  à  saint  Pere 
Jesu- Christ  le  fîlz  Dieu  le  pere 
Après  sa  résurrection, 
Laquelle  il  nous  monstra  si  clere, 
Que  tout  disciple  et  tout  ly  frère 
Orent  celle  opération , 
Cilz  en  pérégrination , 
Quant  il  Est  du  pain  fraction  ; 
Et  Ij  frère  en  mainte  manière , 
En  mer ,  en  terre ,  en  mansion , 
Orent  de  luy  cognition, 


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40  LE    TESTAMENT  (v 

Par  deux  foys  que  leur  hujs  clos  yere. 

Fors  et  ens  souvent  les  voiojent 
Ceulx  qu'il  aimoit  et  qui  ramojent  ; 
Mais  Magdalaine  fut  première 
Qui  le  dist  à  cent  qui  estoyent 
Repostz ,  pour  ce  qu'ilz  se  doubtoyent 
Des  félons  juifs  plains  de  crisme. 
C'est  celle-là  qui  à  Dieu  meisme 
Dist  :  Se  tu  Tas  osté ,  dis -me 
Où  tu  Tas  mis  ;  et  luj  rendojent 
Ses  yeulx  de  pleur  et  de  lacrime , 
Et  aussi  le  sien  cueur  haultisme , 
Pour  veoir  tout  ce  que  desYoiojent. 

O  glorieuse  pécheresse , 
Glorieuse  repenteresse 
Pardonnée  parfaictement  î 
O  glorieuse  prescheresse , 
Glorieuse  demonstreresse  ! 
Ce  très -saint  ressuscitement 
Que  tu  veis  tout  premièrement , 
Se  saincte  escripture  ne  ment  % 


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DE  JEAN    DE  MEUN6. 

Laquelle  n'est  pas  menteresse, 
Tu  l'amas  de  cueur  fermement , 
Et  le  queis  moult  soigneusement, 
Tant  que  tu  en  fus  trouveresse. 

Tu  persévéras  en  querant , 

Et  tu  queis  en  persévérant , 

Sans  toj  cesser  ne  sans  retraire  ; 

Tu  desiras  en  espérant , 

Tu  espéras  en  désirant, 

Ce  te  fist  raige  d'amour  faire, 

Qui  te  faisoit  crier  et  braire , 

Et  tant  soustenir  de  contraire , 

En  plorant  et  en  souspirant, 

Que  ton  cueur  ne  povoit  plus  taire, 

Si  t'en  desservis  à  attraire , 

La  grâce  de  Dieu  inspirant. 

O  fèmme  moult  hardie  et  seure, 
Qui  si  comme  contre  nature 
Demouras  sans  toj  despartir, 
Où  ceulx  que  Dieu  à  eslecture, 
Et  créez  et  prins  à  sa  cure, 


42  LE  TESTAMENT 

N'osèrent  à  peine  vertir , 

Qui  l'eurent  sans  riens  desmentir, 

Par  Sur ,  par  Sidoine ,  par  Tyr  f 

Gouverné  en  sa  norricture, 

Lesquelz  n'osèrent  sans  mentir 

Adonc  o  lui  estre  martir , 

Ains  guerpirent  sa  sépulture. 

Toute  seule  illec  te  seulas  ; 
Si  ne  vueii-je  pas  estre  las 
De  tes<£uvres  magnifier  : 
Par  mains  péchiez  te  violas  ; 
Mais  de  coulpe  en  grâce  volas , 
Quant  Dieu  te  voult  faire  veiller , 
Et  repentir  et  travailler , 
Et  tes  sains  orins  esparpiller 
Sur  ses  piedz  que  tu  accolas , 
Et  les  baisier  et  les  mouller 
De  tes  larmes  ,  dont  feis  courrier 
Diables  que  tu  lors  afolas. 

Quant  pechié  t  eut  desordonnée  *  • 
Tu  fus  adonc  si  deffrenée , 


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cr.tfi.l       DE   JEAN   DE   MIUKG,  43 

Que  fraing  ne  règne  ne  tenis  ; 

Mais  bien  quant  Dieu  t'eut  reffrenée , 

Tu  fus  lors  tout  efîorcenée 

De  repentance  où  tu  venis , 

Et  tant  icelle  soubstenis , 

Que  toute  y  vesquis  et  fenis  9 

Et  sans  faillir  heure  ne  journée , 

De  tous  péchiez  lors  te  tenis  f 

En  toutes  vertus  maintenis , 

Tant  que  toute  fus  pardonnée. 

Ainsi  Jesu -Christ  te  munda , 
Qui  par  toy  monstré  au  monde  a 
Nul  ne  nulle  ne  desespoire  ; 
Car  s'en  toy  pechié  habonda , 
Si  grant  grâce  s'y  abonda , 
Que  blanche  fuz  qui  estois  noire  : 
Tu  feis  icy  ton  purgatoire  ; 
Car  ton  charbon  devint  y  voire  f 
Par  Dieu  qui  si  te  féconda 
D'amer ,  d'espérer  et  de  croire , 
Que  la  greigneure  es  en  sa  gloire , 
Fors  celle  où  tout  bien  se  fonda* 


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44  E    TESTAMENT  Cr.ft*> 

Celle  est  de  si  grande  grandesse , 
Qu'autre  grandeur  ne  s jr  adresse 
En  ciel ,  en  terre ,  nj  autre  part  ; 
Toute  autre  grandeur  est  mendresse 
Vers  la  sienne  ,  fors  la  haultesse 
De  son  Fût ,  qui  tonne  et  espart  : 
Cil  n'a  pas  grandeur  de  poupart, 
Ains  Ta  si  grant ,  qu'il  en  départ 
A  sa  Mere  à  si  grant  largesse , 
Que  cil  la  redonne  et  départ , 
Si  qu'elle  s'espant  et  espart 
Par  tout ,  ne  point  ne  s'en  estresse* 

• 

Cette  dame  s'elle  et  non  autre 
A  grâce  ,  et  grandeur  sans  deffaulte  ; 
Car  elle  l'a  selon  la  lectre 
Longue,  lée,  prafonde  et  haulte  ; 
Car  son  Filz  qui  a  droit  l'a  haulte» 
Et  de  ses  vertus  en  luj  mectre , 
Et  par  lijy  grâce  à  nous.promectre, 
Et  soj-mesmes  à  luj  soubzmectre, 
La  fist  si  trefferme  et  si  caute  , 
Qu'oncques  ne  se  peut  entremectrei 


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1,435.,       DE    JEAN    DE   M  E  U  N  G. 

Pechié  de  riens  en  luj  mal  mectre , 
Ne  ne  luj  peut  donner  assault 


4$ 


0  Vierge  sur  toutes  esleuë , 
Et  de  toutes  vertus  pourveuë, 
Voir  est  que  saint  Pierre  et  Marie 
Magdelaine  en  eurent  la  veuë 
Et  de  ton  saint  filz  et  de  la  sceuë , 
Tantost  qui  vient  de  mort  à  vie  : 
Toi  qui  fuz  sa  greigneur  amie, 
Et  de  sa  mort  plus  amortie , 
Et  de  son  glaive  au  cueur  feruë , 
Deusse  estre ,  je  n'en  doubte  mje  9 
De  luj  la  première  esjouye , 
Trestouts'en  soit  l'histoire  teuë. 

S'amour  et  foj  et  espérance 
Peurent  plus  tost  donner  monstrance 
De  ton  filz  à  homme  ou  à  femme , 
Tu  en  as  euz  telle  habondance, 
Et  de  s'amour  si  grant  grevance, 
Que  son  glaive  te  persa  l'ame  : 
Amour  qui  tout  art  et  enflame , 


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46  LE    TESTAMENT  , 

Qui  en  tqy  ardoit  à  grant  flame, 
Fist  tout  muer  par  violence  , 
Quant  celle  qui  est  mere  et  dame, 
Fille  et  ancelle  et  clere  game, 
,    Te  visita  sans  demeurance. 

Je  ne  sçai  se  je  djr  que  nices  ; 
Mais  puisqu'en  toy  ne  régna  vices, 
Ne  grant  ne  petit  nullement, 
Et  que  Dieu  t'enclost  en  ces  lises  » 
Qui  sçeut  et  voult  estre  propices 
Aux  plus  parfais  parfaitement  ; 
Je  djr  f  sauf  meilleur  jugement, 
Que  de  son  ressuscitement 
Glorieux  en  euz  les  prémices  : 
Non  pour  tant  s'il  fut  autrement  ; 
Dieu  le  peut  faire  oultréément , 
Car  tout  povoir  est  ses  offices. 

Je  ne  me  vueil  pas  encores  taire , 
Pour  chose  qu'on  m'oje  retraire , 
De  toj  tres-doulce  Magdelaine  ; 
Car  tu  fuz  de  si  bonne  affaire , 


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m.}        DE   JEAN  DE  ME  UN  G.  47 

Que  le  Filz  Dieu  voult  de  toy  faire 
Sa  propre  et  privée  hostelaine  : 
Tu  fiiz  une  grant  chas  tel  lai  ne ,  . 
Gente  et  donnante  et  non  villaine  , 
Où  il  prist  souvent  son  repaire  : 
Tousjqurs  luy  fuz  doulce  et  humaine , 
Toy  et  Marthe  ta  seur  germaine  ; 
Car  qui  de  vous  est  souëf  flaire. 

Tousjours  et  vif  èt  mort  l'amastes  f 

Et  en  s'amour  perseverastes , 

Tant  com  l'une  et  l'autre  fut  vive; 

Car  vif  très -souvent  le  herbergastes , 

Et  par  bonne  exemple  monstrastes 

Vie  bonne  et  mémorative  ; 

Car  Marthe  mena  vie  active , 

Et  Marie  contemplative , 

Dont  tout  le  monde  enluminastes  ; 

L'une  fut  vie  positive , 

Et  l'autre  fut  supperlative  : 

Dieu  vivant  celle  vie  menastes. 

O  quant  très -glorieuse  vie, 


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48  LÉ    TESTAMENT  (r.^ 

Quant  cil  qui  tout  peut  et  maistrie, 
Voult  esprouver  pour  nécessaire , 
Ne  pour  quant  il  ne  blasma  mie 
La  vie  de  Marthe  sa  mie  ; 
Mais  il  lui  donna  exemplaire 
D'autrement  vivrç,  et  de  bien  plaire 
A  Dieu  et  plut  de  bien  à  faire  : 
Pour  ce  conclut -il  que  Marie 
Qui  estoit  à  ses  piedz  sans  braire, 
Et  pensoit  d'entendre  et  de  taire, 
Esleut  la  plus  saine  partie. 

La  meilleur  partie  esleut-elle , 

Et  la  plus  saine  et  la  plus  belle , 

Qui  jà  ne  luy  sera  ostée  ; 

Car  par  vérité  se  fut  celle 

Qui  fut  tous  jours  fresche  et  nouvelle, 

D'ajmer  Dieu  et  d'en  estre  ajmée; 

Car  jusqu'au  cueur  fut  entamée, 

Et  si  ardamment  enflamée , 

Que  tousjours  ardoit  Testincelle  ; 

Par  quoj  elle  fut  visitée , 

Et  de  Dieu  premier  confortée  ; 


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0       DE   JEAN   DE  MEUNG. 

Car  charité  est  trop  jrsnelle, 

Après  sa  résurrection, 
Et  sa  manifestation , 
Plusieurs  fojs  en  mains  argumens 
Voult  le  Dieu  de  création , 
Pour  greigneur  confirmation. 
Monter  sur  les  quatre  élémens ,  > 
Dont  il  estoit  commencement, 
Et  mojens  et  deffinement, 
Et  la  juste  probation 
Des  cueurs,  et  vray  entendement 
A  qui  cil  ressuscitement 
Estojent  en  dubitation. 

Quant  Dieu  prist  nostre  humanité 
En  indivisibilité , 
Et  se  voult  ès  cieulx  revertir , 
Dont  vint  nui  par  humanité 
Vestir  nostre  fragilité 
Pour  tous  les  pécheurs  convertir  9 
Conforter  te  voult  au  partir, 
Et  leur  dist  de  celle  partir, 
4.  m 


So  li   testament:  (t.104.| 

Dont  je  vins  ayez  charité  ; 
Car  je  vous  vueil  bien  advertir, 
Que  nul  ne  pourra  là  vertir 
Sans  l'esperit  de  vérité. 

Ce  paraclist,  cest  esperit, 
En  quel  garde  riens  ne  périt, 
Qui  a  nom  de  consolatour, 
Que  mon  pere  coin  moy  chérit , 
Qui  est  amour  qui  tout  merit , 
Vous  envoyeray  de  la  tour 
Du  ciel ,  où  j'ay  fait  mon  atour  : 
Mestier  est  que  je  y  retour; 
Mais  paix  vous  l'aist  qui  tout  guarist, 
Dont  nul  autre  n'est  curatour, 
Tant  com  vous  estes  viatour, 
N'est  paix  qui  mieulx  vous  asseurist 

Adoncques  ses  mains  esleva , 

Et  les  seigne ,  et  ès  cieulx  monta 

En  la  recepte  d'une  nuë 

Qui  de  terre  le  soubleva , 

Et  tant  de  leurs  yeulx  s'obscura , 


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DE  JEAN  DE  MlUNU 

Que  tost  en  perdirent  la  veuë; 
Mais  très  -  bien  virent  à  la  nuë , 
Dieu  à  blanche  robe  vestuë  9 
Disant  :  Véez  comme  ce  va  ; 
Celle  allée,  celle  venuë, 
Celle  verrez  apperte  et  nuë> 
Quant <le  monde  juger  vouldra. 

Ainsi  monta  selon  l'histoire  > 

Trestoute  vraye  et  toute  vojre> 

Ly  doulx  Filz  Dieu  à  son  saint  pere  » 

En  celle  honneur ,  en  celle  gloire , 

Et  ainsi  parfaite  victoire  ; 

Qu'il  n'est  jamais  jour  qu'il  n'jr  perfe; 

Car  il  mena  soubz  sa  baniere 

Ceulx  qui  creurent  à  ce  mystère , 

Dont  sainete  église  fait  mémoire 

Et  nous  osta  de  la  misère 

Ou  tout  le  monde  lors  mis  pere  » 

Par  exigence  obligatoire, 

Com  eut  grant  exaltation, 

Et  à  celle  élévation ,  ' 


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SX  LE  TESTAMENT'  (T.lo83 

Par  tout  le  ciel  destre  et  senestre  • 

Car  qui  a  inspiration 

De  sainte  méditation  , 

Nul  tel'  joye  ne  peut  estre  : 

Les  anges  receurent  leur  maistre , 

Le  Pere  son  Filz  à  sa  dextre  : 

Gloire,  honneur,  jubilation, 

Soit  à  la  trinité  celestre, 

Si  comme  est,  et  tousjours  doit  estre 

Sans  fin  et  sans  inition  ! 

D'illec  en  avant,  ce  me  semble, 
Se  tindrent  lj  disciple  ensemble, 
Plus  qu'ilz  n'avoyent  fait  devant , 
Tant  que  cil  qui  mieulx  ne  ressemble, 
Tous  en  ung  seul  lieu  les  assemble  » 
A  l'heure  de  tierce  levant t 
O  le  saint  Esperit  vivant , 
En  langues  de  feu  avivant, 
Leur  envoya  à  tous  ensemble  % 
Qui  leur  alla  de  ce  me  vant , 
Tous  langaiges  ramentevant , 
Dont  \y  ungz  Fautre  ne  ressemble. 


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a.)       DÏJEÀNDEMEUNG.  53 

Pour  ce  tous  langaige  parloyent, 

Que  ces  paroles  vrayes  soyent, 

En  toute  terre  jssit  leur  son, 

Si  par  tout  pour  Dieu  le  preschoyent  > 

Et  la  foy  evangelisoyent, 

Riens  ne  leur  grevoit  l'achoison , 

Par  tout  faisaient  leur  maison , 

Plus  ne  peschoyent  de  poisson  ; 

Mais  les  gens  qu'ilz  convertissoyent , 

Par  tout  semoyent  leurs  leçons, 

Par  leurs  œuvres ,  par  leurs  sermons  9 

A  ceulx  qui  saulver  se  vouloyent. 

Si  hastif  et  si  habondansf 
Vint  sur  eulx  et  si  fecondans 
Ly  saint  Esperit  à  celle  heure , 
Qu'après  y  parut  par  moult  d'ànSj 
Et  encores  est -il  redondans , 
En  chascun  s'en  luy  ne  demeure; 
Car  quant  aucun  se  plaint  et  pleure, 
Et  prye  que  Dieu  le  sequeure, 
Cil  saint  Esperit  tout  mondans , 
Par  tout  ou  il  veult  si  labeure. 


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$4  LE    TESTAMENT  (Ttili 

Or  portons  en  paix  sa  demeure  ; 
Car  Dieu  nous  en  est  responnans. 

Esperit  où  il  veult  espire , 
Et  sa  voix  ay  ;  mais  ne  sçay  dire 
Dont  ce  vient,  ne  quel  part  elle  aille > 
Dont  on  ne  doit  nulluy  dispire  ; 
Car  souvent  fait  meilleur  du  pire , 
Ainsi  que  par  cy  le  me  taille, 
Paix ,  amour,  sont  de  sa  piétaille , 
,  Qu'il  mecte  devant  en  sa  bataille  f 
Pour  les  félons  cueurs  desconfire. 
Adonc  n'y  remaint  cueur,  n'entraille, 
Par  où  feu  ou  flambe  ne  saille , 
Par  cest  engin  là  sus  nous  tire. 

Ainsi  Saint  Estienne  y  tira , 

Que  cil  Esperit  expira  $ 

Si  qu'il  en  fut  tout  enflamés  ; 

Car  qui  la  légende  lira , 

Je  crois ,  se  n'est  fol,  qu'il  dira  , 

Amés  voz  ennemis,  amés 

Pour  Dieu  ;  et  si  le  reclamés 


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^        DE  JEAN  DE  ME  UNO.  $St 

Doulcement ,  et  si  le  sommés 
Que  quaçt  de  vous  se  partira  » 
L'ame  de  vous  sqye  plongés , 
Là  au  ciel  qui  tel  est  nommés  9 
Pour  tous  par  amour  s'en  ira. 

Cil  futplain  de  grâce  et  de  force  > 
Car  il  mit  le  cueur  et Tescorce 
Pour  Famé  garder  necte  et  munde  ; 
De  la  cité:  fut  traict  à  forte , 
Et  à  genoux  ne  pria ,  fors  ce 
Que  Dieu  pardoint  sa  mort  au  monde 
Qui  ainsi  le  froisse  et  esmonde , 
Et  sonuÉsperit  en  Dieu  fonde  f 
Tant  que  de  son  corps  soit  desvorce 
Lame  à  qui  donna  si  grant  bonde , 
Charité  qui  en  luy  habonde , 
Que  jusqu'au  ciel  monter  Feffbrce. 

Par  ces  armes  au  cièl  monta , 
Par  ces  armes  premiers  dompta 
Saint  Estienne  tous  les  tyrans , 
Par  ces  armes  les  surmonta  ;       *  ; 


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S6  LE  TESTAMENT 

Et  desconfît  et  ahonta , 
Lj  sains  Esperis  inspirans , 
De  notre  salut  desirans , 
Au  commun  prouffit  aspirans  r 
Qui  le  passage  et  le  port  a 
Fait  passer  à  tous  expirans , 
Au  pere  et  au  filz  souspirans  f 
Pourquoy  povoir  si  adjousta, 

O  com  glorieux  champion  ! 
Oncques  meilleur  n'eut  champjon 
Car  bonté  rendit  pour  bonté» 
O  glorieuse  vision , 
Qui  vit  des  cieulx  Inspection* 
Et  le  filz  au  pere  monté  f 
Estant  à  son  dextre  costé, 
Dont  juifz  furent  si  ahonté  , 
Et  mis  à  rédargution  ; 
Car  Dieu  lui  a  Jésus  monstré , 
Dont  ilz  eurent  tousjours  doubté 
S'il  estoit  Dieu  ou  fiction. 

Cil  fist  la  bataille  première 


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DE   JEAN   DE   M  EUN  G.  Sj 

De  Dieu  qui  estoit  sa  lumière > 

Cil  eut  la  première  victoire , 

Cil  est  la  première  chaire  , 

Cil  ficha  premier  sa  baniere 

Devant  le  roy  Jésus  de  gloire  ; 

Car  il  dreça  son  oratoire 

Au  point  où  nulz  ne  devoit  croire 

Que  Ton  fit  pour  autruj  prière , 

Pour  quoj  son  nom  est  en  mémoire 

En  la  joje  consolatoire , 

Où  toute  obscurté  rent  lumière. 

Ainsi  cil  sainct  signe  apparurent , 
Quant  ce  saint  Esperit  receurent 
Ceulx  à  qui  Dieu  lavoit  promis  ; 
Car  adonc  fermement  le  creurent, 
Et  seurement  le  ramenteurent 
Par  tout  où  il  leur  fut  commis , 
A  ennemis  et  à  amis  ; 
Car  le  monde  leur  fut  soubzmis  9 
Et  ses  royaulx  tesmoings  j  furent  f 
C'est  que  chascun  tout  y  a  mis , 
N'oncques  ne  furent  jour  remis  , 


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SS  LE  TESTAMENT 

Jusques  à  tant  qu'ilz  en  moururent* 

Non  moururent,  ains  trespasserentj 

Car  de  cette  vie  passèrent 

A  celle  où  l'en  ne  peut  mourir, 

Leurs  bonnes  euvres  amassèrent, 

Et  devant  Dieu  les  entassèrent , 

En  espérance  de  florir , 

De  triumpher ,  de  seignourir , 

Tousjours  pensèrent  de  courir , 

N'oncques  ung  jour  ne  se  lassèrent  : 

Or  ce  les  faisoit  rangourir , 

Qui  ne  faisoit  qu'alangourir 

Ceulx  qui  au  monde  se  plungerent. 1 

1>op  parest  vuide  et  trop  est  vaine  • 
La  chétive  vie  mondaine  ; 
N'y  a  fors  que  travail  et  luicte, 
N'y  a  fors  que  paour  et  paine  ; 
De  toutes  misères  est  plaine  :  x 
C'çst  l'ombraige  qui  tout  desvite, 
C'est  le  temps  qui  toujours  annuité , 
C'esjt  l'arbre  qui  tost  se  deflrujcte ,  - 


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f*a».>-     DE    JEAN   DE   MEUNG.  S(£ 

C'est  ly  espy  qui  point  ne  graine  ; 
Chose  sodoirant  et  soubz  duycte, 
De  grever  tous  ses  ames  duycte, 
Et  à  les  prouchains  moult  viilaine. 

Pource  que  jà  le  monde  est  vieulx  f  \ 
Vint  de  son  ciçl  entre  nous  dieux , 
Aussi  comme  en  païs  de  guerre  ; 
Mais  pource  que  fut  en  grieux 
Des  sarrazins  et  des  ebrieux, 
Vint  le  saint  Esperit  en  terre , 
Pour  la  vie  périe  querre  ; 
Car  quanque  le  Filz  voult  requerre, 
Luy  donna  le  pere  <les  cieulx , 
C'est  luy  qui  euvre  et  riens  ne  serre , 
Et  qui  clost  et  nul  ne  desserre, 
Qui  fist  que  son  filz  fut  mortieulx.  ï 

C'eçt  cil  qui  oncques  ne  laissa 
Ce  qui  est ,  et  ne  s'abaissa  > 
A  estre  ce  qui  n'estoit  mye, 
Qui  tant  par  grâce  s'appressa 
De  nous ,  qu'en  luy  nous  annexa  , 


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60  LE    TESTAMENT  (f.l2&4 

Sans  jamais  faire  départie  : 
Dieu  est  homs ,  c'est  grant  courtoysie , 
La  greigneur  qui  puisse  estre  ouje  ; 
Quant  lj  Dieu  homme  se  exposa , 
Se  ce  ne  fust  que  chascun  crye, 
Que  qui  plus  vault  plus  s'humilie , 
Je  deïsse  qu'il  excessa. 

Non  pourtant ,  bien  puis  dire  et  ose-, 

Et  je  le  croj  et  le  suppose , 

Que  Dieu,  qui  est  bon  par  essence , 

En  qui  trestous  biens  se  repose , 

Dont  bien  monstrer  le  sçaj  sans  glose, 

Toutes  vertus  par  excellence, 

Humilité  et  pacience , 

Charité  et  obédience  ; 

Car  il  n'eut  oncques  la  main  close , 

Puisque  sa  doulce  pacience 

Prist  sur  soy  nostre  mescheance , 

Qui  fut  trop  merveilleuse  chose. 

Merveilleuse  à  humanité, 
Non  merveilleuse  à  déité , 


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<*U7M      *>E  JEAN    DE  MEUNG,  6t 

A  qui  toute  chose  est  possible: 

De  néant  fist  réalité, 

Et  d'anges  mutabilité  ; 

Car  riens  ne  luj  est  impossible. 

La  déité  est  invisible  f 

Permanant  en  luj  et  visible  ; 

Vertueuse  et  infinité , 

Et  vertant  toute  riens  vertible , 

De  toute  grâce  convertible 

A  humaine  fragilité. 

Ceste  bonté  fut  si  intense , 
Si  communal  et  si  extense, 
Par  le  monde  generalment , 
Qu'il  n'est  nul  qui  profont  y  pense* 
Qui  peut  d'une  mortel  offense 
Satisfaire  especialment , 
De  soy  acquicter  loyaulment 
Vers  celluj  qui  si  royaulment 
Fist  faire  par  tout  sa  deffense , 
Que  nul  ne  pèche  mortelment: 
Je  les  y  prens  tous  égaument  ; 
Il  n'est  nul  qui  le  récompense* 


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62  LE  TESTAMENT 

Ne  nous  n'aurions  de  quoy  ce  faire , 
Se  n'estoit  sa  très -débonnaire 
Et  très-doulce  miséricorde, 
Qui  luy  fist  accepter  et  plaire 
Noz  œuvres  de  petit  affaire, 
Dont  nous  venons  à  sa  concorde 
Par  ce  travail  :  par  celle  corde 
Nous  attrait  à  soy  et  accorde , 
Cil  qui  doulceur  nul  ne  doit  taire  ; 
Car  qui  bien  sa  vie  recordje, 
Il  la  trouve  par  tout  si  orde , 
Qu'il  n 9y  a  de  quoy  satisfaire. 

Dont  est  droit  que  nous  doyons  dire  f 
Que  de  toy ,  doulx  Jesu- Christ ,  sire, 
Vint  ce  de  quoy  nous  te  plaisons  ; 
Mais  pource  que  le  cueur  me  tyre 
A  parler  d'une  autre  matire, 
Est- il  bien  désormais  saisons 
Que  de  ceste-cy  nous  taisons , 
Et  que  nous  mencion  cy  faisons 
Du  septiesme  article  plain  d'ire , 
Dont  tout  pécheur  et  maulyais  homs 


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<T.i3t*>       I>3   JEAN   DE   MEUNG.  63 

Parmy  autre  dix  gamboisons, 

Doit  trembler  et  perdre  le  rire.  »' 

Cest  article ,  qui  est  derrains  > 
Si  doit  estre  ly  premerains  ; 
En  cueur  d'homs  et  de  saige  femme  ; 
Car  quant  homs  pense  qu'il  n'est  riens 
Fors  porriture  et  vieulx  merriens, 
Et  qu'il  luy  convient  ce  passaige 
Passer  et  payer  son  truage , 
IJt  qu'il  aura  aufeur  l'empleige , 
Et  trop  plus  de  maux  que  de  biens  , 
Cueur  qui  la  fin  de  ce  dommaige 
N'a  tousjours  devant  son  visaige, 
Est  presqu'ensevely  en  liens. 

En  fîens  de  parfaicte  ignorance 

Est  ensevelj  sans  doubtance 

Cueur  qui  par  tout  se  sent  pécheur: 

Est  en  vieillesse  et  en  enfance  f 

Est  à  doubter  de  ville  dance; 

Ne  sçaj  comment  il  est  asseur, 

Et  qu'ose  vivre  sans  peur»  > 


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64  LE   TESTAMENT  (f#ll4ô#1 

Car  il  sent  son  accusateur, 
Qui  tout  poise  à  juste  balance; 
Et  si  se  sent  courant  moureur 
Par  force ,  et  puis  mourant  coureur  , 
Car  mort  de  toutes  parts  la  lance. 

Mort ,  vieulx  et  jeunes ,  nous  court  seure  ; 

Mort  nous  prent ,  nous  ne  gardons  l'heure; 

Mort  nous  est  de  nécessité  ; 

N'est  nul  qui  à  la  mort  ne  queure* 

Ne  qui  nullement  y  sequeure  ; 

Car  le  juge  de  vérité , 

Purger  veult  nostre  iniquité , 

Par  la  balance  d'équité , 

Qui  au  val  de  la  chantepleure 

Nous  boute  en  grant  adversité , 

Sans  fin  à  perpétuité , 

Et  y  persévère  et  demeure 

Jesu-Christ,  le  Filz  Dieu  le  Pere , 
Mourut  pour  nous  ,  c'est  chose  clere  f 
Et  au  tiers  jour  ressuscita  ; 
Si  convient  par  certain  mystère, 


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t*.U6t.)       Ï>É  JEAN   DE  MEUNG. 

Que  sa  résurrection  paire 
En  ceulx  où  sa  grâce  habita  ; 
Car  mort  pour  mort  desconfit  a 
De  ce  que  noz  parens  gecta 
De  povreté  et  de  misère, 
De  quoy  sa  mort  nous  acquita: 
Qui  bien  croit ,  saint  Esperit  a. 
Et  en  tous  temps  y  persévère. 

Pense  donc  cnascun  qu'il  mourra, 
Et  que  mort  fouir  ne  pourra , 
Et  ne  sçet  quant ,  ne  de  quel  mort, 
Et  que  Dieu  juger  le  viendra, 
Ne  riens  de  luy  destournera; 
Car  nulz  sur  son  povoir  ne  mort* 
Ne  par  appel,  ne  par  ressort , 
Ne  n'y  faveur ,  ne  n'y  déport , 
Car  sans  fin  en  enfer  plourra  ; 
Qui  aura  bien  fait ,  si  le  port  ; 
Et  qui  mal ,  tiengne  soy  par  mort, 
Car  sa  roe  tout  droit  tournera. 

Les  chétifz  pécheurs  que  feront , 
Quant  tous  les  anges  trembleront, 
4.  E 


66 


LE  TESTAMENT 


(f.iife.) 


Et  les  archanges  précieux , 
Et  les  busines  corneront , 
Qui  la  venuë  annonceront 
Du  très-doulx  Filz  gracieulx, 
Qui  se  monstrera  si  crueulx 
Et  si  très -petit  gracieulx 
A  ceulx  qui  en  pechié  seront, 
Que  le  feu  d'enfer  sur  jceulx 
Courra  fouldrojant  parmy  eulx , 
Ne  jamais  mieulx  n'espéreront  ? 

Las  !  où  est  cil  qui  actendra 
Quant  Dieu  au  jugement  viendra? 
Car  pure  vérité  s'accorde , 
Que  quant  son  jugement  tiendra  , 
Tous  ët  toutes  nous  reprendra 
Du  deffault  de  miséricorde, 
Qu'il  nous  réprouvera  par  ordre , 
Si  comme  l'évangile  recorde, 
Et  bons  et  maulvais  jugera, 
Ne  n'est  qui  à  ses  motz  remorde , 
Ne  qui  son  accord  ne  desaccorde  ; 
Car  riens  fors  droit  ne  maintiendra. 


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fWijot.)       DE   JEAN   DE   MEUNG.  6j\ 

ï*remierement,  de  ce  me  vant , 
Mettra  les  bons  au  front  devant , 
Et  ly  dira  :  Mes  très-doulx  frère , 
Mes  très-doulx  filz  >  venez  avant , 
Et  parcevez  doresnavant . 
Le  rojaume  mon  très*- doulx  pere  ; 
Car  bien  est  que  Famour  se  pere  , 
Que  vous  et  moj  en  ma  misère 
Monstrates  aux  miens  recevant  : 
Or  entrez  en  la  joye  clere 
À  qui  nulle  se  compère , 
En  tous  voz  désirs  achevant. 

J'ai  eu  fain ,  et  vous  me  saoulastes  J 

Et  si  euz  soif  ■>  vous  m'abeuvastes  ; 

Hoste  fuz ,  vous  me  recueillistes  ; 

Nu  fuz ,  à  vestir  me  donnastes , 

Et  enferme  me  visitastes  ; 

En  chartre ,  fuz  à  moi  venistes  ; 

Toutes  les  fois  que  vous  me  veistes , 

A  mechief  vous  me  pourveistes , 

Et  du  vostre  m'administrâtes  ; 

Quant  qu'en  ces  miens  povres  vous  meistes , 


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68  LE    TESTAMENT  (?.1<I7., 

Lors  à  moi-mesmes  vous  le  feistes  • 
Or  cueilliez  ce  que  vous  semastes. 

Aux  maulvais  dira  par  contraire  : 
Fuyez  d'icy ,  gens  députaire  ; 
Mal  feustes-vous  oncques  conceu  ; 
Oncques  donner  ne  vous  put  plaire  , 
Ne  des  miens  vous  n'eustes  que  faire  ; 
Or  si  avez -vous  assez  eu  : 
En  ma  fain  vous  ne  m'avez  peu , 
N'en  ma  soif  n'ay  vostre  vin  beuf 
Tant  je  sceusse  crier  ne  braire  : 
Or  vous  crierez  toujours ,  heu  ! 
Sans  jamais  en  estre  receu , 
Et  vous  aurez  tousjours  à  faire. 


Mil  ans  seront  et  plus  assez , 
Autant  com  le  jour  duy  passez, 
Et  tousjours  recommenceront  ; 
Ainsi  est  le  temps  compassez 
Pour  tousjours ,  c'est  trop  plus  assez 
Car  adès  le  tormenteront 
Çeulxqui  de  povoir  ce  faire  ont. 


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i.,       DE   JEAN  DE  ME  UN  6.  6g 

Tousjours  crieront  et  brairont  : 
Cest  Testât  de  tous  trespassez 
Qui  en  pechié  trépasseront, 
Et  qui  aumosnes  ne  feront  : 
Mal  fut  tel  avoir  amassez* 

Braire ,  erier ,  hurler ,  complaîndre , 
Et  forsener  ,  mal  dire  et  plaindre , 
Est  Ij  usages  des  damnez  ; 
Car  leur  feu  ne  se  peut  ettaindre  f 
Ne  mais  leur  tormenteurs  refraindre , 
Qui  les  tiennent  fort  enchaînez. 
Mal  furent  oncques  d'Adam  nez  ; 
Car  leurs  faitz  les  ont  condamnez , 
Qui  les  font  punyr  et  contraindre  : 
Or  là  sont  si  fort  anhanez , 
Que  cil  qui  moins  y  est  penez , 
Cuyde  avoir  des  moindre  la  graindre* 

Cesté  horreur,  ceste  merveille , 
Qui  des  autres  est  non  pareille , 
Et  qui  du  tout  est  véritable , 
Me  corne  si  fort  en  Toreille  , 


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LE    TESTAMENT  (v.i4«*> 

Qu'il  me  semble  quant  je  m'esveille  > 

Que  j'oj  Farchange  espiritable  » 

La  venuë  Dieu  excitable  , 

Et  la  busine  espoventable 

Qui  les  morts  suscite  et  esveille  * 

Et  la  venuë  inévitable 

De  Dieu  qui  est  si  redoutable. 

Haro  :  las  i  j'en  voj  cj  la  veille* 

Dieu  venra  en  grand  poesté  % 
En  sa  très -puissant  majesté  ; 
Tous  le  verrons ,  grans  et  menuz  > 
Percé  en  mains ,  piedz  et  costé; 
Jà  n'y  auras  mys  ne  osté  : 
Tous  les  signes  sont  advenuz  ; 
Nous  sommes  tous  vieulx  et  chenus , 
De  pure  grâce  soubstenus , 
Et  n'avons  jà  grant  temps  esté  % 
De  quanque  Dieu  a  maintenus, 
Ne  fault  qu'Antéchrist  soit  venuz , 
Par  qui  nous  serons  tempesté. 

Estoilles ,  et  soleil ,  et  lune , 
Prisés  en  terre  de  gent  commune , 


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DE    JEAN   DE  MEUNG.  Jl 

Nous  monstre  par  signe  évident 
La  fin  du  monde  ;  car  rancune  , 
Fain  et  terre  ,  qui  tout  esgrugne  , 
Sont  d'orient  en  occident , 
Terre  mené  par  accident , 
Jà  ne  s'en  ouvrissent  my  dent  ; 
Mais  l'en  revoit  en  terre  aucune , 
Floes  et  sont  de  mer  incidens 
Es  lieux  où  ilz  sont  presidens  : 
Ce  peut  veoir  chascun  et  chascune. 

Ceste  chose  n'est  pas  contreuve , 
Car  Dieu  mesmes  si  nous  la  preuve , 
Et  saint  Mathieu  en  s'evangile  ; 
Si  est  raison  qu'on  la  recueuvre , 
Et  que  nui  cueur  ne  s'en  descueuvre , 
Ains  croje  fermement  que  qui  le 
Croit ,  com  ces  bonnes  gens  de  ville  * 
Qui  sont  sans  barat  et  sans  guille , 
Et  crojent  quanque  on  leur  remué , 
Mains  en  iront  en  ce  concilie 
Où  l'en  ne  forge  ne  ne  file , 
Où  a  tousjours  joje  continue. 


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J2  LE    TESTAMENT  ,T>1 

A  celle  joje  doulce  et  tendre 
Nous  main'  cil  qui  se  laissa  pendre 
En  la  croix  pour  nous  rachapter , 
Qui  sa  précieuse  chair  tendre 
SoufFrist  à  lapider  et  pendre 
Pour  nous  de  la  mort  délivrer  : 
De  s'amour  nous  vueille  enyvrer , 
Si  que  nous  puissions  esohever 
L'arsure  d'enfer  et  la  cendre , 
Et  que  nous  puissions  arriver 
Aux  biens  de  là  sus  sans  priver, 
Que  cueur  icy  ne  peut  comprendre. 

Des  sept  articles  ajr  parlé, 
Par  long  ,  par  travers  et  par  lé  : 
Au  mieulx  ce  sçait  Dieu  que  je  sçay  » 
Que  tous  seroyent  mesalé , 
S'ilz  n'estojent  frit  et  salé 
D'amour ,  d'espérance  et  de  foj  : 
Avec  ces  sept  y  sont  ey  troy , 
Ainsi  que  je  le  tiens  et  croj  ; 
Qui  en  l'uDg  fault ,  c'est  mal  allé  : 
Ces  dix  sont  la  chrestienne  loi  » 


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t»UM.>  '     DB   JEAN    DE    MEUNG,  73 

Ces  dix  sont  «Tune  mesme  aloy  f 
Ces  dix  sont  un  escu  paléw 

Le  corps  de  Tescu  si  est  Dieux , 
Qui  est  palé  de  ces  dix  pieux , 
Lesquelz  font  naistre  et  baptisier  , 
Mourir ,  descendre  aux  inferneulx , 
Ressusciter ,  monter  ès  cieulx , 
Jugier  et  croire  sans  noisier , 
Espérer  avoir  le  loyer 
De  paradis  ,  et  Dieu  prier 
Qu'il  lui  plaise  à  nous  faire  tieulx  $ 
Que  nous  puissions  lui  appayer  , 
Et  luy  du  dixiesme  armoyer , 
Qui  Ç3t  amour  espiritueulx. 

Cest  amour  vraye  et  ordonnée , 

Qui  charité  est  appellée , 

Est  en  Dieu  qui  du  tout  y  maint , 

Et  Dieu  en  luy  d'ailleurs  ne  bée, 

Vraye  charité  a  bien  née , 

Que  Dieu  ayme ,  il  convient  qu'il  maint  : 

Ce  sçait  très* bien  preud'homme  maint. 


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?4  LE    TESTAMENT  (f.lS5t) 

Que  charité  seule  remaint 
Là  sus  en  la  saincte  contrée  : 
Charité  ,  ciel  et  terre  attaint  ; 
Car  elle  est ,  ce  dyent  ly  saint , 
Haulte ,  parfonde ,  longue  et  lée. 

Selon  la  loy  et  ly  prophète  , 
Que  qui  a  charité  parfaicte , 
Il  ayme  Dieu  sur  toute  rien , 
De  cueur ,  de  force  et  d'ame  necte  ; 
Celuy  devons -nous  tous  de  debte 
Comme  soy-mesmes ,  son  prochain, 
Qu'on  dit  qui  m'ayme  ,  ayme  mon  chien  : 
De  tel  pierre  et  de  tel  merrien 
Est  ès  cieulx  nostre  maison  faicte  ; 
Car  nulz  ne  peut  dire ,  c'est  mien , 
Fors  ce  qu  il  a  mis  en  ce  bien  ; 
Tout  le  remenant  est  retraicte. 

Charité  ne  fiert ,  ne  ne  boute  ; 
Tout  seuffre ,  tout  vaint  et  escoute  : 
:  Charité  ne  murmure  point , 
Se  je  doint  ma  pécune  toute  ; 


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^       DI   JEAN    DE   MEUNGi  f& 

Sans  charîté  je  n'y  voy  goutte , 
Riens  ne  me  prouffite  en  ce  point  : 
Qui  vouldra  donc  bien  faire  à  point , 
Charité  tousjours  o  luy  maint , 
Car  c'est  elle  qui  riens  ne  doubte  : 
Or  prions  Dieu  qu'il  la  nous  doint , 
Et  que  noz  péchiez  nous  pardoint  9 
Si  que  nous  soyons  de  sa  route. 

Dame  du  ciel ,  dame  de  terre  f 

Dame  qui  tout  clost  et  enserre  , 

Sus  et  jus  sans  division , 

Car  qui  veult  Dieu  traicter  et  querre  , 

Tu  es  le  quadran  et  Pesquerre 

De  divine  division  , 

En  toy  fut  saincte  l'union , 

Où  Dieu  le  pere  avec  ly  hom 

Furent  appaisiez  de  leur  guerre  : 

Se  tu  euz  Dieu  en  ton  giron , 

Tu  as  tout  en  possession  ; 

Nui  sans  toy  ne  peut  Dieu  acquerre. 

Dame ,  qui  oncques  ne  sentis 
Pechié  f  ne  ne  le  consentis , 


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7<S  I»  S    TESTAMENT  (f^} 

Vierge ,  très -précieuse  dame  , 
Très  -glorieuse ,  très  -  gentilz , 
Canques  qui  oncques  ne  mentiz , 
Belle  et  bonne  de  corps  et  d'ame  , 
Sur  toutes  les  benoistes  femme , 
Tu  es  à  droit  nommée  dame  ; 
Car  chascun  doit  estre  ententis 
A  toj  louer  à  haulte  game  , 
Selon  ce  que  Dieu  les  engame  : 
Qui  ce  fait ,  n'est  pas  apprentis. 

Et  pour  ce  ,  dame  débonnaire , 
Que  je  me  vueil  cy  du  tout  taire 
De  toj  louer ,  et  si  ne  puis 
Toutes  tes  louanges  retraire  » 
Te  supply  qu'il  te  vueille  plaire 
A  prendre  en  gré  ce  que  je  puis  ; 
Car  je  croy  vrajement  que  puis 
Que  mon  cueur  ne  peut  de  toj  puis 
Sachier  ce  qu'il  en  vouldroit  traire  9 
Que  les  coppeaulx  et  les  chapuis 
Prendras  en  gré  ce  que  j'én  puis  ; 
Car  ce  te  plaist  qu'on  en  peut  faire. 


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Dfi   JEAN    DE   MEUNG,  77 


Epitaphe  des  Trespasses. 

Dieu  ait  l'ame  des  trespassez  ! 
Car  des  biens  qu'ilz  ont  amassez , 
Dont  ilz  n'eurent  oncques  assez , 
Ont-ilz  toute  leur  part  eue  ; 
Et  nous  qui  les  amasserons , 
Si-tost  que  nous  trespasserons , 
La  part  que  cj  nous  en  lerrons  9 
Celle  aurons -nous  toute  perdue. 

Or  vueil ,  pour  vous  mieulx  conforter, 
Les  cueurs  semondre  et  enhorter , 
Se  riens  vous  en  voulés  porter  : 
Faictes  voz  fardeaulx  maintenant  ; 
Voz  corps ,  si  comme  vous  devez , 
Vestez ,  chaulciez ,  mangiez ,  buvez , 
Et  puis  que  riens  n'en  retenez , 
Donnez  pour  Dieu  le  demourant. 

Car  des  biens  que  vous  laisserez , 
Si-tost  que  vous  trespasserez , 
Tant  seulement  emporterez 


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LÉ    TBSÏAMÊHt  (?.tM, 

De  voz  aumosnes  le  guerdon  : 
Or  donnez  donc  si  largement 
Aux  povres  ,  que  Dieu  qui  ne  ment  » 
Vous  en  ottroye  au  jugement 
De  son  saint  Paradis  le  don» 

Mais  de  ceulx  qui  povres  se  faignent* 
Et  de  leurs  mains  ouvrer  ne  daignent  » 
Et  tous  en  richesses  se  baignent, 
Mendians  et  puissans  de  corps , 
De  ceulx  ne  veuil-je  pas  entendre 
Que  Ton  leur  doye  aumosne  tendre , 
Sans  les  chastier  et  reprendre  ; 
Cest  escript ,  et  je  le  recors. 

Et  se  rien  donner  ne  vous  laisse 

Povreté ,  que  si  vous  abaisse 

Qu'elle  vous  maint  com  chien  en  lesse  * 

Tant  que  la  mort  vous  assauldra , 

Le  vouloir  au  moins  en  ayez , 

Et  prestz  de  Dieu  prier  soyez  ; 

Ainsi  lamez  et  appajez , 

Ce  vouloir  autant  vous  vauldra* 


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It.i«6i.)       DE  JEAN   DE  MEtJNG*  fjt 

Si  poyez  pour  I9  preuve  entendre , 
De  nies  deulx  chiens  exemple  prendre  9 
Dont  ly  ung  vient  pour  moi  deffendre , 
Et  ly  autre  n'y  peut  venir , 
Mais  voulentiers  il  y  vensist , 
Se  les  lyens  ne  le  tenist , 
Et  brait ,  pource  qu'il  ne  s'en  yst  : 
Egaument  les  doy  chier  tenir. 

Car  c'est  chose  très -bien  congniie  , 
Se  jà  vous  avez  adès  eue , 
La  voulenté  qui  ne  se  miie  , 
C'est  bien  Dieu  souffrans  et  juste  , 
Qui  peut  seul  dans  tous  les  cueurs  veoir  , 
Quant  de  donner  n'avez  povoir , 
Autant  luj  doit- il  plaire  et  seoir 
Le  bon  vouloir  que  vous  en  eustes. 

Et  toutes  voyes ,  en  troys  parties 
Sont  tous  jours  noz  choses  parties  f 
Quant  à  la  mort  se  sont  parties  , 
Aussi  des  homs  comme  des  femmes  ; 
Car  ly.  vers ,  ce  devez  sçavoir , 


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80  LE    TESTAMÏNt  (T. 

Sont  tous  prestz  à  voz  corps  avoir  > 

Et  noz  amys  à  nostre  avoir , 

Et  Dieu  ou  diable  en  ont  les  ames* 

Lors  sont,  ce  croy-je ,  si  repeu  , 
Qu'ung  chascun  si  a  de  nous  eu 
Telle  part  comme  luj  a  pieu , 
Tant  est  la  chose  à  gré  partie , 
Que  nulle  et  en  nulle  manière 
Ne  vouldroit  tant  à  part  chiere 
Changer ,  ne  retourner  arrière 
Aux  deulx  parts  de  sa  départie. 

Or  devons  donc  de  mal  retraîrê 
Noz  cueurs  et  penser  à  bien  faire  > 
Si  que  nous  puissions  à  Dieu  plaire  ; 
Et  luj  prions  qu'il  nous  secoure 
Au  jour  que  la  mort  nous  prendra  > 
Quant  alors  le  diable  y  viendra , 
Qui  nous  attend  et  attendra , 
Pour  nous  emporter  à  celle  heure. 

Lors ,  se  vous  ne  voulez  ce  croire  9 
Quant  il  aura  sur  vous  victoire , 


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LE  TESTAMENT  DE  J.  DE  MEUNG.  8l 

Sans  retour  à  sa  chartre  noire 
Au  feu -d'enfer  ardoir  irés  ; 
Et  quant  vous  aurez  -  là  bien  sceu 
Comment  vous  en  feustes  deceu , 
Quand  vous  ne  m'en  avez  pas  creu 
A  tard  vous  en  repentirés. 


FIN  DU  TESTAMENT. 


4- 


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LKS 

REMONTRANCES 
DE  NATURE 

A  L'ALCHYMISTE  ERRANT. 

Par  l'authcur  JEAN  DE  MEUNG. 


Comment  Nature  se  complaint, 
Et  dit  sa  douleur  et  son  plaint 
A  un  sot  souffleur,  sophistique  , 
Qui  n'use  que  d'art  mechanique. 

NATURE. 

H  el as!  que  je  suis  douloureuse. 
Me  voyant  ainsi  malheureuse , 
Quand  je  pense  à  toi ,  genre  humain , 
Que  Dieu  a  formé  de  sa  main 
A  sa  semblance  et  vrayé  image , 


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84  REMONTRANCES  {v.io.> 

Pour  le  parfaict  de  son  ouvrage  , 
Qui  sur  toute  autre  créature 
Te  desreigle  tant  de  Nature  , 
'    Sans  user  par  temps  et  saison 
En  tes  faictz  de  dame  Raison. 
Je  parle  à  toy ,  sot  fantastique , 
Qui  te  dis  et  nomme  en  practique 
Alchimiste  ,  et  bon  Philosophe  : 
Et  tu  n'as  sçavoir,  ni  estoffe , 
Ny  théorique ,  ny  science 
En  l'art ,  ny  de  moy  cognoissance. 
Tu  romps  alambics ,  grosse  beste , 
Et  brusle  charbon  qui  t'enteste  ; 
Tu  cuis  alumz ,  selz  ,  orpimentz-», 
Et  fonds  métaux ,  brusle  attramentz  : 
Tu  fais  grands  et  petits  fourneaux , 
Abusant  de  divers  vaisseaux. 
En  effet,  je  te  certifie 
Que  j'ay  honte  de  ta  folie. 
Qui  plus  est ,  grand'  douleur  je  souffre 
Pour  la  fumée  de  ton  soulphre , 
Et  par  ton  feu  chaud ,  qui  ard  gent. 
Tu  cuide  fixer  vif  argent 


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,  DENATURE.  8.Î 

Qui  est  volatil  et  vulgal , 
Et  non  cil  dont  je  fais  métal.  1 
Povre  homme ,  tu  t'abuses  bien  : 
Par  ce  chemin  ne  feras  rien  , 
Si  tu  ne  marches  d'autres  pas. 
Mal  tu  uses  de  mes  compas  : 
Mal  tu  entens  mon  artifice. 
Mieulx  vaudroit  faire  ton  office  * 
Que  tout  dissoudre  et  distiller 
Tes  drogues ,  pour  les  congeler  : 
Par  alambics ,  et  descensoires ,  2 
Cucurbites,  distillatoires  f 
Par  pellicans  et  matheras 
Jamais  tu  ne  Parresteras. 
Puis  tu  fais  pour  ta  fixion , 
Feu  de  réverbération  f 
Voire  si  très  -  chaud  que  tout  fond. 
Ainsi  tes  œuvres  se  perfont  ; 
Enfin  pere  l'autruj  et  le  tien. 
Jamais  tu  n jr  trouveras  rien  9 
Se  tu  n'entres  dedans  ma  forge  , 

i 

1  Aliàs  Ce  n'est  ainsi  que  fais  métal» 
*  AL  Sublimatoires» 


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LES    REMONTRANCES  (vM 

Où  je  martelle'et  tousjours  forge 
Metaulx ,  ès  terrestres  minières  : 
Car  là  tu  verras  les  manières 
Et  la  matière  dequov  s'oeuvre. 
Ne  cuide  pas  que  te  décueuvre 
Le  mien  secret ,  qui  tant  est  cher , 
Si  premier  tu  ne  vas  chercher 

Le  germe  de  tous  les  métaux , 

Des  animaux  et  végétaux , 

Qui  sont  en  mon  pouvoir  tenus , 

Et  en  la  terre  détenus  ; 

L'un ,  quant  à  génération , 

Et  l'autre  par  nutrition. 

Les  métaux  n'ont  fors  que  l'essence  :  " 

Les  herbes  ont  estre  et  croissance  : 

Les  bestes  ont  la  sensitive , 

Qui  est  plus  que  végétative. 

Métaux ,  pierres  et  attraments 

Je  procrée  des  éléments  : 

D'eulx  je  fais  celle  mixtion , 

Et  prime  composition , 

Leans  au  ventre  de  la  terre  ; 

•  Al.  Degrez  de  plusieurs  choses  naturelles. 


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,  DE     NATURE.  87 

N'ailleurs  oncques  ne  les  doibz  querre. 
Les  herbes  ont  graines  expresses  » 
Pour  conserver  cy  les  espèces  ; 
Et  les  bestes  portent  semence , 
Dont  ilz  engendrent  leur  semblance  : 
Brief ,  chascun  faict  bien  son  devoir 
Sans  me  tromper ,  ne  décevoir. 
Mais  toj  homme  tout  plein  de  vice  , 
Entreprennant  sur  mon  office , 
Tu  te  devoje  de  nature , 
Plus  que  nulle  autre  créature. 

Métaux  n'ont  vie  nullement , 1 
Ne  nourriture  aucunement 
Pour  pulluler  et  augmenter , 
Ny  nul  pouvoir  de  végéter  : 
Ilz  n'ont  semence  generable  : 
Aussi  n'engendrent  leur  semblable» 
Ilz  sont  crées  en  prime  instance 
Des  éléments  ;  et  leur  substance 
De  ces  quatre  je  les  fais  naistre. 
Les  métaux  et  pierres  n'ont  qu'estre. 
Toutes  les  pierres  sont  frangibles  , 

1  La  nature  et  origine  des  métaux  et  pierre*, 


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88  LES    REMONTRANCES  c 

Et  tous  les  métaux  sont  fusibles  : 

Après  leur  fusion ,  fixables 

Doivent  estre  et  bien  malléables. 

Les  unz  par  dépuration 

Reçoivent  grant  perfection , 

Comme  For  fin  ,  par  mon  art  gent , 

Que  je  dépure  et  fin  argent. 

Mais  les  autres  plus  impurs  sont , 

Pource  que  le  vif  argent  ont 

Trop  crud ,  et  leur  soulphre  terrestre 

Trop  aduste.  Si  ne  peult  estre 

Tel  metail  mis  en  pureté  , 

A  cause  que  n'a  mérité 

La  matière  forme  si  bonne  : 

Car  tous  mes  faictz  tant  bien  j'ordonne 

Que  chacun  son  espèce  ameine , 

Selon  que  la  matière  est  saine. 

Si  sçavoir  veux  où  je  recouvre 
Matière  à  ce ,  tout  premier  s'ouvre 
Le  cabinet  de  mes  secrets 
Par  outils  subtilz  et  discrets , 
Et  vajs  chercher  propre  matière  ' 

1  Matière  des  métaux* 


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^  DENATURE.  89 

Prochaine  pour  faire  minière  : 
Laquelle  je  prens  ès  boyaux 
De  mes  quatre  elemens  royaux  ; 
Qu'est  la  semence  primitive  , 
Contenant  forme  substantive , 
En  simplicité  composée , 
Préparée  et  bien  disposée 
A  transfumer  les  quatre  en  un , 
Sous  genre  gênerai  commun. 
Lors  luy  donne  ,  tant  suis  bénigne , 
Par  mon  art  vertu  metaline , 
Dont  sont  faicts  métaux  purs ,  impurs , 
Les  unz  mois  ,  les  autres  plus  durs. 
Je  l'ay  des  elemens  extraicte 
Par  mes  cielz ,  Fay  ainsi  pourtraicte  f 
Laquelle  par  long*  temps  je  meine 
De  la  matière  primeraine  , 
En  prochaine  et  propre  matière , 
Dont  je  fabrique  ma  minière. 
Puis  soulphre  et  vif  argent  en  jssent 
Qui  en  metaulx  se  convertissent. 
Non  pas  tel  vif  argent  et  soulphre 
Que  tu  vois  :  jamais  ne  le  souffre  ; 


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90  LES   REMONTRANCES  (* 

Car  par  contraires  qualitez 
Sont  transmuez  et  agitez 
De  leur  propre  en  autre  nature  , 
Matière  ainsi  par  nourriture  , 
Et  idoine  corruption , 
Au  moyen  de  privation , 
Que  la  forme  première  tue , 
Puis  de  nouvelle  est  revestuë  : 
Et  par  la  chaleur  naturelle , 
Qui  la  matière  tient  en  elle 
Excitée  de  tous  les  cieux , 
Avecques  le  feu  gracieux 
Que  je  sçay  en  ma  forge  faire , 
Forme  je  donne  sans  forfaire , 
Enfin  telle  que  la  matire 
Est  bien  susceptible  et  la  tire. 

Ainsi  privation  ,  et  forme , 1 
Et  matière  ,  dont  je  m'informe 
Sont  mes  principes  ordonnez  , 
Qui  d'enhaut  me  furent  donnez  : 
C'est  mon  maistre  le  Créateur  , 
Qui  commanda  comme  un  aucteur  ; 

*  Privation,  forme  et  matière* 


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u  DENATURE.  91 

Que  de  matière  universelle 
Je  fisses  ,  comme  son  ancelle , 
Transmuer  les  quatre  elemens  , 
Par  mes  actes  et  régimens  , 
Sous  une  forme  générale 
De  toute  espèce  minérale. 

Si  fais  par  mon  art  naturel , 
Circonferer  le  beau  soleil 
En  vingt  et  quatre  heures  la  terre  :  1 
Lequel  jamais  ne  fault ,  ny  n'erre 
D'exciter  par  son  mouvement 
Chaleur  en  chacun  élément  : 
Aussi  faict  la  huictiesme  sphère  , 
Lçs  sept  planettes ,  et  leur  pere 
Qui  est  le  plus  grand  mobile , 
Lequel  ravist ,  tant  est  habile , 
Avecques  luy  les  sphères  toutes  : 
Et  n'y  faut  point  faire  de  doubtes. 
Son  chemin  fait  en  occident , 
Et  les  autres  sans  accident 
Font  au  contraire  tout  leur  cours. 
Si  conduis  les  longs  et  les  cours , 

'  Mouvement  des  deux. 


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LES   REMONTRANCES  (v. 

Comme  Saturne ,  qui  son  tems 

Et  son  corps  parfaict  en  trente  ans.  1 

Jupiter  en  douze  ans  le  faict , 

Et  Mars  en  deux  ans  le  parfaict. 

Le  beau  soleil ,  pere  de  vie  ,  x 

Sa  circonférence  assouvie 

En  passant  par  un  chacun  signe , 

Justement  un  an  y  assigne 

Et  six  heures  ,  pour  tout  le  compte. 

Venus,  dont  on  faict  si  grand  compte 

Met  troys  cens  quarante  neuf  jours  : 

Et  puis  Mercure  faict  son  cours 

En  troys  cens  trente -neuf  en  somme. 

La  lune  ,  prochaine  de  l'homme ,  * 

Vingt  et  neuf  et  demj  demeure 

A  passer  les  douze,  et  quelque  heure 

Et  ainsi  par  leurs  cours  divers , 

Sont  causez  estez  et  y  vers , 

Es  elemens  mutations , 

Et  ça  bas  générations  ; 

1  Saturne ,  J upiter ,  Mars. 

*  Le  soleil.  4  La  lune. 

3  Venus.  %Aliàs2j. 


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(i-«»7.)  DENATURE.  93 

Et  jamais  rien  qui  soit  sensible  , 

Ou  soit  visible ,  ou  invisible , 

Ne  peut  estre ,  ne  avoir  lieu 

Sans  mojr ,  sans  les  cieux ,  et  sans  Dieu. 

Ainsi  font  les  cieux  toutes  choses 

Qui  sont  dessous  la  lune  encloses  r 

Et  envojent  leur  influence 

Sur  la  matière  en  sa  puissance. 

Et  la  matière  forme  appette , 

Comme  femme  l'homme  souhaitte. 

Tant  d'estoilles  sont  au  ciel  mises , 

Soubz  qui  matières  sont  submises 

Et  subjettes  en  divers  nombres. 

Unes  sont  claires  ,  autres  sombres  : 

Tant  et  tant  sont  innumerables  * 

Que  ce  sont  choses  admirables. 

Ainsi  diverses  choses  font 

Pour  tant  de  divers  cours  quelz  ont 

Là  sus  au  ciel ,  ça  bas  vertus 

Sus  élemens  :  dont  sont  vestus 

D'espèces  les  individuës. 

Et  sçachez  que  ne  sont  perdues  ' 

9  Influences. 


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94  LES    REMONTRANCES  (T.* 

Tant  d'influences  nullement , 
Quand  descendent  sur  l'élément 
De  la  terre ,  posé  quelz  soyettt 
Invisibles  ,  et  ne  se  vqyent > 
Et  qu'avant  quelz  tumbent  sur  terre  , 
Sont  si  pressez  et  en  tel  serre  f 
Que  par  forcé  Tune  et  l'autre  entre  , 
En  pénétrant  jusques  au  centre 
En  si  très -diverse  manière , 
Qu'elles  font  dedans  la  minière 
Diverses  générations , 
Par  diverses  impressions , 
Sans  erreur  et  sani  nulle  ftttites  f 
Obéissants  basses  aux  haultes. 
Si  est  la  terre  environnée 
Des  cieux  ,  dont  icelle  est  oniée 
En  recevant  leurs  influences 
Et  très -agréables  substances  , 
Dont  sa  vertu  chacun  veut  mettre 
Et  jusques  au  centre  pénètre , 
Et  par  mouvemens  et  chaleurs  1 
S'engendrent  en  terre  vapeurs  ; 

1  Vapeurs  et  exhalation. 


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u)  DENATURE. 

Aussi  font  exhalations 
Des  primes  compositions» 
La  vapeur  et  froide  est  humide. 
Voire  que  demeure  et  réside 
Et  est  en  terre  retenue  :  1 
Mais  si  elle  va  en  la  nuë  f 
Humide  et  chaulde  pourra  estre. 
L'autre ,  qui  demeure  terrestre  t 
Et  qu'est  enfermée  et  enclose  * 
Par  laps  de  temps  je  la  dispose 
En  soulphre ,  qui  est  son  agent , 
Avec  son  passif  vif  argent. 
Lors  est  seconde  mixtion 
De  prime  composition. 
Le  tout  est  tiré  de  la  masse 
Des  quatre  éléments  que  j'amasse 
Comme  t'ay  jà  dict  cy- devant  : 
Et  pour  toj  j'en  parle  souvent  * 
Afin  que  point  tu  ne  t'abuses  ♦ 
Et  qu'en  pratique  ne  t'amuses. 
Après  la  putréfaction  r 

*  La  prochaine  matière  du  soulphre  et  du  vît  argent 
métalliques. 


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96  LES   REMONTRANCES  (v.» 

Se  fait  la  génération 

Par  chaleur  ,  qui  est  annejée 

Dedans  l'œuvre  jà  commencée  , 

Très -amiable  ,  sans  ardeur  , 

Afin  d'eschauffer  la  froideur 

Du  vif  argent  :  lequel  tant  souffre, 

Qu'il  est  faict  un  avec  son  soulphre, 

Le  tout  en  seul  vaisseau  compris , 

Le  feu  ,  Fair  et  l'eau ,  que  je  prins 

Dedans  son  terrestre  vaisseau , 

Qui  tous  sont  en  un  seul  fourneau. 

Je  cuis  lors ,  dissouls  et  sublime , 

Sans  marteau  ,  tenailles  ,  ni  lime , 

Sans  charbon ,  fumier ,  baing  marie , 

Et  sans  fourneau  de  soufflerie. 

Car  j'ai  mon  feu  celestiel , 

Qui  excite  l'élément  tel 

Selon  que  la  matière  appete 

Forme  tel  qui  lui  compete. 

Aussi  mon  vif  argent  je  tire 

Des  élemens  et  leur  matire. 

Puis  son  soulphre  le  suit  de  près  * 

Comme  tout  un ,  qui  par  exprès 


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ttatf.,  DENATURE. 

L'eschauffe  petit  à  petit 

Doulcement  à  son  appétit. 

Lors  froit  se  faict  chaud  vertueux  ; 

Et  le  sec ,  humide  unctueux. 

Or  entens  par  hic  et  par  hec  , 

L'humide  n'est  poinct  sans  son  sec , 

Ne  le  sec  aussi  sans  l'humide  ; 

Car  l'un  avec  l'autre  réside 

Sous  une  essence  primitive  * 

Laquelle  est  l'élementative  ; 

Et  l'esprit  est  la  quinte -essence 

Dont  nostre  enfant  prent  sa  naissance. 

Le  feu  1  enfante  et  le  nourrist 1 

Dedans  l'air  ;  mais  avant  pourrist 

Au  ventre  de  la  vierge  terre* 

Puis  en  vient  Feau ,  que  Ton  doit  querre  , 

Qui  est  la  matière  première 
Dont  je  commence  ma  minière. 
Car  un  contraire  circonstant  r 
Son  contraire  est  fort  résistant 
En  se  fortifiant  de  sorte  , 
Non  tant  que  l'argent  ne  l'emporte. 

*Al.  Le  feu  l'enfante  certes  nourrist. 

4*  G 


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LES    REMONTRANCES  (,.i,7 

Lors  est  le  passif  transmué , 
Et  de  sa  forme  desnué , 
Par  l'appétit  de  la  matire 
Qui  tousjours  neufve  forme  attire. 
Du  premier  ciel  et  grand  moteur ,  1 
Est  mon  sçavoir  gubernateur  : 
Mes  mains  sont  la  huictiesme  sphère , 
Ainsi  que  l'ordonna  mon  pere  : 
Mes  métaux ,  sont  les  sept  planettes 
Dont  je  forge  choses  si  nettes. 
La  matière  dont  fais  ouvrages , 
Pierres  ,  métaux ,  arbres ,  herbages , 
Bestes  brutes  et  raisonnables  , 
Qui  sont  les  œuvres  très -louables , 
Généralement  toutes  choses 
Que  sont  dessous  le  ciel  encloses  , 
Je  la  prens ,  et  point  je  ne  ments , 
Seulement  es  quatre  éléments. 
C'est  la  matière  primeraine , 
Cahos ,  hyle  :  c'est  le  domaine 
Dequoy  je  fais  jouyr  le  roy 
Et  la  royne ,  et  tout  son  arrqy. 

'  Le  pouvoir  de  nature  et  ses  instrument. 


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h}  DENATURE.  99 

Le  chevalier  est  tousjours  prest  , 
La  chambrière  faict  Tapprest  ; 
Et  tant  plus  est  noble  la  forme , 
Et  plus  noblement  m'y  conforme* 
Sache  que  j'ay  toutes  puissances 
De  substanter  toutes  essences , 
Et  de  les  faire  consister , 
Et  forme  en  matière  exciter. 

Or  notez  bien  les  trois  parties  1 
Qui  de  la  masse  sont  parties  f 
Que  Dieu  fist  au  commencement  : 
De  la  pure  ,  premièrement 
Il  créa  chérubins ,  archanges , 
Les  séraphins ,  et  tous  les  anges  : 
Et  de  la  moins  pure  et  seconde , 
Il  créa  les  cieulx  et  la  ronde  :  2 
Et  de  la  tierce  part  moins  pure  , 
Les  elemens  et  leur  nature  * 
ïl  créa.  Mais  le  feu ,  premier 
De  vertu ,  voulut  le  permier , 
Et  le  mist  haut  dessous  la  lune. 

•  Division  de  la  masse  et  première  matière.  Esprits. 

•  Cieux.  *  Siemens.  Le  feu. 


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lt>0        LES  REMONTRANCES 

Corruption  ne  tient  aucune 
En  soy ,  mais  tient  de  quinte -essence 
La  plus  pure  part  en  puissance. 
Et  puis  Fair  très  -  subtil  il  fist  ; 1 
Et  de  la  quinte -essence  y  mist , 
Non  tant  comme  an  feu.  Puis  fit  l'eau, * 

Qui  est  un  visible  et  très -beau 
Elément  :  quinte- essence  tient 
Autant  comme  à  elle  appartient. 
Et  puis  la  terre  voulut  faire  ,  * 
Afin  de  son  vouloir  parfaire. 
Combien  qu'en  un  petit  moment 
Il  aye  faict  chaque  élément , 
Et  les  cieulx  et  toute  nature 
Qui  suit  la  prime  créature  , 
La  terre  grosse  opaque  fist , 
Où  chascun  trouve  du  profit , 
Qui  contient  en  soy  sans  doubtance 
La  moindre  part  de  quinte -essence. 
Premier  furent  simples  notez  4 
En  leurs  sphères  elementz  tels  : 

«L'air.  a  La  terre. 

*  L'eau.  «Les  qualités  des  elemens. 


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DENATURE.  101 

Si  estFsû  r  proprement  humide  : 
Appropriement  le  feu  Faïde  : 
Et  l'eau  est  froide  proprement , 
Et  humide  appropriement , 
Que  de  l'air  elle  prent  et  pesche  : 
La  terre  proprement  est  seiche , 
Appropriement  froide  elle  est 
Qu'elle  prent  de  l'eau  :  si  faict  prest 
Au  feu  de  sa  grande  siccité. 
Mais ,  comme  je  t'ay  recité , 
Le  feu  est  noble  et  sur  tout  maistre  f 
Et  est  cause  de  faire  naistre  , 
Par  sa  chaleur ,  et  donner  vie. 

Mais  si  faut- il  que  je  te  die  1 
Qu'il  n'est  nul  élément  actif 
Qui  peust  agir  sans  le  passif 
Comme  le  feu  en  l'air  agist , 
Aussi  l'air  sur  l'eau  reagist  ; 
Et  l'eau  agist  en  l'air  et  terre , 
Quand  le  feu  veut  esmouvoir  guerre. 
Or  est  terre  mçre  et  nourrice 
De  toutes  choses  et  tutrice. 

1  Actions  et  passions  des  elemens. 


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102         LES    REMONTRANCES  Cl 

Ce  que  sous  le  ciel  pourrira , 
Si  elle  enfante ,  nourrira 
Ce  que  chaleur  luj  met  au  ventre  ; 1 
Et  ne  cesse  jusques  au  centre 
Incessamment  de  gouverner.  * 
Tant  m'a  voulu  Dieu  honorer  f 
Qui  m'a  donné  telle  puissance , 
Que  je  fais  à  la  quinte -essence 
Réduire  tous  les  quatre  arrière  : * 
Lors  se  dict  matière  première 
Meslée  généralement. 
Et  par  tout  chacun  élément , 
Par  mon  art  fais  réductions , 
Dont  viennent  générations  : 
Mais  les  espèces  revenuës  ,  4 
Sont  en  la  masse  contenuës. 

Pource  cil  qui  réduire  veut 
Les  éléments ,  certe  il  ne  peut 
En  la  matière  primeraine , 
Sans  tnoy ,  quelque  labeur  et  peine 

1  AU  De  la  chaleur  que ,  etc. 
*  AL  Générer. 

3  Réductions  des  elemens  en  première  matière. 

4  Retenues. 


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f».4*)  E     NATURE.  lo3 

Qu'il  sçeust  prendre ,  et  se  deust  tuer  ; 
Car  en  moy  est  de  transmuer 
Leur  espèce  et  leurs  éléments. 
Si  tu  dis  autrement  >  tu  ments  : 
Tu  ne  sçaurois ,  quant  à  substance , 
•    Approprier  propre  influence  , 
Ny  en  rien  proportionner 
Les  éléments ,  ou  leur  donner 
La  forme  »  selon  le  mérite 
Que  la  matière  bien  mérite. 

C'est  moy  qui  forme  créature  9 
Et  donne  matière  et  nature  : 
Je  fais  par  mes  secrets  célestes 
Oeuvres  parfaictes  et  honnestes  ; 
Dont  aucuns  voyant  mes  oracles  f 
Les  ont  jugez  quasi  miracles  : 
Comme  il  appert  en  Telixir , 1 
Dont  tant  de  biens  on  voit  issir  : 
Car  les  vertus  et  qualitez 
Qu'il  a ,  je  les  ay  imitez  ; 
Ny  oncques  nul  art  méchanique 
N'eut  le  sçavoir  ou  la  practique 

»  L'Elixir. 


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04         LES  REMONTRANCES 

D'avoir  multiplications , 
Et  si  très- nobles  actions. 
Se  doit  l'homme  prudent  et  sage 
Considérer  que  tel  courage  > 
Telle  vertu ,  telle  science 
Ne  se  peut  sans  l'intelligence 
Des  corps  célestes ,  à  fin  duire  9 
Et  sans  leur  puissance  conduire  : 
Aultrement  seroit  s'abuser. 

Qui  voudroit  sans  moy  en  user, 
Où  prendroit-il  son  influence , 
Pour  infuser  telle  substance  f 
Comme  feroit  la  mixtion 
Et  la  vraye  proportion 
Des  éléments  ?  Nul  n'y  a  signe  , 
Comme  bien  le  dit  Avicenne 
En  son  De  viribus  cordis  > 
Au  deuxiesme  :  voicy  ses  dicts. 
Vivons  tant  que  vivre  pourrons, 
Telle  œuvre  entendre  ne  sçaurons 
Comme  de  proportionner 
Eléments  et  mixtionner. 
Ainsi  le  dit ,  bien  m'en  souvient: 


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M  DENATURE-  ÎO.Î 

Jamais  nul  homme  n'y  advient. 
Cest  un  secret  à  moy  donné  y 
Qui  n'est  à  l'homme  abandonné  : 
Car  par  mes  vertus  souvent  fais 
Qu'imparfaicts  deviennent  parfaicts  : 
Soit  un  métal  ou  corps  humain  f 
Je  le  parfais  et  rends  tout  sain , 1 
Je  fais  tempérance  infuser , 
Et  les  quatre  symboliser  : 
Des  contraires  je  fais  accords  » 
Où  jamais  il  n'y  a  discords. 
Cest  la  belle  chaîne  dorée  , 
Que  j'ay  circulant  décorée 
Par  mes  vertus  celestielles  , 
Et  leurs  formes  substantielles. 
Tellement  et  si  bien  j'y  œuvre , 
Que  tout  mon  pouvoir  se  descœuvre  , 
Voire  si  noble  et  si  parfaict  f 
Que  d'homme  ne  seroit  point  faict 
Sans  moy ,  sans  mon  art  et  sçavoir , 
Quelque  bon  sens  qu'il  sçeust  avoir. 
Vien-çà ,  toy  qui  dis  sçavoir  tout , 

'Nature  donne  santé. 


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lo6         LES    REMONTRA  CES  (T. 

Et  qui  entens  venir  à  bout 
De  ma  science  tant  notable , 
Disant  je  feray  Por  potable  , 
Par  feu  de  charbon  ,  bain -marie  , 
En  mes  fourneaux.  Saincte  Marie  ! 
Je  m'esbahis  de  ton  erreur. 
Par  ta  foy ,  n'as -tu  point  d'horreur, 
En  considérant  mes  ouvrages , 
Et  voyant  cuire  telz  breuvages 
Dedans  tes  vaisseaux  et  phioles  f 
Plus  creuses  que  ne  sont  violes  > 
Du  temps  perdu  et  des  despenses  ? 
Je  ne  sçay  moy  à  quoy  tu  penses , 
Mon  fils  :  aye  pitié  de  toy , 
Je  te  supplie ,  et  pense  à  moy. 
Entends  bien  ce  que  te  diray  : 
Car  de  rien  je  ne  mentiray. 

Regarde  un  peu  ,  escoutes  orf 
Et  tu  verras  bien  comme  1  or , 
Qui  est  si  noble  et  précieux  » 
A  prins  sa  belle  forme  ès  cîeur., 
Et  sa  bonne  matière  en  terre  : 
Si  faict  la  belle  gemme  et  pierre  f 


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ff,ia.)  DE     N  A  T  U  R  E;  lof 

Comme  rubis  et  diaments  : 

Tout  se  faict  des  quatre  éléments  f 

Quant  à  matière  :  et  quant  à  forme , 

Le  ciel  la  qualité  informe 

En  l'élément  jà  contenuë , 

Par  qui  la  forme  est  devenuë 

Noble  par  dépuration , 

Et  long -temps  en  perfection. 

Et  toutesfois ,  telle  noblesse , 

Comme  d'or  et  d'autre  richesse , 

Se  faict  par  moj ,  j'en  suis  Pouvriere  : 

Nul  homme  n'en  sçait  la  manière. 

Et ,  l'entendant ,  si  ne  sçauroit 

Dire  comment  il  ce  feroit , 

Ne  quelle  proportion  prendre 

Des  élemens ,  ny  bien  entendre 

Combien  de  feu ,  d'air ,  d'eau  et  terre 

S'y  est  requis ,  n j  où  les  querre  ; 

Ne  bien  mesler  aucun  contraire , 

Non  plus  que  les  substances  attraire  ; 

Ny  donner  telles  influences 

Qu'il  convient  à  telles  essences. 

Seulement ,  si  faire  vouloit 


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lo8        LES    REMONTRANCES  fr#! 

Du  fer ,  ou  plomb ,  il  ne  sçauroit  : 
Non  pas  la  chose ,  que  soit  moindre  : 
Jamais  homme  n'j  sçeut  attaindre. 
Comme  doncques  fera -il  Por , 
S'il  ne  me  robbe  mon  thresor  ? 
Ce  n'est  au  pouvoir  de  son  art  ; 
Et  si  le  dit ,  c'est  un  coquart  : 
J'entens  par  son  art  niéchanique* 
Il  faut  qu'il  sçache  ma  practique , 
Laquelle  est  naturelle  en  somme  , 
Et  que  ne  se  faict  de  main  d'homme. 

Or  doncques ,  si  l'or  est  si  bon  , 
Et  se  faict  sans  feu  de  charbon  , 
Et  s'il  est  si  noble  tenu 
Que  sur  tous  est  le  mieux  venu , 
Et  que  chascun  en  faict  thresor , 
Tant  les  humains  estiment  l'or  ; 
Toutesfois  il  ne  garist  mye 
Les  meaux ,  nj  la  ladrerie  f 
Ny  ne  faict  transmutation 
Des  métaux  en  perfection 
De  fin  or ,  ne  n'est  si  notable 
De  faire  verre  malléable , 


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Comme  faict  la  très -noble  pierre  1 
Des  Philosophes ,  qu'on  doit  querre. 
Si  est  For ,  quant  aux  métaux ,  faict 
Par  moy  le  plus  noble  est  parfaict» 
Ainsi  donc ,  si  tu  ne  sçais  faire 
Un  peu  de  plomb ,  à  l'exemplaire 
De  moj ,  ou  quelque  petit  grain , 
Ou  de  quelque  herbe  un  tout  seul  brin  , 
Ou  encor  moins  faire  du  fer , 
Comment  te  veux -tu  eschauffer 
A  faire  ce  qui  est  plus  noble  , 
Et  dont  on  fait  ducat  et  noble  ? 
Et  si  tu  dis  ,  Je  ne  veux  mye 
Faire  For ,  mais  bien  l'Alchymie  ; 
Je  respons  à  toj  non  sçavant , 
Que  tu  es  plus  fol  que  devant 
N'as -tu  entendu  que  j'ay  dict 
Que  mon  secret  t'est  interdict  ? 
Car  ce  que  se  faict  par  nature  9 
Ne  se  faict  point  par  créature. 
Et  qui  plus  est ,  si  l'or  j  aj  faict 
De  sept  métaux  le  plus  parfaict , 

1  Vertus  de  la  Pierre  philosophais 


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HO         LES    REMONTRANCES  ir.m 

Ce  que  tu  ne  sçaurois  entendre , 
Comment  oses -tu  entreprendre 
De  vouloir  faire  par  telz  faicts 
Ce  qui  parfaict  les  imparfaicts  f 
Et  en  qui  j'ay  mis  la  puissance 
De  transmuer  toute  l'essence 
.  Des  métaux ,  en  bon  et  fin  or  , 
Et  ce  que  je  tiens  en  thresor 
Le  plus  cher  que  Dieu  m'a  donné  ? 

Or  es -tu  bien  desordonné  9  * 
Si  tu  ne  cognois  et  entends 
Que  ce  haut  bien ,  où  tu  prétends , 
En  tant  qui  touche  à  créature  , 
Est  le  grand  secret  de  nature , 
Soit  en  métal ,  pierre ,  herbe  ou  beste , 
Qui  descend  de  vertu  céleste. 
Bien  il  y  pert  :  car  il  guarist 
L'homme  de  tous  maux  9  et  nourrist 
11  parfaict  métaux  imparfaicts  f 
Par  ses  vertus  et  hautains  faicts 
Que  y  y  mets  par  mon  grand  sçavoir , 
Et  du  thresor  de  mon  avoir. 
S'il  est  donc  si  parfaict  en  soy 


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M  DE    NATURE.  111 

Qu'il  n'en  est  un  pareil ,  dis  -  moy 
S'il  ne  faut  que  telle  science 
Vient  de  haulte  intelligence  ,* 
Veu  que  nul  ne  sçait  faire  l'or , 
Et  que  cestuj  est  le  thrésor 
Des  thresors ,  voire  incomparable  ? 
Cest  une  erreur  irréparable  : 
Car  si  tu  ne  peux  porter  dix 
Et  veux  porter  cent ,  je  te  dis 
Que  tu  te  tuë  cœur  et  corps 
Ce  faisant  :  sçache  ces  efforts. 

Mon  fils ,  c'est  toute  ma  science  9 
Mon  haut  sçavoir  et  ma  puissance  * 
Que  je  prens  ès  cieux  simplement  9 
Et  le  simple  de  l'élément  : 
C'est  une  essence  primitive , 
Et  quinte  en  Télementative , 
Que  je  fais  par  réductions  , 
Par  temps  et  circulations  , 
Convertissant  le  bas  en  hault , 
Froid  et  sec  en  humide  et  chault  9 
En  conservant  pierre  et  métal 
Sous  son  humide  radical. 


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112        LES  REMONTRANCES 

C'est  par  le  mouvement  des  cieulx , 

Tant  sont  nobles  et  précieux. 

Et  sçaches  que  les  élemens 

Ont  des  cieulx  leurs  gouvernemens  9 

Obeissans  par  convenance , 

Elemens  à  leur  influence  ; 

Et  plus  est  pure  ma  matière , 

Plus  suis  par  les  cieulx  grande  ouvrière. 

Cuides-tu  que  sus  ton  fourneau, 
Où  sont  mis  ta  terre  et  ton  eau  , 
Et  que  par  ton  feu  et  chaleur , 
Par  ta  blanche  ou  rouge  couleur  , 
Tu  faces  de  moj  ton  plaisir , 
Pour  parvenir  à  ton  désir  ? 
Cuides-tu  les  cieulx  esmouvoir, 
Et  leurs  influences  avoir 
Pour  infuser  dedans  tes  drogues  ? 
Cuides-tu  que  ce  sojent  des  orgues 
Qu'on  faict  chanter  à  tous  les  dois  ? 
C'est  trop  cuider  en  ton  lourdois. 
Ne  sçais-tu  bien  qu'au  mouvement 
Des  cieulx  est  un  entendement 
Qui  ha  ça  bas  intelligence , 


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(f  650i>  DE    NATURE.  n3 

Et  qui  faict ,  par  son  influence  , 
A  toutes  choses  avoir  estre  ? 
Çj  te  prie  vouloir  cognoistre 
Que  hautes  choses  de  haut  lieu 
Procèdent  de  mqy ,  de  par  Dieu. 
Et  ne  cuide  qu'art  manuel 
Soit  si  pariaict  que  naturel  : 
Car  son  sens  est  trop  nud  et  linge  ; 
Si  me  contrefait  comme  un  singe. 
Penses-tu  que  pour  distiller» 
Ou  pour  dissoudre  et  congeler 
De  ta  matière  en  ton  vaisseau  » 
Ou  pour  tirer  de  l'huile  l'eau  , 
Soit  que  belle  et  claire  la  voje  » 
Que  tu  ensui  ves  bien  ma  voj  e  ? 
Mon  fils  ,  tu  es  trop  abusé  ; 
Car  quand  ton  temps  auras  usé 
A  faire  tous  les  meslemens  » 
Et  séparer  les  élemens  , 
Ton  huile  ,  ton  eau  et  ta  terre  » 
Tu  n'as  rien  faict  ;  certes  tu  erre. 
Sçais-tu  pourquoy  ?  car  ta  matière 
Ne  sçauroit  demie  heure  entière 
4.  h 


114-        LES   REMONTRANCES  (v. 

Soustenir  de  la  chaleur  , 
Tant  est  de  petite  valeur  : 
Tout  s'en,  ira  en  fumée  , 
Ou  en  feu  sera  consommée. 
Mais  la  matière  dequoj  j'oeuvre , 
Est  infaillible  à  toute  espreuve  , 
Quelque  feu  ardent  que  ce  soit  ; 
Ains  du  feu  tout  son  bien  reçoit, 
Et  si  vient  Peau  de  seiche  souche , 
Que  rien  ne  mouille  qu'elle  touche , 
Nj  ne  s'envole ,  njr  recule , 
Ne  son  huile  jamais  ne  brusle  : 
Tant  sont  mes  élemens  parfaicts. 
Ainsi  n'est  de  ce  que  tu  fais  : 
Aussi  n'est-ce  pas  ton  office 
De  manier  mon  artifice. 

Pour  conclusion  je  te  dis , 
Si  tu  veux  bien  noter  mes  dicts  , 
Je  ne  te  veux  point  abuser , 
Que  tu  ne  sçaurois  infuser, 
Par  ton  feu  artificiel , 
La  grand  chaleur  qui  vient  du  ciel  ; 
Ny  par  ton  eau  et  huyle  et  terre  , 


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**.)  t>E    N  A  T  t  B  E.  1 

Tu  ne  sçaurois  matière  acquerre 
Qui  peut  recevoir  influence , 
Pour  luy  donner  telle  substance. 
C'est  don  de  Dieu  ,  donné  ès  cieux 
Aux  éléments  à  qui  mieux  mieux , 
Conservé  en  la  simple  essence , 
Dont  nul  que  moy  n'a  cognoissance , 
Fors  l'homme  qui  en  moy  se  fie  , 
Et  qui  sçait  bien  Philosophie. 

Mon  fils ,  je  ne  diray  qu'un  mot  : 
Ce  sçait  le  créateur  qui  mot , 
C'est  que  l'œuvre  se  faict  entière  » 
D'une  seule  et  vile  matière 
Homogenée ,  en  seul  vaisseau 
Bien  clos ,  et  en  un  seul  fourneau  , 
En  soy  contient  qui  la  parfaict , 
Et  par  seul  régime  se  faict. 

Or  voy  la  génération 
De  l'homme  et  sa  perfection  , 
Où  tout  mon  sens  y  abandonne  , 
Et  le  sçavoir  que  Dieu  me  donne  : 
Car  faire  sçais  d'une  matière 

'L'œuvre  de  la  Pierre  philosophie. 


Il6         LES    REMONTRANCES  fv.7lli)l 

L'espèce  humaine,  non  entière  ; 1 
Je  forme  le  corps  seulement ,  . 
Voire  si  très -subtilement, 
Que  Platon ,  aussi  Aristote 
N'y  entendirent  jamais  note. 
Je  fais  os  durs  ,  dents  à  mâcher , 
Le  foye  mol ,  aussi  la  chair  , 
Les  nerfs  froids ,  le  cerveau  humect , 
Le  cœur  chaud  ,  où  Dieu  vie  mect , 
Les  boyaux  ,  et  toutes  les  veines , 
Artères  de  rouge  sang  pleines. 

Brief ,  le  tout  d'un  seul  vif  argent , 
Masculin  soulphre  très  -  agent , 
Fais  un  seul  vaisseau  maternel , 
Dont  le  ventre  en  est  le  fournel. 
Vray  est  que  l'homme  par  son  art 
M'ayde  fort ,  quand  en  chaleur  ard  ? 
En  infusant  en  la  matrice 
La  matière  qui  est  propice  ; 
Mais  autre  chose  n'y  sçait  faire. 
Ainsi  est-il  de  ton  affaire  :  « 
Car  qui  sçait  matière  choisir, 

•De  l'homme ,  voyez  page  i3a. 


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tt.no.)  DE     NATURE.  1 17 

Telle  que  Fœuvre  en  ha  désir, 
Bien  préparée  en  un  vaisseau  , 
Fort  clos ,  et  dedans  son  fourneau  , 
Le  tout  fourny ,  plus  ne  diffère  , 
Car  tqy  et  moj  devons  parfaire  ; 1 
Pourveu  que  chaleur  tu  luy  donne , 
Comme  Philosophie  ordonne. 
Car  là  gist  tout  :  je  t'en  advise. 
Pourtant  faut  bien  que  tu  y  vise  : 
En  feu  que  l'on  dit  epsesis ,  a 
Pepsis  ,  pepansis  ,  optesis.  * 
Feu  naturel  contre  nature  , 
Non  naturel  et  sans  arsure  , 
Feu  chauld  et  sec ,  humide  et  froit , 
Penses -y,  et  le  fais  adroit. 

Sans  matière  et  sans  propre  feu , 
Tu  n'entreras  jamais  en  jeu  : 
La  matière,  je  la  te  donne  ; 
La  forme ,  faut  que  tu  l'ordonne  : 

1  La  Pierre  philosopbale  est  faicte  par  nature  et  art. 
«Feu. 

3 C'est-à- dire ,  chaleur  convenable  à  faire  bouillir, 
digérer  ,  meurir  et  rostir.  Aristote  ,  au  îv.  des  mé- 
téores ,  faict  mention  de  ces  quatre  espèces  de  chaleur. 


Il8         LES    REMONTRANCES  (T<7H) 

Je  ne  dis  pas  substantiale  9 
Ny  aussi  forme  occidentale  ; 
Mais  forme  de  faire  vaisseau , 
Et  de  bien  former  ton  fourneau. 
Fais  par  raison  ce  qu'est  propice , 
Et  par  naturel  artifice. 

Ayde-moy ,  et  je  t'ayderay  : 
Comme  tu  feras ,  je  feray  , 
Ainsi  que  j'ay  faict  à  mes  fils , 
Dont  ils  ont  reçeu  les  proufits , 
A  cause  que  sans  vitupère 
Ont  ensuivi  et  mere  et  pere , 
Obéissans  à  mes  commands  ; 
Comme  tu  peux  veoir  ès  Romans 
De  Jean  de  Meung ,  qui  bien  m'appreuve, 1 
Et  tant  les  sophistes  repreuve. 
Si  faict  Ville -neuve  a,  et  Raimon  ,  * 
Qui  en  font  noble  sermon  , 
Et  Morien  le  bon  Romain  , 
Qui  sagement  y  mist  la  main. 

'Roman  de  la  Rote,  vers  16869  jusqu'au  16904. 
*  Àrnauld  de  Ville-neuve. 
a  Raymon  Lulle. 


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DE     NATURE.  119 

Si  fist  Hermès  qu'on  nomme  père  , 
A  qui  aucun  ne  se  compère. 
Geber,  philosophe  subtil , 
A  bien  usé  de  mon  oustil , 
Et  tant  a  escript  de  beaux  dicts  , 
Et  d'autres  plus  que  je  ne  dis  , 
De  ceste  très -noble  science  ; 
Lesquels  ont  par  expérience 
Prouvé  que  l'art  est  véritable , 
Et  la  vertu  grande  et  louable. 
Tant  de  gens  de  bien  l'ont  trouvée , 
Qui  véritable  l'ont  prouvée  , 
Dont  je  me  tais  pour  abréger. 

Or ,  mon  fils ,  si  tu  veux  forger 
Et  commencer  œuvre  si  noble , 
Il  ne  te  faut  ducats  ny  noble  , 
Au  moins  en  grande  quantité  : 
Suffist  que  sois  en  liberté  , 
Et  en  lieu  qui  te  soit  propice  , 
Que  nul  sçache  ton  artifice. 
Prépare  à  droict  bien  ta  matière , 
Toute  seule  mise  en  poudrière  , 
En  seul  vaisseau  ,  avec  son  eau , 


120         LES  REMONTRANCES 

Bien  close ,  et  dedans  son  fourneau , 
Par  un  régime  soit  menée  , 
D'une  chaleur  bien  attrempée , 
Laquelle  fera  l'action 
En  soj ,  et  putréfaction  : 
Car  pour  grande  frigidité 
Ne  sçauroit  tant  la  siccité 
Résister  contre  tel  agent  , 
Que  ne  soit  tost  le  vif  argent , 
Par  connexion  ordonnée  , 1 
Fait  un  subject  homogenée , 
Réduit  en  première  matière. 

Sois  tqn  intention  entière 
D'ensuivre  ta  mere  Nature  ; 
Que  raison  soit  ta  nourriture  ; 
Ta  guide  soit  Philosophie  : 
Et  si  tu  le  fais ,  je  t'affie  9 
Tu  auras  matière  et  moyen 
De  parvenir  à  ce  hault  bien  ; 
Et  de  chose  qui  bien  peu  couste 
Tu  ouvreras  ,  mais  que  tu  gouste 
Mes  principes.  Yoy  comme  j'ouvre  : 

■  Al.  Commixition. 


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g  DE     NATURE.  121 

Regarde  TAristote ,  et  ouvre 
Le  tiers  et  quart  des  Metheores  : 
Apprens  physique  ,  et  vov  encores 
Le  livre  génération , 
Et  celuv  de  corruption  ; 
Le  livre  du  ciel  et  du  monde , 
Où  la  matière  est  belle  et  monde. 
Car  si  tu  ne  vois  et  entends , 
Certes  ,  mon  fils  ,  tu  perds  le  temps. 
Et  pour  mieux  sçavoir  les  manières  , 
Voir  te  faut  celuv  des  minières , 
Que  fit  mon  gentil  fils  Albert , 
Qui  tant  sçeut ,  et  tant  fut  expert , 
Qu'en  son  temps  il  me  gouvernoit , 
Et  de  mes  faicts  bien  ordonnoit , 
Comme  il  appert  en  celluy  livre. 
Or  doncques ,  si  tu  es  délivre , 
Es  minières  souvent  liras  , 

Que  nulle  pierre  ne  s'engendre 
Que  des  élemens  par  son  genre. 

Apprens  ,  apprens  à  me  connoistre, 
Premier  que  de  te  nommer  maistre. 


22        LES    R  É  M  ON  TRÀNCES  ( 

Suis  moy  j  qui  suis  mere  Nature  , 
Saris  laquelle  n'est  créature  , 
Qui  peut  être ,  nj  prendre  essence , 
Végéter ,  monter  en  croissance , 
Nj  avoir  ame  sensitive , 
Sans  ciel  et  l'elementative. 
Et  pour  connoistre  tels  effects  f 
Il  te  convient  porter  le  faiz 
D'estudier  et  travailler 
En  philosophie  et  veiller. 
Et  si  tu  sçais  tant  par  ses  us , 
Que  tu  cognoisses  les  vertus 
Des  cieux ,  et  leurs  grands  actions  $ 
Des  éléments  les  passions , 
Et  parquoj  ils  sont  susceptibles  ; 
Qui  sont  les  mojens  convertibles  ; 
Et  qui  est  cause  de  pourrir , 
Et  d'engendrer ,  et  de  nourrir 
De  leur  essence  et  leur  substance, 
Tu  auras  de  Fart  cognoissance  ; 
Combien  que  suffit  seulement 
D'avoir  un  bel  entendement , 
En  considérant  mes  ouvrageSé 


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— 


DE     NATURE.  123 

Mais  n'ont  pas  eu  tous  clers  et  sages 
Ce  don  de  Dieu  par  leur  science  : 
Ains  ceux  de  bonne  Conscience  , 
Qui  m'ont  suivie  avec  Raison , 
L'ont  eu  par  moult  longue  saison , 
En  ayant  patience  bonne  , 
Attendans  le  temps  que  j'ordonne. 

Fais  donc  ce  que  je  te  dis  or , 
Si  tu  veux  avoir  le  thresor 
Qu'ont  eu  les  vrais  Physiciens  , 
Et  Philosophes  anciens. 
C'est  le  thresor  et  la  richesse 
De  plus  grand'  vertu  et  noblesse  , 
Que ,  puis  les  cieulx  jusques  en  terre  , 
Par  art  l'homme  pourrait  acquerre. 
C'est  un  moyen  entre  Mercure 
Et  métal  que  je  prens  en  cure  : 
Et  par  ton  art ,  et  mon  sçavoir ,  • 
Parfaisons  un  si  noble  avoir. 
C'est  le  fin  et  bon  or  potable  , 
L'humide  radical  notable  ; 
C'est  souveraine  médecine , 

•  La  Pierre  philosophale  est  faicte  par  nature  et  art. 


24         LES    REMONTRANCES  0 

Comme  Salomon  le  désigne , 
En  son  livre  bien  autentique  f 
Que  Ton  dict  Ecclésiastique  : 
Et  là  tu  trouveras  le  tiltre  r 
Au  trente  -huictiesme  chapitre. 
Dieu  la  créa  ;  en  terre  est  prise  ; 
L'homme  prudent  ne  la  desprise. 
Il  Ta  mise  dans  mes  secrets , 
Et  la  donne  aux  sages  et  discrets  ; 
Combien  qu'ils  sont  maints  orateurs 
Et  qui  se  cuident  grands  docteurs 
En  très  -  haute  théologie , 
Sans  la  basse  philosophie  , 
Qui  en  font  par  tout  leur  risée. 
Des  médecins  est  desprisée  , 
Qui  se  mocquent  de  l'Alchymie. 
Las  !  ils  ne  cognoissent  mie , 
Et  n'ont  pas  faict  de  l'art  espreuve , 
Comme  Àvicenne  et  Ville -neuve, 
Et  plusieurs  grands  physiciens , 
Bons  médecins  très -anciens. 
Tel  s'en  moque  qui  n'est  pas  sage , 
«Contre  les  moqueurs  de  ceste  science. 


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Ml4.,  DE     NATURE»  11$ 

Et  qui  n'a  pas  veu  le  passage 

Que  bons  médecins  ont  passez. 

Les  moqueurs  n'ont  pas  sceu  assez 

Pour  cognoistre  telle  racine 

Et  tant  louable  médecine , 

Qui  guarist  toute  maladie  ; 1 

Et  qui  Ta  ,  jamais  ne  mendie. 

Bien  est  heureuse  la  personne 

A  qui  Dieu  temps  et  vie  donne 

De  parvenir  à  ce  haut  bien  ! 

Et  posé  qu'il  soit  anciens  : 

Car  Geber  dict ,  que  vieux  estojent 

Les  philosophes  qui  l'avojent  ; 

Mais  toutesfois  en  leurs  vieux  jours 

Ils  jouissojent  de  leurs  amours. 

Et  qui  la  possède  ,  largesse 

De  tous  biens  ha ,  et  grand'richesse. 

Seulement  d'une  once  et  d'un  grain 

Tousjours  est  riche  ,  et  tousjours  sain* 

Enfin  se  meurt  la  créature  , 

De  Dieu  contente  et  de  Nature. 

C'est  médecine  cordiale  , 


126        LES    REMONTRANCES  (?^, 

Et  teincteure  plus  qu'aureale  : 
C'est  l'elixir ,  l'eau  de  vie  , 
En  qui  toute  œuvre  est  assouvie  : 
C'est  l'argent  vif,  le  soulphre  et  l'or, 
Qui  est  caché  en  mon  thresor  : 
C'est  le  bel  huyle  incombustible , 
Et  le  sel  bianc ,  fix  et  fusible  : 
C'est  la  pierre  des  philosophes  , 
Qui  est  faicte  de  mes  estoffes  ; 
Nj  par  aucune  geniture 
Trouver  se  peut  que  par  nature , 1 
Et  part  de  sçavoir  humain  , 
Qu'il  administre  de  sa  main. 

Je  le  te  dis ,  je  le  t'annonce , 
Et  hardiment  je  le  prononce  , 
Que  sans  moy  qui  fournis  matière , 
Tu  ne  feras  onc  œuvre  entière  ; 
Et  sans  toj ,  qui  sers  et  ministre  f 
Je  ne  peux  seule  l'œuvre  tistre  ; 
Mais  par  toy  et  moy ,  je  t'asseure 
Que  tu  auras  l'œuvre  en  peu  d'heure. 

Laisse  soufleurs  et  sophistiques , 

1  La  Pierre  philosophale  est  faicte  par  nature  et  art. 


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iy  DENATURE.  127: 

Et  leurs  œuvres  diaboliques  : 

Laisse  fourneaux  ,  vaisseaux  divers  1 
De  ces  souffleurs  faux  et  pervers  : 
Je  te  prie  tout  en  premier, 
Laisse  leur  chaleur  de  fumier. 
Ce  n'est  profitable  ,  ni  bon , 
Non  plus  que  leur  feu  de  charbon. 
Laisse  métaux  et  atramens  : 
Transmue  les  quatre  élemens 
Sous  une  espèce  transmuable , 
Qu'est  la  matière  très-notable 
Par  philosophes  des  ignée  , 
Et  des  ignares  peu  prisée. 
Semblable  à  l'or  est  par  substance  , 
Et  dissemblable  par  essence. 
Les  élemens  convertiras , 
Et  ce  que  tu  quiers  trouveras. 
J'entens  que  les  bas  tu  sublimes , 
Et  que  les  haults  tu  fasse  infimes. 

Tu  prendras  donc  ce  vif  argent , 
Mixte  en  son  soulphre  tresagent, 
Et  mettras  tout  en  seul  vaisseau  , 

5  Mespris  des  errans  Alchymisles. 


laft      REMONTRANCES  DE  NATURE.  (T.9 

Bien  clos ,  dedans  un  seul  fourneau  » 
Qui  sera  au  tiers  inhumé  : 
Garde  qu'il  ne  soit  enfumé 
Sur  un  feu  de  philosophie. 
Fais  ainsi  »  et  en  moy  te  fie. 
Laisse  doncques  toute  autre  espèce  * 
Je  t'en  supplie ,  mon  fils ,  laisse  » 
Et  ne  prens  fors  celle  matière 
Dont  se  commence  la  minière. 
Plus  ne  t'en  dis  ;  mais  je  te  jure 
Mon  Dieu ,  qu'il  faut  suivre  Nature.. 


FIN. 


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LA  RESPONSK 

DE  L'ALCH  YMISTE 
A  NATURE. 


Comment  l'artiste  honteux  et  doulx 
Est  devant  Nature  à  genouk  , 
Demandant  pardon  humblement  9 
Et  la  merciant  grandement. 

L'ALCH  YMISTE. 

Ma  très-doulce  mère  Nature  • 
La  plus  parfaicte  créature 
Que  Dieu  créa  après  les  auges , 
Je  vous  rends  honneur  et  louanges. 
Que  vous  estes  mere  et  maistresse 
Gouvernante  du  macrocosme , 
Qui  fut  crée  pour  microcosme. 
4-  i 


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l3o  LA     RESPONSE  (?iac 

Le  premier ,  le  monde  se  nomme  ; 1 
Et  microcosme  en  grec,  c'est  homme. 
Vous  fustes ,  tant  estes  habile, 
Mise  si  hault  premier  mobile  , 
Qu'avec  le  doigt  vous  remuez, 
Et  du  pied  à  bas  transmuez 
Les  elemens ,  soit  paix  ou  guerre, 
Jusques  au  centre  de  la  terre; 
Et  le  tout  par  commandement 
De  vostre  maistre,  incessamment 
En  faisant  générations , 
Et  si  très -grandes  actions  ; 
Par  vos  aultres  intelligences, 
Et  non  corruptibles  substances, 
Des  cieulx,  estoilles  et  planettes  : 
Dont  se  forment  les  choses  nettes, 
Que  Ton  doit  par  tout  reclamer 
Mere  et  maistresse ,  bien  aymer. 

Je  confesse ,  ma  chère  dame, 
Que  rien  vivant  ne  vit  sans  ame; 
Et  ce  qui  est  et  a  essence, 
Vient  de  vous  et  vostre  puissance  : 

1  Des  faicti  de  Nature. 


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^     DE    L*A  LCHY  MI9TE.  l3l 

JVntens  sous  lè  pouvoir  donné 
De  Dieu  ,  qui  vous  fut  ordonné. 
Je  cognois  que  vous  gouvernez 
Toute  la  masse  ,  et  démenez 
La  matière  des  élemens 
Tous  dessous  voz  commandemens. 
Car  d'eulx  vous  prenez  la  matière, 
Et  des  cieulx  la  forme  première; 
Combien  que  premier  soit  confuse 
Celle  matière,  non  diffuse, 
Tant  qu'elle  soit  qualifiée, 
Et  puis  par  vous  spécifiée: 
Lors  prend  force  substantiale , 
Et  puis  visible  accidentale. 

Dame,  tant  vous  estes  bien  sage, 
Que  vous  faictes  tout  cet  ouvrage 
Par  vos  vertus  celestieles, 
Et  vos  formes  très-actueles, 
En  si  parfaict  et  si  bon  ordre, 
Que  nul  vivant  n'y  sçauroit  mordre. 
Je  regarde,  dame  honorée, 
Que  Dieu  vous  a  tant  décorée , 
Qu  il  a  mis  pour  tous  les  humains 


l32  LA     RKSPONSE  (v.lt|7,) 

Ce  qu'il  leur  faut  entre  les  mains. 
Quatre  degrez  par  vous  fit  naistre  ;  V 
Dont  le  premier  si  n'a  fors  qu'estre , 
Qui  sont  les  pierres  et  métaux  : 
Le  second ,  sont  les  végétaux, 
Qui  ont  estre,  et  végétative  : 
Le  tiers ,  si  est  la  sensitive , 
Comme  bestes ,  oyseaulx,  poissons. 
Qui  ont  troys  diverses  façons  : 
Le  quart  fist  en  noble  degré , 
Ainsi  qu'il  luy  pleust ,  à  son  gré, 
Plus  parfaict  de  tous  ;  ce  fust  homme, 2 
Qui  trqys  degrez  en  luj  consomme. 
Mais  plus  que  vous,  ma  chère  dame, 
Fit  lors  quant  il  luj  donna  Famé,  * 
Pelle,  et  d'immortale  substance, 
Aornée  d'intelligence, 
Et  sans  nulles  dimensions , 
N'estant  su bjecte  aux  passions 
De  nostre  corps ,  qu'est  limité  : 

«Degrez  des  choses  naturelles. 

*  L'homme.  Voyez  page  116. 

3  L'ame  humaine.  / 


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r 


DE    L*  A  L  C  H  Y  M  ISTE.  l33 

Mais  a  faict  sensualité  1 
Tourner  à  mal  et  à  peehé 
Nostre  corps,  qui  est  entaché 
De  volupté  desordonnée; 

Dont  bien  souvent  est  condamnée, 

Si  grâce  n'y  est  impartie, 

Que  de  Dieu  vient,  plus  en  partie 

Pour  la  noblesse  de  ceste  ame , 

Que  pour  le  corps.  Or  doncques,  dame, 

La  grande  perfection  de  l'homme 

N'est  pas  de  vous  :  mais,  ainsi  comme 

L'avez  dit  à  la  vérité  f 

Vous  ne  forgez  l'humanité  : 

Mais  un  vaisseau  qui  est  humain , 

Aultre  que  vous  n'y  met  la  main, 

Qui  est  la  plus  parfaicte  essence 

De  vostre  œuvre  et  grande  puissance. 

Sans  mentir ,  c'est  pour  advouer , 

Quand  on  veut  bien  considérer 

Comme  noz  corps  sont  divisez, 

Et  si  très -bien  organisez , 

Tellement  que  par  un  objet, 

9  Sensualité. 


l34  LA  RESPONSB 

Qui  est  le  corps ,  tant  est  subject 
A  la  volonté,  que  quand  veut 1 
Un  chascun  des  membres  s'esmeut. 
Combien  que  voulenté  n'est  pas 
De  vous ,  ny  de  vostre  compas  f 
Toutesfoys  c'est  grande  merveille 
Que  ce  corps  pour  l'ame  travaille 2 
Comme  subject  ;  et  tel  deut  estre  : 
Mais  bien  souvent  il  est  le  maistre; 
Il  ne  Test  pas  par  sa  noblesse , 
Mais  par  péché  que  lame  blesse. 

Or  donc  ne  vous  esbahissez 
Si  ce  que  tant  bien  tapissez, 
Et  tenez  plus  parfaict ,  c'est  l'homme, 
Est  contraire  à  si  noble  forme 
Comme  l'ame  ;  et  qui  tant  varie 
Contre  rajson,  Soyez  marrie 
Seulement  devoz  artifices,  * 
Et  non  de  noz  fautes  et  vices. 
Vous-mesme  n'avez -vous  pensé, 
Et  bien  souvent  encommencé , 

1  La  volonté.  *  Les  monstres  naturels. 

*  Le  corps* 


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DE    L'A  LCHt  M  I  RTE.  l3S 


Cuidant  vostre  œuvre  estre  bien  faicte, 
Qu'en  la  fin  estoit  contrefaicte  ? 
Est-ce  Faulte  d'entendement, 
Ou  se  ne  pouvez  aultrement  ? 

Dame ,  qu'il  me  soit  pardonnez  , 
Se  je  suis  trop  abandonné 
De  parler  sur  vostre  science. 
Je  le  prens  en  ma  conscience , 
Que  ce  n'est  pas  pour  vous  blasmer  ; 
Mais  ne  douté  qu'il  m'est  amer 
De  ce  que  m'avez  tant  repris , 
Où  jamais  n'avois  rien  appris. 
Helas  !  dame,  je  vous  asseure 
Que  je  ne  suis  jamais  une  heure 
Sans  penser  à  ce  hautain  bien, 
Lequel  par  vous  j'entens  très -bien , 
Ou  mieulx  que  ne  faisois  alors 
Que  vous  me  faisiez  les  records 
Et  les  reprouches  de  mes  faultes , 
En  déclarant  choses  si  haultes 
De  ce  thresor  digne  et  louable. 

Soit  en  mon  lit ,  soit  en  ma  table , 
Incessamment  devant  mes  jeux 


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l36  I*À    HESPONSB  ir^tkj 

Tay  ce  hault  bien  tant  précieux  ; 
Et  ne  fais  que  penser  en  somme 
Quelle  matière,  et  quelle  forme 
Je  dois  prendre  pour  commencer. 
Vous  m'estes  venuë  tencer , 
Et  reprendre  fors  aigrement  > 
Pource  que  ne  fais  nullement 
Comme  vous.  Helas  !  chère  dame, 
Vous  sçavez  que  je  n'ay  ny  ame, 
Ne  sçavoir  en  moj ,  pour  ce  foire  ; 
Je  ne  vous  peux  que  contrefaire  : 
Et  ne  sçaurois  pas  bonnement 
En  ce  noble  art  faire  aultrement, 1 
Si  vous  ne  m'aidiez  par  puissance 
De  vostre  sçavoir  et  science. 
Mais  vous  dictes,  et  dictes  voir, 
Qu'à  l'homme  n'apartient  sçavoir 
Vos  grans  secrets  et  hault  ai  as  faits  : 
Comme  donc  porteray  le  fais , 
Et  comment  me  pourraj  guider, 
Si  vous  ne  me  voulez  aider  ? 

1  La  Pierre  philosophale  se  par  Paie  t  par  nature  et  par 
art. 


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cr.iiS40      D*   l'alchymisti,  137 

Puis  dictes  que  vous  dois  ensuyvre, 
Je  le  veux  bien  :  mais  par  quel  livre  ? 
L'un  dict,  prens  cecj  et  cela  : 
L'aultre  dict,  non,  laisse -le  là  ; 
Leurs  mots  sont  divers  et  obliques, 
Et  sentences  paraboliques. 
En  effect ,  par  eulx  je  voy  bien 
Que  jamais  je  n'en  sçauraj  rien. 
Et  pourtant  à  vous  faj  recours, 
Vous  priant  me  donner  secours , 
Et  conseiller  que  je  dois  faire 
En  ce  très -grand  et  rare  affaire. 
Cy  demande,  ma  chère  dame, 
Qui  de  bon  cœur  prie  et  reclame  , 
Dictes  par  vostre  conscience , 
En  ensuivant  vostre  science, 
Qui  pourroit  dévaler  en  terre  , 
Et  dedans  la  minière  enquerre , 
Et  chercher  par  subtile  cure 
De  métaulx  le  parfaict  mercure? 
JVy  trouvé,  au  moins  cil  de  l'or  , 
Garder  se  doit  comme  un  thresor  ; 
Mais  je  doute  quand  on  Tauroit, 


l38  LA    RESPONSE  ffcl 

Que  jà  métal  ne  s'en  feroit  : 
Et  croy  qu'il  n'est  homme  tant  sage, 
Qui  de  faire  or  sçache  l'usage  : 
C'est  à  vous  de  faire  telle  œuvre  ; 
Experiment  bien  le  décœuvre , 
Et  vostre  sçavoir  excellent. 
Selon  vostre  dict ,  en  parlant 
De  la  nativité  de  l'homme, 
Nous  vojons  la  manière  comme 
Le  mercure  froit  et  humide 
Appette  le  soulphre  en  son  aïde  : 
C'est  une  esperme  homogenée  , 
Duquel  la  créature  est  née , 
Après  le  labeur  terminé. 

Or  doncques ,  tout  examiné, 
Vous  prenez  la  propre  matière , 
Propre  vaisseau,  propre  minière, 
Propre  lieu  et  propre  chaleur , 
Pour  donner  et  forme  et  couleur , 
Pour  pulluler  et  donner  vie, 
Dont  toute  chose  est  assouvie. 
Vous  connoissez,  comme  ouvrière, 
Le  mérite  de  la  matière  : 


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^      dk  l'alcbymistï.  189 

Car  agent  ne  prend  action  1 
Qu'en  disposée  passion. 
Subtilement  sçavez  mesler 
Chaud  et  froid  f  et  puis  démesler 
Du  sec  Thumide ,  et  du  contraire 
Sçavez  la  qualité  attraire  ; 
Transmuant  la  première  forme , 
Afin  que  la  matière  informe , 
Forme  nouvelle  :  car  Tobject 
Est  par  la  puissance  subject, 
Qui  tousjours  soustient  la  substance 
En  l'acte  qui  fut  en  puissance. 

Or  vous  ajant  ouy  bien  dire  ; 
Mais  mon  parler  ne  peut  suffire 
A  bien  réciter  vos  sentences  : 
Et  si  j'avois  voz  grands  potences 
Pour  moj  soustenir  se u rement, 
Je  parlerois  bien  proprement. 
Car  j'ay  entendu  qu'avez  dict , 
Que  l'elixir ,  sans  contredict  f 
Des  quatre  élemens  se  commence  ; 
Contraires  puis  font  alliance  ; 

'  AU  N'a  point  d'action» 


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140  LA     RESPON3I  (fil 

Et  dites  qu'il  faut  convertir 
Les  élemens.  Sans  point  mentir , 
Ce  n'est  point  ouvrage  de  main, 
Nj  n'appartient  à  lait  humain 
De  convertir  les  élemens. 

Mais  qui  sçauroit  par  documens, 
Comme  la  qualité  terrestre 
Peut  avec  l'air  prendre  son  estre , 
Symboliser  avec  froideur, 
Et  se  convertir  en  humeur, 
Qui  est  à  dire  en  son  contraire  : 
Car  l'humeur  ne  se  veut  distraire 
De  l'élément  froid  et  humide, 
Toutefois  qu'elle  a  meilleure  ajde 
Du  feu ,  par  qui  est  annobly 
Tout  le  compost.  Et  si  n'oublj 
Que  c'est  une  œuvre  naturel, 
Qui  se  fait  noir,  blanc,  puis  vermeil, 
Où  trojs  couleurs  sont  évidentes, 
A  troys  élemens  respondentes , 
C'est  le  feu  ,  et  l'eau,  et  la  terre, 
Et  lair,  qui  bien  les  sçauroit querre. 


t 

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D'un  seul  vaisseau ,  d'une  substance  ; 

Car  quatre  ne  font  qu'une  essence  : 

Dedans ,  c'est  un ,  est  en  effect 

Ce  qui  commence  et  qui  parfaict. 

Rien  ne  défaut  en  sa  valeur , 

Sinon  un  petit  de  chaleur , 

Que  l'homme  administre  par  cure» 

Provoquant  ce  qu'elle  procure, 

Par  vostre  art  et  noble  sçavoir  : 

Et  tout  ce  qu'est  besoin  d'avoir, 

En  icelle  seule  matière 

Est  en  perfection  entière  , 

Qui  la  commence ,  et  qui  la  faicfc, 

Qui  la  continue  et  parfaict. 

C'est  tout  ainsi  comme  d'un  homme, 
D'un  cheval,  d'un  grain,  d'une  pomme; 
Car  en  l'esperme  retenuë  , 
Est  forme  d'homme  contenuë: 
Os,  chair,  sang,  nerfs,  poils  sur  la  peau, 
Sont  tous  en  ce  petit  troupeau. 

»  L'œuvre  de  la  Pierre  philosophais 


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142  LA    KESPONSË  (f.lt4t) 

Ainsi  d'un  grain,  ou  de  semence 
Chase  un  rapporte  sa  semblance  : 
D'homme  vient  homme,  de  fruict  le  fruict} 
Et  de  beste ,  beste  s'ensuit 

C'est  vostre  ordre,  qui  point  ne  rompt > 
Qui  est  en  vostre  vaisseau  rond. 
Vous  voulez ,  par  vouloir  louable, 
Que  chascun  face  son  semblable  ; 
Mai*  tel  sçavoir  et  grand  science, 
Procède  de  la  sapience 
De  Dieu ,  qui  veut  qu'ainsi  soit  faict, 
Et  vous  donna  en  main  ce  faict 

Or  sçaj  -  je  bien  que  quand  le  sperme 
Est  clos  dedans  le  vaisseau  ferme 
De  la  femme ,  mais  qu'il  ne  s'ouvre , 
Que  plus  ne  faut  que  l'homme  y  ouvre, 
Ne  qu'il  adjouste  ou  diminué 
Nj  chose  grosse ,  ny  menuë  ; 
Plus  il  ne  s'en  faut  approcher, 
Pour  ouvrir,  ou  clorre ,  ou  toucher: 
Car  au  vaisseau  est  enclos  tout 
Ce  qui  parfaict  jusques  au  bout 

Puis  dictes  que  tout  ainsi  est 


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^        DE    l'ALCHYSIISTR  l43 

De  la  pierre ,  que  tant  me  plaist  ; 
Et  qu'il  ne  faut  qu'une  matière 
Toute  seule  mise  en  pouldriere, 
Laquelle  contient  l'air  et  Peau 
Et  la  chaleur  en  son  vaisseau  » 
Et  tout  ce  qui  est  nécessaire 
Pour  parfournir  ce  noble  affaire  f 
Nj  jamais  plus  toucher  n'y  faut, 
Ny  aultre  chose  ny  defFaut, 
Fors  seulement  y  adjouster 
Un  petit  feu  ,  pour  exciter 
La  chaleur ,  qui  est  au  compost  : 
Comme  Penfant ,  qui  est  repost 
En  la  matrice  chauldement, 
Ainsi  est  l'œuvre  proprement. 

Puis  dictes  et  donnez  entendre, 
Au  moins  comme  je  peux  comprendre  * 
Qu'en  elle  est  sa  perfection  ; 
Et  si  ne  peut  son  action 
Mettre  fin  à  si  noble  forme , 
Si  l'art  humain  ne  s'y  conforme  : B 
J'entens  art  humain  par  science 

1  La  Pierre  philosophale  te  faict  par  nature  et  art. 


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144         L  ^  mspoNsi  (Vtl9lM 

De  philosophie  et  prudence, 
Qui  vienne  des  mains  préparer 
La  matière ,  puis  séparer 
Le  superflu ,  et  mettre  en  verre 
La  composée  et  simple  terre , 
Qui  n'est  qu'un  avecques  son  eau  ; 
Et  puis  bien  clorre  le  vaisseau 
Dessus  un  fourneau  bien  propice. 
Voilà  tout  quant  à  l'artifice  : 
Aultre  chose  l'homme  n'j  peut , 
Et  face  et  die  ce  qu'il  veut. 

Mais  lors  vous  qu'en  estes  l'ouvrière 
Entrés  dedans  la  pouldriere, 
Après  la  prparation, 
Faictes  la  dissolution. 
Et  le  sec  en  eau  réduisez,  ' 
Et  jusques  en  l'air  conduisez 
Par  sublimation  céleste  ; 
Tant  estes -vous  sage  et  honneste  : 
Enfin,  toute  seule  vous  faictes 
Ce  que  parfait  choses  imparfaites. 

Et  pourtant ,  madame  Nature , 

1  AL  Le  froid  en  chaud  convertissez. 


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et.!».!  l'alchymiste.  145 

Vous  estes  prime  geniture, 
Quand  vous  faictes  les  meslemens 
De  tous  voz  quatre  élemens, 
Qui  sont  ensemble  par  essence , 
Dont  nul  homme  n'a  cognoîssance 
Fors  vous  :  ainsi  Vay  entendu  , 
Et  cela  verray  en  temps  deu , 
Si  Dieu  plaist,  et  vous  chère  dame* 

Je  laisse  le  temps  et  le  terme  : 
Reste  de  la  matière  avoir, 
Et  de  bien  entendre  et  sçavoir 
Comment  est  tant  noble  et  si  bonne, 
Et  comment  telle  vertu  donne 
Si  grands  thresors  et  si  parfaicts, 
Qu'elle  parfaict  les  imparfaicts. 

Madame ,  je  sçaj  bien  que  l'or  f 
Est  dès  minières  le  thresor; 
Toutesfoys  forme  ny  matière 
N'a  qui  puissance  ait  si  entière 
De  passer  sa  perfection  : 
Car  il  n'a  si  grande  action 
De  pouvoir  plus  que  soy  parfaire, 
'L'or. 

4.  k 


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146  L  A    RESPONSE  (,.,»., 

Quelque  art  que  l'homme  y  puisse  faire. 

Et  qui  me  vouldroit  opposer, 
Qu'il  fauldroit  le  descomposer , 
Et  le  réduire  en  vif  argent, 
Cil  seroit  fol  et  indigent 
De  bon  sens ,  et  de  bon  sçavoir  : 
Veu  qu'il  ne  peut  de  l'or  avoir , 
Luy  estant  en  sa  propre  essence , 
Plus  de  vertu  et  grand'puissance. 
Qui  pense  donc  l'homme  esprouver, 
Au  moins  quand  Ton  ne  peut  trouver 
Au  tout,  sinon  ce  qui  y  est  ? 
C'est  abus.  Mais  voicy  que  c'est  : 
Pour  leur  fantaisie  produire , 
Hz  disent  qu'il  convient  réduire 
Par  leur  art  et  science  arrière 
Ce  corps  en  première  matière. 
Mais  certes ,  dame ,  je  sçay  bien , 
Car  tant  m'avez  apprins  de  bien  , 
Que  réduction  ne  se  faict 
De  choses  que  vous  avez  faict 
En  espèce ,  ou  individu ë , 
S'elle  n'est  première  corrompu  ë  : 


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f*tt*.|         DE    Lf A  ICHTMISTE,  147 

Encore  après  corruption 

Ne  se  faict  génération 

De  semblable  espèce ,  ou  s'engendre, 

S'il  ne  tourne  en  celuj  genre. 

Et  si  dj  plus ,  que  l'or  destruire 
N'est  pas  chemin  de  le  construire  ; 
Ny  jamais  homme  ne  sçaura 
Refaire  or ,  quand  deffaict  l'aura  : 
J'entens  deffaict  présupposé, 
C'est -à -dire  décomposé, 
Qui  est  chose  très -difficile. 
Science  fauldroit  très-subtile, 
Posé  qu'on  le  mist  bien  en  pouldre. 

Mais  de  cuider  tant  le  dissoudre, 
Qu'on  separast  les  meslements 
Que  vous  feistes  des  éléments 
En  sa  première  mixtion , 
Certes  c'est  une  question 
Que  jamais  homme  ne  soùldra , 
Et  dise  tout  ce  qu'il  vouldra  ; 
Car  il  endure  froid  et  chauld , 
Ny  de  gros  feu  il  ne  luy  chault; 
Mais  tant  plus  s'amende  et  affine, 


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|  LA    RESPONSE  îv.hou* 

Et  bien  affiné  ne  define , 

Tant  est  parfaict  en  sa  nature: 

Et  si  est  une  créature 

Des  élemens  la  plus  prochaine, 

Qui  n'a  semence ,  sperme  ou  graine  , 

Où  se  face  réduction 

Après  la  putréfaction, 

Pour  revenir  en  son  espèce  : 

Car  sa  matière  est  trop  espèce. 

Mais  l'or  mort,  là  est  mort  son  estre  ; 

Ne  de  luy  ne  peut  plus  renaistre 

N'aultre  metail,  ni  vif  argent. 1 

Pource  ne  se  vante  la  gent , 
Et  dise  soubz  ce  mot  notable , 
Toute  chose  fait  son  semblable. 
C'est  mal  dict ,  quant  aux  minéraux  ; 
Mais  bien  est  vraj  des  végétaux , 
Et  des  sensitifs  vrajement: 
Car  i\z  prennent  nourrissement, 
Et  ilz  se  sèment  et  se  plantent  : 
JLes  métaux  jamais  rien  ne  sentent  i 
Et  sont  aussi  grands  au  premier 

«  Al.  Que. 


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,33.,         DE    l'ALCH  Y  MIS  TE.  1< 

Comme  ilz  sont  en  leur  au  dernier. 
Des  élemens  prennent  leur  estre 
Par  vous  en  l'élément  terrestre  ; 
Cest  sans  semer  et  sans  planter , 
Sans  cultiver  ne  sans  anter. 

Je  sçay  par  vostre  enseignement, 
Qu'on  ne  doibt  practiealement 
Suivant  les  dictz  des  anciens , 
Bon  philosophes  tresciens  ; 
Mais  seulement  la  théorique 
Et  spéculative  practique , 
Qui  est  vraye  et  essentiale, 
Et  qui  est  nature  reale  : 
Car  en  ce  gist  toute  l'essence, 
Et  la  matière  et  la  substance. 

Bien  me  souvient  qu'un  me  disoit, 
Qui  sophistement  m'induisoit, 
Qu'on  tenoit  pour  grand  philosophe, 
Qu'il  me  falloit  pour  vraye  estoffe 
Lors  prendre  le  bel  vif  argent 
Tout  crud ,  et  estre  diligent 
De  le  mesler  avecques  l'or  : 
Car  des  deux  se  faict  un  thresor, 


iSû  LA    RISPONSI  fr-M|| 

Quand  bien  sont  joincts  et  accouplez, 
Très -bien  unis  et  assemblez. 
L'un  par  l'aultre  se  perfera  : 
Et  disoit,  qui  ainsi  fera, 
Aura  la  pierre  et  Felixir. 

Mais,  premier,  il  falloit  jssir 
Et  séparer  les  élemens 
Et  tous  les  quatre  meslemens  ; 
Et  pour  les  mieulx  purifier, 
Chascun  à  part  rectifier 
Il  falloit;  et  puis  les  con  joindre, 
Et  réunir  le  grand  au  moindre. 
Et  le  subtil  au  gros  remettre  : 
Ce  faisant  on  serait  bon  maistre, 
Ce  disoit,  de  faire  la  pierre. 
Mais  maintenant  je  sçaj  qu'il  erre 
En  disant  telles  fantasies, 
Ne  parlant  que  par  tromperies  : 
Dont  les  cerveaux  de  telles  gens 
Sont  de  bon  sçavoir  indigens. 
Les  gens  trompent,  et  sont  trompez: 
Nul  d'iceulx,  tant  sojpept-ilz  huppez, 
Soit  philosophe  ou  médecin , 


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^,        DE    l'àLCBYMISTE.  lSl 

Rien  n'y  entend  en  tel  brassin. 

Bien  me  souvient,  sans  contredict, 
Madame ,  que  vous  avez  dict 
Qu'à  Dieu  seulement  appartient , 
Qui  est  le  créateur ,  et  tient 
Toutes  choses  dessoubz  sa  main  f 
De  créer ,  comme  souverain  f 
Des  élemens  toute  facture  : 
Car  c'est  luj  qui  produict  nature. 
Il  sçait  mesler  par  quantité 
Des  élemens ,  la  qualité 
Justement  proportionner , 
Bien  con joindre  et  mixtionner 
Elemens  et  unir  ensemble 
Deuëment  comme  bon  luj  semble. 
Et  n'est  homme  qui  ce  peut  faire , 
Ne  qui  sçeut  dire  le  contraire. 
Car  il  est  luy  seul  créateur, 
Et  de  tout  bien  le  conducteur  : 
Du  monde  n'est  chose  pourtraicte  9 
Que  sans  luy  peut  onc  estre  faicte. 

Et  se  taisent  tous  les  vanteurs 
Sophistes  investigateurs 


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1$2  LÀ  RESPONSE 

De  Talchymie ,  qui  se  vantent 

Qu'ilz  cueillirent  et  rien  ne  plantent  ; 

Qui  font  par  calcinations 

Et  par  leurs  sublimations 

Des  distillations  estranges , 

Voler  en  fumée  les  anges, 

Coagulations  iniques, 

Congélations  sophistiques , 

Croire  au  peuple  et  à  eulx  aussi, 

Qu'ilz  Tout  faict,  et  qu'il  est  ainsi. 

Que  séparation  est  faicte 

Des  quatre  élemens ,  et  parfaicte 

Du  vif  argent  et  de  l'or  fin  : 

Et  tout  n'est  rien  à  la  parfin. 

Car  il  est  vraj ,  que  toutes  choses 
Qui  sont  dessous  le  ciel  encloses, 
Des  quatre  élemens  faictes  sont, 
Et  juste  quantité  ilz  ont 
En  proportion ,  par  nature, 
Bien  mixtes,  selon  leur  facture: 
Non  pas  tous  unis  proprement , 
Mais  en  vertu  distinctement  : 
Principalement  la  matière 


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C*.i5i3.)       I>E    L'A  LGHTMISTE.  l53 

De  la  pierre  vraye  et  entière. 

J'entens ,  au  vif  argent  vermeil , 
Et  parfaict  corps,  qu'on  dict  soleil, 
Sont  quatre  et  chascun  élément 
Unis  inséparablement , 
Et  meslez  par  moyens  notables , 
Non  par  art  humain  separables. 

Car  tous  les  bons  physiciens 
Et  philosophes  anciens 
Qui  ont  escript,  et  il  est  tout  cler, 
Que  l'élément  de  feu  et  d'air 
Sont  enclos  et  tenus  en  serre , 
L'un  en  l'eau ,  et  l'autre  en  la  terre. 
Le  feu  est  enclos  bien  et  beau  : 
En  la  terre ,  et  l'air  dedans  l'eau  ; 
Et  ne  peut  chascun  élément 
Monstrer  sa  vertu  nullement , 
Sinon  en  l'eauë,  ou  en  la  terre  : 
Là  sont  forts  et  font  forte  guerre 
Ensemble  inséparablement  : 
Nul  ne  les  peut  realement 
Séparer  de  ceste  closture , 
Fors  Dieu,  et  vous  dame  Nature. 


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1^4  LJL     R1SPONSK  (?<l8 

Hardiment  le  puis  affermer , 
Et  physiquement  confirmer  : 
Car  le  feu  nous  est  invisible , 
Aussi  l'air  est  imperceptible. 
Celuj  qui  dict  qu'on  les  peut  veoir 
A  part ,  tend  à  nous  décevoir  : 
Car  par  arguments  bien  notables , 
Eléments  sont  inséparables. 
Posé  que  les  sophistes  dient 
Et  afferment  et  certifient 
Qu'ilz  séparent  du  vif  argent, 
Et  de  l'or ,  qui  est  bel  et  gent , 
Les  élemens ,  ilz  sont  menteurs, 
Veu  les  rajsons  des  bons  autheurs: 
Car  l'élément  de  feu  et  d'air , 
Si  ainsi  est ,  doit  exalter. 
Mais  ilz  dient  qu'ilz  les  retiennent, 
Et  si  ne  sçavent  qu'ilz  deviennent  ; 
Puisque  l'air  ne  veut  estre  veu , 
Ne  le  feu  de  nul  apperceu. 

Et  s'ilz  l'ont  tiré,  comme  ilz  dient, 
Ce  qu'ilz  touchent  ilz  humifient, 
Qui  est  chose  contre  nature 


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de  l'alchtmiste.  iSS 

De  Pair  et  du  feu  par  droicture. 

Puis ,  madame ,  ainsi  qu'avez  dict, 
Et  que  je  vous  cognois  par  escript , 
Il  n'est  nul,  tant  soit  grand  docteur, 
Qui  peut,  fors  Dieu  le  créateur , 
Sçavoir  combien  et  justement 
Il  faut  de  chascun  élément 
En  un  chascun  su ppost  physique; 
A  vous  Dieu  donne  la  practique. 

Ne  philosophe  n'est  tant  sage 
Qui  sçeut  par  practique  et  usage 
Composer  et  mixtionner 
Les  élemens ,  ne  ordonner 
Combien  il  y  faut  de  chascun 
Elément ,  pour  bien  faire  aucun 
Suppost,  ou  chose  naturelle, 
Spirituelle  ou  corporelle. 
Or  donc  s'il  les  veult  séparer, 
Comment  pourra- il  reparer 
Et  reunir  celuy  compost, 
Pour  en  refaire  un  vraj  suppost, 
Puisque  il  ne  sçait  la  quantité 
Des  éléments  et  qualité , 


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lS6  L  A    RBSPONSE  fT 

De  la  mode  de  l'union , 
Et  parfaicte  conjonction  ? 
Il  ne  faut  donc  rien  séparer , 
Puisqu'on  ne  le  sçait  reparer. 

Laisser  vous  faut  faire,  Nature, 
Qui  entendez  l'art  et  facture , 
Et  qui  sçavez  bien  disposer, 
Et  celle  pierre  composer, 
Et  bien  faire  les  meslemens 
Sans  séparer  les  élemens. 
Assez  l'avez -vous  dict,  madame  : 
Par  voz  dictz ,  j'entens  bien  la  game. 
De  séparer  il  n'est  besoin  g 
Les  éléments ,  ne  prendre  soing 
De  les  reunir  et  conjoindre , 
Puisqu'on  ne  peut  tel  art  attaindre , 
Et  que  c'est  un  secret  donné 
A  vous ,  et  de  Dieu  ordonné* 

La  pierre  ou  l'elixir,  sans  doubte, 
Se  faict  de  vous  et  parfaict  toute , 
Sans  séparer  les  élemens  ; 
Mais  non  pas  sans  voz  instrumens  * 
Ne  sans  l'aide  de  l'homme  sage , 


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DE    l'ALCHYMlSTE.  1J7 

Et  qui  bien  entend  vostre  ouvrage* 

Mais  pour  bien  dénoter  la  note  > 

Voyons  ce  que  dict  Aristote  : 

Où  le  physicien  faict  fin, 

Là  commence  le  médecin; 

Supposant  pour  physicien 

Le  très-sçavant  naturien. 

Dont  fart  d'alchymie  commence» 

Suivant  nature  et  sa  science. 

Et  tout  cecj  est  supposé 

Et  par  Aristote  posé 

En  ses  dictz  et  vrayes  escriptures  > 

Monstrans  les  secrets  de  nature , 

Qu'un  philosophe  doit  comprendre* 

Et  le  médecin  bien  entendre. 

Et  aultre  chose  icy  n'entens 

Pour  parvenir  là  où  prétends  : 

Car  Fart  d'alchymie  bien  duicte 

Sera  de  nature  produicte. 

Et  afin  qu'on  ne  s'y  abuse, 

Tout  cela  dequoy  nature  use , 

Procrée,  produit  et  engendre, 

Est  la  matière  et  propre  gendre 


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l58  LA     RESPONSÉ  (v. 

Qui  appartient  h  Falchymie. 
Mieulx  le  sçavez  que  moy ,  ma  mie, 
'Mon  honorée  et  chère  dame , 
Que  veux  servir  de  corps  et  d*ame. 

Or  sçavez  que  troys  choses  faict 
L'art  d'alchymie  :  c'est  qu'il  parfaict 
Le  métal ,  et  le  vivifie 
Comme  experiment  vérifie , 1 
Et  digère  son  esperit  : 
En  ce  faisant,  rien  ne  périt. 
Secondement  cuit  la  matière 
Digérant  en  telle  manière , 
Dedans  quelque  vaisseau  petit, 
Que  le  corps  elle  convertist 
Avec  Fesperit  tout  en  un, 
Sans  j  adjouster  corps  aulcun. 
Par  quoj  en  cest  art  tant  notable , 
Rien  de  nouveau  n'y  est  capable. 
Aussi  ne  s'y  faict  mixtion, 
Sinon  administration 

%  Al.  Le  métal  et  le  vérifie. 

Le  soulphre  impur  etcrassitie, 
Tollit  et  digère  l'esprit. 


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lCO       DE    l'ALCHTMISTE.  \Sg 

Des  beaulx  principes  de  nature , 

Que  pour  tel  besoin  les  procure  ; 
Car  ce  qu'elle  engendre  et  nous  laisse , 
C'est  ce  que  l'art  doibt  prendre  en  laisse. 

Tiercement  et  dernièrement 
Se  preuve ,  que  realement 
Séparation  ne  se  faict 
Des  quatre  élemens  en  effect 
De  l'argent  vif  et  du  soleil , 
Ou  or  qu'on  appelle  vermeil , 
Pour  faire  la  pierre  parfaicte. 
Le  penser  est  erreur  infecte 
Contre  le  noble  art  d'alchymie 
Et  profonde  philosophie. 

Il  est  tout  vray  et  sans  mentir, 
Et  sans  vérité  divertir, 
Que  toute  chose  alimentée 
Est  d'élemens  alimentée. 
Or  donc  s'ilz  sont  bien  disposez , 
Et  pour  tel  suppost  composez, 
Comme  Nature  l'a  produict, 
S'on  les  départ,  lors  est  destruict 
Celuy  suppost  et  corrumpu, 


l6o  LA     RESPON8E  ( 

Qui  lia  tous  les  élemens, 
Et  n'y  a  plus  de  meslemens. 
Mais  pour  séparer  chose  faicte, 
Des  quatre  élemens  est  deffaicte , 
Certes  il  n'est  pas  nécessaire  ; 
Ne  aussi  ne^e  doit- il  faire 
Que  le  pere  qui  filz  engendre 
Soit  deffaict  :  pas  ne  veux  entendre 
Qu'en  ce  faisant  il  soit  destruict  ; 
Mais  suffise  qu'isse  l'esprit 
Génitif  avecques  le  sperme, 
Que  la  matrice  de  la  femme 
Reçoit  et  garde  chauldement  : 
Et  tel  esperit,  vrayement 
Est  de  l'enfant  generatif , 
Et  de  ses  membres  formatif 
Avicenne  en  faict  mencion  * 
Parlant  de  génération. 

Ainsi  est -il  semblablement 
De  l'or  fin ,  qui  est  seurement 
De  la  pierre  la  plus  estoffe , 
Comme  dit  le  vraj  philosophe. 
C'est  le  pere  qui  tout  instruit  : 


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dé  l'àlchVmiste.  161 

Donc  ne  faut  pas  qu'il  soit  destruit , 

Ne  corrompu  ne  séparé 

De  ses  élemens  bien  paré  ; 

Mais  suffit  que  le  soleil  pere , 

Inspirant  son  esprit  prospère, 

Et  que  force  et  vertu  influé 

Par  l'esprit  dont  le  filz  afflué 

En  vertu,  qui  est  vraje  pierre 

De  tous  philosophes  en  terre; 

Et  par  l'esprit  seul  génitif 

Est  formé  ce  filz  substantif. 

Madame,  par  vous  j'aj  tant  sçeu 

Et  de  voz  secrets  apperceu , 
Que  l'art  d'alchjmie  est  notable  f 
Et  science  très -véritable  : 
Et  si  dis  que  cest  or  vermeil 
Est  le  vraj  pere  du  soleil , 
De  la  pierre  et  de  l'elixir , 
Dont  tant  de  thresor  peut  issir  i 
Car  il  eschauffe,  incere  et  fixe , 
Digère  et  teint  par  artifice, 
Sans  nulle  diminution , 
Ne  quelconque  corruption 
4-  * 


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(J<62  I-  A    RI8PONSK  c?.f 

De  celuy  or ,  qui  est  le  père 
Dont  le  filz  grandement  prospère. 

Or  doncques  ne  nous  est  possible, 
Ne  nécessaire ,  ne  loisible 
De  deffaire  les  meslements , 
Ne  séparer  les  éléments 
Que  nature  ha  portionnez , 
Et  si  bien  joinctz  et  ordonnez 
£n  juste  et  deuë  quantité, 
Complexion  et  qualité , 
Au  vif  argent,  dans  et  dehors, 
Semblablement  au  parfaict  corps 
Du  soleil,  comme  ha  esté  dict, 
Qui  est  sentence  et  vray  edict , 
Si  nous  ignorons  la  science 
De  Nature ,  et  la  cognoissance 
Des  mixtions  et  meslemens 
De  ces  quatre  beaulx  élemens , 
Semblablement  nous  ignorons 
D'iceulx  les  séparations. 

Par  quojr  il  est  très -nécessaire 
D'ensuivre  Nature ,  et  de  faire 
Et  user  de  ses  instrumens 


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tovHL)       de  l'alchtmistl  16S 

Comme  elle  faict  ès  élemens  : 
Aultrement  nous  ne  serions  pas 
Vrays  imitateurs  de  ses  pas 
Sans  celle  administration  f 
En  ceste  mesme  eduction 
De  la  forme  d'icelle  pierre  , 
Et  des  moyens  qu'il  y  faut  querre  : 
Par  lesquels  moyens  on  recouvre 
L'instrument  dequoy  Nature  ouvre  f 
En  la  manière  par  art  gent, 
Qui  donne  forme  au  vif  argent. 
Faire  au  contraire  des  auteurs  f 

Plustost  nous  serions  destructeurs 

De  ce  que  Nature  compose , 

Et  qu'elle  engendre  et  bien  dispose  : 

En  séparant  les  meslemens, 

Cest  contre  voz  commandement , 

Et  chose  par  trop  détestable 

Envers  vous ,  tant  bonne  et  notable. 
Mais  bien  doit-on,  sans  nulle  doubte, 

Faire  ainsi  que  dict  Aristôte  : 

Les  élemens  convertiras , 

Et  ce  que  tu  quiers  trouveras. 


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X  A    RESPONSE  (f.l768 

Ainsi ,  que  nature  ma  maistresse ,• 
Vous  m'avez  bien  donné  l'addresse 
Pour  me  conduire  sagement  : 
Si  vous  remercie  humblement. 
J'ay  tant  appris  de  vous  de  bien , 
Que  tout  ce  qu'ay  fait  ne  vaut  rien. 

Je  cognois  que  c'est  grand'  folie , 
Enfin  perte  et  melancholie 
De  s'amuser  à  ces  fourneaux. 
En  vif  argent,  en  fortes  eaux, 
En  dissolutions  vulgales , 
En  toutes  choses  minérales, 
En  feu  de  fumier  et  charbon  : 
Car  jamais  n'j  a  rien  de  bon. 

Pource ,  madame ,  je  conclus 
Que  je  seraj  de  plus  en  plus 
Ententif ,  selon  vostre  livre , 
De  tout  mon  pouvoir  vous  ensuivre; 
Car  c'est  le  chemin  et  la  voye 
La  plus  seure  que  l'homme  voje  % 
Et  est  tout  certain  que  cest  art 
Nous  vient  par  vous;  mais  c'est  à  tard, 
-Non  sans  cause,  veu  la  noblesse. 


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f.rm.)       D  i   l'a  ICHYMISTï.  i65 

Et  le  thresor,  et  la  haultesse 
De  ce  grand  bien  et  hault  oracle, 
Qui  est  en  vous  quasi  miracle. 
Or,  madame,  comme  j'entends, 
Afin  que  je  ne  perde  temps , 
Sous  vostre  baniere  et  enseigne, 
Ainsi  que  vostre  dict  m'enseigne , 
Avant  plustost  huy  que  demain , 
Vais  à  l'œuvre  mettre  la  main, 
Suivant  vostre  commandement  ; 
Et  prendray  tout  premièrement 
La  matière ,  avec  son  agent , 
Qui  fera  ce  beau  vif  argent, 
Et  la  mettray  dans  le  vaisseau 
Bien  clos,  nette  sus  un  fourneau 
Environné  d'une  closture  : 
Et  puis  vous  ,  madame  Nature , 
Ferez  ce  que  sçavez  bien  faire, 
Afin  de  vostre  œuvre  parfaire , 
Qui  tant  est  occulte  et  profonde 
Que  de  plus  riche  n'est  au  monde. 

Si  vous  remercie ,  madame , 
Du  corps,  et  du  cœur,  et  de  l'ame, 


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l66        RESP0NSE  DE  l'aLCHYMISTE. 

Quand  tous  ha  pieu  me  visiter , 
Et  d'un  si  grand  bien  m'heriter  : 
  laquelle  toute  ma  vie 
Sois  tenu ,  et  malgré  envie 
Je  sujrveraj  voz  enseignemens9 
Et  feraj  que  des  élemens 
J'auray  celle  noble  teincture, 
Moyennant  Dieu ,  et  vous  Nature. 

Cjr  finwt  la  Response  toute, 
Que  l'Artiste  fUt  en  grand*  doute 
Devant  Nature  sa  maistresse, 
Dont  en  a  heu  trèe-gnuxF  richesse. 

FIN. 


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■ 


AVIS. 

La  conformité  des  Traités  suivant  avec  celui  qui  précède ,  et 
leur  rareté,  m'a  engagé  à  les  joindre  à  la  fin  de  cette  édi- 
tion de  Jean  de  Meung.  Je  les  ai  déjà  trouvés  unis  en  plu* 
sieurs  éditions,  etfai  cru  qu'on  ne  serait  pas  fâché  de  les 
revoir  ici  une  dernière  fois* 


T  E  ST AM  ENT 

ATTRIBUÉ    A  ARNAULD 

DE  VILLENEUFVE. 

La  Pierre  des  Philosophes sourdant  de  terre  ,  est 
eslevée  ou  parfaicte  au  feu.  Saoulée  du  breuvage 
d'eau  très-claire ,  au  moins  en  douze  heures ,  de 
toutes  parts  s'enfle  visiblement.  Après  mise  en  es- 
tuve  d'air  moyennant  chaud  et  sec ,  et  purifiée  d'es- 
trange  vapeur  ,  acquiert  solidité  en  ses  parties  ; 
et  exténuée  d'humeur  superflue ,  devient  idoine  à 
se  briser.  Cela  faict ,  de  ses  plus  pures  parties  est 
esprint  le  laict  virginal  :  lequel  incontinent  mis  en 


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168  TESTl  MIlSf  T. 


1  œuf  des  Philosophes,  est  si  longuement  eschauffé, 
par  continuelle  et  propre  chaleur ,  comme  pour 
faire  couver  et  esclorre  poussins»  que  estant  des- 
îiuée  de  la  variété  de  ses  couleurs ,  s'esjouist  avec 
son  pareil  en  blancheur  de  neige  :  et  dès-lors  sans 
danger  résiste  aux  forces  du  feu  croissant ,  jusques 
à  ce  qu'estant  teincte  en  couleur  de  pourpre»  elle 
sort  du  monument  avec  royale  puissance. 


FIN   DU  TESTAMENT» 


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PETIT  TRAICTÉ 


D'  A  L  C  H  Y  M  I  E, 

INTITULE 

LE  SOMMAIRE 

PHILOSOPHIQUE 

de   Nicolas  Flamel 

Qui  veut  avoir  la  cognoissance 
Des  métaux  et  vraje  science , 
Comment  il  les  faut  transmuer, 
Et  de  l'un  à  l'autre  muer , 
Premier  il  convient  qu'il  cognoisse 
Le  chemin  et  entière  addresse 
Dequoj  se  doivent  en  minière 
Terrestre  former ,  et  manière. 
Ainsi  ne  faut- il  point  qu'on  erre  f 
Regarder  ès  veines  de  terre 


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PETIT    TRlICTI  f?;ll#J 

Toutes  les  transmutations  f  « 

Dont  sont  formez  en  nations  ; 

Par  quoy  transmuer  ils  se  peuvent 

Dehors  la  minière  où  se  treuvent , 

Estant  premiers  en  leurs  esprits  : 

Assavoir  pour  n'estre  repris 

En  leur  soulphre  et  leur  vif  argent , 

Que  nature  a  faict  par  art  gent. 

Car  tous  métaux;  de  soulphre  sont 

Formez  et  vif  argent  qu'ils  ont* 

Ce  sont  deux  spermes  des  métaux , 

Quelz  qu'ilz  sojent ,  tant  froids  que  chauds: 

L  un  est  masle ,  l'autre  femelle , 

Et  leur  complexion  est  telle. 

Mais  les  deux  spermes  dessusdicts 

Sont  composez ,  c'est  sans  dedicts , 

Des  quatre  élemens  seurement  ; 

Cela  j'afferme  vrayement. 

C'est  à  sçavoir  le  premier  sperme 

Masculin ,  pour  sçavoir  le  terme  È 

Qu'en  philosophie  on  appelle 

Soulphre ,  par  une  façon  telle  , 

N'est  autre  chose  qu'élément 


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w         d'alchymie.  171 

De  Pair  et  du  feu  seulement. 
Et  est  le  soulphre  fix  semblable 

Au  feu  ,  sans  estre  variable , 
Et  de  nature  métallique  : 
Non  pas  soulphre  vulgal  inique  ; 
Car  le  soulphre  vulgal  n'a  nulle 
Substance  (qui  bien  le  calcule)" 
Métallique ,  à  dire  le  vrajr, 
Et  ainsi  je  le  prouveray. 
L'autre  sperme  qu'est  féminin  , 
C'est  celuj ,  pour  sçavoir  la  fin  , 
Qu'on  a  coustume  de  nommer 
Argent  vif  ;  et  pour  vous  sommer , 
Ce  n'est  seulement  qu'eau  et  terre , 
Qui  s'en  veut  plus  à  plain  enquerre. 
Dont  plusieurs  hommes  de  science 
Ces  deux  spermes -là ,  sans  doutance  , 
Ont  figurez  par  deux  dragons , 
Ou  serpens  pires  ,  se  dict-on  : 
L'un  ayant  des  aisles  terrible, 
L'autre  sans  aisle ,  fort  horrible. 
Le  dragon  figuré  sans  aisle , 
Est  le  soulphre ,  la  chose  est  telle , 


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172  PETIT     TRAICTK  (, 

Lequel  ne  s'envolle  jamais 
Du  feu  ;  voilà  le  premier  mets. 
L'autre  serpent  qui  aisle  porte , 
C'est  argent  vif ,  qui  vous  emporte  , 
Qui  est  semence  féminine , 
F aicte  d'eau  et  terre  pour  mine  : 
Pourtant  au  feu  point  ne  demeure , 
Ains  s'envole  quand  voit  son  heure. 
Mais  quand  ces  deux  spermes  disjoincts 
Sont  assemblez  et  bien  conjoincts, 
Par  une  triomphant  nature , 
Dedans  le  ventre  du  mercure , 
Qu'est  le  premier  métal  formé  , 
Et  est  celuy  qui  est  nommé 
Mere  de  tous  autres  métaux. 
Philosophes  de  monts  et  vaux 
L'ont  appellée  dragon  volant: 
Pour  ce  qu'un  dragon  en  allant , 
Qu'est  enflambé  avec  son  feu , 
Va  par  l'air  jectant  peu  à  peu 
Feu  et  fumée  venimeuse , 
Qu'est  une  chose  fort  hideuse , 
A  regarder  telle  laideure. 


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d'alchymie.  173 

Ainsi  pour  vray  faict  le  Mercure , 
Quand  il  est  sur  le  feu  commun , 
C'est-à-dire ,  en  des  lieux  aucun  > 
En  un  vaisseau  mis  et  posé , 
Et  le  feu  commun  disposé 
Pour  luy  allumer  promptement 
Son  feu  de  nature  asprement  , 
Qu'au  profond  de  luy  est  caché. 
Alors ,  si  vous  voulez  tascher 
Voir  quelque  chose  véritable 
Par  feu  commun  dict  vegetable  , 
L'un  enflambera  par  ardure , 
Du  Mercure  feu  de  nature. 
Alors ,  si  estes  vigilant , 
Verrez  par  l'air  jectant ,  courant 
Une  fumée  venimeuse , 
Mal  odorante  et  malignieuse , 
Trop  pire ,  en  flambée  en  poyson , 
Que  n'est  la  teste  d'un  dragon , 
Sortant  à  coup  de  Babjlone , 
Qui  deux  ou  troys  lieues  environne. 

Autres  philosophes  sçavans 
Ont  voulu  chercher  tant  avant , 


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174        PETIT     TRAtCÎK  (W#M 

Qu  ilz  sont  figurés  en  la  forme 
D'un  lyon  volant  sans  difforme  ; 
Et  Font  aussi  nommé  lyon  t 
Pource  qu'en  toute  région 
Le  lyon  dévore  les  bestes , 
Tant  soyent  jeunes  et  propretés , 
En  les  mangeant  à  son  plaisir  9 
Quand  d'elles  il  se  peut  saisir , 
Sinon  celles  qui  ont  puissance 
Contre  luy  se  mettre  en  deffense , 
Et  résister  par  grande  force 
A  sa  fureur ,  quand  il  les  force  , 
Ainsi  que.  le  Mercure  foict. 
Et  pour  mieulx  entendre  Teffect, 
Quelque  métal  que  vous  mettez 
Avecques  luy ,  ces  motz  notez , 
Soudain  il  le  difformera , 
Dévorera  et  mangera 
Le  lyon  faict  en  telle  sorte. 
Mais  sur  ce  point,  je  vous  enhorte 
Qu'il  y  a  deux  metaulx  de  priz  f 
Qui  sur  luy  emportent  le  priz 
En  totale  perfection  ; 


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Cnttt)  D'A  LCHTMIE,  1J$ 

L'un  qu'on  nomme  or  sans  fiction , 

L'autre  argent ,  ce  ne  nie  aucun  i 

Tant  est -il  notoire  à  chascun  , 

Que  si  Mercure  est  en  fureur  f 

Et  son  feu  allumé  d'ardeur , 

Il  dévorera  par  ses  faictz 

Ces  deux  nobles  metaulx  parfaictz  > 

Et  les  mettra  dedans  son  ventre  : 

Ce  nonobostant ,  lequel  qu'y  entre  * 

Il  ne  le  consumera  point  ; 

Car  pour  bien  entendre  ce  poinct , 

Hz  sont  plus  que  luj  endurciz  , 

Et  parfaicts  en  nature  aussi. 

Mercure  est  me  ta  il  imparfaict  : 

Non  pourtant  qu'en  luy  ajt  de  faict 

Substance  de  perfection  ; 

Pour  vraje  déclaration , 

L'or  commun  si  vient  du  mercure  9 

Qu'est  me  ta  il  parfaict ,  je  l'asseure» 

De  l'argent  je  dis  tout  ainsi , 

Sans  alléguer  ne  cas  ne  si. 

Et  aussi  les  autres  metaulx 

Imparfaictz ,  cruissaus  bas  et  haults  f 


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\j6  PETIT  TRÀICÏÉ 

Sont  trestous  engendrez  de  luj. 
Et  pource ,  il  n'j  a  celluy 
Des  philosophes ,  qui  ne  dise 
Que  c'est  la  mere  sans  faintise 
De  tous  metaulx  certainement. 
Parquoj  convient  asseurement 
Que  dès  que  mercure  est  formé , 
Qu'en  luy  soit  sans  plus  informé 
Double  substance  métallique  ; 
Cela  clairement  je  réplique. 
C'est  tout  premièrement  pour  Tune 
La  substance  de  basse  lune , 
Et  après  celle  du  soleil , 
Qui  est  un  metail  nompareil. 
Car  le  mercure  sans  doutances 
Si  est  formé  de  deux  substances  $ 
Estans  au  ventre  en  esperit 
Du  mercure  que  j'aj  descript. 
Mais  tantost  après  que  Nature 
Ha  formé  iceluy  mercure 
De  ces  deux  espritz  dessusdictz , 
Mercure  ,  sans  nul  contreditz , 
Ne  demande  qu'à  les  former 


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iv.^O  d'àlchtmie.  177^ 

Tous  parfaictz  ,  sans  rien  difformer , 
Et  corporellement  les  faire , 
Sans  sqy  d'iceux  vouloir  deffaire. 
Puis  quand  tes  deux  esprits  s'esveillent , 
Et  les  deux  spermes  se  resveillent  f 
Qui  veulent  prendre  propre  corps  f 
Alors  il  faut  estre  records 
Qu'il  convient  que  leur  mere  meure , 
Nommé  Mercure ,  sans  demeure  : 
Puis  le  tout  bien  vérifié , 
Quand  Mercure  est  mortifié 
Par  Nature ,  ne  peut  jamais 
Se  vivifier  :  je  promets , 
Comme  il  estoit  premièrement , 
Ainsi  que  dient  certainement 
Aucuns  triomphans  alchymistes , 
Affermants  en  paroles  mistes 
De  mettre  les  corps  imparfaictz  * 
Et  aussi  ceulx  qui  sont  parfaictz  » 
Soudain  en  mercure  courant. 
Je  ne  ày  pas  qu'aucun  d'eux  ment  ; 
Mais  «seulement ,  sauf  leurs  honneurs  f 
Pour  certain  ce  sont  vrajs  jengleurs. 
4.  M 


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I78  PETIT    TRAICTJE  (v.,< 

Il  est  bien  vray  que  le  mercure 

Mangera  par  sa  grande  cure 

L'imparfaict  métal ,  comme  plomb , 

Ou  estaing  ;  cela  bien  sçait-on  : 

Et  pourra  sans  difficulté 

Multiplier  en  quantité  ; 

Mais  pourtant  sa  perfection 

Amoindrira  sans  fiction  , 

Et  mercure  ne  sera  plus 

Parfaict ,  notez  bien  le  surplus. 

Mais  si  mortifié  estoit 

Par  art ,  autre  chose  seroit , 

Comme  au  cynabre ,  ou  sublimé , 

Je  ne  le  veux  pas  animé  f 

Que  revifier  ne  se  peusse. 

Telle  vérité  ne  se  musse  ; 

Car  en  le  congelant  par  art , 

Les  deux  spermes ,  soit  tost  ou  tard, 

Du  mercure  point  ne  prendront 

Corps  fix ,  ny  aussi  retiendront 

Comme  ès  veines  ilz  font  de  la  terre  ; 

Ains  pour  garder  que  nulle  n'erre  * 

Si  peu  congelé  ne  peut  estre  f 


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u.*t.\  D'ALCHTïII. 

Par  Nature  â  dextre  ou  senestre , 

Dedans  quelque  terrestre  veine , 

Que  le  grain  fix  soudain  nj  vienne , 

Qui  produira  des  deux  espermes 

Du  mercure ,  et  puis  du  vray  germes  ; 

Comme  es  mines  de  plomb  voyez , 

Si  vous  y  estes  envoyez. 

Car  de  plomb  il  n'est  nulle  mine 

En  lieu  où  elle  se  confine , 

Que  le  vrai  grain  du  fix  n'y  soit , 

Ainsi  que  chascun  l'apperçoit , 

C'est  à  sçavoir  le  grain  de  l'or 

Et  de  l'argent ,  qu'est  un  thresor 

En  substance  et  en  nourriture  : 

A  chascun  telle  chose  est  seure. 

La  prime  congélation 

Du  mercure ,  est  mine  de  plomb  f 

Et  aussi  la  plus  convenable 

A  luy ,  la  chose  est  véritable  , 

Pour  en  perfection  le  mettre , 

Cela  ne  se  doit  point  obmettre  , 

Et  pour  tost  le  faire  venir 

Au  grain  fix ,  et  tousjours  tenir. 


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l8o  PETIT    TRAICTÉ  (r.nU 

Car  comme  paravant  est  dict , 

Mine  de  plomb  sans  contredict 

N'est  point  sans  grain  fix  pour  tout  vrajr 

D'or  et  d'argent ,  cela  je  sçaj  ^ 

Lesquelz  grains  Nature  y  a  mis , 

Ainsi  comme  Dieu  l'a  permis  ; 

Et  est  celui-là  seurement , 

Qui  multiplier  vrayement 

Se  peut ,  sans  contradiction  , 

Pour  venir  en  perfection , 

Et  en  toute  entière  puissance  , 

Comme  sçaj  par  l'expérience. 

Et  cela  pour  tout  vraj  j'asseure , 

Luj  estant  dedans  son  mercure , 

C'est-à-dire  non  séparé 

De  la  mine ,  mais  bien  puré  ; 

Car  tout  métal  en  mine  estant 

Est  mercure ,  j'en  dis  autant  f 

Et  multiplier  se  pourra , 

Tant  que  la  substance  il  aura 

De  son  mercure  en  vérité. 

Mais  si  le  grain  en  est  osté 

Et  séparé  de  son  mercure , 


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..nu         d'àlchymi  i.  181 

Qui  est  sa  mine  bien  l'asseure  , 
,11  sera  ainsi  que  la  pomme 
Cueillië  verde  ;  et  voilà  comme 
Dessus  l'arbre  9  c'est  vérité , 
Avant  qu'elle  ait  maturité , 
Quand  vous  voyez  passer  la  fleur, 
Le  fruîct  se  forme ,  soyez  seur , 
.  Lequel  après  pomme  est  nommée 
De  toutes  gens ,  et  renommée* 
Mais  qui  la  pomme  arracherait 
Dessus  l'arbre ,  tout  gasteroit 
A  sa  prime  formation  : 
Car  homme  n  a  eu  notion 
Par  art ,  ny  aussi  par  science , 
Qu'il  sçeusse  donner  la  substance , 
Ne  taudis  la  peusse  parfaire 
De  meurir ,  comme  pouvoit  faire 
Basse-Nature  bonnement , 
Quand  elle  estoit  premièrement 
Dessus  l'arbre ,  où  sa  nourriture 
Et  substance  avoit  par  Nature* 
Pendant  doncques  que  l'on  attend 
La  saison  de  la  pomme ,  estant 


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l82  PETIT    TRÀICTï  UlW 

Sur  son  arbre ,  où  elle  s  augmente 
Et  nourrist  venant  grosse  et  gente , 
EF  prend  agréable  saveur  > 
Tirant  tousjours  à  soj  liqueur  f 
Jusques  à  ce  qu'elle  soit  faicte 
De  verde  bien  meure  et  parfaicte* 
Semblablement  métal  parfaict  , 
Qu'est  or ,  vient  à  un  mesme  effect  ; 
Car  quand  Nature  a  procréé 
Ce  beau  grain  parfaict  et  créé 
Au  mercure ,  soyez  certain 
Que  tousjours  tant  soir  que  matin , 
Sans  faillir  il  se  nourrira , 
Augmentera  et  pariera 
En  son  mercure  luy  estant  ; 
Et  faut  attendre  jusqu'à  tant 
Qu'il  y  aura  quelque  substance 
De  son  mercure  sans  doutanee , 
Comme  faiet  sur  l'arbre  la  pomme  : 
Car  je  fais  sçavoir  à  tout  homme , 
Que  le  mercure  en  vérité 
Est  l'arbre ,  notez  ce  dicté  9 
De  tous  metaulx ,  soyent  parfaictz, 


I 


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d'alchymie.  1 

Ou  autres  qu'on  dict  impârfaictz  : 
Pourtant  ne  peurent  nourriture 
Avoir,  que  de  leur  seul  mercure. 
Par  quojr  je  dy  ,  pour  deviser 
Sur  ce  pas ,  et  vous  adviser , 
Que  si  voulez  cueillir  le  fruict 
Du  mercure  ,  qu'est  sol  qui  luist , 
Et  lune  aussi  pareillement , 
Si  qu'ils  soient  séparément 
Loingtains  en  aucune  manière 
I/un  de  l'autre  sans  tarder  guiere , 
Ne  pensez  pas  les  reconjoindre 
Ensemble ,  n'aussi  les  rejoindre 
Ainsi  comme  avoit  faict  Nature 
Au  premier,  de  ce  vous  asseure  f 
Pour  iceux  bien  multiplier, 
Augmenter  sans  point  varier  ; 
Car  quand  metaulx  sont  séparez 
De  la  mine  ,  à  part  trouverez 
Chacun  comme  pommes  petites  » 
Cueiller  trop  verdes  et  subites 
De  l'arbre ,  lesquelles  jamais 
N'auront  grosseur ,  je  vous  promets. 


184  PETIT     TRAICTE  <T, 

Le  monde  ha  assez  cognoissance > 
Par  nature  et  expérience  f 
Du  fruict  des  arbres  végétaux  ; 
Et  ne  sont  point  ces  mots  nouveaux, 
Qui  dès  la  pomme ,  ou  bien  la  poire 
Est  arrachée ,  il  est  notoire  f 
De  dessus  Parbre ,  ce  seroit 
Folie  qui  la  remettroit 
Sur  la  branche  pour  r'engrossi 
Et  parfaire  :  folz  font  ainsi , 
Et  gens  aveuglez  sans  raison , 
Comme  on  voit  en  mainte  maison  ; 
Car  Ton  sçait  bien  certainement  9 
Et  à  parler  communément  f 
Que  tant  plus  elle  est  maniée , 
Tant  plus  tost  elle  est  consommée. 
C'est  ainsi  des  metaulx  vrajment  ; 
Car  qui  voudroit  prendre  l'argent 
Commun  et  l'or ,  puis  en  mercure 
Les  remettre ,  seroit  stulture  ; 
Car,  quelque  grand'  subtilité 
Qu'on  aje ,  aussi  habileté , 
Ou  régime  qu'on  penserait  f 


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l}  tf  A  l  c  h  y  m  i  t.  i85 

Abusé  on  s'y  trouveroit , 
Tant  soit  par  eau ,  ou  par  ciment , 
Ou  autre  sorte  infiniment , 
Que  Ton  ne  sçauroit  racompter, 
Tousjours  ce  seroit  mescompter , 
Et  de  jour  en  jour  à  refaire , 
Comme  aucuns  folz  sur  cest  affaire  » 
Qui  veulent  la  pomme  cueillée 
Sur  la  branche  estre  rebaillée , 
Et  retourner  pour  la  parfaire  f 
Dont  s'abusent  à  cela  faire. 

Nonobstant  qu'aucuns  gens  sçavans, 
Philosophes  et  bien  parlans  f 
Ont  très -bien  parlé  par  leurs  dicts» 
Disans  sans  aucuns  contredicts  , 
Que  le  soleil  avec  la  lune , 
Et  mercure ,  qu'est  opportune , 
Conjoints ,  tous  metaulx  imparfaictz 
Rendront  en  œuvre  bien  parfaietz  : 
Où  la  plus  grand  part  des  gens  erre  $ 
N'ajant  autre  chose  sur  terre  f 
Soient  végétaux ,  ou  animaux  , 
Ou  pareillement  minéraux  » 


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î86  PETIT    TRAICTÉ  ^ 

Que  ces  troys  estant  en  un  corps  ; 

Mais  les  lisans  ne  sont  records 

Qu'iceux  philosophes  entendus 

N'ont  pas  telz  mots  dicts  ,  ni  rendus , 

Pour  donner  entendre  à  chascun 

Que  ce  soit  or ,  n'argent  commun  f 

Ny  le  vulgal  mercure  aussi  : 

Hz  ne  l'entendent  pas  ainsi  ; 

Car  ilz  sçavent  que  telz  metaulx 

Sont  tous  morts ,  pour  vraj ,  sans  defaulx , 

Et  que  jamais  plus  ne  prendront 

Substance  ;  ainsi  demeureront , 

Et  Pun  et  l'autre  n'aydera 

Pour  parfaire  f  ains  demeurera  ; 

Car  il  est  vraj  certainement , 

Que  ce  sont  les  fruicts  vrayment 

Cueillis  des  arbres  avant  saison  : 

Les  laissant -là  pour  tel'  raison  : 

Car  dessus  iceux  en  cherchant , 

Ne  trouvent  ce  qu'ilz  vont  querant 

Ilz  sçavent  assez  bien  qu'iceux 

N'ont  autre  chose  que  pour  eux  : 

Par  quqy  s'en  vont  chercher  le  fruict 


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M  d'ALCHYMIE.  187 

Sur  l'arbre  qui  à  eux  bien  duict , 

Lequel  s'engrosse  et  multiplie 

De  jour  en  jour ,  tant  qu'arbre  en  plie. 

Joje  ont  de  veoir  telle  besongne  ; 

Par  ce  mojen  l'arbre  on  empoigne , 

Sans  cueillir  le  fruict  nullement , 

Pour  le  replanter  noblement 

En  autre  terre  plus  fertille , 

Plus  triumphante  et  plus  gentille  f 

Et  qui  donnera  nourriture 

En  un  seul  jour  par  adventure 

Au  fruict ,  qu'en  cent  ans  il  n'auroit , 

Si  au  premier  terroir  estoit 

Par  ce  moyen  donc  faut  entendre 

Que  le  mercure  il  convient  prendre , 

Qui  est  l'arbre  tant  estimé  , 

Veneré  ,  clamé  et  ajrmé, 

Ayant  avec  luy  le  soleil 

Et  la  lune  d'un  appareil , 

Lesquelz  séparez  point  ne  sont 

L'un  de  l'aultre ,  mais  ensemble  ont 

La  vraye  association  : 

Après  sans  prolongation 


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l88  PETIT    TRAICTE  ^ 

Le  replanter  en  aultre  terre 

Plus  près  du  soleil,  pour  acquerre 

D'iceluy  merveilleux  prouffit  > 

Où  la  rosée  luj  suffist; 

Car  là  où  planté  il  estoit 

Le  vent  incessamment  battoit  9 

Et  la  froidure ,  en  telle  sorte 

Que  peu  de  fruict  faut  qu'il  rapporte; 

Et  là  demeure  longuement , 

Portant  petits  fruictz  seulement 

Philosophes  ont  un  jardin , 
Où  le  soleil  soir  et  matin  f 
Et  jour  et  nuict  est  à  toute  heure» 
Et  incessamment  j  demeure 
Avec  une  doulce  rosée , 
Par  laquelle  est  bien  arrosée 
La  terre ,  ajant  arbres  et  fruictz 
Qui  là  sont  plantez  et  conduictz, 
Et  prennent  d'eux  nourriture, 
Par  une  plaisante  pasture  ; 
Ainsi  de  jour  en  jour  s'amendent, 
Recevans  fort  doulce  prébende; 
Et  là  demeurent  plus  puissans 


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r#M|  d'aLCHYMI!»  189 

Et  forts ,  sans  estre  languissans, 
£11  moins  d'un  an ,  ou  environ , 
Qu'en  dix  mil,  cela  nous  diron, 
N'eussent  faict  là  où  ilz  estoyent 
Plantez ,  où  les  vents  les  battoyent. 
Et  pour  mieulx  la  matière  entendre  » 
C'est-à-dire  qu'il  les  faut  prendre, 
Et  puis  les  mettre  dans  un  four 
Sur  le  feu  où  soyent  nuict  et  jour. 
•  Mais  le  feu  de  bois  ne  doit  estre , 
Ny  de  charbon  ;  mais  pour  cognoistre 
Quel  feu  te  sera  bien  duysant , 
Faut  que  soit  feu  clair  et  luysant, 
Ny  plus  ny  moins  que  le  soleil. 
De  tel  feu  feras  appareil , 
Lequel  ne  doit  estre  plus  chaud , 

Ny  plus  ardent ,  sans  nul  défaut  ; 

Mais  tousjours  une  chaleur  mesme 

Faut  que  soit ,  notez-bien  ce  thesme  : 

Car  la  vapeur  est  la  rosée 

Qui  gardera  d'estre  altérée 

La  semence  de  tous  métaux. 

Tu  vois  que  fruictz  vegetauxf 


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jgo  PETIT    TRAICTÉ  { 

S'ilz  ont  chaleur  trop  fort  ardente  , 

Sans  rosée  en  petite  attente, 

Sec  et  transj  demeurera 

Le  fruict,  sur  la  branche  mourra, 

Ou  en  nulle  perfection 

Jïe  viendra,  pour  conclusion. 

Mais  s'il  est  nourry  en  chaleur f 

Avec  une  humide  moisteur, 

Il  sera  beau  et  triumphant 

Sur  l'arbre  où  prent  nourrissement  ; 

Car  chaleur  et  humidité 

Est  nourriture  en  vérité 

De  toutes  choses  de  ce  monde 

Ayant  vie,  sur  ce  me  fonde , 

Comme  animaux  et  végétaux , 

Et  pareillement  minéraux. 

Chaleur  de  bois  et  de  charbon , 

Cela  ne  leur  est  pas  trop  bon  : 

Ce  sont  chaleurs  fort  violentes, 

Et  ne  sont  pas  si  nourrissantes 

Que  celle  qui  du  soleil  vient, 

Laquelle  chaleur  entretient 

Chascune  chose  corporelle , 


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D*  A  L  C  H  Y  M  I  E. 

Pour  autant  qu'elle  est  naturelle  ; 
Parquoy  philosophes  sçavans, 
Et  la  nature  cognoissans , 
N'ont  aultre  feu  voulu  eslire 
Pour  eulx,  à  la  vérité  dire , 
Que  de  nature  aulcunement, 
Laquelle  il  survient  mesmement  : 
Non  pas  que  philosophe  face 
Ce  que  nature  fait  et  trace; 
Car  nature  a  tousjours  la  chose 
Créée  comme  icy  je  l'expose , 
Tant  végétaux  que  minéraux, 
Semblahlement  les  animaux  , 
Chascun  selon  son  vray  degré, 
Générante ,  où  elle  ha  pris  gré , 
Comme  s'estend  sa  dominance  : 
Non  pas  que  je  donne  sentence 
Que  les  hommes  par  leurs  arts  font 
Chose  naturelle  et  parfont  ; 
Mais  il  est  bien  vray  quand  nature 
A  formé  par  sa  grand'  facture 
Les  choses  devant  dictes ,  l'homme 
Luj  peut  ajder,  et  entent  comme 


19*  PETIT     TRAICTE  (M.7., 

Après  par  art,  à  les  parfaire 
Plus  que  nature  ne  peut  faire. 
Par  ce  mojen  les  philosophes 
Sçavans ,  et  gens  de  grosse  estoffe  f 
Pour  du  vray  tous  vous  informer  f 
Aultrement  n'ont  voulu  œuvrer 
Qu'en  nature  avecques  la  lune , 
Au  mercure  mere  oportune  : 
Duquel  après  en  gênerai 
Font  mercure  philosophai  t 
Lequel  est  plus  puissant  et  fort  $ 
Quant  vient  à  faire  son  effort , 
Que  n'est  pas  celuj  de  natures» 
Cela  sçavent  les  créatures  ; 
Car  le  mercure  devant  dit , 
De  nature  sans  nul  desdit, 
N'est  bon  que  pour  simples  metaulx 
Parfaicts,  imparfaicts,  froids  ou  chauds. 
Mais  le  mercure  du  sçavant 
Philosophe,  est  si  triumphant , 
Que  pour  metaulx  plus  que  parfaicts 
Est  bon  ,  et  pour  les  imparfaicts. 
A  la  fin  pour  tous  les  parfaire, 


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,  Df  A  I  G  H  T  M  I  E,  193 

Et  soudainement  les  refaire , 
Sans  plus  y  rien  diminuer, 
Adjouster ,  mettre ,  nj  muer  : 
Comme  nature  les  a  mis, 
Les  laisse  sans  rien  estre  obmis. 
Non  que  je  die  toutesfoys , 
Que  les  philosophes  tous  trojs 
Les  joingnent  ensemble  pour  faire 
Leur  mercure ,  et  pour  le  parfaire , 
Comme  font  un  tas  d  alchimistes , 
Qui  en  sçavoir  ne  sont  trop  mistes  ; 
Nj  aussi  beaucoup  sage  gent 
Qui  prennent  For  commun  ,  l'argent 
Avec  le  mercure  vulgal  : 
Puis  après  leur  font  tant  de  mal , 
Les  tourmentant  de  telle  sorte , 
Qu'il  semble  que  foudre  les  porte; 
Et  par  leur  folle  fantaisie  , 
Abusion  et  resverie , 
Le  mercure  ilz  en  cuident  faire 
Des  philosophes  et  parfaire; 
Mais  jamais  parvenir  n  j  peuvent  ; 
Ainsi  abusez  ilz  se  treuvent , 
4.  N 


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194  PETIT     TRAICTÉ  (T. 

Qui  est  la  première  matière 
De  la  pierre ,  et  vraye  minière  : 
Mais  jamais  ilz  n'y  parviendront  r 
Ni  aulcun  bien  n  j  trouveront, 
S'ilz  ne  vont  dessus  la  montaigne 
Des  sept ,  où  ny  ha  nulle  plaine, 
Et  par-  dessus  regarderont 
Les  six  que  de  loing  ilz  verront  ; 
Et  au-dessus  de  la  plus  baulte 
Montaigne ,  cognoi&tront  sans  faulte 
L'herbe  triomphante  royale  , 
Laquelle  ont  nommé  minérale 
Aulcuns  philosophes  :  herbale 
Appellée  est  saturniale. 1 
Mais  laisser  le  marc  il  convient , 
Et  prendre  le  jus  qui  en  vient 
Pur  et  net  :  de  cecy  t'advise  , 
Pour  mieulx  entendre  ceste  guise  ; 
Car  d'elle  tu  pourras  bien  faire 
La  plus  grand'  part  de  ton  affaire. 
C'est  le  vraj  mercure  gentil 
Des  philosophes  très -subtil, 

*Aliàs:  Jectet. 


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Tt.585.)  d'ALCH  YMIK,  igS 

Lequel  lu  mettras  en  ta  manche , 
En  premier  toute  Pœuvre  blanche , 
Et  la  rouge  semblablement. 
Si  mes  dits  entends  bonnement, 
Eslis  celle  que  tu  vouldras  , 
Et  soje  seur  que  tu  l'auras  ; 
Car  des  deux  n'est  qu'une  practique 
Qu'est  souveraine  et  authentique  : 
Toutes  deux  se  font  par  voje  une , 
C'est  à  sçavoir,  soleil  et  lune. 
Ainsi  leur  practique  rapporte 
Du  blanc  et  rouge ,  en  telle  sorte , 
Laquelle  est  tant  simple  aisée , 
Qu'une  femme  filant  fuzée 
En  rien  ne  s'en  destourbera , 
Quant  telle  besongne  fera; 
Non  plus  qu'à  mettre  elle  feroit 
Couver  des  œufs  quand  il  fait  froit, 
Sous  une  poulie  sans  lavé , 
Ce  que  jamais  ne  fut  trouvé  ; 
Car  on  ne  lave  point  les  œufs 
Pour  mettre  vieils  ou  neufs , 
Mais  tout  ainsi  comme  ilz  sont  faict 


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I96  PETIT  TRÀICTÉ 

Sous  la  poulie  on  les  met  de  faict  ; 
Et  ne  faict -on  que  les  tourner 
Tous  les  jours  et  les  contourner 
Sous  la  mere ,  sans  plus  de  plait > 
Pour  soudain  avoir  le  poullet. 
Le  tout  je  Tay  déclaré  ample  , 
Puis  après  se  met  un  exemple  : 
Premièrement,  ne  laveras 
Ton  mercure  ;  mais  le  prendras 
Et  le  mettras  avec  son  pere, 
Qui  est  le  feu ,  ce  mot  t'appere, 
Sus  les  cendres,  qui  est  la  paille; 
Cest  enseignement  je  te  baille , 
En  un  verre  seul  qu'est  le  nid , 
Sans  confiture  ny  avis , 
En  seul  vaisseau,  comme  dit  est, 
De  Thabitacle  entends  que  c'est , 
En  un  fournel  faict  par  raison , 
Lequel  est  nommé  sa  maison  ; 
Et  de  luj  poullet  sortira , 
Qui  de  son  sang  te  guérira 
Premier  de  toute  maladie  ; 
Et  de  sa  chair,  quoy  que  Ton  die. 


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cm*.»  d'alchymii,  197 

Te  repaistra,  pour  ta  viande  ; 
De  ses  plumes ,  afin  qu'entende , 
Il  te  vestira  noblement, 
Te  gardant  de  froid  seuremcnt  : 
Dont  prieray  l'haut  créateur, 
Qu'il  doint  la  grâce  à  tout  bon  cœur 
D'alchymistes  qui  sont  sur  terre , 
Briefvement  le  poullet  conquerre , 
Pour  puis  en  estre  alimenté , 
Nourry  et  très -bien  substanté. 

Comme  ce  peu  qu'ici  déclare 

Me  vient  du  hault  Dieu  nostre  Pere , 

Qui  pour  sa  bénigne  bonté 

Le  m'a  donné  en  charité  : 

Donc  vous  fais  ce  présent  petit, 

Afin  que  meilleur  appétit 

Ayez  cherchans  et  suyvans  train, 

Qu'il  vous  monstre  soir  et  matin  : 

Lequel  j'ay  mis  sous  un  sommaire , 

Afin  qu'entendiez  mieulx  l'affaire, 

Selon  des  philosophes  sages 

Les  dits ,  qu'entendez  d'avantage. 


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I98       PETIT  TRÀICTE  d'ALCHTMIE. 

Je  parle  un  peu  ruralement  : 
Parquov  je  vous  prie  humblement 
De  m'excuser ,  et  en  gré  prendre , 
Et  à  fort  chercher  tousjours  tendre. 


FIN, 


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AUTRES  VERS 


TOUCHANT  LE  MESME  ART, 

JJAuiheur  desquelz  n'est  pas  nommé. 

En  mercure  est  ce  que  querons  : 
De  luy  esprit  et  corps  tirons , 
Et  ame  aussi ,  cPoù  sort  taincture 
Sur  toutes  aultres  nette  et  pure. 
C'est  uue  humeur  très -précieuse, 
Rendant  la  personne  joyeuse. 
Faicte  est  de  terre ,  eau,  air  et  feu  : 
Le  corps  purgé,  l'esprit  conceu  ; 
Après  vient  la  fontaine  claire, 
Qui  ne  tient  en  soy  chose  amere. 
Au  font  deP  gist  le  verd  serpent , 
Ou  lyon  verd ,  qui  là  s'espand  : 
Si  on  Tesveille,  il  monte  en  hault  ; 
Après  chet  quand  le  cœur  lui  fault  : 
Tant  il  se  lave  et  tant  s'y  baigne , 
Que  comme  rouge  appert  sa  troigne  ; 
Tant  est  lavé  de  Teau  de  vie , 


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200 


AUTRES  VERS. 


<*.*.* 


Qu'après  on  ne  cognoist  mie  ; 
Puis  se  tourne  en  pierre  très -cligne, 
Blanche  premier,  et  puis  citrine  : 
Tant  amoureuse  est  à  la  voir , 
Qu'on  ne  peut  priser  sans  avoir. 
Mets  donc  ta  cure       En  un  fournel, 


Au  vray  mercure, 
Qu'a  fakt  Nature 
Avec  son  pere 
Fait  son  repaire 
Où  il  prospère  : 
C'est  pour  parfaire 
Les  imparfaicts , 
Ords  et  infects. 
Mais  faut  que  face 
Que  le  deface 
De  prime  face  : 
Pour  le  refaire , 
Et  satisfaire 
A  ton  affaire , 
C'est  le  subject 
Mis  au  vaissel , 


Qui  se  fait  bel 
De  jour  en  jour 
Par  vraje  amour 
Sans  nul  secour  ; 
Et  si  se  fixe 
Tout  est  propice, 
Sans  nul  espice , 
Et  pour  guérir 
Tout  les  esprit 
Sans  nul  péril. 
S'ainsi  le  fais, 
Tous  les  infects 
Seront  parfaicts. 
Dieu  te  doint  grâce, 
En  peu  d'espace , 
Que  le  tout  face* 

FIN, 


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LA  FONTAINE 
DE  S  AMOUREUX 

DE  SCIENCE, 

Composée  par  Jean  de  là  Fontaine,  de 
Valenciennes  en  la  Comté  de  Henault. 


Ce  fut  au  tems  du  mois  de  may , 
Qu'on  doit  fouir  dueil  et  esmay , 
Que  j'entray  dedans  un  vergier 
Dont  Zephirus  fut  jardinier. 
Quand  devant  le  jardin  passoye , 
Je  n'etois  pas  vestu  de  sqye  , 
Mais  de  pauvres  draps  maintenu , 
Pour  n'apparoir  en  public  nu  , 
Et  m'esbattant  avec  désir 
De  chasser  loing  mon  desplaisir. 


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202  LA  FONTAINE 

Ouy  un  chant  harmonieux 
De  plusieurs  oyseaux  gracieux. 
Adonc  je  regarday  l'entrée 
Du  jardin  ,  qui  estoit  fermée  ; 
Mais  comme  ma  veuë  estima 
.  Zephirus ,  tost  la  defferma  : 
Puis  se  retira ,  par  effect 
Monstrant  qu'il  n'avoit  cela  faict  ; 
Et  quand  je  vis  celle  manière , 
Je  me  tiraj  un  peu  arrière, 
Et  en  après  entraj  dedans. 
Du  jour  n'avois  mangé  des  dents , 
J'avoye  grand  soif  et  grand  faim  ; 
Mais  portois  avec  moy  du  pain 
Qu'a  vois  gardé  une  sepmaine. 

Lors  apperçeu  une  fontaine 
D'eauë  très-clere  >  pure  et  fine , 
Qui  estoit  sous  une  aubespine  : 
Joyeusement  emprès  m'assis  f 
Et  de  mon  pain  soupes  y  fis  ; 
Puis  m'endormis  après  manger 
Dedans  ce  gracieux  verger  : 
Et  selon  mon  entendement , 


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Cv.34.j  DES     AMOUREUX.  2o3 

Je  dormis  assez  longuement , 
Pour  la  plaisance  que  prenoye 
Estant  au  songe  que  songeoye. 
Or  pourrez  sçavoir  de  mon  songe  , 
Et  s'après  le  trouvay  mensonge. 

Il  est  vraj  qu'il  me  fut  advis 
Que  deux  belles  dames  au  eler  vis  , 
Semblables  à  filles  de  roy  , 
Au  regard  de  leur  noble  arroy  : 
Vers  moy  s'en  vinrent  doucement  ; 
Et  je  les  saluë  humblement , 
En  leur  disant  :  Illustres  dames  , 
Dieu  vous  sauf  et  de  corps  et  d'ames  ! 
Plaise -vous  à  moj  voz  noms  dire  ; 
Ce  ne  me  vueillez  esconduire. 
L'une  respond  par  grand  plaisance  : 
Amy,  j'ay  nom  Cognoissance  : 
Voici  Raison  ,  que  j'accompagne 
Soit  par  monts  ,  par  vaux ,  par  campagne  ; 
Elle  te  peult  faire  moult  sage. 
Alors  entendant  ce  langage , 
Et  cuidant  estre  resveillé  , 
D'un  cas  fus  fort  esmerveillé  ; 


204  LA    FONTAINE  c 

Car  issir  veis  de  la  fontaine , 
Qui  est  tant  aggreable  et  saine  , 
Sept  ruisseaux  que  veu  je  n'avoye  , 
M'estant  couché  en  celle  voye  , 
Lesquelz  m'avqyent  si  fort  mouillé  , 
Que  j'en  estoye  tout  souillé. 
Là  s'espandit  Féauë  à  foison  ; 
Adonc  priay  dame  Raison , 
Qui  estoit  avec  Cognoissance  > 
Me  dire  la  signifiance 
De  la  fontaine  et  des  ruisseaux  , 
Qui  sont  si  plantureux  et  beaux  9 
Et  à  qui  estoit  le  pourpris  , 
De  tous  costez  bien  entrepris 
D'arbres  et  de  fleurs  odorantes  * 
Arrousez  des  eauës  courantes , 
En  sorte  que  pareils  jamais 
Ne  me  sembloit  avoir  veu.  Mais 
Elle  me  dict  très -doucement  : 
Mon  ami ,  tu  sçauras  comment 
Va  de  ce  qu'as  si  grand  désir  ; 
Escoute-moy  tout  à  loisir. 
En  la  fontaine  ha  une  chose 


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€  w*>.>         DES     AMOUREUX.  20S 

Qui  est  moult  noblement  enclose  ; 
Celuy  qui  bien  la  cognoistroit , 
Sur  toutes  autres  Taymeroit 
Qui  la  voudroit  chercher  et  querre  ; 
Et  puis  trouvée  mettre  en  la  terre , 
Et  sécher  en  menuë  poudre  , 
Puis  arrière  en  son  eauë  résoudre , 
Mais  que  fussent  avant  parties  , 
Puis  assemblées  les  parties  ; 
Qui  la  terre  mettroit  pourrir 
En  Peaue  que  la  doit  nourrir , 
Il  en  naistroit  une  pucelle 
Portant  fruict  à  double  mammelle  » 
Mais  qu'en  ostast  la  pourriture 
Dont  elle  ne  son  fruit  n'ha  cure, 
La  pucelle  dont  je  devise  f 
Si  poingt  et  ard  en  mainte  guise  ; 
Car  en  l'air  monte ,  en  haut  volant , 
Puis  descend  bas  ,  à  val  coulant , 
Et  puis  en  descendant  faonne 
Faon  que  Nature  luy  donne. 

C'est  un  dragon  qui  a  troys  goules 
Femilleuses  et  jamais  saoules  ; 


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306  Î-A    ÏONTAINt  ( 

Tout  autour  de  luy  chascun  rue  f 
L  environnant  ainsi  qu'en  ruë  , 
Et  poursuivant  par  forte  chasse  r  1 
Tant  que  gresse  couvre  sa  face  f 
Qui  le  noircist  et  si  l'englué  T 
Puis  le  compresse  et  le  mengue  » 
Elle  r'enfante  mesmement  î 
Ce  se  fait  amoureusement , 
Plus  puissant  que  devant  grand  somme 
Puis  le  boit  comme  jus  de  pomme. 
Ainsi  l'enfant  à  sa  manière 
Souvent  boit  et  r'enfante  arrière , 
Tant  que  plus  cler  est  que  christal  i 
Pour  vraj  le  fait  en  est  jtal  ; 
Et  quand  il  est  ainsi  luisant 
En  eaue  ,  moult  fort  et  puissant 
Il  pense  dévorer  sa  mere  , 
Qui  ha  mangé  son  frère  et  pere. 
Ainsi  comme  Falaitte  et  couve  , 
Le  dragon  la  fiert  de  sa  couve. 

1  Aliàs:  Mais  avant  par  chaleur  on  chasse 

Gresse  qui  luy  couvre  la  face. 
Ou  Mais  dessus  luy  faut  que  Von  chasse ,  etc» 


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Cvatf.)        DES     AMOtREUt  207 

Sa  mere  en  deux  parties  part , 

Qui  luy  aide  après  ce  départ, 

Et  puis  la  délivre  à  trois  goules  , 

Qui  Font  plus  tost  prins  que  gargoules. 

Alors  est  le  plus  fort  du  monde , 
Jamais  n'est  rien  qui  le  confonde  : 
Merveilleux  il  est  et  puissant  ; 
Une  once  en  vaut  cent  d'or  pesant. 
C'est  un  feu  de  telle  nature  , 
Qu'il  passe  toute  pourriture  , 
Et  transmué  en  autre  substance  , 
Quant  qu'il  attaint  à  sa  semblance  ; 
Et  guerist  maladie  toute  , 
Apostume  ,  aussi  lèpre  et  goutte  ; 
Et  es  vieux  corps  donne  jeunesse  , 
Et  ès  jeunes  sens  et  liesse. 
C'est  ainsi  que  de  Dieu  miracle 
Ce  ne  peut  faire  le  triacle, 
Ne  rien  qui  soit  sous  ciel  trouvé  ; 
Fors  ceci ,  qui  est  esprouvé 
Par  les  prophètes  anciens  , 
Et  par  docteurs  physiciens. 

Mais  on  ne  l'ose  plus  enquerre  f 


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fio8  LA    FONTAINE  (TèU 

Pour  peur  des  seigneurs  de  la  terre  : 
Oncques  mais  n'advint  tel  meschié  , 
Car  se  faire  on  peut  sans  peschié. 
Moult  de  sages  si  l'ont  ajmé  , 
Maudit  soit  qui  l'ha  diffamé  ! 
L'on  ne  le  doit  onc  relever 
Qu'à  ceuix  qui  veulent  Dieu  ajmer; 
Et  qui  bien  aiment ,  ont  victoire 
Pour  servir  Dieu ,  ajmer  ou  croire  : 
Car  cil  à  qui  Dieu  donne  espace 
De  vivre  tant  que  en  quelque  place 
Il  ait  celle  œuvre  labourée  , 
A  de  Dieu  la  grâce  impetrée 
En  soj  ,  saches  certainement  ; 
Dont  prier  doit  dévotement 
Pour  les  saincts  hommes  qui  l'ont  mise 
En  escrit  selon  leur  devise , 
Philosophes  et  saincts  prud'hommes, 
Dont  je  ne  sçaj  dire  les  sommes  ; 
Mais  Dieu  leur  face  à  tous  merci  f 
Qui  ont  ouvré  jusques  ici  : 
Et  ceux  qui  ayment  la  science  , 
Dieu  leur  doint  bien  et  patience. 


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4*^1       DES    AMOUREUX.  209 

Sçavoir  dois  que  celuy  serpent 
Que  je  t'ai  dit  premièrement , 
Est  gouverné  des  sept  ruisseaux 
Qui  tant  sont  amoureux  et  beaux  ; 
Ainsi  l'ay  voulu  figurer , 
Mais  autrement  le  vueil  nommer  : 
C'est  une  pierre  noble  et  digne , 
Faicte  par  science  divine  , 
En  laquelle  vertu  abonde 
Plus  qu'en  nulle  qui  soit  au  monde  : 
Trouvée  est  par  astronomie 
Et  par  vraye  philosophie. 
Elle  provient  en  la  montaigne , 1 
Où  ne  croist  nulle  chose  estraigne. 
Sachez  de  vérité  prouvée  , 
Plusieurs  sages  l'y  ont  trouvée  : 
Encores  la  peut- on  trouver 
Par  peine  de  bien  labourer 
Des  philosophes  en  la  pierriere  * 
Que  tant  est  amoureuse  et  cherç. 
Aisément  on  la  peut  avoir , 

*  Aliàs:On  trouve  qu'elle  croist  en  haut, 
Àvecque»  tout  ce  qu'il  luy  faut. 

4*  Q 


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lO  U    FONTAINE  (1 

Et  si  vaut  mieulx  que  nul  avoir  ; 
Mais  peine  auras  moult  endurée  , 
Avant  que  tu  Payes  trouvée  ; 
L'ayant ,  n'auras  faute  de  rien 
Qu'on  trouve  en  ce  monde  terrien. 
Or  revenons  à  la  fontaine , 
Pour  en  sçavoir  chose  certaine. 

Celle  fontaine  de  valeur , 
Est  à  une  dame  d'honneur, 
Laquelle  est  Nature  appellée  ; 
Qui  doit  estre  moult  honorée  : 
Par  elle  toute  chose  est  faicte  ; 
Et  s'elle  y  faut  f  tost  est  deffaicte. 
Long- temps  ha  que  fust  establie 
Celle  dame ,  je  vous  affie  ; 
Car  aussi -tost  que  Dieu  eut  faits 
Les  élemens  qui  sont  parfaits , 
L'eau  et  l'air ,  la  terre  et  le  feu , 
Nature  en  tout  parfaicte  fu. 
Sans  Nature ,  ne  peut  plus  croistre 
Dedans  la  mer  la  petite  oistre. 
Nature  est  la  mere  à  la  ronde 
De  toutes  les  choses  du  monde* 


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DES    AMOURIUi  2 

Noble  chose  est  que  de  Nature  : 
Moult  bien  y  pert  à  la  figure 
De  l'homme ,  que  Nature  ha  faicte  ; 
En  quory  de  rien  ne  s'est  meffaicte. 
Aussi  fait -il  en  plusieurs  choses 
Qui  par  Nature  sont  descloses. 
Oyseaux,  arbres ,  bestes ,  fleurettes* 
Du  tout  par  Nature  sont  faictes  ; 
Et  ainsi  est-il  des  metaulx , 
Qui  ne  sont  pareils  nj  esgaux  > 
Car  par  elle  -  mesme  se  font 
Dedans  la  terre  bien  profond  > 
•Desquelz  plus  à  plein  conteray 
Quand  Nature  te  monstreray  ; 
Laquelle  je  veux  que  tu  voye , 
Afin  que  mieulx  sujve  sa  voje 
Et  son  sentier  en  la  tienne  œuvrç  ; 
Car  il  faut  que  là  te  desœuvre. 

Ainsi  que  telz  propos  tenoit , 
Je  yeis  Nature  que  venoit  : 
Et  alors ,  sans  faire  delaj , 
Droîct  encontre  elle  m'en  allay , 
Pour  la  saluer  humblement  ; 


212  LA    FONTAINE  fv. 

Mais  certes  tout  premièrement 

Vers  moj  feit  inclination  , 

Me  donnant  salutation. 

Lors  Raison  dict  :  Voici  Nature  ; 

A Taymer  mets  toute  ta  cure  : 

C'est  elle  que  te  fera  estre 

De  son  ouvrage  prudent  maistre» 

Je  Fescoutaj  diligemment; 
Et  elle  se  prit  sagement 
A  me  demander  d'où  j'estoje  » 
Et  qu'en  ce  lieu  -  là  je  queroje  ; 
Car  il  estoit  beaucoup  sauvage , 
Et  pour  les  non  clers  plein  d'ombrage. 
Dame ,  di- je ,  par  Dieu  des  cieux. 
Je  suis  venu  ci  ,  comme  cieux ,  . 
Qui  ne  sçait  en  quelle  part  aller 
Pour  bonne  adventure  trouver  ; 
Mais  je  vous  diraj  sans  attente  9 
Et  en  bref  propos  mon  entente. 

Un  moult  grand  prélat  vey  jadis , 
Sçavant ,  clerc  prudent  et  subtils  » 
Qui  parloit  en  commun  langage* 
Ainsi  que  faict  maint  homme  sage  » 


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(t.*)      des  Amoureux  21Î 
Du  sçavoir  de  la  médecine , 

Qu'il  faisoit  très  haute  et  très -digne ,  f 

En  demonstrant  ses  excellences 

Par  moult  grandes  expériences 

Des  philosophes  et  leur  science 

Devisoit  en  grand9  révérence  ; 

Bien  avoit  été  k  l'escolle  ; 

Alors  fut  mis  en  une  colle 

Ardente  ,  d'apprendre  et  sçavoir 

Chose  meilleure  que  tout  avoir  : 

Et  de  luj  demander  m' advint  f 

D'où  premier  la  science  vint  ; 

S'en  escrit  on  la  rencontra  * 

Et  qui  fut  cil  qui  la  monstfa» 

Il  me  reâpondié  sans  delajr* 

Par  Ces  propos  que  vous  difay. 

Science  si  est  de  Dieu  don  » 
Qui  vient  par  inspiration  ; 
Ainsi  est  science  donnée 
De  Dieu ,  et  en  l'homme  inspirée  ; 
Mais  avec  ce  apprend  -  on  bien 
.  A  l'escolle  par  son  engien. 
^lais  avant  qu'one  lettre  fust  veuë  t 


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214  LA    PONf  AlRI  fr.lg 

Si  estoit  la  science  sceuë 

Par  gens  non  clercs ,  mais  inspirez  » 

Qui  doivent  bien  estre  honorez  ; 

Car  plusieurs  ont  trouvé  scienee  f 

Par  la  divine  sapience  : 

Et  encore  est  Dieu  tout-puissant , 

Pour  donner  à  s  on  vraj  servant 

Science  telle  qui  luj  plaist; 

De  quoy  à  plusieurs  clercs  desplaist , 

Disant  qu'aucun  n'est  suffisant , 

S'il  n'a  esté  étudiant. 

Qui  n'est  maître  ès  arts  ,  ou  docteur  » 

Entre  clercs  reçoit  peu  d'honneur  : 

Et  de  ce  les  doit-on  blasmer, 

Quand  autruj  ne  sçavent  loiier- 
Mais  qui  bien  punir  les  voudroit , 
Les  livres  oster  leur  f  audroit  ; 
Là  seroit  science  faillie 
En  plusieurs  clercs  ,  n'en  doutez  mie  ; 

Et  pas  ne  le  seroit  ès  laiz 
Qui  font  rondeaux  et  virelaiz , 
Et  qui  sçavent  metrifier , 
Et  plusieurs  choses  que  mestier 


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t***)      des  Amoureux.  21S 

Font  à  maintes  gens  à  délivre , 
Qu'ilz  ne  trouvent  pas  en  leur  livre. 
Le  charpentier  et  le  masson 
N'estudyent  que  bien  peu ,  non , 
Et  si  font  aussi  belle  usine 
Qu'estudians  en  médecine , 
En  loix  et  en  théologie , 
Pour  avoir  pratiqué  leur  vie* 

Dès  lors  fus  grandement  épris 
D'employer  du  tout  mes  espris , 
Tant  que  par  vraye  expérience , 
Avoir  peusses  la  cognoissance 
De  ce  que  maint  homme  désire , 
Par  grâce  du  souverain  sire. 
Mon  conte  Raison  et  Nature 
Bien  escoutojent  9  je  vous  asseure  ; 
Puis  à  Nature  dis  :  Madame , 
Helas  !  tousjours  de  corps  et  d'ame 
Suis  en  travail ,  voulant  apprendre 
Science  où  ne  puisse  mesprendre , 
Pour  avoir  honneur  en  ma  vie  , 
Sans  ce  que  nul  y  ait  envie  ; 
Car  tout  mon  bien  je  vueil  acquerre 


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5i6  Ii  A  FONTAINE 

Comme  les  laboureurs  de  terre  » 
La  terre  fouir  et  houër t 
Et  puis  sa  semence  semer , 
Comme  font  les  vrais  laboureurs , 
Qui  sont  leurs  biens  et  leurs  honneurs  : 
Et  pour  cela  prier  vous  vueil , 
Que  vous  me  dictes  de  vos  vueil , 
Comme  on  nomme  celle  fontaine 
Qui  tant  est  amoureuse  et  saine. 

Elle  respond  :  Amj,  de  voir. 
Puisque  desirez  le  sçavoir  9 
Elle  s'appelle ,  pour  le  mieux , 
La  Fontaine  des  Amoureux. 
Or  te  doit -il  estre  notoire , 
Que  depuis  Eve  nostre  mere  , 
J'ay  gouverné  trestout  le  monde , 
Si  grand  comme  il  est  &  la  ronde  : 
Sans  moj  ne  peut  chose  régner, 
Si  Dieu  ne  la  veut  inspirer. 
Moj  qui  suis  Nature  appellée  f 
J'aj  donc  la  terre  environnée 
i  Dehors ,  dedans  et  au  milieu  : 

En  toute  chose  prins  mon  lieu , 


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}  DES     AMOUREUX.  il? 

Par  mandement  de  Dieu  le  Père  : 
De  toutes  choses  je  suis  mère , 
A  toutes  je  donne  vertu  ; 
Sans  moj  n'est  rien ,  ne  oncques  fu 
Chose  qui  soit  sous  le  ciel  trouvée  9 
Qui  par  moj  ne  soit  gouvernée. 
Mais  puisque  tu  entends  raison , 
Je  te  vueil  donner  un  bel  don , 
Par  lequel ,  si  tu  veux  bien  faire , 
Tu  pourras  paradis  acquerre , 
Et  en  ce  monde  grand9  richesse , 
Dont  te  pourra  venir  noblesse , 
Honneur  et  grande  seigneurie , 

toute  puissance  en  ta  vie  ; 
Car  en  joye  tu  Fuseras  » 
Et  moult  de  nobles  faicts  verras 
Par  celle  fontaine  et  caverne  f 
Qui  tous  les  sept  metauhc  gouverne. 
Hz  en  viennent ,  c'est  chose  claire  ; 
Mais  de  la  fontaine  suis  mere , 
Laquelle  est  douce  comme  miel , 
Et  aux  sept  planettes  du  ciel 
Comparée  est  ;  sçavoir,  Saturne  » 


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2l8  LA    FONTAINE  f*^j 

Jupiter ,  et  Mars  et  la  Lune , 
Le  Soleil ,  Mercure  et  Venus  : 
Entends  -  bien ,  tu  y  es  tenus* 
Lés  sept  planettes  que  j'ai  dict  f 
Àccomparons  sans  contredict 
Aux  sept  metaulx  venans  de  terre  * 
Qui  tous  sont  faits  d'une  matière.. 
L'or  entendons  par  le  soleil , 
Qui  est  un  metail  sans  pareil  ; 
Et  puis  entendons  par  l'argent , 
Luna  le  metail  noble  et  gent; 
Venus  pour  le  cuivre  entendon , 
Et  aussi  c'est  moult  bien  son  nom. r 
Mars  pour  le  fer  ;  et  pour  l'estain. 
Entendons  Jupiter  le  sain  ; 
Et  le  plomb  pour  Saturne  en  bel , 
Que  nous  appelions  or  mesel. 
Mercurius  est  vif  argent , 
.  Qui  a  tout  le  gouvernement 
Des  sept  metaulx  ;  car  c'est  leur  mere  , 
Tout  ainsi  que  si  les  compère  : 
Qui  les  imparfaits  peut  parfaire  » 
Après  le  te  voudray  retraire. 


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,0          DES     A  M  O  Û  R  E  U  X.  21$ 

Or  entends  bien  que  je  diray  f 
Et  comme  je  declareray 
La  Fontaine  à  dame  Nature , 
Que  tu  vois  ci  près  en  figure. 
Si  tu  sçais  bien  mercure  mettre 
En  œuvre ,  comme  dit  la  lettre  , 
Médecine  tu  en  feras , 
Dont  paradis  puis  acquerras., 
Avecques  l'honneur  de  ce  monde , 
Où  grand'  planté  de  bien  abonde. 

Sçavoir  dois  par  astronomie , 
Et  par  vraje  philosophie , 
Que  mercure  est  des  sept  metaulx 
La  matière  et  le  principaulx  ; 
Car  par  sa  pesanteur  plombasse ,  H 
Se  tient  sous  terre  en  une  masse, 
Nonobstant  qu'elle  est  volative , 
Et  ès  autres  moult  conversive  ; 
Et  est  sous  la  terre  trouvée , 
Tout  ainsi  comme  est  la  rousée  ; 
Et  puis  en  Tair  du  ciel  s'en  monte  : 
Moj  Nature  le  te  raconte. 
Et  si  après  peux  concevoir  % 


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220  1-A  FONTAINE 

Qui  en  veut  médecine  avoir 

Mercuriale ,  en  son  vessel 

Le  mettra  dedans  le  fournel  f 

Pour  faire  sublimation , 

Qui  est  de  Dieu  un  noble  don , 

Laquelle  je  te  veux  monstrer 

A  mon  pouvoir  et  figurër  ; 

Car  si  tu  ne  fais  purs  corps  et  ame , 

Jà  ne  feras  bonne  amalgame , 

N'aussi  bon  parachèvement  : 

Mets -y  donc  ton  entendement. 

Or  entends  si  tu  veux  sçavoir; 
Mieulx  vaut  bon  sens  que  nul  avoir  : 
Frens  ton  corps  et  en  fais  essai  , 
Comme  autres  ont  faict ,  bien  le  sçai  : 
Ton  esprit  te  faut  bien  monder , 
Ains  que  puisses  incorporer. 
Si  faire  veux  bonne  bataille , 
Vingt  contre  sept  convient  sans  faille  ; 
Et  si  ton  corps  ne  peux  détruire , 
Vingt  à  ce  pas  il  faut  qu'il  muire. 1 
Si  est  la  bataille  première , 

*AUà9;  Vingt  encontre  convient,  etc.* 


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M        DES    AMOUREUX.  321. 

De  mercure  très- forte  et  fiere  » 
Après  rendre  lui  convient  faire  » 
Ainçoys  qu'on  en  puist  rien  attraire. 
Quand  à  ton  vouloir  entrepris 
Rendu  seras ,  lors  estant  pris, 
Si  tu  en  yeux  avoir  raison , 
L'enfermeras  dans  la  prison , 
D'où  il  ne  se  puisse  bouger  ; 
Mais  d'un  don  le  dois  soulager, 
Ou  pour  toj  rien  ne  voudra  faire  * 
Tant  que  luj  feras  le  contraire  ; 
Et  si  faire  luj  yeux  plaisir  , 
11  le  te  convient  eslargir  f 
Et  remettre  en  son  premier  est»  % 
Et  pource  seras  -  tu  son  maistre  : 
Autrement ,  sçavoir  bien  ne  peux 
Ce  que  tu  quiers  et  que  tu  veux  ; 
Mais  par  ce  point  tu  le  sçauras  , 
Et  à  tout  ton  plaisir  viendras  , 
Mais  que  tu  faces  de  ton  corps 
Ce  dont  te  fais  ici  le  recors. 

Faire  dois  donc ,  sans  contredit. 
Premier  de  ton  corps  un  esprit  f 


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Et  l'esprit  reincorporer 

En  son  corps  sans  point  séparer  ; 

Et  si  tout  ce  tu  ne  sçais  faire , 

Si  ne  commence  point  l'affaire. 

Après  ceste  conjunction , 

Se  commence  opération , 

De  laquelle ,  si  tu  poursieux , 

Tu  auras  la  gloire  des  cieux. 

Mais  tu  dois  sçavoir  par  ce  livre 

Que  moi  Nature  te  délivre  * 

Que  le  mercure  du  soleil 

N'est  pas  à  la  lune  pareil  ; 

Car  tousjours  doit  demeurer  blanche , 

Pour  faire  chose  à  sa  semblance  ; 

Et  celuj  qui  au  soleil  sert , 

Le.  doit  ressembler  en  appert , 

Car  on  le  doit  rubifier  : 

Et  c'est -là  le  labeur  premier. 

Et  puis  assembler  les  peut- on  » 

Comme  j'aj  dit ,  en  ma  maison  , 

Çy- devant  que  tu  as  ouje  , 

Qui  se  doit  trouver  en  l'ouje. 

Et  si  ce  ne  sçaurois  entendre  * 


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L)         DES    AMOUREUX.  22$ 

En  ton  labeur  pourrais  mesprendre  » 
Et  à  Fadventure  perdrais 
Long  temps ,  et  en  vain  l'userais  ; 
Et  s'a  mon  dit  sçais  labourer  , 
Seurement  y  peux  procéder. 

Or  as -tu  un  point  de  ceste  œuvre 
Que  moi  Nature  te  descueuvre? 
Si  te  faut  par  bonne  raison , 
Faire  après  congélation 
De  corps  et  de  l'esprit  ensemble  » 
Tant  que  l'un  à  l'autre  ressemble  ; 
Et  puis  te  convient  par  bon  sens 
Séparer  les  quatre  élemens , 
Lesquelz  tous  nouveaux  tu  feras , 
Et  puis  en  œuvre  les  mettras. 
Premier  tu  dois  le  feu  extraire  f 
Et  l'air  aussi  pour  cest  affaire  » 
Et  les  composer  en  après. 
Ce, te  dis  cj  par  mots  exprès , 
Que  la  terre  et  l'eau  d'autre  part 
Servent  moult  bien  à  celuj  art , 
Et  aussi  fait  la  quinte-essence; 1 

»  Aliàs  ;  Et  en  faUant, 


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234  L  A  FOWTAIKI 

Car  c'est  de  nostre  fait  la  cence. 1 
Quand  tu  as  les  quatre  trouvez  , 
Et  l'un  de  l'autre  séparez , 
Ainsi  que  j'ai  dit  par  dessus , 
Ton  faict  sera  demi  conclus. 

Or  peux  procéder ,  moyennant 
Que  tu  faces  ce  que  devant 
Je  t'ai  en  ce  chapitre  dit. 
Tu  le  mettras  au  four  petit  : 
Cela  s'appelle  mariage > 
Quand  il  est  fait  par  homme  sage  ; 
Et  aussi  c'est  moult  bien  son  nom. 
Or  entendez  bien  la  raison  ; 
Car  masculin  est  fort  liable 
Avec  féminin  amiable  ; 
Et  quand  purs  et  netz  sont  trouvez  » 
Et  l'un  avec  l'autre  assemblez 
Génération  fort  certaine , 
Si  que  c'est  une  œuvre  hautaine, 
Et  qui  est  de  grande  substance. 
Ainsi  est» il  d'autre  semblance 
De  maint  homme  et  de  mainte  femme  > 

'Aliàt:  Science. 


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t,j3k  )         BIS     AMOtJRllJt  225 

Qui  ont  bon  loz  et  bonne  famé , 
Par  leurs  enfans  qu'ilz  sçavent  faire, 
Dont  chascun  doit  priser  l'affaire  , 
D'oiseaux ,  de  bestes  et  de  fruicts. 
Autrement  prouver  je  le  puis  : 
Mettez  d'un  arbre  la  semence 
En  terre  pour  bonne  science  ; 
Après  la  putréfaction , 
En  viendra  génération. 
Par  le  froment  le  peux  sçavoir , 
Qui  vaut  mieulxque  nul  autre  avoir  : 
Semant  un  grain  ,  en  auras  mille  ; 
Là  ne  faut  estre  moult  habile  ; 
Ne  oncques  ne  fut  créature 
Qui  dire  peut  à  moj  Nature ,  * 
Naissance  aj  pris  sans  te  chercher , 
Tu  ne  peux  rien  me  reprocher. 
Et  ainsi  des  metaulx  est -il, 
Dont  mercure  est  le  plus  subtil  : 
Dans  le  four  est  mis ,  ou  son  corps ,  a 

*  Aliàs:  Comme. 

•  Aliàs:  Quant  il  est  mis  dedans  son  corps, 

11  le  convient  énamourer 

De  son  pareil  t  puis  labourer ,  etc. 

4-  * 


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26  LA    FONTAINE  < 

Que  je  t'ay  dit  en  mes  records  ; 
Et  de  ce  faire  il  est  moult  prest , 
Ainsi  que  verras  ci -après. 
Là  luy  convient  énamourer 
Son  pareil ,  et  puis  labourer  ; 
Mais  ains  qu'à  fin  puisse  venir, 
D'ensemble  les  faut  despartir  ; 
Mais  après  celle  despartie, 
Se  Rassemblent ,  je  vous  affie. 
La  fois  première  est  fiançaille  , 
Et  la  seconde  Tespousaille  ; 
A  la  tierce  fois  par  droicture , 
Assemblées  en  une  nature , 
C'est  le  mariage  parfaict , 
Auquel  gist  trestout  nostre  fait. 
Or  entens  bien  comme  j'ay  dict , 
Car  pour  vray  en  rien  n'ay  mesdit, 
Quand  tu  les  auras  séparez , 
Et  peu  à  peu  bien  reparez , 
En  après  les  r'assemblerés , 
Et  l'un  avec  l'autre  mettrés. 
Mais  te  souvienne  en  ta  leçon , 
Du  proverbe  que  dit  Caton  : 


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DIS  AttOtRKtll 

L'homme  qui  lit  et  rien  n'entend , 

Semble  au  chasseur  qui  rien  ne  prend* 

Si  apprens  donc  à  bien  entendre , 

Àffin  que  ne  puisses  reprendre 

Les  livres ,  ne  les  bons  facteurs , 

Lesquelz  sont  parfaictz  entendeurs  ; 

Car  tous  ceulx  qui  nostre  œuvre  blâment , 

Ne  la  cognoissent ,  ne  l'entendent. 

Celuy  qui  bien  nous  entendroit , 

Moult  tost  à  nostre  œuvre  viendrait  : 

Plusieurs  fois  a  esté  ouvrée , 

Et  par  philosophes  esprouvée  f 

Mais  plusieurs  gens  tenus  pour  sages  , 

La  blasment ,  dont  ilz  sont  folages  ; 

Et  chascun  les  en  doit  blasmer , 

Qui  a  sens  en  foi  sans  amer. 

Mais  louer  doit-on  bien  et  bel , 

Tous  ceux  qui  aiment  tel  joyel , 

Et  qui  le  pensent  à  trouver 

Par  peine  de  bien  labourer  : 

Et  doit- on  dire ,  c'est  bien  faict , 

Loz  mérite  leur  bel  effect. 

Or  avons -nous  dict  une  chose 


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228  I.  A    F  O  N  T  A  I  N  ï  (,.5,1».) 

Qu'il  faut  que  briesvement  soit  desclose  ; 

C'est  que  si  bien  procéder  veulx , 

Tu  faces  l'union  des  deulx , 

Tant  que  fiancez  puissent  estre 

Ou  vaissel ,  qui  en  sçait  bien  l'estre  ; 

Et  puis  pour  ton  faict  séparer , 

Le  te  convient  bien  ordonner. 

Et  pour  t'en  dire  la  façon  , 

Ce  n'est  que  résolution  , 

Laquelle  te  faict  grand  mestier  : 

Se  poursuivir  veulx  le  mestier , 

Elle  doit  le  compost  deffaire ,. 

Ainsi  que  tu  en  as  affaire  , 

Tant  que  chascun  à  part  lui  soit. 

Et  puis  ayant  la  terre  soif  ' 

De  l'eau  du  ciel  par  droicture , 

Car  ilz  sont  tous  d'une  nature  , 

C'est  rayson  que  soit  abreuvée , 

Et  de  mov  sera  gouvernée. 

Or  t'ai- je  dit  sans  rien  mesprendre , 

'Aliàs  :  Quand  tu  verras  la  terre  seiche , 

De  l'eau  du  ciel  fais  qu'elle  leiche  ; 
Car  ilz  sont  tous  d'une  nature: 
Laboure  doncques  par  droicture. 


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t)  DE  S    ÀMOURÏIfï.  229 

Comme  ton  corps  peut  ame  prendre  » 
Et  comme  les  faut  despartir  f 
Et  l'un  d'avec  l'aultre  partir  ; 
Mais  la  despartie ,  sans  doute  , 
Est  la  clef  de  nostre  oeuvre  toute. 
Par  le  feu  elle  se  parfaict , 
Sans  lui  l'art  seroit  imparfaict. 
Aulcuns  dyent ,  que  feu  n'engendre 
De  sa  nature  fors  que  cendre  ; 
Mais  ,  leur  révérence  sauvée , 
Nature  est  dans  le  feu  entée  ; 
Car  si  Nature  n'j  estoit , 
Jamais  le  feu  chaleur  n'auroit  : 
Et  si  prouver  je  le  voulois  f 
Le  ciel  en  te.smoing  ye  prendrais.  1 
Mais  quoj  !  nous  lairrons  ce  propos , 
Et  aultre  dire  voulons  loz. 

Et  quand  ce  parler  entendis  9 
Le  mot  en  mon  cœur  escriyis , 
Et  dis  :  Noble  dame  d'arroy , 
Vueillez  un  peu  entendre  à  mojr , 
Et  revenons  à  ces  metaulx  2 

1  AI.  Sol  •  Al.  Aux  sept 


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23o  L  A    FONTAINE  t 

Dont  mercure  est  le  principaulx ,  , 
Et  me  faites ,  vous  et  RajsQn  , 
Aucune  déclaration , 
Ou  de  vostre  fait  suis  abus , 
Pource  que  dit  avez  dessus  : 
Car  vous  voulez  que  je  defface 
Ce  que  j'ai  fait  de  prime  face  , 
Et  expressément  vous  le  dites» 
Je  ne  sçajr  si  ce  sont  redites , 
Ou  si  parlez  par  paraboles  ; 
Car  je  n'entens  point  vos  escoles. 

Amy ,  ce  respondit  Nature , 
Comment  entends  -tu  le  mercure 
Que  je  t'ay  cjr-devant  nommé  ? 
Je  te  dis  qu'il  est  enfermé  » 
Encores  que  souvent  advient 
Qu'en  plusieurs  mains  il  va  et  vient 
Le  mercure  que  je  te  lo  f 
Surnommé  de  mercurio  > 
C'est  le  mercure  des  mercures  ; 
Et  maintes  gens  mettent  leurs  cures 
De  le  trouver  pour  leur  affaire  : 
Ce  n'est  le  mercure  vulgaire: 


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n.)         DES  AMOUREUX. 

Sans  moy  tu  ne  le  peulx  trouver  ; 
Mais  quand  tu  en  voudras  ouvrer , 
Moult  te  faudra  estre  autentique , 
Pour  parvenir  à  la  pratique 
Par  laquelle  pourras  avoir 
De  noz  faitz  un  très -grand  sçavoir. 
Les  metaulx  te  faudra  cognoistre  , 
Ou  ton  faict  ne  vaudra  une  oistre. 
Or ,  pour  entendre  mieulx  la  guise, 
Je  te  diray  où  l'œuvre  est  mise , 
Mesmement  où  elle  commence , 
Si  tu  es  fils  de  la  science  ; 
Et  cil  qui  y  veut  parvenir , 
Faut  qu'à  ce  point  sache  venir , 
Ou  rien  ne  vaudra  son  affaire , 
Pour  labeur  qu'il  y  sache  faire. 
Pource  nommé- je  la  Fontaine , 
Qui  est  tant  amoureuse  et  saine , 
Mercure ,  celui  vrai  surgeon 
Qui  cause  est  de  perfection. 

Or  entens  bien  que  je  diray , 
Car  pour  vray  riens  ne  mesdiray. 
Celuy  mercure  sans  pareil , 


232  LA     IONTAINI  t 

Peux-tu  trouver  ou  le  soleil  f 
Quand  il  est  en  sa  grand9  chaleur* 
Et  qu'il  fait  venir  mainte  fleur  ; 
Car  après  fleurs  viennent  les  fruits  : 
Par  ce  point  prouver  je  le  puis  , 
Et  encores  par  cent  manières 
Qui  sont  à  ce  fait  moult  legieres  ; 
Mais  cestuy-cy  est  le  principe» 
Et  pour  cela  le  te  recite* 
Certes  je  ne  t'ay  abusé , 
Car  pour  voir  il  y  est  trouvé  ; 
Et  s'en  luna  veux  labourer , 
Autant  bien  Yy  pourras  trouver , 
En  saturne  et  en  jupiter , 
Et  en  mars ,  que  je  nomme  fer. 
Dedans  venus  et  en  mercure 
On  peut  bien  trouver  la  plus  sure  ; 
Mais ,  quant  à  moj ,  je  l'ay  trouvé 
Au  soleil ,  et  puis  labouré , 
Et  pource  t'en  ay  faict  ce  livre  f 
Que  tu  m'entendes  à  délivre. 1 
Dedans  luna  saches  de  voir  9 
p  JUàs  :  Afin  que  l'entende  à  délirr* 


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DES    AMOUREUX.  «3£ 

Ay- je  pris  mon  premier  avoir  ; 
Encore  dj-je  aiïx  entendeurs , 
Que  c'est  tout  un  des  deux  labeurs , 
Excepté  rubifiement, 
Qui  sert  au  soleil  noblement  : 
Et  plus  dire  ne  t'en  sçauroje  , 
Se  la  pratique  ne  monstroje  : 
Et  celle  ne  te  puis  retraire  , 
Sinon  que  tu  le  vqye  faire. 
Mais  ajes  bien  en  ta  mémoire 
Ce  que  je  t'aj  dit  jusqu'à  voire. 
Estant  à  résolution  9 
Faire  dois  inbibition  : 
Mais  ne  commence  point  à  faire 
Ce  que  t'ajr  dit  sur  telle  affaire , 
Si  n'as  probation  du  faict , 
D'avoir  bien  resoult  l'imparfaict  ; 
Et  si  tu  peux  passer  ce  pas , 
Recorpore-  le  par  compas , 
En  revenant  au  fait  premier  : 
L'autre  ne  fut  que  messagier  : 
Veoir  tu  le  peux  évidemment  »  • 
Comme  se  fait  Iegierement» 


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34  t  A    F  O  N  T  A  I  *  K  -  < 

Par  plus  bref  tu  ne  peux  venir 
Au  plus  fort  de  ton  advenir  ; 
Et  si  tu  Tentens  pour  certain  f 
Tu  ne  laboureras  en  vain. 
Et  après  ce  labeur  cj  fait , 
Te  faut  refaire  le  défiait  : 
Putréfaction  est  pour  voir , 
Dont  il  doit  naistre  un  noble  avoir  : 
En  ce  point -là  gist  la  mestrise , 
Auquel  tout  nostre  fait  s'attise  ; 
Et  quoi  que  t'aye  dit  devant , 
Icj  gist  tout  le  convenant. 
Dans  le  four  est  mis  l'appareil , 
Tu  en  doibs  avoir  un  pareil  ; 
Car  germe  fault  premier  pourrir, 
Qu'il  puisse  dehors  terre  jssir  : 
Mes  mes  la  semence  de  l'homme , 
Que  pour  probation  te  nomme , 
Se  pourrit  au  corps  de  la  femme , 
Et  devient  sang,  et  puis  prent  ame, 
Mais  en  forme  de  créature. 
Ce  secret  cjr  te  dit  Nature. 
Car  une  chose  en  devra  naistre , 


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et.*.)        DES     AMOUREUX.  235 

Que  sçaura  bien  plus  que  son  raaistre, 
Pour  aliaicter  les  quatre  enfans  , 
Qui  sont  desja  venus  tous  grans  , 
Lesquelz  élemens  sont  nommez  » 
Et  l'un  de  l'autre  séparez. 

Or  as -tu  cinq  choses  ensemble  , 
Et  Tune  l'autre  bien  ressemble  : 
Aussi  n'est-ce  qu'une  substance , 
Toute  d'une  mesme  semblance. 
Là  doit  l'enfant  manger  sa  mere  , 
Et  après  destruire  son  pere  : 
Fleur ,  et  laîet ,  et  fruict  avec  sang , 
Convient  trouver  en  un  estang. 

Or  regarde  dont  le  laict  vient , 
Et  que  là  sang  faire  convient  ; 
Si  ce  ne  sçez  considérer , 
Tu  pers  ta  peine  à  labourer  : 
Et  si  tu  me  sçez  bien  entendre  , 
Si  laboure  sans  plus  attendre  ; 
Car  tu  as  passé  le  passage 
Où  demeure  maint  fol  et  sage. 
Là  tu  te  peux  un  peu  poser  : 


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536  LA    FONTA  lSï 

Et  poursui  tant  que  face  issir 
Fruict  parfaict,  qu'on  nomme  elixir; 
Car  par  œuvre  sciencieuse , 
Se  faict  la  pierre  précieuse 
Des  philosophes  de  renom , 
Qui  en  sçavent  bien  la  rayson  : 
Çt  n'est  jojel ,  ne  mal  avoir , 
Qui  puisse  cel  pierre  valoir  : 
Si  ses  effectz  Veux  que  je  die  , 
Guérir  peut  toute  maladie. 
Aussi  par  se$  très -nobles  faictz  f 
Parfaict  les  metaulx  imparfaictz , 
Et  ne  faict  plus  chose  du  monde , 
Fors  ceste  où  grand'  vertu  abonde. 
À  merveilleux  faictz  et  encline , 
Pourtant  la  nommons  médecine  ; 
Et  de  toutes  les  aultres  pierres, 
Que  maints  princes  tiennent  pour  chères 
Nulle  peut  tant  resjouir  l'homme , 
Que  ceste -cy  que  je  te  nomme. 
Et  pource  je  t'en  fais  mémoire , 
Que  tu  le  tiennes  pour  notoire  ; 
Car  sur  toutes  pierres  du  monde , 


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0#,        DES     AMOUREUX.  2Z7 

Vertu  dedans  la  nostre  abonde  ; 
Et  pour  ce  doit  faire  devoir , 
De  gaigner  un  si  noble  avoir  : 
Si  tu  me  veulx  bien  ensuivir , 
A  ce  poinct  pourras  advenir. 

Apprens  bien ,  si  feras  que  sage  ; 
Car  je  t'ajr  jà  dit  tout  l'usage 

Au  four ,  tu  le  pourras  bien  veoir  , 
Auquel  doit  estre  ton  avoir , 
Faisant  par  un  certain  attour , 
De  putréfaction  le  tour. 
Plus ,  t'ay  appris  que  de  ces  pars 
Ton  œuvre  demeure  en  deux  pars  : 
De  ce  rien  plus  ne  te  diraj , 
Jusques  en  toj  veuë  j'auray 

Service ,  pourquoj  te  le  die  ; 

Car  aultrement  ferois  folie. 

Mais  quand  tu  l'auras  desservy , 

En  brefs  mots  je  te  l'auraj  dy. 

Pource  ne  m'en  demande  plus  ; 

Je  n'ay  que  trop  dit  du  surplus. 
Et  quand  j'eus  entendu  Nature , 

Qui  de  parler  plus  n'avoit  cure , 


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238  LA    ÏONTAIRI  tT-ft 

Pour  ses  ouvrages  déclarer, 
Moult  tendrement  prins  à  plourer , 
Et  dis  :  Noble  dame  d'arroy , 
Vueillez  avoir  pitié  de  moy , 
Ou  jamais  ne  seray  délivre 
De  ce  qu'ay  trouvé  en  un  livre  ; 
Dites -moy,  dame  noble  et  bonne , 
L'avance ,  si  ferez  aumosne. 

Lors  respondit  :  Plus  n'en  sçauras  > 
Tant  que  desservy  tu  l'auras. 
Helas  !  dis -je  lors ,  dame  chère , 
Vueillez  -moy  dire  la  manière 
Comment  le  pourray  desservir  ; 
Car  à  tousjours  veulx  votis  servir 
Loyaulment  sans  ailleurs  penser. 
Je  ne  vous  puis  récompenser , 
Ne  augmenter  vostre  richesse  : 
Service  vous  feray  sans  cesse  , 
Si  me  donnez  tant  noble  avoir. 
Que  des  vostres  me  recevoir* 

Adonc  Nature  me  respondit  : 
Filz ,  tu  sçais  ce  que  je  t'ay  dict  ; 
Mais  si  me  croy ,  d'ore- en  -avant 


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<  r.Ml         D  »  8  AMOURÊUX. 

Pourras  bien  estre  plus  sçavant. 
Dame ,  dis- je ,  par  Dieu  des  cieulx  f 
Je  voudroye  bien  estre  cieulx 
Qui  doit  servir  pour  tel  affaire , 
Tout  son  vivre  sans  rien  meffaire  : 
Vueillez-moy  donc  voz plaisirs  dire, 
Car  je  ne  veux  rien  contredire. 

Lors  dit  Nature ,  sans  mesprendre  : 
Beau  filz ,  il  te  convient  apprendre 
A  cognoistre  les  sept  metaulx , 
Dont  le  mercure  est  principaulx  , 
Leurs  forces  ,  leurs  infirmitez 
Et  variables  qualitez. 
Après  apprendre  te  convient 
Dont  soulphre ,  sel  et  huile  vient , 
Dequoj  nous  te  faisons  mémoire , 
Qui  te  fera  mestier  encoire. 
Moult  est  le  soulphre  nécessaire , 
Et  si  donnera  prou  à  faire  : 
Sans  sel  ne  peux  mettre  en  effect 
Utile  chose  pour  ton  faict. 
D'huile  tu  as  mestier  moult  grand  , 
Sans  luy  ne  feras  faict  dagrant  ; 


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,240  FONTAINI  (T.m) 

De  ce  te  doit  bien  souvenir  f 
S'à  nostre  œuvre  veulx  parvenir* 

Un  mot  te  diray ,  or  l'entend  f 
Dequoy  tu  seras  bien  content  : 
Un  métal  en  un  seul  vaissel 
Te  convient  mettre  en  un  fournel  ; 
C'est  mercure  que  je  t'expose  : 
Et  si  n'y  faut  nulle  aultre  chose  ; 
Mais  pour  l'abrègement  de  l'œuvre , 
De  poinct  en  poinct  le  te  descueuvre. 

Or  tç  vueil- je  dire  de  For  f 
Qui  des  metaulx  est  le  thresor  : 
Il  est  parfaict ,  nul  ne  l'est  plus 
De  ceulx  que  j'ai  nommés  dessus. 
La  lune  l'est ,  et  ne  l'est  mie , 
De  vray  je  le  te  certifie. 
Il  n'y  a  qu'un  métal  au  monde 
En  qui  nostre  mercure  abonde  » 
Et  s'y  est  en  tous  sept  trouvé  ; 
Moult  bien  ay  cecy  esprouvé. 

L'or  est  chaud  et  sec  par  droicture  ; 
La  lune  est  froide  en  sa  nature  ; 
Saturnus  est  pesant  et  mol  : 


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tr.dp.)         DES     AMOUREUX.  24! 

En  ce  peut-il  ressembler  Sol  ? 
-  Plusieurs  Clercs  de  parler  ignel, 
Le  veulent  nommer  or  mesel. 
Venus  bien  la  lune  ressemble  * 
En  paix  et  en  forger  ensemble» 
Mercure  froid  et  humide  est , 
Tesmoîng  est  Jupin  qui  en  naist. 
Mars  est  dur  et  pesant  et  froit  ; 
Des  autres  tous  c'est  le  conroit. 
Soït  leur  nature  dure  ou  tendre  , 
Il  les  convient  tous  sept  comprendre 
Comme  les  aj  nommez  dessus  , 
Et  cognoistre  bien  leurs  vertus  ; 
Et  par  ce  point ,  après  feras 
De  mercure  ce  que  voudras. 

Las  !  dis- je ,  dame ,  il  sera  fait  : 
Dictes -moj  l'avance  du  faict , 
Et  comment  pourray  retraicter 
Ce  qu'ay  veu  en  vostre  verger  : 
Car  oncques  mais  puis  que  fus  né  , 
Je  ne  fus  tant  énamouré 
De  chose  nulle  de  ce  monde  : 
Je  crqy  que  vertu  y  abonde  , 
4.  Q 


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I  LA     FONTAINE  (?9li) 

Je  le  tiens  pour  secret  de  Dieu , 
Qui  révélé  soit  en  ce  lieu. 

Lors  dit  Nature  :  Tu  dis  voir  f 
Et  c'est  du  monde  tout  l'avoir  : 
Car  de  ma  Fontaine  provient 
Grand'  richesse ,  d'où  l'honneur  vient 
Au  monde  en  diverse  manière  : 
A  plusieurs  suis  comme  minière* 
Et  pource  que  tu  es  venu 
Icy  sans  aucun  revenu  , 
Et  que  tu  as  volonté  bonne 
De  labourer  comme  personne  , 
Désirant  bon -heur  rencontrer , 
L'avance  je  te  vueil  monstrer. 

Dit  t'ay  au  chapitre  notoire  , 
Je  ne  sçaj  si  en  as  mémoire , 
Qu'en  deux  parties  gist  ton  œuvre  ; 
Mcjy  Nature  le  te  descœuvre. 
Faiz  ton  soulphre  penetratif , 
Par  feu  devenir  attractif, 
Et  puis  luj  fais  manger  sa  mere  : 
S'auras  accomplj  nostre  affaire. 
Metz  la  mere  au  ventre  à  l'enfant , 


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%)        DES     AMOUREUX.  24$ 

Qu'elle  ha  enfanté  par  devant  : 
Puis  si  sera  et  pere  et  fils  1 
Tou  parfaict  de  deux  esperitz. 
Pour  vray  il  n'en  est  autre  chose , 
Fors  ce  que  cy  je  t'en  expose  ; 
Et  si  tu  y  veux  adjouster 
Chose  estrange ,  ou  administrer 
Soulphre ,  sel ,  huyle  >  n'autre  riens  » 
Pour  voir  ton  fais  ne  vaudra  riens  ; 
Car  terre  si  ne  peut  porter 
Autre  fruict  qu'on  y  veut  semer. 
Créature  faict  créature , 
Et  beste ,  beste  a  sa  nature  ; 
Ainsi  est  de  toutes  semences  : 
Tiens  ce  propos  de  mes  sciences. 

Beau  filz ,  ne  àj  que  ce  soit  gale  : 
11  faut  que  tout  monte  et  avale 
Par  un  chemin  moult  gratieux , 
Moult  plaisant  et  moult  amoureux, 
La  vqye  que  j'ay  préordonnée ,  2 

1 A lias,  Poursuy-Ie  à  venir  attractif. 
•  Aliàs.  La  nostre  eaue  pure  ordonnée, 
Tout  ainsi  va  que  la  rosée. 


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h  LA     FONTAINE  (r.w 

Tout  ensement  que  de  rosée  ; 

En  l'air  du  ciel  la  faut  monter  : 

Et  puis  doulcement  avaler , 

Par  un  très-amoureulx  sentier, 

Lequel  on  doit  bien  retraictier  : 

En  la  descente  qu'elle  faict  r 

Enfante  le  soulfre  parfaict  ; 

Et  si  à  ce  point  peulx  venir , 

Tu  peulx  bien  dire  sans  mentir , 

Que  d'or  pourras  avoir  sur  terre  , 

Grande  quantité  sans  meffaire  ; 

Car  si  toute  la  mer  estoit 

De  métal ,  tel  qu'on  le  voudrait , 

Cuvvre ,  argent  vif,  plomb  ou  estain , 

Et  tu  en  misses  un  seul  grain 

Dessus ,  quand  seroit  eschauffée  , 

31  en  soudroit  une  fumée , 

Qui  menroit  merveilleux  arroj  : 

Et  après  se  tiendroit  tout  cqy  ; 

Et  puis  quand  seroit  appaisée 

La  fumée ,  et  toute  accoisée 

La  mer ,  trouveroit  plus  fin  or 

Que  nul  roy  ayt  en  son  thresor. 


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€▼,581.)        DES     À  M  O  UH  E  U  X.  24-5 

Or  vueil  au  propos  retourner , 
Que  devant  pour  bien  gouverner, 
Quand  ton  soulfre  sera  mangé  , 
Ton  mercure  mortifié  ; 
Tien -le  en  prison  quarante  jours  , 
Et  puis  tu  verras  tes  amours  : 
Et  Dieu  t'en  laisse  si  bien  faire , 
Que  paradis  puisses  acquerre. 
Tu  vois  ici  bien  ordonnée 
La  prison  que  je  Vay  nommée  , 
Par  foy  la  te  baille  en  figure  : 
Or  te  souvienne  de  Nature , 
Qui  t'a  voulu  administrer 
Si  noble  don ,  et  révéler 
La  science  très  -  admirable , 
Et  en  ce  monde  vénérable , 
Aultrement  ne  peut  estre  faicte 
La  pierre  que  je  t'aj  retraicte. 
Vois  doncques  bien  les  escriptures 
De  nos  livres ,  où  par  figures 
Demonstrée  est  ceste  science , 
Qui  est  la  fleur  de  sapience ,  * 

1  Ceci  est  pris  de  Hermès. 


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ï\6  LA     FONTAINE  t, 

Vraye  chose  sans  nulle  fable , 
Très- certaine  et  très -véritable. 
Le  dessous  si  est  tout  semblable 
A  ce  qui  est  dessus  muable , 
Pour  perpétrer  à  la  fin  close , 
Miracle  d'une  seule  chose  : 
Comme  de  seule  chose  furent , 
Et  par  la  pensée  d'un  creurent 
Toutes  les  choses  que  sont  nées , 
Si  nos  œuvres  sont  d'un  créées. 
Le  beau  soleil  en  est  le  pere , 
Et  la  lune  la  vraye  mere  : 
Le  vent  en  son  ventre  le  serre  : 
Sa  nourrisse  si  est  la  terre , 
Le  pere  est  du  thresor  du  monde , 
Et  grand  secret  icy  se  fonde. 
Sa  force  si  est  toute  entière , 
Quand  il  retourne  en  terre  arrière , 
Sépare  la  terre  du  feu , 
Par  engin  et  en  propre  lieu , 
Et  doulcement  le  gros  despart 
Du  subtil ,  que  tiendra  à  part. 
Lors  montera  de  terre  ès  cieulx  , 


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5w)        DES     A  M  O  U  R  E  U  X.  247: 

Et  descendra  devant  tes  jeulx , 
Recevant  vertu  souveraine 
Avec  sa  force  terrienne  ; 
Ainsi  parviendras  à  grand'  gloire  , 
Par  tout  le  monde  ayant  victoire. 
C'est  des  forces  toute  la  force  f 
I<à  où  maint  se  peine  et  efforce. 
Les  subtiles  choses  vaincra , 
Et  les  dures  transpercera. 
Merveilles  sont  moult  convenables  , 
Dont  avons  les  raysons  notables. 

Mon  nom  est  Jean  de  la  Fontaine  i. 
Travaillant  n'ay  perdu  ma  peine  ; 
Car  par  le  monde  multiplie 
L'œuvre  d'or  que  j'ay  accomplie 
En  ma  vie ,  par  vérité , 
Grâces  à  saincte  trinité  , 
Qui  de  tous  maulx  est  médecine 
Vraye  ,  et  par  effect  la  plus  fine  f 
Qu'on  peut  en  au  le  une  part  querre , 
Soit  en  mer,  soit  en  toute  terre  :  . 
Et  du  metaîl  impur ,  l'ordure 
Chasse ,  tant  qu'en  matière  pure 


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2^8  X  A    FONTAINE  fv., 

Le  rend:  c'est  en  metail  très-gent* 
De  l'espèce  d'or  ou  d'argent. 

L'œuvre  se  faict  par  ce  mojen  , 
Et  si  n'j  faut  nul  aultre  engien  9 
Selon  mon  petit  sentiment , 
Le  trouve  véritablement. 
Pource  vueil- je  nommer  mon  livre  r 
Que  dit  la  matière  ,  et  délivre 
L'artifice  tant  précieux  > 
La  Fontaine  des  Amoureux 
De  la  sciènce  très -utile  , 
Descripte  par  mon  petit  stile. 

Faict  fut  par  amoureulx  servage  » 
Lorsque  n'estqye  jeune  d  aage , 
L'an  mil  quatre  cens  et  treize  9 
Que  j'avqye  d'ans  deux  fois  seize; 
Complj  fut  au  mois  de  janvier, 
En  la  ville  de  tyontpelier. 

Quelqu'un  adjouste  : 

Cj  finist  Jean  de  la  Fontaine  9 
Qui  tenant  icelle  œuvre  hautaine 


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-  fv.Mrf*)        DES     AMOUREUX.  249 

Comme  un  don  de  Dieu  très -secret , 
Doit  faire  tout  homme  discret. 

Tout  Fart  qui  est  de  si  grand  pris  f 
Peut  estre  en  ces  deux  vers  compris: 

Sifixum  solvas ,  faciasque  volare  solutum  , 
Et  volucrcmfigas  ,  faciet  te  vivere  tulunu 

FIN. 


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BALADE 

DU  SECRET 

DES  PHILOSOPHES. 


C^ui  les  deux  corps  veulx  animer, 
Et  leur  mercure  hors  extraire , 
L'ardent  d'iceulx  bien  sublimer, 
L'ojsel  volant  après  retraire  : 
L'eau  te  convient  par  art  distraire  9 
Des  deux  unis  parfaictement , 
Puis  le  mettre  en  vas  circulaire  , 
Pour  fruict  avoir  très -excellent. 

Le  pélican  faut  permuer  : 
De  son  vaissel  ne  me  puis  taire. 
N'oublie  pas  le  circulier , 
Par  feu  subtil  de  très -bon  aire  : 
Luy  fusant  te  fauldra  fix  faire, 


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252  BALADE. 

Et  le  fix  encores  volant. 

Dont  viendra ,  par  temps  luminaire , 

Pour  fruict  avoir  très -excellent. 

Pas  ne  fais  ce  sans  altérer 
Nature ,  par  voje  contraire  : 
Car  aultrement  ne  peulx  muer 
La  substance ,  et  teincture  faire. 
Enfin  luy  faut  electuaire , 
D'aultre  corps  noble  et  transparent: 
Rature  est  commun  exemplaire , 
Pour  fruict  avoir  très -excellent. 

Prince,  cognois  de  quel  agent 
Et  patient  tu  as  affaire , 
Pour  fruict  avoir  très -excellent. 

F  I  N. 


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GLOSSAIRE 


o  u 


Explication  des  anciens  mots  du  Roman  de 
la  Rose ,  et  autres  Poésies  de  Jean  de 
Me  un  g. 

A 

-A,  pour  avec;  c'est  ainsi  qu'il  est  pris  vers  1 8,686  : 

Si  dit  l'en  que  ce  sont  les  Diables. 

A  tout  leurs  grantz  croez  et  leurs  diables , 

A  leurs  ongles ,  à  leurs  havetz; 

Mais  tel  dit  ne  vault  deux  navetz, 

Cest  le  sens  qu'il  a  dans  les  autres  endroits  et 
dans  nos  anciens  poètes;  mais  ordinairement  on 
le  joint  avec  le  mot  tout  :  à  tout  son  chappeau 
de  soussie,  est-il  dit  vers  22,694,  pour,  avec  son 
chappeau  de  Jleurs  de  soucy. 

Aagiez,  i35  cod.  Je  crois  que  c'est,  débits y  obli- 
gations. 

Abelly  ,  plut,  ne  m'abelly,  ne  me  plut ,  ne  me 

convint ,  81 14:  vient  d'abel/ir ,  plaire. 
Abriefve,  pour  abrège,  accourcit,  20,579. 


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2Ô4  GLOSSAIRE. 

Abrivé,  accoutumé  ,  1408  cod.  ;  maïs  abrivez  au 
vers  12,64s  veut  dire,  selon  l'édition  de  Marot, 
hastivez,  c'est-à-dire  s'étant  rendus  en  diligence. 

Abscondre,  cacher  i8,i56,  vient  du  latin  abscon- 
dere. 

Absconse,  cache,  obscurcit  1 8,08a,  vient  d'abs* 
condre. 

Acceptable,  pour recevable,  1474;  ce  terme  n'est 
pas  si  déguisé ,  qu'il  ne  puisse  encore  être  sup- 
porté. 

Accusement  ,  accusation  ou  révélation  490. 

Acertés  ,  pour  certaines,  assurées  21,984,  2*,35o. 

Achoison,  a  plusieurs  significations;  I.°  occasion, 
2409,  15,760,  20,269  ;II.°  espérance  ou  espoir, 
8412,  et  au  Testam.  4Ôo;  III.0  bonne  occasion 
ou  bonne  aventure,  io,i38,  12,793  ;  IV,0  motif, 
18,896;  V.°  difficulté,  1107,  Testam. 

Achoisonné,  soupçonné,  accusé,  16,678. 

Acointable,  gracieux,  acostable,  1244. 

Acointance,  amitié,  ii29,3o52,  11,564,  com- 
pagnie ,  3366. 

Acointe ,  pour  acointance ,  amitié ,  société,  4894* 

Acointe,  cherche  compagnie ,  qui  sy acointe  dfoi* 
seuse,  qui  cherche  la  compagnie  d'oisiveté ,  3o5i; 
mais  acointe  >  pour  aborde  ,  ne  P  acointe  ,  ne 
l'aborde  pas  ,  4894 ,  m* acointe ,  m'aborde  87811 
vient  du  verbe  acointer. 

Acointement  ,  amitié ,  liaison ,  36o3. 

Acointer,  aborder ,  entrer  en  liaison,  faire  ami- 
tié, ^297,  3668. 


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GLOSSAIRE. 


*55 


Acomter  ,  compare,  10,371,  riacompcr,  je  ne 
compare. 

Lors  jouirez  de  l'amourette 
A  qui  nulle  autre  n'acomper  , 
Vout  ne  trouverez  jà  sonper. 

Aconsuivant  ,  accompagnant,  18,693,  vient  d'a- 
consuivre,  accompagner,  suivre  de  près;  mais 
16,657,  il  parait  signifier  détruire;  et  16,828 
n'aconsuivra  veut  dire  n'imitera  point,  ou  ne 
suivra  point  d'assez  près;  aussi-bien  que  16,905, 
n'aconsuivrçmt  pour  n'imiteront  pas. 

Acordance  ,  accord,  convention ,  1 1,194. 

Acoupis,  signifie  cocu  en  parlant  du  mari,  14911 , 
et  pour  la  femme  acoupie,  10,184;  mais  nous 
n'avons  pas  de  terme  propre  pour  les  femmes , 
qui  néanmoins  ne  sont  pas  moins  exposées  à  cet 
accident  que  les  maris. 

Acqtjerre,  voyez  Conquerre. 

Acqueurre,  1 6,583,  TrCacqueurre,  vienne  sur  moi 
ou  vienne  me  saisir;  et  i5,3io,  y  acqueurrent , 
y  viennent  ou  s  y  rendent ,  vient  $  acqueurre  qui 
veut  dire  accourir ,  venir  en  diligence  ;  il  est  en- 
core d'usage  en  quelques  provinces. 

Acteur,  pour  auteur,  vers  9  et  ailleurs. 

Acueurer,  ôter  le  cœur  hors  du  corps,  18,709; 
mais  au  figuré  veut  dire  décourager ,  comme 
10,991  ,  ou  s'acueura  ,  pour  se  découragea  de 
tristesse  et  de  chagrin. 

A&És,  à  l'instant,  au  même  moment ,  ^371 ,  et  vien- 


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*56 


G  L  O  S  8  A  I  K  Ê. 


drait  peut-être  de  l'italien  adesso ;  mais,  926a, 
17,662,  au  Cod.  204,  et  au  Testam.  1443  et 
1667 ,  il  signifie  toujours  ;  et  au  Roman ,  13,499, 
il  est  mis  pour  à  présent ,  maintenant. 
Adiré  ,  maltraité ,  ou  occasionné  de  faire  maltrai- 
ter, 3854. 

Adoncques  ,  alors,  700,  terme  qui  a  subsisté  long- 
temps dans  notre  langue. 

Apvis, adverbe  qui  est  toujours  joint  avec  un  autre 
mot ,  advis  m'estoit ,  5o,  pour  me  semblait,  me 
paraissait;  vousfusl  advis ,  785,  pour  il  vous 
sembla;  je  m'est  advis ,  il  me  semble,  ç56.  Ce 
terme,  qui  a  duré  long  temps,  subsiste  encore 
en  quelques  Provinces. 

Adune  ,  unit ,  assemble  ,  arrange  ,  556 r ,  19,001  ; 
vient  du  verbe  aduner}  qui  est  tiré  du  latin  adu- 
nare ,  qui  veut  dire  unir,  assembler. 

Affaitelr,  un  flatteur  affecté,  15,194. 

Affaictier,  s'habiller,  se  parer  avec'  affectation, 
1022. 

Affecté,  1591 ,  sage ,  prudent. 

Affiche,  assure,  22,268,  22,584;  h  ^affiche ^  je 
t'assure,  5283,  vient  d'afficher,  assurer. 

AFFiE,/e  vous  affie ,  je  vous  certifie  ,  je  vous  as- 
sure ,  36ç6,  vient  d'affier,  assurer ,  certifier; doà 
vient  affient  15,827  pour  s'assurent,  se  certifient, 
se  donnent  la  foi  l'un  à  l'autre  ;  de  là  vient  aussi 
affiéesy  engagées  par  leur  foi  ou  par  contrat, 
14,566. 

Affierra  ,  conviendra ,  7466  ;  au  même  sens  est  mis 


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GLOSSAIRE. 

le  terme  qffiert,  pour  convient;  n'ajffiert,  ne  con- 
vient pas,  ne  sied  pas,  3781,  il  vous  ajjiert ,  il 
vous  convient,  8166,  et  ainsi  ailleurs.  Ce  terme 
est  encore  d'usage  dans  la  Flandre  Wallone. 

Affondre,  enfoncer ,  654  Test,  d'où  vient  ajfonda* 
absorba;  oh  maint  Amant  y  aJjFonda,  où  beau- 
coup d'Amans  ont  été  absorbés,  ou  bien,  où  ils  se 
sont  enfoncés  et  précipités,  8181.  au  même  sens 
ajfonde  est  mis  63oo,  et  12,334  pour  absorbe  , 
engloutit ,  précipite. 

Affoybloyer,  18,075.  affbiblir,  et  1 5,288  ajfoy- 
blojé  9  pour  affbibly. 

Affublé  ,  coiffé,  412.  Terme  encore  usité  en  quel- 
ques provinces. 

Agait,  attention  pour  surprendre,  14,054, 14,874; 
mais  ailleurs  il  est  verbe,  et  veut  dire  examine 
avec  attention,  et  vient  iVagaiter^  d'où  nous  avons 
tiré  guetter ,  que  nous  employons  quelquefois  \ 
de  là  vient:  Agaitance,  au  mêmevsens  qa'agait 
attention  à  surprendre;  mais  22,293  et  22,348, 
s'écrit  aguets ,  et  signifie  surprise,  piège. 

Agenouillons,  prosternés  à  deux  genoux,  comme 
des  supplians ,  18,396,22,059. 

Aggréant,  consentant,  2048.  je  suis  aggréant ,  je 
suis  consentant,  je  consens  volontiers. 

Ahehdre  ,  s'attacher ,  858 2,  io,iÔ2;  mais  n,263 
et  20,474.  il  veut  dire  se  prendre  à  quelque 
chose,  et  14,100  il  signifie  attacher;  de  là  vien 
nent  s'aherdent  9  21,507.  pour  s'attachent  ,  et 
yous  haherdez ,  vous  attachez  r  vous  arrêtez. 
4.  R 


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G  L  O  S  S  A  I  R  E. 


Terme  encore  usité  en  Picardie  pour  prendre , 
empoigner;  si  je  t'ahersj  si  je  te  prens,  si  je  t'em- 
poigne. 

Ahontagiez,  mis  à  honte,  9444  par  qui  suis  si 

ahontagici  j  c'est  à  dire  qui  cherche  à  me  faire 

honte,  à  me  faire  tort. 
Awçois ,  mais ,  auparavant,  avant  que,  38 1 ,  1000 , 

3142  et  ailleurs. 
Ains  ,  mais,  11 93;  ailleurs  il  signifie  avant  ou  au* 

paravant. 

AisiER,  faire  ou  causer  du  plaisir;  c'est  le  sens  qull 

a,  2602,  4488.  d'où  vient  aisiez,  satisfait,  ou 

comblé  de  plaisir ,  41 15. 
Alangourée,  languissante,  210. 
Alenée,  alaine,  respiration  ,  22,455  pour  avoir 

s7 alenée  ,  pour  reprendre  haleine. 
Alegéance  ,  soulagement ,  1848. 
Alignée,  10 19.  droite ,  bien  prise  dans  sa  taille. 
Alis,  1018,  uni,  poli. 
Allégement,  soulagement,  i865. 
Alleure,  se  joint  toujours  avec  le  terme  de  grand 

ou  de  bonne;  grant  alleure,  à  grands  pas  ou  en 

diligence,  5a5,  3i65. 
Aloez,  ceux  qui  méritent  des  louanges,  ou  ceux 

qui  sont  estimés ,  1059. 
Aloser  ,  louer,  vanter,  faire  Péloge,  5487,  17,981, 
*  d'où  vient  a/osa ,  loua ,  en  parla  bien ,  1 9,907  plus 

le  prisa  ,  plus  Valosa  }  et  s9 alose  ,  1 9399.  pour  se 
:  vante  ;  qui  de  gentillesse  s9 alose,  qui  se  vante  de 

sa  noblesse. 


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GLOSSAIRE.  25£ 

Alluché  ,  allume ,  1724.  Cod.  vient  tialucher,  al* 
lumez  y  de  là  vient  aluchez  ,  allumez,  79  Test. 

Amande  ,  correction ,  repréhension ,  2625. 

Ambedeux,  tous  deux  t  l'un  et  l'autre,  6986, 17,669, 
22,167.  vient  du  latin  ambo  et  duo ,  qui  signifient 
tous  deux  la  même  chose. 

Ambezas  ,  10,862  deux  as,  ou  deux  unités;  mot  tiré 
du  jeu  de  trictrac. 

Amenceux,  720  Cod.  avare,  ménager, 

Amentevant,  instruisant,  enseignant ,  1 100.  Test. 

Amenuyser  ,  diminuer  la  grosseur  ou  épaisseur  de 
quelque  corps,  286,  10696.  Terme  encore  d'u- 
sage dans  le  bas  peuple  de  la  Picardie. 

Amerative,  amère,  pleine  d'amertume,  421.  Test. 

Amesurer,  3388.  rendre  plus  discret,  moins  rude. 

Amiabieté,  amitié,  étroite  liaison ,  5075. 

Amolier,  adoucir,  346,  3 193. d'où  vient  amolie , 
adoucit ,  3353  :  moult  a  dur  cueurqui  n'amolie; 
c'est-à-dire,  il  faudrait  avoir  le  cœur  bien  dur 
pour  n'être  pas  adouci ,  quand,  etc. 

Amolyer  ,  adoucir,  16,134. 

Amoncelé,  amassé,  mis  ensemble,  634.  Cod. 

Amort,  attache,  applique;  m'amort ,  43 10.  m'at- 
tache; s'amort,  4984, 81  \6.  s'attache ,  s'applique, 
vient  d'amordre  >  s'attacher,  s'appliquer. 

Amplus,  plus,  davantage,  10,282.  vient  du  latin 
ampli  us  j  amplus  que  s9  il  lenoil  en  seine ,  pas 
plus  que  s'il  tenait  en  seine. 
An  celle,  servante,  vient  du  latin  ancilla,  19,915. 
et  se  prend  ordinairement  pour  la  sainte  Vierge, 


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GLOSSAIRE. 


Ancisa  ,  coupa ,  1 7,833.  vient  d'anciser ,  tiré  du  la- 

.  tin  incidere. 
Annexe  ,  liée ,  4483. 

Aorer ,  adorer,  22,421.  d'où  vient  aorasses ,  pour 

„  adorasses  ,  22,o5ç.  se  dit  quelquefois  aourer , 
comme  aouré ,  adoré ,  2  Cod.  et  aourasseSj  pour 
adorasses,  7387. 

Aornée,  ornée,  149,583  et  ailleurs. 

Aornement  ,  ornement  588.  s'écrit  aussi  aourne- 
menSj  14,800. 

Aourne,  orne,  pare;  s'aourne j  s'orne  ,  se  pare, 
s'accommode,  12,674. 

Aoursé,  i6,o83.  méchant,  traître. 

Aoursée,  8644  avides,  avares. 

Apais,  733o.  adoucir,  vient  d'apaiser. 

Aparçoivement,  vue  clairvoyante ,  16,191. 

Apense,  dispose,  prépare;  s'apense,  se  dispose,  se 
prépare,  est  résolu ,  1 8,225. 

Apensement,  pensée,  réflexion,  5862,  1 8,566. 

Appensez,  réfléchissant,  ou  qui  réfléchit,  qui  pen- 
se, 2431. 

Apere,  apparaît,  6845. 

Aplané,  aplani ,  927.  d'où  on  a  retenuplané,  terme 

d'art,  pour  dire  poli. 
Apl anos  ,  sans  erreur ,  1 7,602.  Terme  tiré  du  grec; 

c'est  le  mot  de  la  maison  de  Montmorency. 
Aplany,  poli,  1104. 

Apostole,  le  Pape,  11,751.  souverain  Apostolt, 

souverain ,  Pontife  1481  Cod. 
Appareiller;  disposer  2534. ma*8  1 6*883  veut  dire 


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GLOSSAIRE.  tôt 

accomoder,  approprier;  il  a  encore  d'autres  si- 
gnifications ,  comme  s'appareille  ,  2461.  se  com- 
pare ;  a pparei*  le  veut  dire  aussi  fournît,  donne  ; 
et  9793  appareille  signifie  prépare;  de  là  vient 
aussi  appareillié  ,  accoutumée,  38oô.  et  appa* 
reillé ,  22,21 1.  pour  donné,  fait  présent. 

Apparissant,  2679.  de  ce  ne  sont  apparissantj  pour 
rien  dé  tel  ne  parait  sur  ceux. . 

Appayer, appâter,  1648  Test,  de  là  vient  appajé  , 
pour  appaisé,  19,988.  et  appaycz  j  pour  faites 
votre  paix,  i656  Test. 

Appensée,  4482  ;  se  bien  suis  appensée ,  pour  si  j'y 
fais  bien  réflexion. 

Apperra  .apparaîtra  ,  2067  ,  18,702.  et  apperront  y 
apparaîtront ,  8472.  se  prononce  encore  ainsi  en 
quelques  provinces;  de  là  vient  aussi  appert ,  pa- 
raît ,  1662.  qui  est  encore  quelquefois  d'usage  en 
j  urisprudence  ,  comme  il  appert }  comme  il  paraît. 

Appert,  découvert,  connu  3744.  et  au  féminin 
apperte ,  connue ,  découverte ,  2to3. 

Appertement,  à  découvert,  ou  clairement,  23. 

Appeticier,  diminuer,  accourcir,  2i,oo3.  se  dit  en- 
core quelquefois  par  le  peuple. 

ArpLANOYER,  applanir;  mais  7708  il  est  pis  au 
figuré,  et  signifie  adoucir;  de  là  vient  applanye 
qui  a  le  même  sens ,  17,1 72.  l'accolle ,  l'applanit  % 
l'adoucit ,  la  flatte. 

Appressa  ,  approcha,  1249  Test,  et  appresse >  pour 
approche,  19352. 

Aprime,  approche  ou  apprivoise,  17,369,  22,33i. 


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GLOSSAIRE. 


Afrivoy  »  i  2,606»  pour  apprivoise ,  te  rend  familier. 

Archée,  environ  une  centaine  de  pas,  ou  l'espace 
qu'un  Archer  peut  tirer  d'une  flèche»  comme 
nous  dirions  une  portée  de  fusil,  8188. 

Archieres,  tentes  ou  passages  étroits  qu'on  laissait 
aux  murailles  des  places  de  guerre f  par  où  l'on 
pouvait  tirer  de  Tare,  3949,  21,660  >  22,010* 
22,180. 

Mais  s'en  entrent  par  les  fendaces  f 
Par  archieres  et  par  crevace*. 

est-il  dit,  19,216  ;  mais  22,060  il  est  pris  an  figuré 
pour  le  sanctuaire  de  Vénus. 
Arder  ,  brûler,  3825.  vient  du  latin  arderej  deJà 
sont  formés  arde, brûle,  7779-  ardent,  brûlent, 
18,948  , 20,655.  ardissent,  brulasssnt ,  6712.  ar- 
dray,  brûleray,  21 ,540.  ardait ,  brûlait ,  s'enflam- 
mait, 297. 

Ardoir,  la  même  chose  qu 'arder,  brûler,  6718, 
13,908,  et  au  Test.  1701. 

Ardre  ,  675  2.  la  même  chose  qu'arder,  brûler. 

Ardure  ,  brûlure  ;  mais  se  prend  toujours  au  figuré 
dans  ce  Roman ,  189.  signifie  désir ,  cupidité,  et 
2445  est  pris  pour  chaleur;  mais  2618  et  53os. 
se  prend  pour  tourment. 

AreR»  labourer,  13,757,  2o,36o;  mais  20454t 
20,514.  il  se  prend  au  figuré  pour  un  labourage» 
qui  se  fait  en  terre  vivante  et  animée  ;  vient  du 
latin  arare  j  de  là  sont  formés  ara  ,  laboura. 


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GLOSSAIRE. 


ào953çi.~aPen£9 labourent,  20,487.  arcs  >  labourez, 
20,514. 

Arerez  ,  20,539.  labourerez  ;  aréj  labouré ,  20,53o, 
26,940.  Mais  tout  cela  presque  toujours  au  figuté 
pour  parler  du  labourage  qui  se  fait  en  terre  vi- 
vante. 

Arée,  labourée,  8674. 

Arrabler,  190.  assembler  ou  prendre,  selon  Tex- 

pli cation  de  Clément  Marot. 
Arraisonner,  parler,  entretenir,  2895,  2421  ;  d'où 

vient  arraisonne  ,  1 1,606,  pour  entretient. 
Arraser,  raser,  démolir,  21,549, 
Arrasé,  8708.  uni,  applani. 
Arroy  ,  ordre,  quelquefois  équipage,  1225. 
Arsure  ,  brûl ure ,  ardeur,  1 5 1 8.  Test,  mais  au  figuré 

comme  1 4,433  signifie  peine. 
Artilleux,  artificieux,  u56o. 
Ascendis,  montât,  pris  du  latin  asceniere>  65*, 

Test. 

Ascondre,  cacher,  3636, 9235.  vient  du  latin  abs- 
conse re. 

Aspectjon,  vue,  1178.  Test. 

Aspresse ,  âpreté ,  rigueur,  349.  Test. 

Assauldroit  ,  attaquerait,  7708.  vient  d'assaillir, 

d'où  se  fait  encore  assault ,  attaqua ,  assaillit , 

10,172. 

Assener  ,  1364',  8207,  arriver,  atteindre ,  et  au  Test. 
827. 

Assena,  introduisit,  2972 
Assenez,  favorisé, 21,713. 


GLOSSAIRE. 


Asseur,  certain,  assuré,  1092.  et  au  Test  i335. 
d  ou  vientau  féminin  asseure,  pour  assurée  ;  mais 
1519  asseur  est  adverbe,  et  veut  4ire  ea  sûreté. 

Asseukist,  assurât,  io53.  Test 

Assorbissent,  absorbent,  63o2. 

Assorte  ,  pour  assorti ,  1080. 

Assoté  ,  épris  d'amours ,  4244. 

Assou'agier  ,  Asssouager,  soulager,  2767;  d'où 
vient  assouage ,  soulage ,  2697  ;  assouagea  , 
soulagea,  1892;  assouage,  soulagé,  2o,865. 

Assouvi ,  1423.  plein  de  contentement  et  de  délices; 
vient  d'assouvir,  contenter. 

Ataine,  chagrin,  peine,  145,2760,  7828,  9936, 
19,187. 

Ataine,  chagrine,  7329,  9163.  vient  d'afainer; 
d'où  on  a  retenu  laitier  >  chagriner,  faire  de  la 
peine ,  qui  est  encore  d'usage  en  Picardie  et  dans 
la  Flandre  Walonne. 
Atalente  ,  fait  plaisir,  179S,  20S0  ;  riatalentc,  ne 

plaît  pas. 
Aticié,  attaqué,  assailli,  10,168. 
Atise,  excite,  anime,  i85,  984 ,  6654 ;  mais 3875. 
embrase,  et  14,946.  pour  attire,  vient  d*  Miser, 
exciter,  qui  est  encore  d'usage  en  quelques  pro- 
vinces, pour  dire  Miser  le  feu ,  le  faire  brûler. 
Atour  ,  parure,  ornement,  822;  mais  1 6,5 18.  veut 

dire  les  biens  et  les  facultés. 
Atour  ,  pour  atour  ne  ,  dispose ,  1 1,016  ,  13,746. 

qui  vient  iïatourner. 
Atourner,  disposer,  préparer,  588, 12,639,  ï^4» 


1 


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GLOSSAIRE. 


*65 


d'où  vient  atourne ,  qui  i3,2io  et  21,892  se 
dispose,  se  prépare;  mais  21,892  signifie  orne', 
décore;  de  là  se  fait  aussi  a  tournée ,  149,  8711 
pour  parée,  ornée,  ajustée  proprement. 
Àttaigne,  l'approche,  ou  lui  soit  proche  264. 
vient  à'attaindre ,  qui  se  dit  encore,  et  signifie 
courir  après  f  marcher  après  quelqu'un  et  le  join- 
dre. 

Attermoyeurs  ,  usuriers  qui  prêtent  à  tant  d'in- 
térêt par  terme,  12,161. 

Attisoit,  pour  atisait ,  animait ,  excitait,  15269. 
Voyez  alise  ci-dessus. 

Attraire,  attirer,  3297.  d'où  nous  avons  pris  les 
attraits,  comme  sont  ceux  d'une  belle  personne, 
ou  tout  ce  qui  peut  nous  séduire  agréablement; 
et  c'est  en  ce  sens  qu'est  mis  attrait ,  3592. 

Attrempance,  tempérance,  455 1  ;  mais  i6,833 
veut  dire  température ,  proportion  dans  la  nature 
des  choses ,  et  17,746  signifie  tempérament , 
voies  de  conciliation  ou  d'union. 

Attremper,  tempérer,  6333  ,  19,884;  de  là  vient 
attrempe ,  qui  signifie  ajuster,  accorder  %  3989. 
etattrempée,  qui  veut  dire  tempérée,  21,400. 

Aval,  en  bas,  en  descendant,  1391,  1547;  mais 
il  se  joint  ordinairement  avec  amont.  Voyez  ci- 
dessus  amont. 

Avale,  descend,  385.  vient  d'avaler,  descendre, 
ou  même  faire  descendre  :  on  s'en  sert  encore 
en  quelques  provinces  ;  mais  6427.  avale  signifie 
fibaissç.  Ç'ebt  delà  que  vient  £avalast%  13,171. 


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&66 


GLOSSAIRE. 


se  descendît,  se  laissa  glisser,  et  17,541 .  ava- 
lèrent, descendirent,  tombèrent. 
AvEAUX,divertissemens,  bombances,  bonne  chère, 

1 5,202;  mais  au  Cod.  770.  il  est,  écrit  aviaux, 

toujours  cependant  au  même  sens. 
Aver,  Avers,  pour  avares,  1161,2239,  6022; 

17,208  et  ailleurs. 
Avesprement,  soir,  le  temps  qui  approche  la  nuit; 

mais  20,81 3.  il  signifie  nuit  ou  obscurité. 
Aufferant,  6916.  oxxferant,  frappant,  deferirc, 

latin. 

Avila,  pour  avilit ,  méprisa ,  ou  même  renditmé- 
prisable , 3362.  et  s'avilast ,  2 1 ,685.  pour  s'avilit, 
s'abaissa ,  vient  dW//er,  qui  est  la  même  chose 
qu'avilir  ;  de  là  vient  avilie  ,  abaisse  ,  avilit, 
1 5,333. 

Avillement,  avilissement ,  2969. 

Avillenez,  méprisés,  traités  d'une  manière  in- 
digne ,  333o.  vient  ftavillener. 

Aumosniere ,  bourse  pendue  à  la  ceinture,  dans 
laquelle  on  mettait  de  l'argent  pour  faire  l'au- 
mône ,  14,236  ,  15,098,  21,818;  mais  20,476  il 
se  prend  au  figuré  pour  une  autre  sorte  de  bourses 
desquelles  on  tire  de  quoi  faire  les  aumônes  d'A- 
mours» 

Aumuce  ,  ornement  de  tête ,  qui  était  de  peliceoa 
pelleterie.  Cet  ornement  est  relégué  chez  les  cha- 
noines qui  le  portent  sur  le  bras  en  été ,  comme 

*  «'il  ne  faisait  pas  assez  chaud  ;  quelques-uns  dartre 


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GLOSSAIRE.  %&J 

-  -  le*  chanoines  réguliers  le  mettent  à  l'église  autour 
du  col. 

Avoir  ,  argent ,  biens»  richesses,  187, 1 1 66, 1664, 
493 1,  8769. 

-Autel  ,  pour  tel  ou  telle,  14,460 ,  ai ,633. 

Autentiques  ,  68.  c'est-à-dire  magnifiques ,  écla- 
tantes, brillantes. 

Autieulx  ,  autels,  536.  Cod. 

Auxentit,  379.  Test.  Je  crois  que  c'est,  qui  éteignît 
ou  qui  dissipa. 

Ayal,  ayeul,  12,612.  ayaulx,  ayeux,  11,390. 

Aye,  pour  aide ,  2891 ,  573o. 

Ayrer,  prendre  Pair,  14,597.  se  dit  encore  quel- 
quefois. 

B. 

Bachelïïr  ,  8835.  signifie  un  jeune  homme. 

Bachelette  ,  jeune  fille ,  jeune  demoiselle,  14,008. 

Bachelier  ,  jeune  gentilhomme  ,  923  ,  14,444, 
16,817.  Ce  mot  est  relégué  aux  écoles ,  où  il 
signifie  celui  qui  fait  ses  exercices  pour  arriver  au 
doctorat. 

Baillfe  ,  soin ,  396.  a  en  baillie ,  a  soin ,  est  char- 
gé, défense,  1 2,632  ;  mais  12,890  il  signifie  un 
poste  que  Ton  garde,  et  19,849  veut  dire  pou- 
voir, autorité;  mais  il  est  quelquefois  adjectif, 
mai  baillie ,  9837 ,  1 1 ,657  » 1  1 .  pour  mal  ac- 
compagnée ,  mal  protégée.  C'est  au  même  sens 

.  que  8525,  i5,2i8,  2i9666.  mal  bailli  est  mis 
pour  mal  accommodé ,  mal  partagé* 


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268 


GLOSSAIRE. 


Bailli  ,  est  le  chef  de  la  jurisdiction "d'un  bailliage  ; 

et  quelquefois  un  juge  de  police ,  8524. 
Balé  ,  galerie, 

Baler,  se  divertir  dans  les  bals,  les  danses,  les 
grandes  compagnies,  779  ;  mais  a3ao  signifie  re- 
muer. 

BaLEZ,  10,521. 

Balu ries,  divertissements ,  bals,  danser ,  19164. 
Baloy  ,  20,734.  C'est  ce  que  nous  appellerions  rubis 
balai. 

Ban  ,  annonce  publique,  cri  public,  20,902. 

Bandon  ,  à  son  bandon,  1  i5i.  à  sa  disposition,  à 
sa  suite;  à  bandon,  1827,  2254.  à  ma  discré- 
tion ,  à  ma  disposition  ;  à  leur  bandon ,  9604.  à 
leur  discrétion  ;  mais  6o58  bandon ,  pour  désir, 
en  vieet,  12,778  à  bandon  ,  pour  librement. 

Bannière  ,  bannale,  commune  ,  21.  Cod. 

Baptoyé  ,  baptisé,  287,  Test. 

Bar at,  tromperie,  fourberie ,  2273,  7655  ,  5372, 
1  i5o  \.  ailleurs  et  i5o5.  Test. 

Baraié,  baratées,  trompé,  trompées,  1989,22,282* 

Barater,  tromper,  191 ,7666^642  du  Test. 

Barateresse  s ,  trompeuses,  22,292. 

Bar  bac  anes,  21,554.  terme  de  fortification,  qui 
est  le  parapet  d'un  mur ,  ou  la  partie  la  plus 
élevée. 

Barbelée  ,  c'est  ce  qu'il  appelle  ailleurs  empen- 
née, pour  marquer  les  barbes  de  plumes  ou 
autres  matières  qui  sont  à  l'extrémité  des/flèches, 
pour  les  faire  aller  droit,  16,564. . 


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GLOSSAIRE» 


269 


Barbelottes,  espèce  d'insectes  qui  se  trouvent 
clans  les  eaux  dormantes,  i386. 

Baretiere  ,  trompeur,  20,951  et  929  du  Cod. 

Barons,  ancien  terme  d'honneur  qui  convenait 
même  à  toute  la  haute  noblesse  :  il  signifiait  les 
seigneurs;  et  quand  les  rois  leur  parlaient,  ils 
disaient  mes  barons ,  pour  dire  mes  compagnons , 
15,786, 15,790 f  15,908,  20,298. 

Baronnie,  compagnie,  assemblée  de  seigneurs, 
20,139. 

Barrés,  c'est  le  premier  nom  qu'eurent  les  Carmes 
à  Paris. 

Bastille,  137  ,  fortifié  à  la  manière  antique  avec 

tours  et  créneaux. 
Baulde,  joyeuse,  enjouée,  et  quelquefois  un  peu 

trop  hardie  en  paroles ,  6471  , 7201 , 7244,  8756, 
(  9640,  1 5,883. 

Bauldrier,  ornement  d'homme,  mais  qui  servait 

à  porter  l'épée ,  836. 
Baulievres,  les  lèvres,  io,553. 
Baulles  ,  3993.  Je  crois  que  ce  sont  des  bals,  ou 

des  assemblées  de  danse. 
Bault,  20,620,  fier,  hautain. 
Baulx  ,  joyeux ,  adonné  au  plaisir  et  quelquefois 

à  la  crapule,  5265,  55i7,  8863,  ii,45i. 
Bayez,  regardez,  songez,'  2498.  vient  de  bayer, 

regarder  ,  qui  est  encore  en  usageau  même  sens 

dans  le  peuple  de  Picardie. 
Beance,  occasion,  ou  envie  de  regarder,  ou  de 

penser,  12,959» 


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*7°  QLOSSAIRE. 

Béant,  regardant,  songeant,  1469.  vient  de  béer, 
regarder,  songer;  d'où  est  tiré  bée,  regarde, 
voit,  pense ,  5706.  et  au  Test.  1549.  béent,  re* 
gardent,  pensent,  12,266. 

Bée,  a  encore  un  autre  sens  dans  cette  phrase, 
gueule  bée,  i3,i2i.  bouche  ouverte,  comme 
ceux  qui  sont  dans  un  grand  étonnement  ou  une 
grande  admiration ,  se  dit  encore  quelquefois. 

Beguynes,  sortes  de  religieuses,  12,674. 

Bel  ,  pour  beau ,  679  et  ailleurs  ;  ainsi  le  disait- 
on  communément  alors  :  nous  ne  l'avons  plus 
retenu  que  quand  le  mot  qui  suit,  et  auquel  il  se 
rapporte,  commence  par  une  voyelle,  comme 
un  bel  arbre ,  un  bel  homme. 

Belin,  bélier  ou  mouton  franc,  12,645. 

Belloces  ,  sortes  de  prunes  nommées  encore  ainsi, 
8509. 

Bellongues  ,  longues  ou  berlongues  f  18,956. 

Benoistre  ,  bénir ,  1 13.  Cod. 

Beneuré,  bienheureux,  17,294.  et  beneurée, bien- 
heureuse ,  8290  ;  d'où  vient  beneureté ,  bonheur, 
béatitude,  5076. 

Beneyr,  7311.  bénir. 

Benivolence,  bienveillance,  4899. 

Benoist,  sot,  benêt,  15429. 

Bericle  ,  20,367.  Je  crois  que  c'est  un  diamant. 

Berh,  ,  c'est  la  même  chose  que  bericle ,  16,262. 

Bers,  berceau  d'enfant,  19477. 


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GLOSSAIRE. 


Bersault,  i837,une  bute,  qui  sert  d'objet  ou  de 
point  fixe  pour  tirer. 

Bersé  ,  amuse ,  17 13.  se  dit  encore  de  même  dans 
le  style  familier. 

Besans  ,  sorte  de  poids ,  1098  ;  mais  8641,8821.  c'est 
une  espèce  de  monnaie  forte.  Ce  terme  est  resté 
<Jans  le  blason  des  armoiries,  où  le  besant  doit 
toujours  être  de  métal. 

Bestourner,  renverser,  297.  Cod.  d'où  vient bes- 
.  tournant ,  29,467.  tournant  de  travers  ou  à  re- 
bours; bestourne ,  1 5,340.  nous  démonte  ,  nous 
renverse  ;  bestourneront ,  renverseront ,  6799, 
bes  tourné  9  io,656,  19,228,  1 9,255.  renversé; 
maïs  19,267.  insensé,  esprit  renversé,  ou  de  tra- 
vers. 

Bestourneys,  17,666.  mauvais  plis. 
Betez  ,  io,52o.  Je  crois  que  c'est  hébété. 
Betif,  io,52i.  de  même. 

Beue,  239.  Test,  boue,  se  dit  encore  bauë  par  le 
1  peuple  de  Picardie. 

Blandir  ,  flatter,  7677 ,  10,218.  d'où  vient  blan- 

dist ,  32o5.  fia  ta. 
Bobans,  divertissement,  6814.  bobant,  8804.  et 

boubans ,  19,606.  signifient  la  même  chose. 
Bobancier,  un  homme  de  joie,  7844.  et  boban- 

cière,  8893.  une  femme  qui  se  divertit. 
Boe,  boue,  4082.  se  prononce  encore  ainsi  par  le 

peuple  de  quelques  provinces. 
Boille  ,  i3,o45.  Je  Crois  que  c'est  une  cour  ou  ua 

jardin. 


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-  S.J1 


Û  L  Ô  S  S  A  I  R  e. 


Bonde,  ôôy.  Test,  pour  abonde,  et  vers  iify. 

pour  abondance. 
Bovelle,  1226.  Cod. 
Boujon  ,  espèce  de  flèche,  16,406. 
Bouhourder  ,  ancien  terme  de  la  vie  joyeuse, 

22,448. 

Bouller  ,  gronder,  tromper,  7632  et  2i,566 

veut  dire  chagriner,  d'où  vient  boulez,  8i56; 

mais  17,223.  boulez  signifie  grondez;  de  là  vient 

aussi  boulé ,  4781.  pour  trompé. 
Boulieres,  trompeur,  7634. 
Bouller,  attirer,  allécher,  faire  plaisir,  6*36; 

d'où  vient  boulle ,  6236.  l'attire,  lui  fait  plaisir. 
Bourdes  ,  4673.  railleries ,  sornettes. 
Bourras,  espèce  d'étoffe  grossière  ,  1201  ;  et  an 

Cod.  i25o* 

Bourreau lx  ,  13,968.  Je  crois  que  c'est  de  la 
bourre,  ou  filace  de  chanvre. 

Boursées,  bourses  pleines  d'argent ,  8645. 

Bouter^  mettre,  2093,  est  encore  d'usage  en 
quelques  provinces. 

Brandit,  remue,  branle,  16,218. 

Brandon,  flambeau,  35oo,  ,3549,  22,062,  etc. 
mais  13,417  et  16,521.  brandon  est  particulière- 
ment pris  au  figuré  pour  l'ardeur  de  l'amour. 

Brandye,  mue,  émue,  branlée,  16,221. 

Bray,  2o,3 i3.  appel  que  l'on  fait  pour  attrapper 
les  oiseaux. 

Brehains,  stérile,  6212.  etbrehaigne,  6x9a.  pour 
stérile,  qui  ne  porte  pas. 


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GLOSSAIRE* 


Breteschb,  a  1,479,  parapet  ou  créneaux,  ou  les 
lieux  les  plus  élevés  d'une  fortification. 

Bricons,  548%  coquins,  fripons ,  selon  Borel  en 
son  Trésor. 

Briser  ,  plier,  788. 

Broce,  10,5^9.  pour  broussailles. 

Broyne,33i.  Test. 

Brunette  ,  sorte  d'étoffe  fine  et  délicate  ,  222  , 
2  i  ,764  et  4489  :  elle  est  opposée  à  bureau  , 
étoffe  grossière  ;  mais  ,  9804.  elle  est  jointe  au 
camelot ,  qui  est  une  étoffe  assez  fine. 

Bruyant,  fanfaron ,  qui  fait  beaucoup  de 
bruit ,  3840. 

Bubette  ,  espèce  de  petite  cloche  ou  ciron  qui 

s'élève  sur  la  peau,  3997,  M»001- 
Bugle,  espèce  de  bœuf  sauvage,  10,074.  et 

au  70a  du  Cod. 
Buissi ne,  espèce  de  trompette  ou  de  flûte,  11, 3*7, 

11,345,  12,917. 
Buissiner  ,  sonner  de  la  trompette,  ou  jouer  de 

la  flûte,  11,329,11,332. 
Bure  aulx,  bure  ,  étoffe  grossière,  4487,  4489, 

9399- 

Businans  ,  sonnant  de  la  trompette  ,  i35.  Test. 
Busine,  pour  buisaine  j  sonne  de  la  trompette 
18,591. 

Busine,  trompette,  184  et  i38i.  Test. 
Buysart  ,  3789.  espèce  d'oiseaux. 


4.  S 


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*74 


ÇLOSSAIRE. 


C. 

Caillouel,  12,370.  espèce  de  poîrc. 

Calendres,  82 ,  667.  espèce  de  grosse  alouette. 

Calengier  ,  louer,  faire  honnêteté,  1048,  1908; 
d'où  vient  calengié ,  fait  honnêteté,  3421. 

Cameline,  12,673,  14,089.  Je  crois  que  c'est  la 
couleur  brune. 

Caritative  ,  420.  Test,  pleine  de  charité. 

Carolle,  divertissemens  accompagnés  de  danses 
et  de  bals,  748,  760,  767,  1002,  i23o,  1297, 
19,164,  21,094. 

Caroller  ,  jolier  ,  se  divertir  dans  les  danses, 
bals  et  festins,  345, 750,  792 ,  20,2 36  ;  d'où  vient 
carole ,  se  divertit,  danse,  mène  la  vie  joyeuse, 
2 1 ,094-95  ;  carollanl  et  carollans ,  se  divertissant, 
menant  la  vie  joyeuse,  2i,i52,  21,472.  caiol- 
loyent  j  se  divertissaient,  1279.  carollerojcnt, 
18,472.  se  divertiraient. 

Carolleurs  ,  gens  qui  se  divertissent,  qui  mènent 
la  vie  joyeuse,  21,194. 

Carrel  ,  42.  Test,  carreau ,  espèce  de  gros  trait 
d'arbalète  ;  mais  ici  c'est  le  carreau  du  tonnerre. 

Cas,  pour  chat,  11,589. 

Case,  maison,  i6,5i6. 

Cavillations  ,  mauvaise  dispute ,  tergiversations, 

tromperies  dans  le  discours ,  18,895. 
Caute,  93o.  Test,  prudente,  sage. 
Cauteleur,  rusé  ,  trompeur,  fin  et  avisé,  22,3*1. 
Celée,  cachette,  ou  même  déguisement,  11 ,534. 


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GLOSSAIRE, 

Celéement,  secrètement,  374,  i3,i3a. 
Cerant,  très-petite  monnoie,  15,214. 
Cerculier,  pour  circulaire,  19,929. 
Cerfouyr,  labourer  légèrement  la  terre  à  la  main, 

ao,36o;  d'où  vient  cerfouj ,  20,935.  labouré 

légèrement. 

Cernast,  regarda,  5357.  vient  de  cerner,  tiré  du 
latin  cernere ,  regarder  ;  de-là  vient  encore  cerne, 
1574.  Pour  regarde. 

Césariens,  pour  Césars,  les  premiers  empereurs 
de  Rome,  6715. 

Chaitiré,  empiré,  1404.  Cod. 

Chalemast  ,  cria  ,  publia  ,  7643.  pris  de  cha- 
lemer  ,  qui  peut  signifier  au  figuré  publier  :  de- 
là vient  chalemoit ,  publiait ,  1 5,258  :  de-là  vient 
aussi  chalemele ,  qui  est  pris  en  son  sens  propre 
pour  jouer  de  la  flûte,  21,867. 

Chalemeaulx  ,  flûtes ,  21,867.  vient  de  chalemele \ 
une  flûte. 

Chaloir  ,  mettre  en  peine  ,  i3,75i.  d'où  vient 
chaille  ,  ne  vous  chai  lie  i  7480,  8258.  ne  vous 
mettez  pas  en  peine;  ne  lui  chaille ,  14,290. 
qu'il  ne  se  mette  pas  en  peine:  on  s'en  sert  en- 
core dans  le  burlesque  en  ces  deux  manières  ; 
de-là  vient  chault  >  que  me  chault  9  3261.  que 
m'importe  ;  il  ne  lui  chault,  5234.  il  ne  lui  im- 
porte pas;  ne  m'en  chault ,  12,542.  je  ne  m'en 
embarrasse  pas  ;  de-là  vient  aussi  chalu ,  mis  en 
peine  ,  embarrassé,  56 1.  Test,  ne  lui  chalu , 
1 1,329,  il  ne  s'en  mit  pas  en  peine  ;  ne  lui  chaus- 


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GLOSSAIRE. 


sist  9  ne  lui  importa  point,  1 2,387  »  chauldroil , 

ne  lui  chauldroil ,  ne  lui  importerait  pas,  1 3,265; 
Chanes  ,  i5,23o.  c'est  ou  les  rides,  ou  les  cheveux 

bJancs.  1 
Chante-pleure,  i3So.  Test,  douleur,  affliction. 
Chapperons,  ornement  de  tête,  14,842. 
Chappleys,  i6,35o.  combat. 
Chapuys,  i6i5.  Test,  charpentier. 
Char,  chair,  14,078,  17,201.  se  prononce  encore 

ainsi  en  quelques  provinces. 
Charmoye,  charme,  enchantement,  i5,o83. 
Charpissant,  18,776.  écharpissant. 
Ch arrière,  chemin  de  charroy  ,  2î,o33. 
Charruyer  ,  chartier  ,  19,374. 
Chartre  ,  prison  ,  2643,  12,126.  et  au  Test.  557. 
Chartre,  lettre  faite  par  autorité  publique,  2o,3oo, 

21,491. 

Chastelain  ,  gouverneur  ou  seigneur  d'un  châ- 
teau ,  11,717;  d'où  vient  chaslelaine  ,  353 1. 
femme  d'un  gouverneur  ou  du  seigneur  d'un 
château  ;  mais  au  Test.  976.  veut  dire  dame  d'un 
château  ou  d'une  seigneurie. 

Ch astier  ,  remontrer ,  908 1 . 

Chastieux,  chasteaux,  534.  Cod. 

Chastoy,  châtiment ,  correction ,  16,472. 

Chastoyer  ,  châtier  ,  corriger ,  17,147.  d'où  vient 
chastoy e  9  10,354.  corrige,  châtie,  reprend; 
chastoy  ,  7264.  te  chastoy,  te  corrige ,  te  reprend. 

Çhasty',  pour  chastoy ,  châtiment ,  correction  , 
.  10,337,  12,323, 16,472. 


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GLOSSAIRE.  277 

Chasse  ,  cherche ,  4847. 

Chasse,  6759.  poursuite;  sans  chasse ,  sans  être 
poursuivi. 

Chaté,  11,272,  13,487.  prix  d'une  chose  achetée. 

Chaulsjst,  voyez  chaloir. 

Chaussemente  ,  21,820.  chaussure. 

Chayere,  chaire,  17,491. 

Çheance,  accident,  6832,  7235. 

Cheante,  tombante,  qui  tombe  ,  5169.  vient  de 
cheoir,  tomber;  de  là  est  tiré  chée,  tombe  , 
14,091  ,  16,159;  chéez  ,  tombez  ou  tombiez, 
8496;  chey ,  tomba  ,  6742,  16,099. 

Chenins,  17,779,  20,868.  satyriques. 

Chenus,  1480.  Test,  blancde  vieillesse;  de  là  vient 
chenue,  chauve  ,  abattue  ,  cassée,  356,  4742. 

Chevance, richesse, biens, facultés,  6823, 18,868. 

Chevauchent  ,  vont  à  cheval,  montent  sur  uu 
cheval  ;  mais  5439.  il  est  au  figuré  pour  courent 
après,  et  6184.  veut  dire  marchent. 

Chevecel,  3759.  oreiller  ou  chevet. 

Cheveischaille,  21,802.  couvrechef ,  coëffure. 

Chevir,  sortir  d'une  affaire  ,  5233,7704,  11,091  * 
11,802,  12,633;  d'où  sont  formés  cheviroient  9 
18,595.  se  soutiendraient,  subsisteraient  ;  chéri- 
ront ,  11,690.  sortiront  ;  chérisse  ,  sortisse  , 
.  i5,765  ,  20,1 16  :  mais  se  chérissent ,  6o63.  se  dé- 
barrassent ,  mettent  bas  ;  et  chéri ,  22,577.  sorti 
d'affaires;  chérit ,  vient  à  bout,  finit,  5 12.  du 
Testam.  chérirent,  i3,020.  sortir  d'avec. 

Chevissance,  expédient  pour  sortir,  1649,  3i53. 


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«tyfl  GLOSS  AIRE. 

issue  de  quelqu'affaire ,  6403,  7706,  14,440; 

mais  au  Cod.  253.  chevissance  >  pour  chevanee  , 

biens ,  richesses. 
Chevrie  ,21,958.  musette  ou  cornemuse. 
Chief  ,  tête  ;  mais  au  figuré  pour  fin  ,  issue  bonne 

ou  mauvaise,  à  chirf ,  à  la  fin  ,  2665,  4297, 

7005,  7Ô36,  9173,  22,o65.  mais  2681.  à  chief 

de  pièce  ,  fin  d'une  affaire  ;  à  chief  trairt , 

mettre  à  fin,  5909,  16,871. 
Chiere,  tête  ou  visage  ,  12,450. 
Chieke  ,  mine,  visage,  air,  8i3;  belle  chiere,  bon 

visage,  bonne  réception,  12,937. 
Chiere, 326.  précieuse. 

Chive  ,  208.  civot ,  cive  ou  civette,  espèce  de  petite 
ciboule. 

Chuer,  398.  Cod.  Je  crois  que  c'est  parler  mal. 
Cil  ,  celui ,  179 ,  882.  et  ailleurs;  cilz ,  ceux ,  izço. 
Cire,  faire  de  cire,  866.  faire  à  plaisir;  c'est  au 
figuré. 

Citolles,  instrument  de  musique,  19,165,  21,870, 

22,2o5. 

Cive,  5557.  civette  ou  petite  ciboule.  Voyez cA/W. 

Clamant,  nommant,  appelant,  5i35,  15,09s, 
viejit  de  clamer ,  appeler,  nommer;  d'où  sont 
formés  clame  ,  se  clame  ,  8558.  s'appelle  ;  se 
clamoit  >  16,909  ,  s'appelait  ;  clamoyent , 
1 3,5 18,  appelaient;  ne  m'en  clamerai ,  21,596. 
ne  m'en  aiderai;  clameroU,  17,955,  appelerait; 
clamez,  11,768.  déclarez;  clamé,  12,932.  et  ail- 
leurs ,  appelé,  nommé  ;  et  clamez ,  8482,  9800. 


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GLOSSAIRE. 


*79 


appelés,  nommés; clamée f  nommée,  appelée, 

49 ,  9815,  io,3a5. 
Clamouks  ,  plaintes,  doléances,  3i64  ,  5780, 

9893,  1 1,399  ,  20,1 65. 
Claré,  8672.  Je  crois  que  c'est  du  vin  clairet , 

comme  pigment  est  du  vin  rouge  ou  rosé. 
•Claver  ,  705 1.  Voyez  havre. 
Clerc  ,  homme  savant ,  homme  d'étude ,  38o. 
Clofichée,  63ç.  Test,  attachée  avec  des  clous. 
Closier,  portier  ou  gardien  d'une  enceinte,  2865. 
Coche,  entaillure  qui  est  au  bout  d'une  flèche 

pour  y  mettre  la  corde  de  l'arc,  942  ,  21,607. 
Coiche  ,  encochure  ou  entaillure  d'un  arc. 
Coint,  aimable,  joli,  agréable,  2169  et  ailleurs? 

cointe  y  propre ,  gentille  ,  bien  faite ,  66,  540  , 

567  ,  604  ,  614  ,  936  ,  io3i  ,  1216,  2179.  et 

ailleurs. 

Cointait,  s'ajuste;  se  pare,  s'accommode,  13,954. 

vient  de  cointoyer ,  parer,  ajuster. 
Cointance,  pour  acointance ,  compagnie,  6657. 
Cointement  ,  agréablement,  588  ,  781,2168; 

mais  35i4,  veut  dire  proprement. 
Cointerie,  vie  joyeuse  ,  divertissement,  8607, 

9160. 

Cointeuse  ,  belle  et  bien  faite ,  91 61. 
Cointins,  m'ycointins,  m'y  conduisis ,  22,5o2. 
Cointir,  se  divertir  ,  se  réjouir,  18,797. 
Cointoye,  te  cointoye  ,  te  pare  ,  t'ajuste  ,  2186 
►  et  9368,  affecte  de  se  faire  voir;  viept  de  coi n- 
loyer  ,  parer,  ajuster. 


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GLOSSAIRE. 


Cointise,  ajustement,  2261  ;  par  cointise  ,  841. 
d'une  façon  propre  et  ajustée. 

Colée,  13,739.  coup. 

Colire  ,  remède  pour  les  yeux,  8334. 

Collées,  flatteries  affectées,  ou  tromperies  affec- 
tées ,  1 1,428. 

Commande,  en  sa  commande,  2022.  en  sa  dispo- 
sition. 

Commans,  41.  pour  commence,  de  commencer. 

Gommant,  pour  commande  ,  ordonne ,  2111, 
10,776;  te  commant ,  81 5i.  je  te  recommande, 
je  t'ordonne. 

Commant  ,  ou  commans,  commandemens ,  loîx, 
7573,  io,3 12  ,  10,775. 

Compaings,  compagnon,  anxi»3i83,  j56z9  8102, 
8iÔ2,  8.58,  8168. 

Comparoir,  acheter,  acquérir,  payer,  i6,3m; 
que  le  comparoisse  ,  3176.  que  le  payerait; 
comparoir >  comparer ,  1 6,323. 

Compas,  mesure,  justesse,  proportion,  21,621. 

Compasser,  mesurer,  proportionner,  19,950.  d'où 
viennent  compassé ,  proportionné  avec  justesse, 
SxSyCompassa  j  9872.  fit  avec  justesse  et  pro- 
portion. 

Compasseur  ,  justesse,  proportion  ,  mesure,  1329. 

Comperre,  acquérir,  268  et  262*8.  compère  >  ac- 
quiert ;  mais  au  figuré  il  a  d'autres  significa- 
tions ;  ainsi ,  7395.  que  je  le  compère,  que  je  le 
déguise,  et  11, 235.  ne  le  compère,  ne  le  paye, 
ou  n'en  soit  puni;  lui  chier  compère  ,  14,959% 


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GLOSSAIRE. 


lui  coûte  cher;  d'où  \\ex\tcomperra y  lui  coûtera 
cher,  i36ç2  ;  comperray ,  4867.  que  j'acquerrai; 
comperassent ,  1 3,568.  me  payassent  ;  compère  , 
s'y  compère,  s'y  compare,  ou  b'égale ,  6o5a.  et 
au  Test.  i83,  684,  141 2. 
Compoing  ,  pour  compaing  ,  9043.  compagnon  , 
ami. 

Compost  ,  pour  composé ,  qui  est  opposé  à  simple, 
18,969. 

Compresse,  chagrin  ,  affliction,  10,567;  mais, 
20,079.  compresse  veut  dire  l'afflige,  et  vient  de 
compresser j  affliger, 

Conchier,  salir,  gâter,  couvrir  d'immondices  j 
mais  au  figuré  conchier,  276.  Cod.  mépriser;  et 
au  roman,  20,6i5.  signifie  mocquer,  tromper  ; 
d'où  vient conchie ^  1 1,600.  se  moque  ou  trompe; 
conciliez ,  7781,  11,841.  moquez,  trompez;  et 
conchia,  au  Test.  248.  souilla ,  remplit  d'ordures, 
c'est-à-dire  ,  de  péchés. 

Conchimens,  i4,o53.  moqueries,  tromperies. 

CoNcirER,  concevoir,  i6966ç.  vient  du  latin. 

Concluise,  pour  conclue,  4180. 

Concluse,  enfermée,  vient  du  latin. 

Confais  ou  confez,  faire  confais  ,  43 14.  faire  sa 
confession  ou  confesser  ;  faire  ou  être  confez  , 
pour  se  confesser,  7291, 10,795,  1 1  ,y53 ,  12,985, 

Confort,  soutien,  consolation,  i5io,  2647, 
2724. 

Congnoissieres  ,  connoisseur,  1 6,863. 
Connestable,  lieutenant,  17,559.  car  il  ne  signifie 


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GLOSSAIRE. 


pas  là  ce  que  nous  avons  connu  dans  ces  der- 
niers siècles,  sous  le  nom  de  connétable. 

Connestablie  ,  compagnie  de  gens  armés,  3971. 

Conque,  11,602.  pour  quelconque. 

Conquerre,  1161.  acquérir  ,  amasser. 

Consaulx,  conseils,  i33i.  Cod.  se  dit  encore  ainsi 
dans  la  Flandre  Walonne. 

Consuyvra  ,  16,761.  pour  dire  poursuivra,  ou  ne 
l'attrapera. 

Contemps  ,  contention  ,  dispute  ,  2446  ,  8878 , 
9934,  1 3,453,  13,459. 

Contendra  ,  se  contendra  ,  se  conduira ,  10,206, 
vient  de  contendre,  conduire  ;  d'où  sont  formés,  te 
contendras  >  262g.  te  conduiras  ;  et  me  conttn- 
dray,  ou  me  maintiendray,  me  conduirai  f  3a39. 

Contendy  ,  680.  Test,  disputa  ,  s'y  opiniâtra. 

Contenement  ,  le  contenu  ,  733;  mais  33o6.  veut 
dire  contenance,  et  10,772.  conduite. 

Contenir  ,  contenance  ou  conduite ,  729. 

Contraire  ,  partie  adverse ,  1748  ;  mais  ailleurs  il 
veut  dire  ennui,  chagrin  ,  peine  ,  2401 ,  3298, 
3373,  4192,  1 5,i  83, 15,807,  20,008.  et  au  Test. 
857.  il  veut  dire  maux ,  adversités  ;  mais  17,267. 
il  signifie  mauvaise  action. 

Contremont,  en  haut,  13,874. 

Contrester,  résister,  ou  tenir  contre  quelqu'un  , 
93 13.  et  au  Test.  640;  mais  17,626.  il  veut  dire 
réfléchir  ,  renvoyer  la  lumière;  de -là  vient 
contres  las  sent  y  18,619.  pour  résistassent. 

Cqntretaille,  ton  de  musique,  3391. 


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GLOSSAIRE.  283 

Contreval,  en  descendant  ou  allant  en  bas,  i33, 
10,395. 

Contkeuve  ,  inventé  à  plaisir,  con  trouve',  1 2,858. 

Convant  ou  con vent  ,  convention  ,  promesse  , 
3aoi  ,  7488 ,  2o,o5i ,  22,53o. 

Convenance,  promesse,  124,609,  14,719 ,  16,546. 

Conven ancer ,  promettre  ,  1  i,ô85;  delà  vient  con- 
venance y  12,609.  je  promets. 

Convenant,  promesse,  convention,  1997:  si 
m'appelle-l-  il  deconvenant ,  pour  me  rappel  le- 
t-il  ma  promesse. 

Converse,  contraire,  opposé,  1025.  Cod. 

Convîne  ,  pratique,  intrigue  ,  971 1  ,  i5,o55  ;  et  au 
Cod.  778.  il  veut  dire  conduite. 

Convoyer  ,  convier  ,  2333;  d'où  vient  convoya  , 
2857.  pour  convia. 

Cop  ,  pour  coup ,  3490. 

Corn ar die,  folie,  5028. 

Cor  rom  table  ,  corruptible,  sujet  à  corruption  , 
4617. 

Cosme,  chevelure,  21,978.  vient  du  latin. 
Cotei.les,  jupes  ou  jupons ,  9250,  10,154. 
Cotissent,  Penvelopent ,  l'environnent,  6170. 
Cotres  ,  8699.  Villon  met  coiires ,  c'est-à-dire  , 

matelas,  en  latin  culcitra. 
Cottes  ,  cottes  d'armes ,  arme  défensive  qui  cou- 

vroit  le  corps  ,  18,6 1 1 . 
Couarder  ,  craindre  ,  avoir  peur ,  comme  une 

personne  lâche,  1527. 
Couardie,  lâcheté,  16,29*. 


284  GLOSSAIRE. 

Couart,  lâche,  poltron,  16,29t.  de  là  vient 
couarde  ,  femme  lâche  et  poltronne,  16,344, 
16,291. 

Coulans  ,  3921.  ce  sont  de  doubles  portes  des  villes 
ou  châteaux ,  qui  coulaient  le  long  d'une  cou- 
lisse ,  que  Ton  descendait  quand  la  première 
porte  étoit  forcée. 

Coulons,  pigeons,  1198,  8818.  et  ailleurs. 

Collpe,  faute,  2i582. 

Coulpe  ,  accuse  de  quelque  faute  ,  21, 583.  vient  de 
coulper ,  accuser  ou  reprendre  d'une  faute. 

Coupe,  ce  que  nous  dirions  cocue,  en  parlant  des 
femmes,  si  cela  se  disait,  14,904. 

Colraille  ,  52o5.  les  entrailles. 

Courcier  ,  pour  courroucer,  mettre  en  colère, 
884.  Test. 

Course,  courrouce,  met  en  colère,  3274. 

Coutepoint  ,  8723.  contrariétés,  obstacles.  . 

Cou  vin  e,  3589.  sentiment,  pensée. 

Coux ,  cocu,  9453. 

Coyement,  tranquillement,  doucement ,  738. 

Coytive,  423.  Test,  tranquillise. 

Craintise,  crainte,  2816. 

Creancent  ,  promettent ,  856.  Cod. 

Créant,  pour  créante,  j'assure  ou  assure ,  cer- 
tifie, 3964.  vient  de  creanier,  assurer,  certifier; 
créante  >  3238.  assure ,  certifie, 

Ckemut,  craignit ,  7iÔ2,  12,746. 

Crenu  ,  qui  a  un  beau  crin,  i8,583. 

CrespinEi  bord,  bordure,  21,790. 


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GLOSSAIRE. 


285 


Crétines,  18,71s,  18,738. 

Crevée,  fatiguée,  6355. 

Croison  ,  créature  ,  445  ;  Test. 

Crosler,  remuer,  a3i8,  8 191 ,  32,545;  d'où  vient 
crosle ,  branle ,  remue  ,  23 18 ,  2990 ,21,671. 

Croulle,  remue,  branle,  16,112  et  6392.  croul- 
lantj  pour  tremblante. 

Crueulx,  1384.  Test,  cruel,  d'où  vient  crueuse , 
cruelle,  17,096. 

Cude,  pour  cuyde,  croit ,  pense,  277,5488. 

Cui,  8o5.  Test,  à  qui  ;  il  cui  Dieu  donna  son  pou- 
voir j  celui  à  qui  Dieu  donna  son  pouvoir. 

Cura  ,  eut  soin ,  465.  du  Test,  vient  de  curer,  avoir 
soin. 

Curatour,  464  et  io5i.  du  Test,  curateur ,  qui 
a  soin. 

Cure,  soin,  souci,  attention,  1Ô62. 

Curées,  10,984. 

Curez,  nettoyez,  purs,  8741. 

Cuyder,  penser,  croire;  d'où  vient  cuyde,  croit, 
pense ,  i3  ,  2652  ;  cuydoit ,  3 16.  croyait  ;  cuyda  , 
1 497.  il  crut  ;  cuyderas,  2425.  croiras  ;  cuydasse  , 
1639.  crusse;  cuydoye  >  croyais,  649,  4046, 
cuydé ,  171 9.  ay  cuydé ,  ai  cru;  eusù  cuydé, 
1 126.  eut  crû  ;  cnider  ,  pensée  ,  croyance,  398 , 
etc.  et  au  Cod.  88. 

Cuydance,  soupçon  ou  présomption,  1 2,858. 

Cymbales,  espèces  de  tambour,  2i,865. 

Cuyries,  1 6,633.  cuirasses. 

Cyroyne,  333.  Test,  cérat,  onguent. 


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286 


GLOSSAIRE. 


Cyve,  17,641.  ciboule,  sorte  de  légume. 

D. 

Damoiseaulx,  jeune  galant,  ou  jouvenceau ,  835, 
1448  ,  i9,65i ,  20,968  ;  mais  1602.  signifie  sim- 
plement un  jeune  homme. 

Dangereux,  fâcheux ,  mauvais,  2702,  9421  ; dan- 
gereuse, fâcheuse., rebutante,  dédaigneuse,  096. 

Dangier,  1047.  protection;  mais  1904  est  rais 
pour  crainte ,  et  1908.  pour  chagrin,  traverses; 
c'est  même  ce  qu'il  signifie  le  plus  communé- 
ment ,  et  quelquefois  il  signifie  résistance,  dif- 
ficulté ;  mais  assez  souvent  dans  ce  poète  et  le$ 
autres,  Dangier  >  3287.  est  pris  pour  une  per- 
sonne fâcheuse  qui  trouble  et  traverse  les  amans 
dans  leurs  amours. 

Débonnaire,  affable,  4166,  4803  ;  mais  2564, 
i4,55o.  signifie  une  dame  qui  aime  la  vie  joyeuse. 

Débriser  ,  pour  plier  le  corps  en  dansant,  l'avoir 
souple  et  agile ,  759. 

Decevable  ,  facile  à  être  trompé,  4601. 

Déclarences,  explications ,  7458. 

Decoste  ,  de  côté,  2 1,61 3. 

Decrevée  ,  fatiguée  ,  6392. 

Déduyre,  faire  plaisir  ou  prendre  son  plaisir,  se 
divertir,  se  réjouir,  11 1,  3540;  d'où  vient  dé- 
duysent ,  prennent  leur  plaisir,  21,198;  dé- 
duysant ,  2764.  faisant  plaisir. 

Déduyt,  plaisir,  sur-tout  ceux  de  la  vie  joyeuse, 


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GLOSSAIRE*  287 

487,  70S  ,  778  ;  2217  etc.  ;  mais  787,  748.  etc. 
il  est  regardé  comme  personne  qui  contribue  à 
la  vie  agréable. 
Deffassa,  abolit,  6724. 

Deffauldroit,  manquerait ,  5^23.  vient  de  def- 

faillir  y  manquer. 
Deffermée  ,  ouvert,  707.  vient  de  deffermer  y 

ouvrir. 

Deffinée,  pour  manquée,  finie, 6722.  deffinera, 

5238.  pour  finira ,  mourra. 
Deffinement,  fin  d'une  chose  ou  d'une  affaire  , 

10,680. 

Deffinir  ,  définir,  expliquer,  4478* 
Deffinissement ,  définition,  explication,  6006. 
Deffruytte,  quitte  son  fruit,  1229.  Test. 
Defores,  dehors,  19,042. 
Défoulé,  pour  idiot,  simple ,  4780. 
Degoise,  6246.  déclare  par  paroles. 
Delaté,  85 1.  Cod. 

Delectableté,  plaisir,  joie,  701 ,  1418. 

Delez,  à  côté,  921 ,  33o3. 

Délicable  ,  agréable,  ou  délicieux,  i35a. 

Délictable,  la  même  chose  que  délicable  ,  i35i. 

Délicter  ,  281 .  Test,  se  réjouir ,  se  divertir , 
prendre  plaisir  ;  de-là  vient  délicle,  prend  plaisir, 
4491,  13,598;  délie  loi  t  ,  11 23,  21 32.  prenait 
plaisir;  délie  loy  en  t ,  914.  se  divertissaient;  dé- 
licté ,  6.  Cod*  ont  pris  plaisir. 

Déliter  ,  la  même  chose  que  délicter ,  7440;  d'où 
vient  déliteras  ,  prendras  plaisir ,  7443  délitant  j 


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GLOSSAIRE. 


7540.  prenant  plaisir  ;  délit ,  4625.  prenne  plaisir; 

se  délitent ,  6y5.  se  divertissent  ;  déliter j  plaisir, 

joie,  4491  ,  4760. 
Délicteux,  agréables,  délicieux,  21,733. 
Délictz,  32.6.  Test,  plaisirs;  et  délit ,  plaisir, 

i83o ,  4602 ,  4624 ,  4679 ,  etc. 
Délivre,  libre,  délivré, 5o2  ,  2648,4833,  13,829, 

22,122.  et  au  Test.  i32  ;  mais  i325  veut  dire  en 

liberté ,  et  10*127  est  111,8  Pour  volontiers  ;  à  dé- 

livre  ,  3584.  Pour  librement  ;  et  délivres,  22,220. 

pour  délivres  ,  privé. 
Demaiene  ,  Cod.  65i.  pour  domaine. 
Demaine,  ioi.  Test,  domaine. 
Demainement,  état,  condition,  situation,  1991. 

Cod. 

Demant,  5698,  pour  demande. 

Démenez,  pour  conduisez,  15,227. 

Demenras  ,  2367.  démèneras ,  auras,  fera  paraître 
ou  ressentiras. 

Dementans,  plaignans,  lamentans  ,  9154.  vient 
de  dementer,  plaindre ,  lamenter  ;  d'où  sort  dé- 
mente y  lamente,  ou  plains,  2i9ço^.dementoje, 
3042,  4320.  lamentais,  plaignais j  mais,  255c. 
veut  dire  prépare  ,  dispose. 

Demeure  ,  retardement  ou  légère  résistance , 
14,333. 

Demonstrance,  1579.  représentation. 
Demonstresse ,  qui  montre,  qui  enseigne,  842. 
Test. 

Défaut,  distribue,  882,  5046.  vient  de  départir. 


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GLOSSAIRE» 


Déport, plaisir,  joie,  15,989. 

Députaire  ,  méchant ,  adonné  au  vice,  1427.  Test. 

Derrién  ,  243.  Cod.  les  dernières  années  ,  la 
vieillesse. 

Dësaloez,  blâmez,  to6o. 

Desassoter,  ôter  de  folie,  10,675. 

Des  a  tour  né,  défiguré,  ou  qui  est  privé  d'orne- 
ment, 19,254. 

Desattrlmpée ,  excessive ,  qui  n'est  pas  tempérée , 
63 19. 

De->avancer,  empêcher  ou  retarder  l'avancement, 

Desaxenant,  inconvénient,  mauvaise  aventure, 
22,571. 

Desclot,  ouvert;  mais  13,229.  veut  dire  ôté,  et 
13,296.  desclot  ,  pour  découvre  ,  vient  de 
desclore. 

Desclose  ,  découverte,  connue ,  7435. 
Descombrer,  débarrasser,  5o85. 
Desconfiture,  déroute,  malheur,  accident,  248. 
Desconfort,  désespoir ,  désolation ,  affliction,  41 33. 
desconforte ,  se  désole  ,  s'afflige  ,  6i5i.  vient  de 
desconforter ,  désoler,  affliger. 
Desdouloir  ,  réjouir ,  rendre  la  joie ,  ôter  de  peine, 

4188.  et  au  Test.  388. 
Désespérance,  désespoir,  985. 
Desglavier  ,  12,475.  faire  mourir  par  le  glaive, 
Dlsgouroelis,  actif ,  agile,  266.  Cod. 
Desguysée,  bien  faite,  bien  ajustée ,  567,  839. 
Descutseure,  ornements,  habillements,  11,728, 
4.  T 


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fiÇO  GLOSSAIRE. 

Desloent,  blâment ,  io5$;  mais ,  6419.  desloent, 
pour  font  mépriser. 

Desordonnance  ,  désordre,  mauvaise  action ,  6547. 

Desfendre,  dépenser,  1189,  i5,2o8;d'où  viennent 
despendy  ,  dépensai  ,  consumai  ;  despendus  , 
dépensés  ,  consumés,  5391 ,  21, 455. 

Despens  ,  dépenses,  11 32. 

Despire  ,  à  despire ,  6600.  d'une  façon  mauvaise 
et  méprisable;  mais  8874,  12,578,  13,482, 
18,117.  veut  dire  mépriser. 

Despit aire, 3385.  colère,  ou  de  mauvaise  humeur. 

Despite  ,  mauvaise ,  7650.  et  au  Cod.  1590. 

Despiteux,  méchant,  mauvais,  6731,  11,649. 

Desriver,  déborder,  sortir  hors  des  rives  ou  bords, 
18,712^*011  vient  desrivent,  18,720.  débordent, 
sortent  des  bords. 

Desrobb,  se  déshabille,  ôte  sa  robe,  6398. 

Desroux  ,  rompus ,  brisez ,  33i ,  i3,963. 

Desroy  ,  désastre,  infortune,  6777,  8965. 

Desservance  ,  mérité  ,  19,671. 

Dessertes  ,  récompenses,  25o3  ,  22,35 1  f  et  au 
Test.  290;  mais  4801  ,  8412,  17,971.  signifie 
mérites,  soit  en  bien ,  soit  en  mal. 

Desservir,  mériter,  4286,  8861  ,  13,948;  d'où 
viennent  desservirent,  méritèrent ,  20,677;  Res- 
sert, 19,602.  mérite;  desservy ,  mérité ,  688a , 
8332, 12,3 16, 1 5,788  \  desservie,  méritée,  12,973, 
17,249;  et  desservis  ,481.  du  Test,  méritas. 

Desseure  ,  dessus,  pour  dire  supérieur,  3352. 

Desseurées  ,  21,206.  pour  sevrées. 


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GLOSSAIRE» 


Destourber  ,  empêcher ,  détourner ,  3247  ;  d'où 
vient  de  s  tourbe  y  18,488.  empêche,  détourne; 
destourbè  >  empêché  ,  22,074. 
Destourbier,  empêchement,  13,628. 
Pestourra  ,  20,43 1.  pour  détournera. 
Destraindre,  resserrer;  mais  au  figuré,  144.5. 

affliger  ;  d'où  vient  destraint,  afflige,  blesse, 
t   1793,  16,921. 
Destre  ,  droite ,  1080.  Test. 
Destremtance,  température ,  ordre,  18,487. 
Destriers  ,  cheval  de  monture  ou  de  belle ,  1 4,744 , 

16,690,  1 8,583. 
Destrois,  19,562.  qui  est  en  détresse,  dans  la  peine. 
Destruysement  ,  destruction,  7719. 
Desver,  8049.  se  chagriner,  et  18,786.  desvant , 

se  chagrinant. 
Desvée  ,  démontée  d'esprit,  ou  de  chagrin  ,  36io. 
Desverie  ,  chagrin ,  ou  peut-être  jalousie  exces- 
sive ,  8980* 
Desvoyant,  détournant,  6309. 
Detortant,  9177.  vous  démenant  du  corps. 
Detortez,  9429.  vous  démenez,  vous  marchez 

d'une  manière  affectée. 
Detrenche,  fend  en  deux,  273. 
Dévaler  ,  descendre  ;  2044.  de  là  vient  dévalée  , 
descendue,  3o22.  terme  encore  d'usage  en  quel- 
ques provinces. 
Devée  ,  5984.  la  même  chose  que  desvée  ci-dessus. 
Dévier  ,  égarer  du  chemin  ;  mais  12,4.76.  il  est  au 
figuré  pour  périr. 


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GLOSSAIRE. 


Deulle  ,  afflige  ,  vient  de  douloir  ,  18,498. 

Devis  ,  plaisir ,  669  ,  3867. 

DEVise ,  parle,  677.  vipnt  de  deviser  ,  parler. 

Devise,  1941.  plaisir,  ou  volontiers. 

Deulent  ,  affligent ,  vient  de  douloir  j  mais  2$6. 

ne  se  deulent  >  ne  se  mettent  pas  en  peine. 
Devlt  ,  afflige,  2779.  vient  de  douloir. 
Dextre  ,  droite,  c'est-à-dire,  la  main  droite, 

170,  734. 

Dieu  ,  4899.  pour  divine ,  ou  de  Dieu. 

Discorde,  colère,  2.62.  Cod. 

Dispire,  n3i.Test.  mépriser. 

Pistincter, distinguer,  donner  explication,  n,585, 

terme  de  logique. 
Dit  ,  traité ,  5.  Cod. 
Ditié  ,  traité  sur  quelque  science,  4966. 
Ditté,  traité  de  morale ,  8.  Test. 
Divers,  fâcheux,  contraire,  456;  mais 3848.  pour 
9     rude  ,  fâcheux  dans  la  société ,  et  9846,  11,744. 

contraire. 
Divinité,  théologie,  70.  Cod. 
Doint  ,  donne ,  7.  Cod. 

Doler,  polir,  19,31 5.  d'où  vient  dolé  ,$33.  poli; 

mais  2  2,2 12.  doler,  pour  perfection  d'un  ouvrage. 
Dolons  ,  pleurons  ,  93.  Cod.  et  doly  ,  m'affligeai, 

2812.  vient  de  douloir. 
Domesches,  domestiques,  16,810. 
Dont  ,  pour  d'où,  4291. 
.Dormant,  sommeil,  29  et  92. 
Dortoyer  ,  dortoire,  267.  Cod. 


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GLOSSAIRE. 


298 


Doubtables  ,  redoutables  ,  qui  sont  à  craindre  , 
5568,  7876. 

Doubtance,  crainte,  986,  2788,  11,466. 

Doubter, craindre, redouter,  180*,  55oo,  22,127 
et  6i3.  du  Test,  delà  viennent  double  >  craint, 
redoute,  1 2,534  et  1578.  du  Test,  doublent  > 
5337.  craignent  ;  doubloit  ,  66yy.  craignait  ; 
double  raient  y  55 10.  craindraient;  doublez  j 
craignez,  appréhendez,  7951. 

Doubteur  ,  redoutable,  à  craindrë  ,  760.  Cod.  * 
doubteuse j  craintive,  timide,  636. 

Douloir ,  attrister,  affliger,  plaindre,  1944 ,  2936, 
4242  ,  12,243,  17,066,  17,789;  de  là  vient  dou- 
loit ,  9041.  s'affligeait,  s'attristait  ;  doulans ,  3922. 
s'affligeant,  tristes; doutent  ^  ou  doutant,  triste 9 
s'affligeant  ;  doulut ,  affligeât ,  6093. 

Doulousbr,  2553.  plaindre,  lamenter. 

Drapeaulx,  habits,  hardes,  i3,35o;  ainsi,  11,616. 
draps ,  pour  habits. 

Droicture*,  équité  ,  justice  ;  mais  3544.  il  veut 
dire  avec  justice ,  avec  équité  ;  et  546  ;  à  droic- 
ture ,  pour  bien  proportionné  ;  à  sa  droicture  > 
très- justement ,  164. 

Droicturiere,  juste,  équitable,  21,427. 

Droit,  juste,  équitable,  3889,  7177;  mais  1992^ # 
à  mon  droit ,  pour  à  ma  bienséance. 

Drue,  10,097.  m*>tresse  ou  concubine. 

Drurie,9279.  la  vie  joyeuse. 

Druge,  i3,8i8.  c'est  ou  maîtresse ,  ou  une  souris. 

Dryades,  18,744.  nymphes  ou  déesses  des  forêts. 


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,294 


GLOSSAIRE. 


Dubitation,  1029.  Test,  doute. 

Duys,  propre  à  faire  une  chose  ,  2764.  Huit , 
propre  à  une  chose;  1248.  duyle,  11 38.  propre 
à  quelque  chose  vient  de  duire  ,  convenir. 

Dyafrez,  21,772.  étoffe  ouvragée ,  comme  seroit 
le  damas, 

E. 

E  ff  a  s  s  A  ,  abolit ,  6726. 

Egaument,  également,  1292,  i665.  Test. 

Embarbelées  ,  qui  ont  des  barbes  ou  plumes  i 
leurs  extrémités ,  960. 

Embatre  ,  se  divertir  ;  mais  le  plus  souvent  dans 
la  vie  joyeuse ,  et  quelquefois  d'une  manière  très- 
vive  ,  7920 ,  12,192  ,  i5,i8i  ,  2o,38o ,  21,288; 
mais  10,110.  se  réjouir ,  se  délecter,  et  12  5j5. 
pour  s'attacher  ;  mais  au  Test.  769.  signifie  s'ar- 
rêter avec  plaisir ,  avec  satisfaction  ;  de  là  vient 
em bâtant j  8894.  se  divertissant  ;  embatu  ,  22499* 
diverti  ,  réjoui  ;  mais  8046.  embatus  ,  pour  sur- 
venus ,  à  ce  que  je  crois  ;  et  11,517.  embatus, 
pour  venus ,  ou  rendus. 

Embelly  ,  1 5,200.  m*embelly,  me  parut  beau. 

Embesongne  ,  travaille  ;  mais  4933.  £  embesongne  , 
se  met  en  peine,  vient  d'embesongnerj  travailler, 
embesongnée ,  occupée,  58 1. 

Embler  ,  prendre  ,  ôter  ,  enlever,  2818,  5277, 
1 1 ,009 ,  de  là  vient  emble,  prend  ,  enlève ,  2726; 
2893  ,  4523;  mais  373.  emble  ,  pour  se  retire  j 


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GLOSSAIRE. 


emblent ,  prennent ,  enlèvent ,  4o36,  7648;  emr 
blant  y  prenant ,  volant ,  10,616. 

Embordée,  bordée  ,  environnée  ,  22,442* 

Embousé  ,  342. Test,  gâté,  sali ,  souillé. 

Embouffissément,  16,249.  orgueil. 

Emmy  ,  au  milieu,  parmi  ,  626,  21,804.  vient  da 
latin  in  medio. 

Emparlé  ,  qui  sait  parler  ;  le  bien  emparlés ,  le 
beaq  parleur,  bon  orateur ,  2o,i3o;  bien  empar- 
lée  ,  3397.  qui  parle  bien. 

Empennez,  qui  a  des  plumes,  745,  11,087:  em- 
penné se  dit  aussi  des  flèches,  à  l'extrémité  des- 
quelles il  y  a  des  plumes,  ou  autre  chose  d équi- 
valent pour  les  faire  aller  droit,  9Ô8,  1728,  i6565. 

Emperent,  14,104.  pour  en  paraissent. 

Emperere  ,  empereur  ,  6668.  19,868;  emperiere  > 
impératrice,  9140,  i2,52i. 

Emple  ,  pour  empli  ,  rempli  ,  4854 ,  9602 ,  9785; 
m'emple  ,  m'empli,  me  comble,  21,911. 

Emport  ,  pour  m'emporte  f  2905. 

Empraintures  ,  peintures  ,  tableaux ,  représenta- 
tions ,  139. 

Emprendre,  entreprendre,  4238,  4372  ;  de  là  vient 
emprent ,  pour  entreprent ,  3oi6 ,  4Ô3o.  empris, 
46  ,  1 1,344.  l'entrepris  ;  mais  2397.  empris  ,  tout 
étourdi  ,  tout  entrepris  ;  emprise  j  entreprise , 
3i  1 1  ,  3343. 

Enamouré  ,  pris  d'amour,  3454. 

Enchambader  ,819.  Cod.  Je  crois  que  c'est  se  dé- 
mener, se  rerouer.  - 


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*ç6  GLOSSAIRE. 

Enchappes  ,  fourre  ,  précipite  ,  4887. 
Encharné  ,  pour  incarné ,  pris  chair,  19,950. 
Enchée  t  10,1 83.  tombe  ,  en,  vient  d'encheoir. 
Enciser  ,  couper ,  ç5y%. 

Encline,  salue  respectueusement,  ia,  166 , 17,061; 
Encoche  t  met  la  corde  dans  la  fente  de  la  flèche, 

a  1,606  ;  encoche z  ,  au  figuré  arrêtés  ,  pris  , 

i7,3B5. 

Encombre,  malheur,  accident,  i366.  etc. 
Encombre,  embarrasse,  1600,  13,689,  ,4»*3o« 

m'encombre  j  4194.  m'accable  ,  vient  A' encore 

brer,  embarrasser;  de  là  se  fait  encombré,  893, 

14,582 ,  embarrassé. 
Encombrement,  malheur,  accident ,  6759 , 

1 1,100. 

Encombkeuse  ,  malheureuse  ,  fatale  ,  6171, 
Encontre  ,  rencontre  ,  aventuie,  ^55. 
Encoulpfes  ,  coupables,  18,920. 
Encra  vante,  enfonce  ,  654.  Test. 
Encurent  ,  324.  Cod.  Je  crois  que  c'est  prennent 

soin ,  s'inquiètent. 
Endables,  5366,  11,660. 
Endementieks  ,  à  présent ,  à  ce  moment  ,  à  ce 

même  temps ,  5753  ,  i5,33i  ,  16,370 ,  £0,127 % 

$2,171. 

Endroit  ,  à  l'égard  de ,  en  ce  qui  regarde,  18, 
499. 

Enfanges  ,  embourbés,  144.  Test. 

Enferge  ,  s'enferre ,  se  perce  lui-même ,  10,0291 

Enformoy,  j'enfermai,  je  pris,  8709. 


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GLOSSAIRE. 


297 


Enfourra  ,  enfouira  ,  vous  tuera  ,  20,711. 

Enfume  ,  20,449, 

Engaigne,  38o3.  trompe. 

Eng  aignes  ,  tromperie  ,  88 1 3. 

Eng  a  me,  excite ,  engdge ,  1604,  Test. 

Engarbardez  ,  entachés ,  1735.  Cod. 

Engygnée  ,  trompée  ,  7339. 

Engignier  ,  tromper  ,  4017. 

Engin,  esprit  ;  c'est  sa  première  signification  prise 
du  latin  ingenium  ,  io,338  ,  12,385  ,  14,346  , 
19583,  21594,  21643;  mais5n  il  est  mis  pour 
industrie  ,  et  1264  pour  pensée  ;  engin  ,  1602. 
instrument ,  quelquefois  instruments  de  guerre. 
Voyez  18,620  ;  engin  pour  engigne j  trompe, 
21,595. 

Engoissoient  ,  104,  prenaient  peine  ,  s'appli- 
quaient ,  vient  d'angoisse  ,  peine  ,  chagrin  ,  fa- 
tigue. 

Engouller  ,  avaler ,  6238.  d'où  vient  engoulle  > 

avale,  6237,  i6>7a3. 
Engrietiés,  19,605. 
Engueigne,  tromperie,  11,147. 
Enherbe  ,  tue,  17,367. 
Enhortement,  exhortation,  1 3,387. 
Enlangagiez  ,  éloquent ,  i33.  Cod. 
Ennoye,  ennuie,  10,894. 
Ennuyst,  aujourd'hui,  641. 
Enormale  ,  20,460.  pour  énormes. 
Enosse,  11,879,  i3o2i.  tuer. 
Enquerre  ,  demander ,  informer ,  5s53. 


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GLOSSAIRE. 


Ens  ,  dedans ,  dans ,  645 , 6394.  et  au  Test.  826. 

ënsement,  toujours  ,  continuellement  ,  8714 , 
12,395 , 15,091, 2o3a8.  et  au  Test.  143.  ensemenij 
ensemble. 

Enserrez  ,  prisonniers ,  4564. 

Entachié,  2162.  noté. 

Entaillé,  i38,  pour  sculpté. 

Entailliere,  2i,638.  sculpteur. 

Entalenté  ,  résolu  ,  2044 ,  11,524;  mais  10,081. 
disposé,  et  1764,  i5,oo6.  pour  amoureux,  dési- 
reux; 19,625.  appliqué. 

Entalentement,  désir ,  volonté ,  20,285. 

Entende  ,  attention  ,  2090. 

Entendivement  ,  attentivement ,  avec  attention , 
442.  Test. 

Entente  ,  intention  ,  2o53.  et  i5,3o5.  pour  soin, 
attention  ;  entente,  824.  intelligence,  industrie. 

Ententif  ,  attentif,  2365. 

Ententis,  attentif,  693,  et  au  Test.  1602. 

Ententive  ,  appliquée  ,  438  ,  1144; mais  339.  au 
due  il ententive  ,  pénétrée  de  tristesse;  et  14,78a. 
ententive  cure,  pour  soin  assidu. 

Ententivement,  avec  soin,  14,622. 

Enterin,  entier,  2252,  io,85i  ,  12,797,  14*989, 
22,177;  mais  22Ô2.  veut  dire  entièrement  ;  en- 
térine, 7875.  entière. 

Entériner  ,  17682.  remettre  en  entier. 

Entesa,  enfonça,  1705. 

Entoise  ,  couche  en  joue ,  21,609. 

Entreclos  ,  entre-ouvert ,  1 5,41 6* 


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GLOSSAIRE.  299 

Entreguetteurs  ,619.  Cod.  espions  ,  qui  examinent 

et  blâment  la  conduite  des  autres. 
Eni  reguignent  ,  s'entre-regardent ,  20,304. 
Entreseulent,  sont  accoutumés  réciproquement, 

9808. 

Entules  ,  5637-  insensé. 

Envaye  ,  charge  que  des  troupes  font  les  unes  sur 
les  autres  en  se  battant,  16,200. 

Envers,  à  l'égard  ,  ioi3;  mais  1584.  ^  l'envers, 
ou  renversé. 

Envis  ,  à  peine  ,  62Ô2.  ou  même  malgré  ,  7926. 
envis  à  temps  y  viendriez  >  malgré  vous  enfin 
vous  y  viendriez  ;  et  ainsi  9836.  envis  y  ne  fussent 
déchanter;  envis  y  669.  c'est-à-dire  paresseux. 

Envoiseure  ,  55o.  Cod.  plaisir  ,  divertishemens  , 
bombances.  C'est  en  ce  sens  que  ce  mot  est  pris 
dans  Olivier  de  la  Marche  ,  liv.  j.  de  ses  Mé- 
moires, chap.  i3.  D'autre  part  j  (Philippe)  duc 
de  Bourgogne  ,  fut  de  son  temps  un  prince  le 
plus  dameret  et  le  plus  envois  eux  que  l'on  s f  eu  t, 
et  avoit  des  bas  tards  et  bas  tardes  une  moult  belle 
compagnie  s  et  au  chap.  26  :  Si  recommença- t-on 
à  faire  chères  etfestimensj  car  le  bon  duc  (  Phi- 
lippe )  fut  prince  joyeux  et  envoysé  plus  qu'un 
autre. 

Equipolences,  équivalens,  égalité  dans  les  choses, 

1 2,404. 
Equipolens  ,  égaux,  8483. 
Ere  ,  237.  Cod. 

Errament,  2i,i85.  présentement. 


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Soo 


GLOSSAIRE. 


Erre  ,  chemin ,  route ,  6274 ,  1 9,226. 
Erré  ,  marché ,  16,399. 

E  sb  a  mit,  étonne  ,  1495.  vient  iïesbahir,  éton- 
ner. 

EsBANOYER,se  récréer, 617,  14,680,  23*240;  ffou 
vient  esbanoye  ,  14,681.  se  récrée  ;  esbanoyanl, 
i33.  me  récréant,  me  divertissant. 

EhBAs,  plaisir,  divertissement,  726. 

Esbàttojt,  se  divertissait,  740.  vient  à'esbattre,$t 
divertir. 

Esbaudit  ,  étonna ,  2707. 

Esbonnes  ,  bonifie ,  8.  Test. 

Escarmye,  Escremye,  Escrimée, exçrcée, escar- 
mouche, petite  bataille ,  16,278. 

Eschar  el  Eschars  ,  avare ,  avares ,  ou  gens  trop 
ménagers,  14,079,  17,208. 

Escharder,  épargner,  818.  Cod. 

Escharmr  ,  18,474.  oflPenser. 

Eslharny,  i5,i39,  22,073.  méprisé. 

EtCHARviR  ,  11,675.  Je  crois  qtfil  faut  escharnir , 
offenser,  maltraiter,  mépriser. 

Eschauguetter  ,  guetter,  examiner  ,  écouter, 
15,784. 

Es  chérie,  petite  ou  ménagée,  bien  choisie, 
20,750.  . 

Esc he ver,  éviter ,  4456  ,  6964,  8260 ,  etc.  de  là 

vient  eschevant;  10,408.  évitant, 
Eschié  ,  i5i6.  Cod. 

Eschiver,  617.  Test,  éviter  ;  d'où  vient  esckive, 
évite,  4983;  eschivent,  évitent,  5975,  78^. 


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GLOSSAIRE. 


Sot 


12,1 53,  16,701.  C'est  de  là  que  nous  ayons  tiré 

le  terme  familier  d'esquiver. 
Esclissettes  , 7714.  petits  bâtons  plats  qui  servent 

à  faire  des  couronnes  de  fleurs,  et  autres  choses 

de  cette  nature. 
Escondire  ,  éconduire  9  refuser  ,  1467  ,  3a5p  9 
,  12,016;  d'où  vient  esconditz,  refusés,  8a5a  ;  es- 

condit  et  esconditz ,  refus ,  4987 ,  825a. 
Escondre,  cacher ,  6689, 13,378. 
Escout,  secoue,  16,491. 
JEscouvoiR  ,  secouer ,  22544. 
Escroix  ,  595.  Test.  On  dit  que  c'est  un  instrument 

propre  à  fendre  les  pierres  ;  mais  j'en  doute. 
Esgarde  ,  13741 ,  20597.  regarde  f  considère. 
Esjoye,  90.  pour  s'éjouisse,  prenne  plaisir. 
Eslecture  ,  élection  ,  choix  ,  865.  Test,  que  Dieu 

a  eslecture  ,  que  Dieu  a  élu  ou  choisi. 
Eslessié,  5o6.  Cod.  élancé,  courent  avec  précipi- 
tation. 

Eslochier  ,  secouer ,  22,542. 

Esma  ,  16,086.  Clément  Marot ,  au  lieu  de  ce  mot, 
met  leva. 

Esma  y  ,  chagrin ,  586 ,  3o45 ,  i32i2. 

Esmayer,  chagriner,  lamenter,  affliger,  6292  ;  d  elà 
viennent  es moyen t ,  19,780.  se  chagrinent,  s'af- 
fligent ;  m'esmay,  me  chagrine,  m'afflige,  i3,2 1 2  j 
esmayé ,  affligé  ,  chagriné ,  970,  23i8  ,  3i84  f 
4145,11,422,  i3,234. 

Esme  ,  2345,  12,281 ,  16,2744  et  au  Test.  255. 

Esmeré  ,  émaillé  92o32, 


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3o2 


GLOSSAIRE* 


Esmoy  ,  chagrin  ,  peine  ,  32,86;  esmoy  j  11,587. 

chagrine  ,  émeut. 
Esne  ,  3492 ,  8668.  outre  à  mettre  du  vin. 
Espanye  ,  épanouie  ,  entièrement  fleurie  ,  3446; 

esbanyr,  épanouir,  fleurir  ,  i653. 
Esparpille  ,  disperse  ,  556 1.  vient  d^esparpillery 

disperser ,  jette  au  vent  ;  encore  d'usage  en  quel- 
ques provinces. 
Espère,  épaissit ,  17,724.  on  le  met  aussi  épaisseur. 
Espice  ,  sucrerie,  dragée,  1346,  i35o. 
Espié  ,  gros  bâton  qu'on  nomme  encore  espieu  en 

terme  de  chasse  ,  383o. 
Espingue,  se  divertit,  se  réjouit;  11,876;  et«- 

pringuez,  8773.  vous  vous  divertissez. 
Espirant  ,  goûtant ,  savourant ,  160.  Test. 
Espire,  inspire,  16,407.  et  au  Test.  1126. 
Espiritable  ,  spirituel,  1467-  Te8t. 
Espiritieulx  ,  spirituel,  i545.  Test. 
Espirituel,  spirituel,  670. 
Espondre  ,  expliquer,  6774,  12,461  ,  i5,866, 

i8,5.i2.  vient  du  latin  exponere. 
Espoir  ,  pour  espère,  4149. 
Esprent  ,  pour  saisit  ,  séduit,  453i.  vient dVi* 

prendre. 

Essient  ,  avec  connaissance ,  1 1,288  ,  13,149. 
Essoine  ,  peine ,  chagrin ,  226.  Test. 
Estableté,  fermeté,  stabilité,  1  o,668« 
Estancher,  18,654.' 

Estalles  ,  20,476.  .  -i 


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GLOSSAIRE. 


3o3 


Estellée  ,  ëtoilée  ,  remplie  d'étoiles ,  8728  ;  mais 
i6,53o.  est  mis  au  figuré  pour  garni ,  rempli. 

Ester  ,  reposer,  17,484. 

Estondit,  756.  Cod.  cache.  Je  crois  qu'il  faut  lire 
estcondit  y  qui  signifie  aussi  caché,  du  latin  abs- 
conderc. 

Estort  ,  tourne  de  travers ,  20,069. 
Estoupper,  boucher,  remplir  un  trou,  3846, 
7662. 

Estour,  15,841,  i6,3oi,  13,349.  couP  de  lance 
en  un  tournoi. 

Estrangier  ,  éloigner,  écarter,  10,070  ,  11,808 , 
et  1 1 ,7 1 2.  veut  dire  quitter ,  abandonner ,  laisser  ; 
d'où  vient  estrangc  ,  éloigne  ,  écarte  ,  4528  , 
14,901  ;  estrangié  ,  écarté  ,  éloigné  ,  16,607  » 
20,oi3;  es t ranges  >  éloignés  ,  1062;  mais  4629. 
veut  dire  ennemi. 

Estrangne  ,  3804.  pour  étrangère ,  barbare. 

Estre,  a  des  significations  fort  vagues  :  4613.  estre 
divin  veut  dire  œuvre  divin  ;  mais  173,  6188, 
16,746.  veut  dire  nature  ,  et  6591.  substance  ; 
estre j  pour  le  contenu  ,  1422  , 1570;  mais  14,971, 
18,461.  il  veut  dire  habitation ,  demeure. 

EsTRIES  ,  19,207. 

Estrif  ,  dispute ,  21,754. 

Estriver  ,  disputer  ;  mais  18,713.  il  est  au  figuré 
pour  dire ,  faire  des  efforts  contre  ;  dè  là  vient 
estrive  ,  dispute  ,  3640,  21,744;  mais  20,619. 
estrive  ,  pour  fait  des  efforts  contre ,  résiste  j 


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304  GLOSSAIRE. 

es  trident  y  18,073.  disputent,  se  révoltent 

i rivant ,  disputant,  16,587* 
Estudie  ,  étude  ,  soin  ,  application  ,  7o5o. 
Estu vier  ,  étuvistes ,  gens  qui  tiennent  des  étuves, 

i5,o58. 

Estu  y  ,  958.  Cod.  me  tais ,  se  passe  sous  silence. 

Estuyde  ,  étude ,  soin  ,  etc.  7048. 

Estuyent ,  19,309.  cachent,  font  disparaître  ;  et 

au  Cod.  187,  823.  vient  ftestuyer. 
Eur  ,  pour  heur ,  hazard  ,  8 2.33,  10,029. 
Excessa  ,  excéda ,  passa  les  bornes  de  la  modéra* 

tion ,  1257.  Test. 
Exil  ,  5241. 

Expedience  ,  expédition ,  820.  Test# 
Expira  ,  inspira  ,  1 139.  Test. 
Exploiteras,  travailleras,  2069. 
Extense  ,  étendue ,  1283.  Test. 

F. 

Fable,  fausseté;  et  141 3.  discours* 

Fabloyer  ,  discourir ,  18,074. 

Faconde  ,  éloquence ,  io3o. 

Facture  ,  façon  >  10,1 56. 

Faée,  inventée,  fabuleuse,  i3,i22» 

Fafelues,  2 1,1 65,  bagatelles. 

Faictiz  ,  bien  faits ,  faits  à  plaisir ,  862,  1 191, 7717. 

Faille  ,  manque  ;  sans  faille  ,  sans  manque  , 

i2ô3 ,  3674 ,  6809.  se  dit  encore  dans  la  Flandre 

jalonne. 


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GLOSSAIRE* 


Faillir  ,  manquer ,  1546.  d'où  viennent  f aillant , 
manquant,  41  ôç;  failli ',  manqué,  14,703  ;  failli, 
découragé  ,  sans  force  ni  vigueur.  Cest  ainsi 
que  36 18.  on  met  cueur  failli  ,  et  se  dit  encore 
dans  la  Flandre  Walonne. 

Faintiz  ,  faints ,  trompeurs ,  5796. 

Fallaces  f  tromperies ,  12,400. 

Familleux  ,  pour  familier,  14,739. 

Farfelues,  minuties,  bagatelles,  9646. 

F aonnent,  pullulent,  engendrent,  19786. 

Fauldroit,  manquerait,  4907,  5482,  17951.  vient 
de  faillir  ci-dessus;  faillir,  manque,  275 ,  45Ô7, 
11,364.  vient  aussi  défaillir. 

Faulture  ,  trous,  fentes,  crevaces,  2648. 

Fauvel  ,  Fauvelle  ,  14,751 ,  14*767.  de  couleur 
fauve  ,  tirant  sur  le  jaune. 

Feaulté,  fidélité ,  constance  en  amour,  2064. 

Fée  ,  sorte  de  nymphes  ou  demi-déesses  qui  doivent 
leur  origine  à  nos  derniers  romanciers  ,  35o4, 
iot3a6,  18736. 

Fel  ,  rebelle  ,  traître ,  infidèle  ,2118,  3075. 

Félon,  la  même  chose  que  fel,  1463,  1988* 

Felonnement,  infidèlement,  traîtreusement,  166. 

Félon nye  ,  trahison ,  rébellion ,  162 ,  168,  980. 

Fend  aces  ,  fentes,  7608. 

Ferir  ,  frapper  ,  53i  ,  760  ,  1428,  i6,258;  doù 
viennent  ferra,  11,167.  frappera  ;  fery ,  535# 
frappay  ;  fera  ,  frappé ,  383 1. 

Fermail  et  fermaux ,  boucles  f  agrafes,  35i  1. 

Peste,  961. 

4-  V 


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3o6 


GLOSSAIRE* 


Fetarde,  paresseuse  ,  10,584. 

Fetis,  21 83.  la  même  chose  quefaicliz  ci -dessus» 

Feve  Frasée  ,  21 3.  Cod. 

Fiance,  confiance,  18.  fidélité,  16547, 

Fianceroye  ,  assurerais  comme  chose  seure  et 
fidèle,  affirmerais,  i6a33. 

Ficher  ,  placer  ou  fixer  ,  13,941.  fichier,  18,757. 
delà  vient  fichent  j  i3y2.3ç.  s'attachent. 

Fiens,  fumier,  boue,  fanges,  1829,  i33o.  Test. 

Fiere  ,  frappe  ,  3g20.  fierl,  16,086;  mais  638i./r 
affiere  ,  s'humilie  ,  Fièrent  ,  frappent ,  21271. 
vient  de  Je ri r. 

Filatieres,  12249.  Cest  ce  que  l'écriture  appelle 
Jimbria  ,  ou  bandelettes  sur  lesquelles  les  Pha- 
risiens écrivaient  des  sentences. 

Fimbries,  c'est  la  même  chose  quefilatieres. 

Finer,  cesser,  d'où  viennent  fine / cesse  ,  377, 
17587  ;  finastes  ,  cessâtes ,  5592. 

Flacargne  ,  4002.  satyre. 

Flajolez  ,  riez ,  8840. 

Flaons  ,  tourtes,  1^367  ;  se  nomment  encore flans, 

en  quelques  provinces. 
Flatissent  ,  63o3.  enfoncent,  font  entrer. 
Flaty,  fit  entrer,  enfonça,  16,492 
Flavelles  ,  flateries ,  193 ,  4141  ,  22,292 ,  s2,3o5, 

et  tromperies ,  7759  ;  mais  661 .  il  paraît  que  c'est 

abondance  ou  compagnie, 
Fleon  ,  228.  Test,  ruisseau ,  fontaine. 
Flestre  ,  flétrie ,  i6,i5i. 
Fleurettes,  8^5.  espèce  d'étoffe. 


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GLOSSAIRE.  3l>7 

Floes  ,  1497.  Test,  flots  de  la  mer,  comme  je  crois. 
Florette  pour  fleurette,  10,869. 
Fol  âge  ,  action  foie  ,  3x  10. 
Folleur  ,  folie,  3092,  10,758. 
Foloyer  ,  faire  quelque  folie  ,  6066;  d'où  vient 
foloit,  fait  ou  fasse  folie ,  3i22  ;  fotoje ,  3o65. 

fait  folie  \foloyant,  6359-  faisant  folie. 
Fondjerre  ,  fondateur ,  2o,558. 
Fontenelle,  en  italien  fontanella ,  fontaine  ou 

petite  fontaine,  21,707. 
Forains  ,  foraines,  qui  vient  de  dehors,  et  même 

étranger  et  étrangères  ,  5554. 
F orcen  able  ,  qui  a  perdu  la  raison ,  qui  est  comme 

en  fureur ,  4404. 
Forcenée,  i5i.  furieuse. 

Forcenerie,  fureur,  405,  9930;  mais  i2,55i  veut 

dire  folie ,  extravagance. 
Forclose,  21,717.  éloignée  ,  interdite. 
Forclost  ,  22,589.  interdit  ,  vient  de  forclore , 

chasser,  interdire. 
Forestier  ,  maître  ou  grand  maître  des  bois  et 

forêts,  11,717. C'était  autrefois  une  charge  très- 

considérablé. 
Formant,  fortement,  28,  5io,  3i37,  4037. 
Fors,  hormis,  excepté,  à  l'exception,  1267;  mais 

au  Test.  ^%6,fors  pour  dehors. 
Fortraite,  enlevée,  ôtée,  3367. 
Franc  ,  libre  ,  7028  ,  14,702.  franche  ,  libre  , 

5423,  14,552;  mais  1 96 x.  frans  pour  affables  f 

d'un  air  ouvert. 


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3o8  GLOSSAIRE. 

Franchise  ,  liberté,  4654,  4666,  7129,  14,554, 
14,707/ 

Frestel  ,  21,47.3,  Fresteaulx,  21866.  espèce 

d'instrument. 
Fretellées,  bordées ,  1 2,565. 
Fjusque,  gentille,  agréable,  io3i. 
Fri  volle  ,  tromperie  ,  raillerie  ,  747  ,  17,467, 

2i,i65. 

Fueillir,  16,809.  prendre  des  feuilles. 

Fust,  bois,  948, 975, 1728, 12,388, 1 6,568, 16,814. 

quelquefois  il  veut  dire  un  bateau  ou  vaisseau  fait 

de  bois. 

Fuster,  20,494.  battre  à  coups  de  bâton  ;  delà 
vient  fustent ,  frappent  avec  un  bâton ,  i5,79+ 

G. 

G  abbe,  moque,  81 55.  vient  de  galber,  moquer, 
railler;  de  là  vient  gabbenl,  se  moquent, raillent, 

4498- 

Gaigne,  pour  gain,  5273. 
Galentine  ,  22,386.  ragoût,  sauce. 
Garnement,  ornement,  ajustement  de  femmes, 

2588,  5544,  i3,o85,  13,748. 
Gars,  garçon ,  36 18. 
Gastel,  gâteau,  10,418. 
Gaudines,  lieux  de  divertissemens,  14,182, 18,739* 
Gayeries,  joyeusetés,  plaisirs,  io,265. 
Gebecier,  198.  Cod. 

Gehy,  808.  Test,  demeura,  fut  en  quelque  lieu. 


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GLOSSAIRE. 


309 


Genchir,  voyez  guenchir. 

Gent  ,  gente  ,  agréable  ,  gracieuse  ,  bien  fait  , 
mignon  ,  97,  299,  478,  63 j ,  823,  io32,  1244. 
etc. 

Gent,  monde  ou  personnes,  299,  638,  1245,  etc. 
.Gentillesse  ,  noblesse  ,  19,399  ,  19,411 ,  19,464  , 
19,468. 

Gerra  ,  couchera  ,  i5,o6i.  vient  de  gekir ,  qui 
veut  dire  rester,  demeurer  ;  gerront ,  resteront , 
demeureront,  1 5,83ç  ;  grulj  demeura,  resta, 
a883  ;  geurent ,  couchèrent ,  18,843. 

Gésir,  coucher ,  habiter ,  9354,  13,577,  22,007; 
mais  11,522.  veut  dire  rester,  demeurer. 

Geste  ,  action  ,  339.  Test. 

Getz,  filets,  3346,  8375. 

Giboer  i  chasser ,  aller  à  la  chasse  ,  645.  Test. 

Glacier  ,  glisser,  couler  ,  12,723. 

Glacoyant,  en  glissant  de  biais ,  en  biaisant , 
i6,33& 

Glatir  ,  glapir,  parlant  des  chiens,  1 5,858. 
Glout,  gourmant,7544;  mais  3604.  voudrait  dire 

ivrogne  \gloute,  avide,  7784,  8575. 
Gobe  ,  64.  c'est-à-dire  vaine ,  pleine  de  vanité. 
Gomer  ,  14,293. 

Gonfanon  ,  enseigne  ,  1968;  mais  au  figure  veut 
dire  ce  qui  est  plus  excellent ,  li8i. 

Gorgovant  ,  69151  ' 

Gors,  gorgées,  à  pteines  gorges,  14,120. 

Graindre,  plus  grande,  meilleure,  5i65,65i3, 
*i,3o5.  et  au  Test.  427,  1461. 


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3io 


GLOSSAIRE 


Gramment,  pour  grandement,  beaucoup,  8890. 

Gravelle,  126.  petit  gravier. 

Gravir,  monter,  se  dit  des  choses  très-roidesà 

monter,  11,676,  20,945.  est  encore  d'usage. 
Gregoys  ou  Grégeois  ,  grec,  17,604,  20,980. 
Greigneur  ,  plus  grand  ou  très-grand ,  4872, 604S, 

6794.  etc.  et  au  Cod.  817.  au  Test.  267,  36i. 
Grésilles  ,  gril. 
Gresle,  délié,  délicat,  io3a. 
Gre vaine,  triste,  afligeante  ,  8876,  917a ,  17,801, 

20,170. 

Grevance,  peine ,  chagrin ,  affliction ,  tort,  104a* 
3342  ,  1 1,992.  et  au  Test.  950. 

Grever  ,  chagriner ,  affliger ,  1776 ,  2240  ,  44S7* 
6965,  8261;  de  là  vient  grevant  3  chagrinant, 
affligeant  ,  966;  grevez  ,  chagrinés  ,  affligés, 
3363,  3579;  8rever°ît*  chagrinerait,  i3â3  , 
2485. 

Griefve  ,  chagrine ,  afflige  ,  2487 ,  3258.  grief , 
chagrin ,  peine  ;  mais  2632.  à  grief  j  avec  jtfine, 
avec  chagrin. 

Griesté,  chagrin  ,  affliction  ,  3357  *  65 16. 

Grieux  ,  1237/ Test.  Je  crois  que  c'est  peine, 
affliction. 

Griffaigne,  i3354.  méchante  ,  de  mauvaise  hu- 
meur. 

Grive,  3639-  C'est  je  crois  un  terme  burlesque, 

pour  dire  une  méchante  femme. 
Groucer,  gronder  ,  murmurer,  n835  ,  ia,iat  » 

17,146;  mais  711 3.  le  groucer  j  pour  gronderie: 


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GLOSSAIRE.  3ll 

♦ 

de  groucerj  vient grouce,  gronde,  6167,  ç8529 
12,1 21  ;  groucent  y  7560.  grondent  ;  groucez  > 
grondez ,  7985  ;  groucé  ,  grondé ,  10,1 3a. 

Guenchit,  va  de  côté  ,  comme  nous  dirions  gau- 
chit ,  20,059. 

Guerdon,  récompense,  358j,  7564  ,  16,567.  et 
au  Test.  1687;  ma,s  a*88,  11 255.  veut  dire  re- 
connaissance ;  et  1828.  bien  ,  ou  bien  fait. 

Guerdonné,  récompensé,  i5o2;guerdonn€ej  ré- 
compensée, 2293. 

Guermenter,  affliger,  lamenter,  5 10.  delà  viennent 
guermente  ,  s'afflige,  se  lamente,  22i5,  2488, 
6217  ;  guer  m  entent  ,  s'affligent,  guermentez  , 
affligés,  lamentés ,  7821. 

Guerpirent  ,  abandonnèrent  ,  8325.  et  au  Test. 
873.  vient  de  guerpir  3  abandonner  ,  quitter  ; 
d'où  nous  avons  retenu  déguerpir j  abandonner, 
délaisser. 

Guerroyer  ,  faire  la  guerre;  d'où  viént guerroyé, 
201 5.  qui  fait  la  guerre  ,  et  guerroyent ,  com- 
battent ou  veulent  prendre ,  8910.  Se  dit  encore 
au  familier. 

Guignier,  regarder  avec  attention,  épier,  4018;  delà 

vient  guigne  ,  2200.  regarde  trop  attentivement. 
Guille,  tromperie,  5097,  53i6 ,  6901,  11,492, 

12,443.  et  au  Test.  i5o5. 
G  u  1  l  l  e  r  ,  tromper  ,  2o,585  ;  delà  vient  guille  , 

trompe  ,  i3,iÔ7  ;  gui  lia  >  trompa,  22,148. 
Guimple  ,  habillement  de  tête  pour  femmes ,  3646, 

8817,  9250,  13,047. 


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GLOSSAIRE* 


Guindés,  21,786. 
Guise  ,  1Ô9.  façon ,  manière. 
Guischet,  petite  porte ,  538. 
Guygnons ,  accident,  malheur,  12,218. 
Guysarmes  ,  espèce  de  sabre  ou  d'épée,  10,016* 
11,367. 

Guyse,  manière,  façon,  iôç,  678,  903,  1707. 
GtÉs,  14,517*  Je  crois  qu'il  veut  dire  liens. 

H. 

Habandon  1  à  discrétion  ,  à  volonté  ,  4726, 

22,063. 
H  ABONDE,  19,208,  19269. 

Hachée,  1640.  Cod.  tourment,  douleur,  comme 
je  crois. 

H  aire,  10,734.  Je  crois  que  c'est  haine.  , 
Haitié  ou  Haité  ,  joyeux ,  gai ,  335. 
Hanaf,  tasse,  gobelet,  1409,  14,1 15. 
Hanepel,  1253.  Cod.  Je  crois  que  c'est  le  derrière 

de  la  tête ,  ou  ornement  de  tête. 
Hantin,  tante,  436.  Cod. 
Happée,  prise,  attrapée,  10,286. 
Hardement  ,  hardiesse  ,  courage,  1809  ,  2923 , 

16,240,  16,261,  1.6,266. 
Haribouras,  1249.  Cod.  fatras. 
Haterel,  14,261.  C'est  le  derrière  de  la  tête,  le 

chignon,  ou  la  nuque  du  col. 
Haubers  ,  espèce  de  jacquette  ou  de  pourpoint 

de  mailles  de  fer,  14,493, 18,607. 


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GLOSSAIRE. 


*  3i3 


Have  ou  Hâves  ,  6939  ,  6947, 17,71a,  maigre, 
décharné.  , 

Haultesse  ,  élévation ,  grandeur  de  dignités ,  no- 
blesse, 65 1 5. 

Haultisme  ,  836.  Test,  -hautain ,  fier. 

Haye  ,  haïsse  ,  3780.  hayoit ,  haïssait ,  848.  t 

Heaulme,  18,607.  casque  ou  armure  de'tête. 

Hebergier,  loger,  recevoir  chez  soi,  490,  2i,o52, 

2I,2l5. 

Hée, haïsse, 5971,  i5,o88;Aee/i/,  haïssent,  12,265  ; 

héez  j  haïssez ,  1 1 ,438. 
Herdent  ,  s'attachent ,  ou  prennent,  1 1,616. 
Herese,  erreur,  hérésie,  140.  Test. 
Héritez  ,  héritage  ,  succession ,  195. 
Hesart,  16,739. 

Heuse,  14,119,  tonneau  ,  à  ce  que  je  crois. 

Hochier  ,  secouer ,  22,543. 

Honntr  ,  diffamer,  rendre  méprisable,  2940,  3714; 

d'où  vient  honnisse  j  maudisse  ,  4012  ,  8107. 

honny,  diffamé,  5372.  honnys ,  diffamez,  8o35, 

17,959 ,  18,870.  honny ,  mépris,  21 553. 
Hoqueleur  ,  trompeur ,  14,321 
Hostelaine,  975.  Test,  qui  exerce  l'hospitalité. 
Hosteller,  loger,  retirer  quelqu'un  ,  n,533. 
Hostellas  ,  reçus,  logea,  4820;  habita,  19,930* 
Hostieulx  ,  hostels ,  535.  Cod. 
Hourdées  ,  1207.  Cod.  fourrées. 
Housé  ,  gâté,  sali ,  341.  Test. 
HouzÉ  ,  guêtré  ,  qui  a  des  houzeaux  ou  guêtres 

aux  jambes ,  1 6, 1 33. 


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3l4  GLOSSAIRE. 

Houzeaulx  ,  guêtres ,  21 8 1 ,  9663 ,21,817. 
Huer  ,  7671.  crier  après  quelqu'un. 
Hue,  moque ,  insulte  de  parole  r  4075. 
Hure,  tête. 

Hurtebiller  ,  terme  de  la  vie  joueuse  ,  9458. 

Huy  ,  jour ,  565j. 

Huys  ,  porte  ,  5a3. 

Huyssier  ,  13,499.  seu*'  de  'a  porte. 

I. 

Jachieres,  terres  labourables  qu'on  laisse  re- 
poser, 19,161,  20,558,  20,382. 

Jaçoit,  quoique,  6430. 

Jagonces,  1107.  sorte  de  pierre  précieuse. 

Jambet,  coup  sur  la  jambe  ou  le  jarret  pour  faire 
tomber ,  6i3a. 

Jangler  ,  tromper ,  moquer  ;  mais  7784.  veut  dire 
jouer;  delà  viennent  /angle >  trompe,  i3,no, 
14,127.  janglent ,  jouent  ,  i3,o32.  jongleras, 
tromperas,  8126;  mais  i3,i23.  jangleras  pour 
railleras  ;  janglast ,  7660.  raillât. 

Jangle  ,  raillerie  ,  7655  ,  i2,o53,  et  15,271.  veut 
dire  tromperie. 

Jangleresses  ,  criardes  ,  se  répandant  en  mauvais 
discours  ,148;  mais  17,159.  veut  dire  femme 
trompeuse. 

Janglerie  ,  tromperie ,  3797,  1 5,255. 

Jangleurs,  trompeurs, 2Ô83,  36o8,  9848,  i3io5. 

Jausse,  14,089.  jaune. 


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G  L  O  S  S  A  I  R  E. 


3l5 


Illec  et  Illecques  ,  là ,  en  cet  endroit ,  110,619, 

737,  1 441,  etc.  / 
Incisée  ,  découpée ,  taillée  ,  840. 
Inclinement,  inclination,  instinct,  6007. 
Inde,  799,  18,794.  bleu  foncé. 
Informe  ,  instruise  ,  8607. 
Inition,  commencement,  1089. Test. 
Intense,  forte,  grande,  1282.  Test. 
Joyeuseté,  joie,  plaisir,  3677. 
Jolier,  se  réjouir,  345.  -  / 

Jolive  ,  enjouée  ,  agréable ,  437. 
Joli veté  ,  joie ,  plaisir  ,1121.         \  \  ^      ,  ) ; 
Jongleurs,  joueurs,  772. 
Jorroises  ,  8509. 

Jouel  ,  joyaux ,  bijoux,  10,1 56,  12,369. 
Jouellez,  joyaux,  bijoux,  ornemens,  i3,o83. 
Jouvencel  ,  jeune  homme  ,  jeune  galant,  1120, 

1222 ,  1243. 
Jouvente,  jeunesse,  13,496,  i3,557,  aif8ai. 
Ire,  voyez  Yre. 

Itel  et  Itieux  ,  voyez  Y  tel  et  Ftieux. 
Jugeur  ,  juge ,  18,820. 

Ivire*  ivoire  ,  est  mis  ainsi  pour  la  rime ,  21,645; 
Jus ,  en  bas  ,  3oi4 ,  4329,  6i3i. 
Justise  ,  justifie  ,  14,846;  mais  au  Test.  3oj  fjus- 
tise  pour  justicie ,  fait  justice. 

L. 

Laboureux  ,  77S0.  Je  crois  que  c'est  trompeur. 
Lachief,  pour  l'achiefve,  ou  l'achève,  4299. 


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3i6 


GLOSSAIRE, 


Lacrime  ,  larme ,  835.  Test.  T 
Lai  dure,  tort ,  honte,  déshonneur ,  mépris ,  5400 , 

15,724,  22,109.  et  au  Test.  404;  mais  7296, 

12,897,  i5,636.  il  veut  dire  injures  ou  paroles 

insultantes  et  désagréables. 
Laidoye  ,  insulte,  injurie,  3763,  vient  de  lai- 

doyer ,  insulter. 
Lain  ,  gracieux ,  agréable ,  6942,  7379,  i3,4o3 

opposé  à  vilain. 
Laimt,  15,087.  Pour  l'aime.  . 
Lairron  ,  pour  laisserons ,  6487. 
Lait  ,  7927.  laisse ,  abandonne. 
Laiz,  chant,  721. chanson ,  7185,  10,797. 
Lame  ,  375  Test,  a  diverses  significations,  mais  ici 

veqt  dire  corps. 
Lancmes,  ii,583. 

Landit,  870.  Cod.  divertissement,  plaisir. 

Langes,  habits  d'étoffes  de  laine,  21,137.  et  au 
Cod.  ioi3. 

Laniers  ,  86o3.  avare. 

Larmer,  pleurer,  1099.  Cod. 

Larras  pour  Lairras  ,  laisseras ,  quitteras  ,  608*. 

Las  ,  lacs  ou  lassets ,  843.  las  ,.  infortuné  ,  malheu- 
reux, 20,054.  lasse,  désolée  ,.442  ;  mais  11, 832, 
20,634.  infortunée,  malheureuse. 

Lassesse  ,  lassitude  ,  1482. 

Leans,  en  cet  endroit,  en  ce  lieu-là,  5o3,  5o5, 
537 ,  etc. 

Lecherie  ,  friandise  ,  bonne  chère  ,  3685  ,  3996, 
6340,4451. 


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GLOSSAIRE»  3l? 

Lecheur,  friand ,  qui  aime  la  bonne  chère,  20,977 

Lectre  ,  lecture,  ou  à  lire,  pour  dire  aux  écoles, 
-  22, 21 3. 

Led  angier  ou  Ledengier  ,  maltraiter ,  3 1 72 , 1 5,645. 

.  injurier,  3si2,  3408,  6025.  blâmer,  3652. 
gronder,  3753,  7547  ;  de  là  viennent  ledenge, 
maltraite  ,  3735 , 9731 ,  10,1 17 ,  16,095.  injurie  ^ 
7334.  blâme,  8267.  ledengent,  blâment;  leden- 
géant  9  injuriant, 7810.  ledengié,  blâmé,  20,012. 
ledengée  maltraitée,  1 5,026. 

Lé,  lez  et  lée ,  large ,  i36,  910,  1782,  3909.  et 
au  Test.  iÔ23. 

Lez,  à  côté,  3910,  i3,5i5. 

Legier,  facile,  125.  Cod. 

Liart,  liarde,  14,752,  14,760.  couleur  parti- 
culière. 

Lices,  espaces,  chemin,  3941,  3942,  3954. 
Liesse,  108,  plaisir,  joie. 

Liez,  joyeux,  réjouis  ,  4363,  15,273 ;  lie,  joyeuse, 
4416. 

Lierres,  larron  ,  voleur,  4863,  55o5,  7635, 

11,809,  20,016. 
Lige,  soumis ,  homme  lige,  vassal,  obligé  d'obéir, 

4378,  13,078. 
Linge,  simple,  16,789* 
Linsselet,  mouchoir,  i5,io3. 
Lités  ,  10,022'  Je  crois  que  c'est  mortifiés  ,  bien 

fermés. 

LivROisoN,  448.  Test,  bien,  domaine,  présent; 


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3i8 


GLOSSAIRE. 


Loe  ,  7028.  loué ,  fasse  l'éloge. 

Lober,  tromper ,  3248,  14,3 16,  1 5,574;  d'où  vien- 
nent lobe,  trompe,  12,175,  12,62,3.  lobant , 
trompant,  8904.  lobez  y  trompés,  12,175. lobée* 
trompée,  i3,ço3.  lobe,  fable,  fausseté,  trom- 
perie, 10,  12,412,  1 5,382.  lobeurs*  trompeurs, 
12,175. 

Loeset  ,  469.  Test,  avait  coutume ,  ou  était  ac- 
coutumé. 
Loyaulté,  fidélité,  2o65. 
Loignet,  un  peu  plus  loin,  un  peu  éloigné,  463. 
Loist,  convient,  4976. 

Lorains  ,5555.  espèce  de  petite  monnoie,  comme 
je  crois. 

Losenges  ,  paroles  ou  discours  en  bonne  ou  eo 
mauvaise  part ,  1061 ,  8858.  belles  paroles  ;  mais 
12,294,  louanges,  et  16,102,  flatteries. 

Losengeur,  médisant,  1061,  1064,4137. 

Losengier  ,  louer,  2Ô8l. 

Losengiers pour  losengeurs ,  flatteurs,  babillards, 

3621 , 365 1. 
Loyrre  ,  leurre ,  21,964. 
Loz,  pour  je  Pose,  4839. 

Loz,  louange, réputation ,  448,  io58t  1 149,  aaaa, 
4839 ,  etc. 

Luiste  et  luitte  ,  combat,  1224.  Test. 
Luitte,  se  bat,  6i25,  16,391.  vient  de  luitter. 
Lye  ,  gaie,  joyeuse ,  12,940.  lyée  ,  joyeuse,  i3,a3i. 
Lyéçment, gaiement,  joyeusement, 8294,  i3,ao3. 
L  y  erre,  13,929.  la  même  chose  que  lierre,  ci-dessus. 


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GLOSSAIRE. 
M. 

Mace  ,  massue ,  4536 ,  9299. 

M  aigresse  ,  maigreur ,  307, 

Maille,  frappe  de  marteau  ou  de  maillet ,  9735. 

Maindrai  ,  demeurerai ,  1 1,553. 

Main,  pour  matin,  6992  ,  7798,  20,967. 

Mains,  demeure,  ii,53i  ;  et  maint,  demeure,  au 
Test.  1548,  i55i,  1577. 

Maint,  mène,  conduise,  1682.  Test. 

Maint,  mainte,  plusieurs,  i345,  1347,  etc. 

Maintenir,  soutenir,  n32. 

Mais  ,  jamais ,  6761 ,  16,923. 

Mais,  dorénavant ,  ci-aprps,  13,408.  et  3776.  si- 
gnifie rien  ;  mes  rien  pouvons ,  je  n'y  puis  rien, 
je  n'en  suis  pas  cause  ;  se  dit  encore  quelque- 
fois au  familier. 

Maistre  ,  docteur ,  savant ,  406. 

M  aistrie,  maîtrise,  commande ,  gouverne,  1 1,202. 
et  au  Test.  995.  mais  trie  ,  autorité,  puissance, 
n,2o3.  enseignement,  15,227.  soin,  16,654. 
connoissance ,  18,823. 

Maistrise,  intelligence,  1437;  soin,  travail,  1673; 
autorité,  force,  4959. 

Malan  ,  555.  espèce  de  tache  à  la  peau. 

Male,  mauvaise,  méchante,  175,  23io,  2773, 
3573. 

Male-advanture  ,  mauvais  dessein,  426. 
Maledictes,  maudites,  i2,56o. 
Male  gent,  mauvaise  gent,  3087. 


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3lO  GLOSSAIRE. 

Malement  ,  méchamment,  i323. 
Malengrongnié,  toujours  de  mauvaise  humeur, 

Maleureté,  malheur,  infortune  ,  5127. 

Maley  i  maudite  ,  475.  Test. 

Maltalent   chagrin ,  33a  ,  9627;  importunité * 

32Ô4  ;  mauvais  dessein ,  7619 ,  7620. 
Manaye,  14,326.  puissance,  pouvoir  en  sa  ma* 

naye ,  en  sa  puissance,  soumis  à  quelqu'un* 
Mangonnel,  m  angon  naulx,  instrumens  de 

guerre  dont  on  se  servait  pour  jeler  de  grosses 

pierres  ou  autres  choses  pesantes ,  3947 , 1 1 ,865, 

12,399. 

M  an  tin,  n,320.  pour  Matante,  comme  si 
Ton  disait  ma  anlin  ,  [ou  ma  ante  ;  anlt , 
pour  lanie  ,  se  dit  encore  dans  la  Flandre  Wal- 
lone. 

Marmiteux,  piteux,  dolent ,  triste,  423, 
Marrimens,  chagrins,  i4,o52< 
Marrissement  ,  chagrins,  tristesse ,  6645. 
Masse,  i632.  quantité,  ou  grand  nombre» 
Mat  ,  triste ,  abattu ,  2995 ,  8384. 
Mater, vaincre,  dompter,  5992;  d'où  vient 

12,922.  vainquit  ,  dompta;  et  maté  >  3oi8. 

vaincu  ,  dompté. 
Matire,  matière,  8684.  et  au  Test.  i3io. 
Mattir ,  dompter ,  abattre,  11,548. 
Mauffez,  malfaisant,  méchant,  scélérat,  6466, 

9416 , 19,929 ,  22,096;  mais  6746.  cette  épithète 

est  attribuée  au  diable ,  toujours  appliqué  à  mal 


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GLOSSAIRE, 


3ll 


faire  ;  et  1 5,584,  16,179,  20,071 ,  mauffé  >  est 

mis  pour  le  diable. 
Maulvaistié  ,  méchanceté ,  malice  ,  3358 , 65i7  ; 

mais  ao56.  il  veut  dire  mauvais  conseil. 
May  ,  585.  bon  may  >  bon  temps. 
Megroys,  amaigris,  4817. 
Meïsmes,  même,  6668. 
M'eist  ,  m'aide,  me  secoure ,  4126. 
Meffait,  méchanceté,  3773. 
Mehaignez,  fatigués,  lassés,  11,989.  et  au  Çod. 

343.  mehaigné ,  est  en  peine,  est  travaillé. 
Meh  a ignie  ,  accompagnée ,  1706.  Cod. 
Membre  ,  pour  remembre  ,  souvienne  ,  8463, 

1 4,930. 

Mendre,  moindre,  972,2036,2802. 

Mendresse,  moindre,  plus  petite,  913.  Test. 

Mengue,  mange,  6022. 

Mensongier  ,  plein  de  mensonges ,  6. 

Mentierres,  menteur ,  11,910. 

Mercier,  remercier,  rendre  grâces,  10,006.  et 

au  Test.  608. 
Mercy  ,  grâce,  faveur  en  amour,  1906,  etc.;  mais, 

i23i.  la  sienne  mercy  ,  pour  de  sa  grâce. 
Meris,  méritoire,  4.  Cod.  et  meriesj  méritoires, 

I7'97a' 

Merir,  mériter,  10,492;  mais  i52o,  5343.  pour  ré- 
compenser ;  d'où  vient  mery,  7463.  récompensé. 

Merrien,  bois,  i322  et  i565.  Test,  on  dit  en- 
core merrain ,  bois  détaillé  pour  faire  futaille  et 
raccommoder  bateaux. 

4^  x 


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32% 


G  L  O  8  S  A  I  R  T. 


Merveillable,  étonnante,  admirable,  65a.  vient 
de  merveilles,  étonner ,  2622 ,  3799. 

Mes  ad  vint»  arriva  mal,  1Ô26.  de  mesadvenir, 
arriver  mal. 

Mesaise  ,  chagrin  ,  peine  ,  affliction  ,  2Z2 ,  3i33. 
Meschance  ,  méchanceté,  péché,  1268.  Test. 
Mescheance  ,  malheur,  accident ,  4127, 6190, 91 13, 
Mescheoir  ,  arriver  mal ,  2760.  d'où  vient  mes- 

cheu  ,  7519.  arrivé  mal;  meschey  ,  arriva  mal, 

467.  Test. 

Meschief  ,  malheur,  accident  fâcheux  ,  î&kj, 

235o ,  2666 ,  4048. 
Meschine,  servante,  7093. 
Mescroit,  accuse,  3736. 

Mesgnée  ou  mesgnie,  compagnie,  1281, 1 6,355; 
mais  I2,2i3,  16,526,  171407.  pour  famille  oa 
domestique. 

Meshaing  ,  peine ,  travail ,  4990. 

Meslées,  batteries,  tumultes,  10,018,  13,449. 

Mesprendre,  faire  tort  ou  dommage,  3475.  dfoà 
vient  mesprens  ,  mal  faire,  7332.  mesprennent, 
font  mal,  5790.  mesprenoiù  >  méconnaissait, 
maltraitait  ,  12,134.  mesprenez  >  êtes  ingrats 
ou  maltraités,  i5i8  ,  15,761.  mespris  ,  mal- 
traité, 3332,  15,766.  mespriru ,  fit  mal  ou 
désobéit ,  83 16.  mesprenisles  >  maltraitâtes  , 
12,834.  ne  mesprendraj  ,  ne  serai  pas  ingrat 
ou  désobéissant,  3240. 

Mesprison,  honte ,  blâme,  1975,  12,435, 1 3,227; 
mais  4122,  4220  et  5884.  mauvaise  action. 


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GLOSSAIRE. 


Mèsrien  ,  15,178.  et  au  Cocî.  242. 

Messieres,  messie,  19,943. 

Mbstier  ,  besoin,  nécessaire ,  102 1,  i3<\6  ,  2641 , 

etc.  et  au  Test.  2j5,  276. 
Meureté,  maturité,  12.  Cod. 
Meurté,  maturité,  12.  Cod. 
Mie,  point,  pas,  6.  cette  particule  négative  s'est 

conservée  dans  fa  franche  Picardie. 
MiGNOT,  mignote  ,  joli  ,  jolie ,  mignon  ou  mî- 

gnone ,  97  ,  565  ,  604 ,  $36,  5o8 ,  775,  868 ,  etc. 
Mignotise  ,  gentillesse ,  84a. 
Mignottement,  joliment,  gentiment,  754. 
Mire  ,  médecin  et  même  chirurgien  ,  i586,  1788, 

43^5.  mire  j  regarde ,  21 23 ,  mirens  >  regardans  f 

1 8,832.  vient  de  mirer  ,  regarder. 
Mise, pouvoir, autorité, puissance,  i5,73o,  18,187. 
Miséricorde ,  sorte  de  poignard,  16,119. 
Moleste,  affliction  ,  4957 ,  6336  ,  8a5o. 
Moleste  ,  afflige ,  8833.  vient  de  molester. 
Moncel  ,  monceau ,  amas ,  3760. 
Môndans,  purifiant,  1 122.  Test. 
Montance,  espace ,  et  même  valeur  ou  prix  d'une 

chose,  369,  9304. 
MoNTJOE ,  amas ,  655.  Cod. 
Mordans,  1089.  agrafFe. 

Morel,  morelle,  14,750,  14,758,  14,765.  sorte 

de  couleur  de  cheval. 
Morie  ,  358.  perte  par  mort  ou  par  mortalité. 
M'oT,  m'eut,  646.  est  mis  ainsi  pour  la  rime. 


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3^4  GLOSSAIRE. 

Moillier,  femme  épousée  ou  épouse,  4788/ 

9023,  91 83,  10,097,  etc. 
Moult,  beaucoup  r  270 ,  428,  434,  etc. 
Moureur  ,  qui  meure  ,  qui  va  mourant,  1339. 

Test. 

Mournes,  morne ,  triste ,  2352 ,  4077 ,  etc. 
Moussues,  velues  ,  ou  pleines  de  mousse,  365 > 

20,376. 

Moye  ,  mienne,  1983,  5539,  583o  ,  i5,3iâ, 
21,838,  etc. 

Moyson  ,  553.  bonne  moi$on%  bonne  manière  ou 

façon. 
» 

Muance,  changement,  6534,  10,289. 
Muce,  cache ,  38 18. 

Muer,  changer,  1928,  2422.  et  au  Test.  5o3. 

mue  ,  change,  390,  14,666.  et  au  Test.  5o4 

mué,  change ,  700.  muée ,  changée ,  22,028. 
Mue  ,  muette  ,  2140 ,2317. 
Muire  ou  muyre,  meure ,  1864,  43i^,  est  mis 

ainsi  pour  la  rime. 
Munda,  purifia,  898.  Test,  munde j  pur,  n5a. 

Test. 

Musaige,  vie  joyeuse,  agrément,  8951.  . 
Mus  A  r  die  ,  chose  vaine,  amusement  inutile  t 

fantaisie,  ou  imagination ,  14,  728 ,  2495, 17,021. 
Musard  ,  musarde  ,  qui  s'amuse  et  s'occupe  de 

bagatelles,  2385,  3790,  12,876, 15,129,  l5>74*> 

14,468 ,  17,020. 
Muser,  s'amuser,  passer  le  temps  en  bagatelles. 


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GLOSSAIRE. 


i>94°  ,  747^*  muser,  au  Cod.  268.  penser  ;  de 
muser j  viennent  muse  ,  s'amuse ,  s'arrête , 
12,876.  musa,  s'amusa ,  s'arrêta,  î5o3.  musé  y 
amusé,  arrêté,  1 4,363. 

Mussier  ou  musser,  cacher,  12,459.  delà  vient 
musse,  cache,  18,084.  mussé  ,  caché ,  2864. 
mussée ,  cachée ,  1678. 

Mut,  muet,  17,336. 

My,  moy,  334.  Cod. 

Mye,  non,  369,  628,  848,  etc.  mye ,  maîtresse, 

amie,  1187,  ia4^»  i3ç6. 
Myneur,  moindre,  plus  petit,  288,  1043. 

*5oo,  etc. 

Nacion,  naissance,  19,403. 
Narremens  ,  discours,  narrations*  21,42$.. 
Natureux,  naturels,  20,498. 
Navré,  blessé,  1934. 

Navye,  navige,  i3,866.  navyey  oavire ,  i6,6q3 > 

18,374,  18,431. 
Nays,  né,  natif,  i3,853l 

Née,  1449.  rien  née;  pour  chose  qui  fût  ou  qui 
existât. 

Nesune,  aucune,  S121  ,  6327  ,  7616 ,  etc.  vient 

de  l'italien  nissino. 
Nettelet,  propre,  912. 

Nice,  sot,  sans  expérience,  1233,  6821.  nice, 
impertinent  ,3716,  5588  ,  71 15~,  9638, 18^91 5* 


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GLOSSAIRE* 


Nicement,  sottement ,  follement  ,  7786  *  8104, 

8oo5 , 13,464 .  et  au  Test.  795. 
Nicette  ,  simple ,  1263. 
Niement,  renîment,  796.  Test. 
Nieule,  nièle,  espèce  de  bruine  dangereuse  aux 

bleds  ,  4o58. 
Noblesse,  magnificence,  778. 
Noer,  nager  ,  19,164-  d'où  vient  noe >>  nage, 

1 2,335 ,  noent ,  nagent ,  6261  ;  mais  1 2,336.  veut 

dire  nageoire  de  poisson. 
Noif,  noix,  17,004. 

Noif,  neiges,  16,357,  19,724*  et  au  Cod.  *9^4* 

Noisier,  difficulté,  i539-  Test. 

Nonchaloir,  négligence;  mettre  à  nonchaloir , 

négliger,  3n 3. 
Noncer  ,  vers ,  1 2,484.  annoncer,  du  latin  nuntiàrc. 
N'ot,  n'eut,  565. 

Noueures,  endroit  où  Ton  nage,  18,734. 

Nouvelleté,  nouveauté,  702. 

Noyant,  i6,332.  rien. 

Nublesse ,  21,349.  obscurité,  nuage  obscur. 

Nulluy,  nully  ,  aucun,  5i8,  53o,  532,854, 

1237,  2801 , 2806. 
"Nuysement,  empêchement,  20570. 

O. 

O*  avec,  6795,  10,178,  11,649.  et  au  Test.  610. 
Obices  ,  objectés ,  7369. 

Obnuble,  obscurcit,  5oo2 ,  5oi3  ;  mais  21,267. 


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GLOSSAIRE. 


ohnuble  ,  pour  obscur. 
Opfindu  ,  offensé ,.  19S.  CocL  - 
Oingté,  1862.  oinct,  froté. 
Oingture,  1892.  onction. 
Oisse,  m'oïsses  ,  m'entendisses ,  7484. 
Ol ans, seq tans,  2i,i53.  espèce  de  plantes. 
Oleur,  senteur,  10,884. 

Oliphant  ,  18,590.  pour  éléphant,  se  dit  encore 

en  quelques  langues. 
Olivete,  21,390. 

Oncqubs,  jamais  ,  3i3t  699,  etc.  oncques  mais  , 

pour  jamais,  ci  devant,  119. 
Oppresse,  oppression,  accablement,  1481. 
Or,  à  présent,  8403.^  or,  dès-à-présent,  15,848. 
Orde,  vilaine  ,  sale  ,  pleine  de  tache  ,  2148,  etc. 

et  au  Test.  1304. 
Ordement,  i56.  villainement, 
Ordoyes  ,  salit ,  souille  ,  555.  Cod.  et  ordojé  , 

sali ,  souillé,  a3o.  Test,  vient  tiordoyer  j  salir, 

souiller. 

Oreillées,  18,622.  perce-oreilles,  petits  insectes. 

Oreillent,  écoutent,  prêtent  Poreille,  22,36o. 
et  oreilleras,  2549.  écouteras,  prêteras  l'oreille; 
vient  d'oreiller  y  prêter  l'oreille. 

Orendroit,  à  présent,  1 3,509,  etc. 

Orent,  eurent,  820  ,  826.  Test. 

Orer,  prier,  i2,o3i ,  12,144,  12,548. 

Ores,  à  ce  moment,  616,  709,  etc.  ores  ,  à  pré- 
sent,  7461  ,  10,463  ,  12,039.  des  ores ,  dès- 
lors,  i3,595. 


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3&8  GLOSSAIRE. 

Orfràys  ou  orfroys  ,  sorte  d'ornement  ancien 
qui  servait  de  bord  au  collet  des  habits ,  565  9 
570 ,  873,  1071. 

Orgouille,  pour  s'enorgueillit ,  60,  est  mis  ainsi 
pour  rimer  à  mouille,  c'est-à-dire,  mouillé. 

Orinal,  223.  Test,  Terme  à  demi-honnête  ,  pour 
dire  une  chose  naturelle  qu'on  ne  saurait  honnê- 
tement prononcer.  Scarron  s'est  servi  du  même 
mot  au  même  sens. 

Osoy.  4186.  vient  d'oser,  entreprendre. 

Ost  ,  armée,  8201 ,  10,962,  i5,425. 

Ostagiez  ,  donné  en  ôtage  ,  i36.  Cod. 

Ot,  ouit,  écoute  ,  entend  ,  7426.  o/f  pour  eut, 
7427. 

Ou ,  pour  au ,  52 ,  53 ,  i5go. 
Ouez  ,  pour  oyez ,  écoutez ,  21,909.  et  au  Cod.  ioa. 
Oultrage,  chose  mauvaise  ou  déshonorante,2494» 
OultrAgeux  ,  outrageuse  ,  téméraire,  insolent, 

177.  extraordinaire  ,  2025.  grands,  221 3.  exce*- 

sifs,  82 15,  8239,  10,480. 
Oultrecuydé  ,  vain  ,  téméraire,  2171  ,  89971 

16,978.  insolent,  22,298. 
Oultréement  ,  968.  Test,  au-delà ,  cômme  qui 

diroit  et  même  davantage. 
Oygnent,  adoucissent,  io55. 
Oyseuse  ,  oisiveté,  5363,  18,304;  mais  i3,6io. 

ojseuse ,  pour  oisive ,  paresseuse. 


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GLOSSAIRE. 


3^9 


P. 

Paine  ,  voyez  pener,  ci-dessous. 
Paire  ,  paroisse,  i358.  Test. 
Palatines  ;  dames  palatines ,  12,202.  dames  de  la 
cour. 

Palé  ,  i533,  i535.  Test,  pour  dire ,  rempli  et  bien 
marqué.  C'est  le  sens  qu'on  peut  donner  ici  à 
ce  terme,  tiré  du  Blason. 

Palisseur  ,  pâleur,  couleur  pâle,  307. 

Palleteaux  ,  pièces  que  Ton  met  à  un  vieil  ha- 
bit, 219. 

Palu,  marais,  n, 353.  Palu^en  abondance,  ou 

comme  un  fleuve,  556.  Test.  C'est  le  sens  figuré 

qu'il  reçoit  en  cet  endroit. 
Paneaulx  ,  les  pans  ou  basques  d'un  habit ,  15,698. 
Panufles,  6640.  chose  de  néant  et  méprisable; 

mais  vers  ç665.  veut  dire  pantoufles. 
Papegaulx  ,  perroquets ,  82 ,  660. 
Papelardie,  hypocrisie,  419,  12,146. 
Papelart,  hypocrite,  12,587. 
Parage,  par aiges  ,  naissance  ,  noblesse ,  dignité  , 

6o5i ,  6057. 
Parcreu  ,  élevée,  exaucée,  1434. 
Pardurablement,  continuellement,  1 9,858. 
Pardurableté,  éternité,  17,510,  18,274. 
Paré,  prêt  à  boire,  8673. 
Parlement,  entretien  ,  discours,  12,664. 
Parlure,  la  parole,  ou  discours,  18,579. 
Parolle,  parle,  entretiens,  748,  3673. 


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S3o 


GLOSSAIRE, 


Paroys  ,  murs,  murailles  jie  maison  ,  16,816. 

Parsonniers  ,  parsonnieres  ,  participant ,  parti- 
cipante ,  6989,  7891,  9591,  12,289,  17,438, 
19,836. 

Part,  fais  part,  13,789.  vient  de  partir  ,  partager. 
Partuys,  trou,  passage ,  5i6,  524,  3779. 
Pas,  passage,  32i8,  8217,  22,483. 
Past,  pour  passe,  43 1.  Cod. 
Paumoyer,  qui  fait  pâmer,  4407. 
Pautonnier,  335o,  9445  ,  gens  de  néant,  vivant 
mal. 

Péage,  c'est  le  droit  de  passage  ou  d'entrée,  25. 
Pecherres  ,  pécheur ,  4862. 

Pejour,  le  pire,  le  plus  mauvais,  4180.  vient  du 
latin  pejor. 

Pelisson  ,  habit  doublé  de  peaux  ou  de  pelisses  , 
1711. 

PenanCe,  pénitence, 275, 1723.  Corl.etauTest.42. 
Pener  ,  s'appliquer,  s'entremettre ,  2167,  2363. 

d'où  vient  pene  ou  paine  ,  se  paine ,  s'applique  9 

1776  , 1964.  penez,  appliqués,  10,299.  penoit y 

s'appliquait, s'attachait,  434,2909. 
Penne  ,  pelisse  ,  ou  peau  fine  pour  doubler  les 

habits,  223  ,  55oi  ,  9189  ,  14,244. 
Pennons  ,  plume  ou  autre  chose  d'équivalent  qui 

se  met  à  l'extrémité  de  la  flèche  pour  la  faire 

aller  droit,  942,  948,  9Ô3. 
Pensée,  309, peine,  chagrin. 
Pere,  paraisse,  18,426,  20,374.  et  au  Test.  1400. 

et  perra ,  paraîtra ,  2 1 ,477  pert  pour  parait ,  362 1  • 


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GLOSSAIRE» 


33i 


Périls  ,  ceux  qui  périssent,  3.  Cod. 
Permanable,  durable  pour  toujours,  8705. 
Pers,  paire,  67,  9101 ,  15408.  couleur  de  bleu 
céleste. 

Pertuiser,  percer,  63a.  Test. 

Pesance,  peine,  chagrin,  16,625. 

Pestail,  9577,  9718.  massue  ou  pilon. 

Pestel,  19,171.  c'est  la  même  chose. 

Peu,  repu,  nourri,  1 3,85 i.peusùj  nourrit,  20,967. 

vient  de  paislre. 
Phisiciens,  médecins,  53o8,  16,713,  16,717. 
Phisique  ,  médecine  ,  172.  Cod.  phisiques  ,  te 

purge,  prend  médecine,  85.  Test. 
Pic,  4536.  hoyau. 

Pieça,  déjà,  depuis  quelque  temps,  3i85,  3189, 
6882,  etc. 

Pièce  ,  longtemps  ,  1785  ,  23 16  ,  3017,  3400  ; 
mais  7587.  vent  dire  loin  ,  éloigné  ;  à  chief  de 
pièce  y  2681.  à  bout  d'une  affaire,  d'une  en- 
treprise. 

Pierriere  ,  pierre ,  596.  Test. 

Pierrieres  ,  instrument  de  guerre  pour  jeter  des 
pierres,  3945,  12,393. 

Piétaille,  infanterie,  milice  à  pied  ,  n32.  Test. 

Pigment,  vin  rouge,  ou  haut  en  couleur,  8672. 

Pignée,  fardée,  qui  a  du  rouge,  1020. 

Piment  ,  le  même  que  pigment  j  ou  même  liqueur 
qui  enivre,  11 ,354,  II>414* 

Pioler,  peindre  de  diverses  couleurs,  19,314.  d'où 


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GLOSSAIRE. 


vient  piole,  18,807.  qui  peint  de  diverses  cou- 
leurs; piolè  j  934,  peint. 

Piteable,  compatissant,  i2o5. 

Piteux,  mortifié  et  faisant  pitié,  424,  11,549; 
mais  6730.  compatissant. 

Plaigerie,  cautionnement,  8378. 

Plaignes,  pour  plaines,  6284. 

Plains  et  plaint,  plaintes,  2o,i65,  21,661. 

Planier  ,  planjère  ,  entière ,  complète  ,  20,191 , 
10,367;  mais  763.  planiere,  pour  plaine  unie. 

Planson,  ç3i.  Je  croîs  que  c'est  du  bois. 

Planté,  beaucoup,  en  abondance,  477,  1164, 
1403,  etc. 

Player,  blesser,  meurtrir,  56g.  Test,  d'où  vient 
playé  y  blessé  ,  qui  a  reçu  une  plaie  ,  968  , 
110.  Test. 

Pleiges,  caution ,  sûreté ,  2004,  is,6i5. 
Plenier,  même  chose  que  planier  ci- dessus, 
16,737. 

Pleuvir,  certifier,  assurer,  7705 ,  1 1,090,  11, $01  f 
12,634.  d'où  vient plevis, assure,  certifie,  12,509, 
13,379. 

Pleysses,  i 6,56 1.  pliantes,  souples. 
Plications,  plis,  18,906. 

Poesté  ,  force  ,  pouvoir,  2o38;  mais  6527.  c'est 

dignité,  et  au  Test.  1474.  puissance,  majesté, 

vient  du  latin  poiestas. 
Poignent  ,  cuisent ,  piquent  ,  io56.  vient  de. 

poindre  >  piquer,  cuire  ,  faire  de  la  douleur; 

d  où  vient  poignans  et' poignantes }  piquants  et 


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GLOSSAIRE» 


piquantes,  i685.  poignoit ,  i3ç5«  commençait 
à  paraître  ;  poignojent  >  1822.  piquaient  ; 
point,  piqué,  blessé,  1288. 

Poine,  peine  ,  travail ,  3099. 

Poise,  pèse  ,  me  fait  peine,  3781. 

Poix  unis,  19S8.  pour  dire  également  traité. 

Policratique,  c'est  un  livre  de  Jean  de  Sarisbery, 
intitulé  :  Policraticus  de  nugis  curialium  ,  69Ô7. 

Pot,  peut,  10,201,  22,o3i. 

Pou  ,  peu  ,  272,. 449,  4Ô6,  463. 

Pou  acres,  89.  Test,  paralytique. 

Pourchasser,  chercher,  14,898.  d'où  vient  pour- 
chasse, cherche,  5672,  14,893,  17 ,929.  pour- 
chassent ,  cherchent ,  11,564.  pourchassez  , 
cherchez,  1 5,587,  16,722. pourchassa ,  chercha, 
6724.  pourchassant ,  cherchant,  1 4,635. 

Pourpens,  pensée,  attention,  1131,2996,  368o. 

Pourpenser,  penser,  réfléchir,  7099,  7103.  d'où 
vient  pourpensezj  pensez,  38 1.  pourpensoye > 
je  pensais,  je  réfléchissais,  2825.  pourpensay  , 
pensai,  réfléchis,  3 159.  pourpensée ,  pensée, 
13,597,  i3,825,  15,587. 

Pourpris,  pourprise,  demeure ,  habitation  ,  lieu 
clos  et  enceint ,  3420,  3835,  i3,o56,  13,175 , 
i3,6i6,  15,276,  i5,583,  15,596,  22,090. 

Poursaillent,  cherchent  pour  attaquer,  5439. 

Pourtraiue,  peindre  ,  tirer  en  portrait,  178,  6i2f 
pour  irai  te ,  peinte,  tirée  en  portrait,  159,  i65, 
241 ,  349,  901 ,  107 1 .  etc. pourtraicl ,  i38.  c'est- 
à-dire  ,  peint. 


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334 


GLOSSAIRE/ 


Pourvbance  ,  prévoyance,  i2,63o.  providence, 
17,883. 

Poutye,  poussière  *  ou  petite  ordure,  6828, 

8062,  8064. 
Pouysse,  pusse,  ou  pouvais,  16,600,  16,972. 
Pkée  ,  prairie  ,  i32,  10,395. 
Premerains,  premier,  i3i8.  Test. 
Prenismes,  nous  prîmes,  ou  avons  pris,  6669. 

prenisse  ,  prisse  ,  ou  avons  pris. 
Prétérit,  le  temps  passé,  4745. 
Preu  ,  bien  ,  25o8  ,  3095  ,  5144  ,  8639  ,  9848, 

13,719.  mais  5432.  pour  bon. 
Preux  ,  vaillant  ,  courageux  ,  7997  ,  i5,36a  , 

18,324, 18,912, 19,489;  mais  78S9, 8167,  i9,83i, 

22,007.  P^ur  agréable ,  favorable. 
Prime,  prochain,  3i.  Cod. 
Primerain  ,  primer  aine  ,  premier ,  première ,  soit 

d'origine  ,  soit  de  supériorité  ,  6589 ,  8649 , 

12,819.  s'écrit  quelquefois  premerain. 
Prisie,  estimée,  22,107. 
Privé  ,  ami ,  familier ,  25p3 ,  7949. 
Procuration,  pension,  1064.  Cod. 
Proesme  ,  prochain ,  39.  Cod. 
Promettierres ,  prometteur,  i5,56o. 
Proveance,  prévoyance,  providence,  18,279. 
Provoire,  curé,  pasteur  ou  confesseur,  11,812, 

17,494.  et  au  Cod.  946.  provoires  ,  pour  prières. 
Prouvé  ,  prouvé  ,  assuré ,  ou  même  pris  sur  le 

fait,  est  souvent  joint  avec  le  verbe  prendre; 

ainsi  c'est  prendre  sur  le  fait  et  la  preuve  à  la 


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GLOSSAIRE. 


335 


main,  10,181,  13,948,  i4,5i5,  i4,5a5,  14,877, 
19,172;  maïs  16,142  veut  dire  reconnu. 

Proye,  vers,  12,363,  pour  prie. 

Proyent,  prient,  1340.  Cod. 

Pueur,  puanteur,  6271 ,  63i3,  63*i. 

Puissance,  force,  402» 

Pute  ,  femme  abandonnée  ;  ce  qu'on  diroit  putain, 
si  ce  terme  osait  se  prononcer,  9478,  12,695. 
pute  affaire  j  5869.  vie  déréglée  ,  ou  action 
infâme. 
Puteaux,  6829. 


C^uanque,  toutes,  autant  de,  autant  que,  4852 1 

1 3,41 3.  et  au  Test.  275. 
Quantes,  combien  de,  18,809. 
Qu arreur,  grandeur  en  quarré,  i33o. 
Quarron  ,  15,677.  carrefour. 
Querre,  chercher,  564,  io,o65.  d'où  vient  que' 
tant ,  cherchant,  6853,  1 2,588.  queisse ,  cher- 
chasse, 789.  quisl  j  quisse  j  cherche  ,  3i55  , 
i5,589. 

Queste  ,  sur-le-champ ,  3268. 

Qy eurent,  courent ,  15,241  ,  17,676,  19,225.  et 

au  Cod.  414.  sur  leur  queurent  j  pour  leur 

courent  sus. 
Quierres,  coins  ou  angles,  21, 343. 
Quignet, coin  d'une  chambre,  464, 


Putel,  puit ,  6639. 


Q. 


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Google 


336  GLOSSAIRE. 

Quittement  ,  entièrement,  sans  rien  demander 

en  échange ,  2289. 
Quitterne,  guitare,  21, 854. 

R. 

Raconvoye,  10,498.  reconduit. 
Raffiert,  convient,  14,382. 
Bain,  branches,  9038,  17,004,  17,665,21,320, 
22,546. 

Rainceaulx  ou  rainseaulx  ,  petites  branches, 

8684 ,  87^6 ,  22,527. 
Raines,  grenouilles,  i386. 
Raiseaux,  filets,  20,981. 
Ramage,  bois,  i332. 
Rame,  branches,  87,  1485. 
Ramé,  plein  de  branches,  1784,  5o269  14,626 f 

21,695. 

Ramentevoir  ,  faire  souvenir,  rappeler  à  la  mé- 
moire, 3459,  5946.  ramentue j  fait  souvenir, 
4S74. 

Ramponent,  grondent,  186.  Cod.  vient  de  ram- 

poner  j  gronder. 
Ramposne,  gronderie,  18,541,  19,508. 
Ramposneuse  ,  grogneuse,  grondeuse,  colère, qui 

gronde  toujours,  176. 
Rangourir,  1219.  Test. 

Rayer,  571.  Test.  Je  crois  que  c'est  ruisseler, 

laisser  couler. 
Raye,  ir7.  Test,  éclate,  jette  des  rayons, 
Rebourcé,  rebroussé,  i53. 


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GLOSSAIRE. 


33/ 


Rebresches,  391.  Cod.  corrigé,  reprennent. 

Recellée  ,  secret ,  en  cachette ,  420 ,  2537. 

Recenser  ,  rapporter  ,  raconter  ,  3oo8  ,  4909  ; 
9575.  d'où  vient  recensera ,  racontera,  19,043. 
recensoye  ,  racontais ,  20,887. 

Recept  ,  retraite,  demeure,  i6.3i2. 

Reclus,  resserré  , enfermé,  10,093. 

Recorder  ,  faire  souvenir ,  faire  répéter ,  2255. 
d'où  vient  recorde  ,  fait  souvenir,  18,045,  re» 
cors  ,  souviens  ,  83o,  2ççy ,  3832. 

Recoup,  i3,633.  abrège,  ou  même  répète. 

Recroire,  repentir  ou  se  relâcher,  io,io5;  mais 
au  Test,  52o,  errer,  manquer  à  la  foi  chré- 
tienne; d'où  vient,  mais  en  d'autres  sens,  re- 
creant,  me  repentant,  2046.  recréant ,  négligent, 
paresseux,  16,142.  recréez  ,  négligés,  i6,5o2. 
recroye  ,  repente,  12,628,  14,896;  mais  14,897. 
ne  recrqye  j  ne  soit  point  paresseux;  recrue  ^ 
paresseuse,  16,099;  ma's  l9>297 >  fatiguée, 
abattue  de  travail. 

Recrespit,  rétablit,  rend  leur  beauté,  6278. 

Recuites  ,  rusées,  faites  au  manège,  22,3oo. 

Reçu  lier,  reculer,  21,573. 

Redargution,  repréhension,  1182.  Test. 

Redolent,  ayant  bonne  odeur,  3567. 

Redon  dans,  abondant,  suffisant,  1120.  Test. 

Refaison,  exécutons,  4968. 

Refatier,  9466.  . 

Referir,  rejaillir,  renvoyer,  17,621.  refiert ,  re- 
jaillit ,  renvoie,  17,654. 

4.  Y 


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238 


G  L  O  S  S  A  I  R  E.' 


Reflagrans,  sentaut  bons,  1412. 
Reforsisses,  pour  renforcissent ,  i6,56o. 
Refraindre,  appaiser  sa  colère,  33n# 
Refretoyer,  réfectoire,  765.  Cod. 
Regehist,  662.  Test.  Je  crois  que  c'est  réfléchît, 

ou  s'y  arrête. 
Règne,  royaume,  12,625. 

Regracier  ,  remercier  ,  rendre  grâces ,  10,008. 
Reimbre  ,  246.  Cod.  Je  crois  que  c'est  racheter. 
Remaindre,  demeurer,  rester,  3480, 5655,  6j55. 

remaint  y  demeure,  reste,  i5,5i8  ,  18,765, 

20,24a,  et  au  Test.  i555. 
Remanoir  , rester,  demeurer,  2198,  2985. 
Remembrance,  souvenir,  144,  2459,31649 

47°4- 

Remembre,  souviens,  1027,  2691  ,  etc.  vient  de 
remembrer ,  souvenir  ;  de  là  sont  formés  re- 
membrez j  souvenez- vous,  1 5,346.  remembrant, 
souvenant ,  en  ayant  souvenir ,  5948.  remem- 
brée j  rapportée ,  racontée ,  6449. 

Remenant  ,  le  reste  ,  le  restant,  le  demeurant, 
1576,  3484,  etc.  et  au  Test.  1571. 

Remirer,  regarder  attentivement,  1614,  d'où 
vient  remir  pour  remire,  i3,43o.  je  regarde,  et 
remire  j  se  regarde,  13,397.  et  au  Test.  735. 
remire  j  prend  garde  ;  remirent  ^  8810.  prennent 
garde. 

Remordre,  répondre,  718. 

Réndue  ,  482.  dévote ,  retirée  du  monde. 

Renouvellence,  renouvellement ,  7233. 


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GLOSSAIRE.  339 

Renoyent,  renient,  5i3o,  10,849.  renoyez,  19,989* 
reniez  ,  vient  de  renoyer.  Renoist,  renie,  143. 
Cod. 

JRenVoyser,  danser,  sauter,  760.  d'où  vient  ren- 
çojrsié  3  qui  aime  le  plaisir ,  qui  aime  la  joie , 
20,926.  Voyez  ci-dessus  envoyseure* 

Renvoyserie,  agréments,  joie,  21,845. 

Refaire  ,  demeure ,  15,643.  repairoit,  fréquentait, 
12,835. 

Replenist  ,  remplit ,  2480. 

Repont,  cache,  756.  Cod.  reponent ,  cachent, 
8398.  vient  du  latin  reponere. 

Repost,  à  l'écart,  retiré  à  Pécart,  83o.  Te$t.  re- 
postes  j  mises,  cachées,  5406,  13,982  ,21,612. 

Repostailles ,  ripostaille,  en  secret,  d'une  ma- 
nière cachée  et  inconnue,  14,478.  cachette , lieu 
où  Ton  cache  quelque  chose  ,  1 5,352.  choses  ca- 
chées dans  quelqu'endroit,  19,940. 

Requerre,  rechercher,  demander,  i2,oi3.  d'où 
vient  requerissent  pour  demandassent,  12,012. 

Rere  ,  raser ,  tondre ,  1 1 ,583. 

Rescourre,  réchapper,  1 1 ,667 ,  16,81 3.  d'où  vient 
rescoux  ,  réchappé ,  9454. 

Rescondre  ,  cacher,  tenir  en  secret,  5387. 

Resjouvenir  ,  rajeunir,  13,922.  d'où  vient  resjou- 
vcnist ,  rajeunit,  i3,6o3. 

Resjoye  pour  se  réjouisse ,  81 , 2766, 

Respiter,  dispenser,  11,476.  respitez  >  dispensez, 

exceptez,  16,592. 
Responans  ,  reposant ,  1 127.  Test. 


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GLOSSAIRE. 


Responez,  répondez,  15,893.  respongne,  réponde, 

14,919,  20,434. 
Ressourt,  ressuscite  ,  599.  Test,  et  ressourdront, 

ressusciteront,  141.  Test. 
Restaurer,  rétablir,  7652. 
Retollir  ,  enlever  ,  prendre,  d'où* vient  retoult, 

enlève ,  prend ,  retouldra  ,  prendra  ,  enlèvera , 

19,386.  retolu,  enlevé  ,  ôté,  13,891. 
Restoyer  ,  766.  Cod.  demeure  ou  habitation  où 

Ton  reste. 
Retourra,  retournera,  14,714. 
Retraire  ,  réciter,  973  et  161 1  du  Test,  maisr*- 

traire,  retirer,  245 ,  3i8 , 4468.  et  au  Test.  1690; 

mais  1416,  retraire,  retracer ,  et  2120,  raconter, 
•  d'où  viennent  relrairay,  retirerai ,  7127.  retrais, 

retire ,  15,704.  mais  3591 ,  retrait  pour  raconte; 

retraite^  retirée ,  35o  et  19,955.  retraite ^  racontée. 
Revault  pour  vaut ,  et  que  me  vaut ,  4287. 
Reversable  ,  qui  retourne,  qui  retombe  ,  7*35. 
Revigourer  ,  rajeunir  ,  rendre  la  vigueur , 

21,398. 

Ribaudies  ,  paroles  sales  et  vilaines,  2143  ,  5953; 
mais  4673  et  1 5,2 12 ,  ce  sont  actions  vilaines,  ou 
vie  débauchée. 

Ribaudire  ,  18,767,  tressaillir  de  plaisir ,  d'où  vient 
ribaux ,  gens  attachés  à  la  débauche  ,  1 3,546, 
5264 ,  5265  ;  mais  5497,  veut  ^,re  un  h0*33006  de 
néant ,  de  la  lie  du  peuple  ;  ribaulde  >  femme 
abandonnée ,  7246 ,  7333. 

Richoyer  ,  faire  parade  de  ses  richesses,  675.  Cod. 


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GLOSSAIRE. 


Rien,  chose,  246,  587,  600, 1201.  et  au  Cod.  61. 

au  Test.  1664. 
Rigol  âge  ,  terme  burlesque ,  pour  dire  retour  d'une 

affaire ,  88o3. 
Rimoyer  ,  rimer ,  mettre  en  vers  ,  36. 
Riotte  ,  querelle  ,  dispute  ,  3642  ,  8878  ,-9746. 
Kive  ,  bord  d'une  rivière  ,  16,999  ;  mais  22,236  ,  il 

s'agit  d'autres  bords. 
Rober  ,  voler ,  dérober,  191 , 14,317,  i5,57Ô.  d'où 

vient  robe,  vole,  12,173,  robez ,  ceux  qui  sont 

volés,  12,176.  roberqye  ,  volerais,  7487. 
Robeurs  ,  voleurs ,  121 76. 
Roé ,  roue ,  4078. 
Roucin,  cheval,  1128. 
Rouelle,  roue,  9831. 

Rouille  ,  382o.  ardents  ,  étincelants;  mais  vers 
9735 ,  je  crois  que  c'est  se  mettre  en  colère. 

Roups  ,  rompu,  brisé  ,  15,701.  roupies,  brisées, 
rompues,  18,684. 

Route  ,  compagnie,  i583.  Test. 

Roy  des  Ribaux  ;  c'était  autrefois  une  qualité  d'un 
homme  suivant  la  cour,  dont  la  Fonction  était 
de  faire  sortir  de  la  cour,  ou  de  la  suite  du  roi , 
tous  les  fripons,  malfaiteurs  et  gens  sans  aveu* 
11,452,  11,461,  12,608. 

Royant,  18,953.  étincelant,  éclatant. 

Royne  ,  grenouille,  11,579. 

Ru,  rivière,  ruisseau  d'eau  courante,  16,427. 

Ruse  ,  2738.  moque,  trompe,  de  ruser,  moquer. 

Rwyent,  686.  Cod,  Je  crois  que  c'est  séduisent. 


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GLOSSAIRE* 
S. 


Sache  ,  tire  hors  ;  sachiez  >  tîrez  hors;  1 7,363. 
vient  de  sacher,  tirer  hors  ;  se  dit  encore  par  le 
menu  peuple  de  Picardie  ;  saquer  une  épèe,  tirer 
une  épée. 

Sadayer  ,  faire  le  mignon ,  1270.  Cod. 

Sade  ,  agréable ,  gracieux ,  53ia ,  1 1,876 ,  21^4. 

Sagictons,  Cod.  691.  dard,  un  trait,  une  flèche. 

Sajecte,  flèche,  9S0,  1817,  1428. 

Saille  ,  sorte,  vient  de  saillir,  1 186.  Test. 

Saillir  ,  sauter  ,  2988.  sortir ,  3979.  d'où  vient 
saillqyentj  sautaient ,  i38i.  saulij  saute,  1641. 

Saintisme  ,  salutaire  ,  29.  Cod. 

Saisine,  possession,  io,365,  16,174. 

Sangle  ou  Sengle,  simple, 7654,  18,969. 

Sannes,  11,571,  assemblées. 

Santive  ,  salutaire ,  4410. 

Sault  ,  sauve,  2968.  s  aulx ,  sauvé ,  1829.  Cod. 

Saulx  ,  ceux  ,  i33o.  Cod. 

Seiche,  i  1,973.  une  sorte  de  poisson  ;  mais  je  crois 
qu'il  veut  dire  ici  peu  de  choses. 

Seigneurir  ,  dominer  ,  commander  ,  6895  ;  mais 
1216.  Test,  au  Cod.  i65,  seignourir,  veut  aussi 
dire  rester ,  demeurer. 

Semblances  ,  ressemblances  ,  1004,  l^9*  etc- 
Semilleuse,  6541.  vif,  actif.  Semilleuse,  re- 
muante ,  inconstante ,  7118. 
Semondre,  exhorter,  3486.  etc.  et  au  Test.  16*71 


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GLOSSAIRE. 


343 


d'où  vient  se  mon  >  exhorte,  qô&Q.semontj  exhorte 

1794,  291 1.  etc. 
Semoult  pour  semont ,  exhorte ,  2233. 
Senestre,  gauche,  160.  etc.  et  au  Test.  1080. 
Senez  ,  sage ,  sensé,  17,432 ,  1 8,556. 
Sengle,  simple,  18,969. 
Sente  ,  chemin ,  73S,  8189. 
Sentelle,  petit  chemin ,  sentier ,  22,466. 
Sentelette,  petit  chemin,  22,261. 
Sequeure,  secourre,  11,400,  i7,3o5. 
Serf,  serviteur,  esclave,  13,079. 
Sergens,  serviteurs,  886,  i2,6o3. 
Seris  ,  2o5.  Test.  Je  crois  que  c'est  salutaire. 
Série,  129,  seraine,  en  parlant  de  la  journée  orç 

de  Pair,  690,  16,796 ,  20,751 ,  21,844. 
Sermon  pour  scrmone^  t'avertis ,  4886,  8562* 
Servage  ,  servitude,  esclavage,  4100,  7032. 
Serve  ,  esclave ,  2433. 
Sesqueue,  secoue,  10,284. 
Seul  as  ,  874.  Test  abandonna,  seule. 
Seult,  a  de  coutume ,  2748 ,  i3,i68. 
Seulent,  ont  accoutumé,  4912. 
Seurbat,  1073.  Cod.  surmonte,  comme  je  crois. 
Seure  ,  sur ,  ou  dessus ,  275.  Test,  nous  court  seure, 

nous  coure  sus. 
Seurgeure  ,  10,344.  science  de  seurgeure.  Je  crois 

que  c'est  l'instinct  du  chat  contre  la  souris. 
Siet  ,  s'asseoit ,  ou  est  placé ,  1676.  vient  de  seoirs. 
Signifiance  ,  signe  ,  19. explication,  997,  2101* 
Sire  ,  seigneur ,  2498. 


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344  GLOSSAIRE. 

Sist,  convient,  755. 

Sitoust  pour  sitôt ,  vers  83o5.  mot  estropié  en  fa- 
veur de  la  rîme. 

Sodoirant,  ia33.  Test. 

Soef  ,  agréable  ,  gracieux  t  141 1. 

So  lacer  ,  Sol  acier,  divertir,  réjouir,  3540  ; 
12,847,  22,i3o. 

Soliers,  chambre  haute  ,  14,185,  14,494, 

Soller  pour  soulier ,  vers  8190.  se  dit  encore  en 
quelques  provinces. 

SoRES,  14,547. 

S'ot  pour  s'oiiit ,  s'entend  ,  2709. 

Soubtiva  ,  463o,  agit  avec  industrie. 

Soubtivement,  1170.  subtilement. 

Soue,  la  sienne,  1041.  Cod. 

Souldoyer  ,  soldat ,  3982 ,  1 3,026.  et  au  Test.  775. 

Souloit,  avait  accoutumé,  6610,  13,925.  vient  de* 
souloir,  avoir  de  coutume  ;  de  là  se  forment  sou* 
loye  ,  27.  j'avais  accoutumé;  souloient,  avaient 
accoutumés,  8746,  11,920.  soûlons  ,  avons  ac- 
coutumés, 12,806. 

Sourse  ,  14,438.  sortie  ou  venue  en  abondance. 

Sousduycte,  1233:  Test. 

Souspeser  ,  peser,  réfléchir,  7060.  souspesani, 

pesant,  réfléchissent,  22,362. 
Spiritueulx  ,  spirituels,  12,102. 
Subtiliassent,  18,618.  pour  s'industriassent. 
Subtillier  ,  subtiliser  ,  16,882. 
Subtive  ,  subtile  ,  industrieuse ,  16,906, 
Supployer,  supplier ,  2164, 


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GLOSSAIRE. 

Surcot,  espèce  de  justaucorps,  8817,  9249. 
Supprbssure  ,  940.  Cod.  dissimulation,  tromperie. 
Surcuydée  ,  vaine,  orgueilleuse,  8893. 
Surquanye,  1207,  1218.  sorte  d'habillement. 
Sus  et  Jus,  dessus  et  dessous,  1686^ Test. 
Suspection,  soupçon,  3891. 
Suyvir,  i3^o.  suivre. 

T. 

Tables  ,  jeu  des  dames  ou  échiquier,  8048  , 

10,479. 
Tabour  ,  tambour  ,  6245. 

Taboure  ,  sonne  du  tambour  ,  ou  bat  la  caisse  , 
pour  parler  en  terme  de  guerre ,  6244.  tabourent, 
sonnent  ou  cornent ,  pour  parler  d'une  manière 
populaire ,  22,3o6. 

Taillier  ,  cottiser ,  imposer  une  taille  ou  subside 
d'argent ,  9997, 1 1,373.  taillèrent j  se  cotisèrent , 

l9999- 

Talent  ,  désir  ,  volonté ,  disposition  ,  99 ,  2654  , 
i5,3a8.  etc. 

Tapinage  ,  tapinois  ,  ou  d'une  manière  secrète  , 
12,669. 

Tapissoit  ,  se  fourrait  en  un  coin ,  465.  vient  de 
tapir  ,  encore  usité. 

Targe  ,  bouclier,  16,192.  targent ,  se  couvrent  de 
bouclier ,  16,573.  alors  targe  est  verbe  ,  et  vien- 
drait de  targe  r  ,  se  couvrir  de  son  bouclier. 

Tast  ,  tac ,  ou  toucher ,  558. 

Tenceresse  ,  grondeuse ,  147.  etc. 


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GLOSSAIRE. 


Tenemens,  domaines  en  fond  de  terre  ,5545, 

10,001,  11,431,  19,622,  2i,i38. 
Tenisse,  tinsse  ,  1642,  1 3,56a. 
Tenson  owTençon,  chagrin  ,  gronderi€T  955i, 

13,674. 

Tenvre  ,  délié  ,  délicat ,  ç656. 
Terdre,  essuyer,  14,070. 
Terme  ,  délai ,  20,294. 
Termine  ,  délai,  10,389. 
Terminée,  décidée,  réglée,  19,242. 
Terminéèment  ,  décisivement ,  18,1 12. 
Terse,  nette,  1028.  Cod. 

Tertke  ,  petite  élévation  ,  petite  montagne ,  n3, 
128.  c'est  ainsi  que  Villon  appelle  le  terne  du 
mont  Valérien. 

Texit  ,  couvrit ,  cacha  ,  37Ô.  Test. 

Thaignon,  1576.  Cod. 

Thiesme  pour  thème,  proposition ,  20,291. 

Tieulx  ,  tels ,  5i8.  et  au  Test.  1544. 

Tiffée  ,  ajustée ,  accommodée ,  35o3. 

Tinel,  i63i.  Cod.  ' 

Tinter  ,  dire  un  seul  mot  ;  comme  nous  disons  fa- 
milièrement ne  sonner  mot ,  11, 586. 

Tire  a  tire,  tout  de  suite ,  ou  Pun  après  l'autre, 
9666,  i2,o5i,  14,808. 

Tirelire  ,  petite  boîte  à  serrer  argent ,  459.  Cod. 

Tjst  ,  8789.  faire  étoffe  ou  toile  de  tistre. 

Tollir  ,  prendre  ,  enlever ,  usurper ,  191 ,  5277, 
2o,883  ,  etc.  d'où  vient  tolentj  prennent,  5687. 
toit,  prend ,  874Ô.  lolljj  ôta  ,  priva ,  83 1 2 , 691 1> 


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GLOSSAIRE. 


347 


6909 , 83io.  iollitj  ôta ,  enleva  ,  tolisl ,  enlevât , 

prît ,  766 1 .  tolissentj  enlevassent ,  prissen  t ,  1 2,0 1 3. 

tolurent ,  prirent ,  enlevèrent ,  9965.  lolu,  ùté , 

enlevé ,  2006 , 9694.  tolues  ou  tollues  >  enlevées  , 

prises,  195,  4061. 
Tonnel  ,  tonneau ,  20,092. 
Tonnelles  ,  9249.  et  au  Cod.  1225.  doit  être  un 

corps  de  juppe ,  ou  corps  de  femme. 
Torte  ,  tortue ,  courbée ,  qui  n'est  pas  droite ,  Ô22. 

Test. 

Tortilz  ,  torches  ou  gros  flambeaux ,  i3,i62. 

Totée  ,216.  Cod.  je  crois  que  c'est  un  petit  mor- 
ceau de  pain  trempé  dans  du  vin ,  ou  même  peu 
de  choses. 

Tou aille,  toile,  i56,  6767,  6808. 

Touldre,  prendre  ,  enlever  ,  11,009,  11,748, 
17,075  ,  d'où  vient  toult ,  ôte  ,  enlève,  4823  , 
SÔ62 , 63i8 , 6792 ,  etc.  Touldroit  y  ôterait ,  enlè- 
verait, 12,3 18.  touldroyent ,  ôteraient,  enlève- 
raient ,  SS06.  touldra ,  enlèvera,  prendra  8427. 
loulsist ,  18,899.  enlevât  ;  toultj  enleva ,  83o4. 

Toulin,  13,814,  droit  qui  se  prend  sur  les  mar- 
chandises ou  denrées,  de  tôlière,  prendre. 

Tourner  ,  détourner,  3i5o  et  17668.  c'est  se 
roidir ,  se  révolter. 

TournoyastEs  ,  co  m  bâtîtes ,  16,299. 

Tournoyèrent,  tournoi ,  1186.  combat ,  15,822s 
16,295,  i6,352 ,  18,675,  19,163,  20,962. 

Tournoyer,  séjourner,  22,1 85. 

Touse,  11,304.  amie  ou  amante. 


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348  G  L  O  S  I  A  I  R  L 

Toutes-voyes,  toutesfois ,  1884,  17,39a. 
Touzé  ,  tondu ,  347.  Test. 

Traire  ,  retirer,  2.3$,  ç63 ,  993,  1689.  d'où  vient 
Iraye,  tire ,  retire ,  vienne ,  i322  t  1794.  trayent, 
tirent,  attirent ,  4142.  traic/e ,  tirée ,  1871,2030, 
2,942.  iraictes  ,  reçues,  3336. 

Traîneaux,  11,571.  filets  à  pêcher. 

Transitoire,  passagère,  524.  Test. 

Translance  ,  envoie ,  insinue  ,  19,922. 

Transmue,  change  ,  389 ,  6177. 

Trempée  ,  tempérée  ,  63 18. 

Tresche  ,  danses  ,  sauts  ,  769  ,  16,81 1. 

Trespasser,  passer  ,  377. 

Tressaudras  ,  tressailliras  ,  2322. 

Tressoirs  ou  Tressouers  ,  572 ,  9631. 

Tressons  ,9187.  rubans  qui  tiennent  les  cheveux 
retroussés. 

Trfstant  ,  tant ,  si  grand  nombre  ,  494. 

Tketiz  ,  bien  faits  ,  mignons  ,  861 ,  1 195 ,  2687. 

Treuz  ,  Treu  ,  10,000 ,  20,122.  Je  crois  que  c'est 
des  biens. 

Tri  A  cle,  thériaque  ,  contre  -  poison  ,  i3,i26, 
-17,389. 

Tricherre ou  Trichierres,  tricheur,  trompeur, 

13,928 ,  i5,56i  ,  20,017. 
Triper  ,  Tripeter  ,  courir ,  i3,433,  13,687, 

i8,63o. 

Tripot,  ou  figuré  pour  manœuvre,  22,o3o. 

Tristour,  tristesse  ,  10,639. 

Tru  âge  ,  passage  ou  droit  de  passage ,  i3a6.  Test* 


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GLOSSAIRE. 


34$ 


Truant,  gueux,  mendiant,  n,o65;mais  3716, 
15,282,  veut  dire  un  malheureux  ,  un  homme 
de  néant;  truande,  pauvre  ,  mendiante,  16,779* 

Truander,  mendier,  11,924. 

Truandie  ,  mendicité ,  12,006,  ia,o65» 

Trubert,  i5,57i.  agréable ,  à  ce  que  je  crois. 

Truffe  ou  Truffles  ,  tromperies  ,  fourberies , 
calomnies ,  6641 ,  9893 ,  9666 ,  1 2,833 ,19,144, 
21,246.  truffe,  trompe,  15,768. 

Truisse  ,  trouvasse  ou  trouve  ,  11,641 ,  n*749  t 
14,636,  17,763,  22,i35. 

Trupigneys,  i6,35i  ,  trépignement. 

Tueuse  ,  635.  Test,  meurtrière. 

Turquoys  ,  925.  à  la  Turque. 

Tu  y,  tais,  9Ô8.  Cod.  mestuj ,  me  tais. 

Tymbre,  cloche,  21868. 

Tyretaine  ,  sorte  d'étoffe  de  laine,  21,763. 

V- 

Vain,  abattu,  1719,  1812. 
Vaire,  fourrure  fine  et  précieuse  ,  223  ,  55oi , 
94o5. 

Val,  descente  ,  i33.  contre- val,  en  descendant. 
Valeton,  jeune  homme,  16,807;  mais  1  o,533 f 

pour  serviteur. 
Value  ,  valeur ,  4236.  estimation ,  21,190. 
Varlet,  jeune  homme ,  jeune  galant,  194, 86o3f 

11,174,13,247,  13,275,21,901. 
Vassal  ,  Vassault  ,  homme  soumis  et  inférieur , 


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GLOSSAIRE. 


2967,  2977.  au  figuré  signifie  un  jeune  homme* 
Vasselage  ,  obéissance ,  3o58 ,  7*5 1. 
Vaulsist,  voyez  vouldrent ,  ci-après. 
Veables,  visibles,  1755.  Cod. 
Venir  ,  a683.  venue ,  arrivée, 
Vensist,  vînt ,  1664.  Test. 
Vergogne,  honte,  4797,  493a,  9829,  i3,385, 

18,180. 

Vergogneux  ,  honteux ,  2430 ,  8384* 
Vermenuiser  ,  piquer  de  vers ,  pourrir ,  634.  Test. 
Vers  ,  couleur  fort  estimée 'autrefois  pour  les  jeux, 

547,  8a3 ,  1196» 
Vers ,  fortune,  3847. 

Vertant,  tournant,  changeant,  128*  Test. 
Vertible,  corruptible  ,  changeante  ,  128.  Test* 
Vertir  ,  869.  Test,  retourner. 
Verve,  folie  ou  fureur,  i3,65o. 
Vieur  ,  vieux  ,  19.  Cod. 

Villain  ,  roturier  ,  ignoble,  1953  ,  3786  ,  6843. 
homme  de  mauvaise  vie  ,  2116.  villaine  >  dif- 
fame ,  1 1,387.  villenantj  diffamant,  14,377.  vient 
de  villaner  ou  villener. 

Villen aille,  canaille,  gens  de  néant ,  19,581. 

Villen astre  ,  gens  d'une  ame  basse  ,  5466. 

Villenie  ,  action  ou  parole  deshonnête  ,  et  quel* 
quefois  malpropreté ,  171,  979,  1208,  ai  10. 

Villotiere  ,  fille  ou  femme  de  joie ,  8770 ,  17,273. 

Vilté  ,  mépris ,  9642 ,  9S84 ,  10,048. 

Violant,  méprisant ,  2634. 

Vindelle,  io3.  c'est  une  sorte  de  manches  ,  et 


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par  les  miniatures  il  semble  que  ce  sont  longues 
manches  pendantes ,  telles  qu'elles  sont  dans  les 
habits  à  la  romaine  qu'on  fait  paraître  sur  le 
théâtre. 

Vire  ,  grosses  flèches ,  ou  trait6  d'arbalètes ,  16,406* 
Virer  ,  21,324. 

Vis  ,  visage  ,  124  ,  36a ,  446  ,  786 ,  1496  ,  7964. 

vis  est  mis  aussi  pour  advis,  lui  fut  advis. 
Umbrage,  ombrageuse,  soupçonneuse,  1233. 
Umbrageux,  obscur,  14,971. 
Umbre  pour  couvre ,  ou  est  couverte  ,  21,321. 
Umbroyer  ,  prendre  Pombre ,  se  mettre  à  l'ombre, 

618,  1299,  1477,  3048. 
Ungs  ,  quelques  ou  plusieurs ,  S76. 
Voir  ,  vrai,  1S68,  3460 ,  3718.  etc. 
Vouldrent,  voulurent ,  8966.  voulsisscj  voulusse, 

2818  ,  1 5,656  ,  15,679.  voulsist  ou  vaulsist  , 

voulut  484,  963,  32i3,  3285,  14,866.  voult , 

voulut,  1499,  3172.  rouira j  voudra,  20,430. 

vourroit ,  voudrait,  18,359.  tout  cela  vient  de 

vouloir. 

Voultis  ,  543.  fait  en  arc  ou  en  voûte. 

Voyes,  fois ,  25.  Test. 

Voyre,  1869.  Test,  véritable. 

Voyse  ,  aille ,  20,699. 

Us ,  coutume ,  accoutumance ,  5445. 

y. 

Yere  ,  était ,  9143 ,  12,449.  etc- et  au  Test  827; 
jrert  pour  était. 


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Ylliers,  13,271.  les  côtés  ou  les  flancs. 

Yre  ,  colère  ,  148,  297,  314,  etc. 

Yreuse  ,  grogueuse  ,  toujours  en  colère ,  35p5. 

Ysangrin  ,  11,647.  cest  UQ  nom  donné  burles- 
quement  aux  loups. 

Ysnel  ,  joyeux  ,  enjoué,  83i  ,  11,041.  ysnelle, 
joyeuse ,  enjouée,  95 1-,  22,034.  et  au  Test.  1019. 

Yssir,  sortir,  2077,  !6;835.  d'où  viennent ysse , 
sorte  ,  401 1 ,  9448 ,  16,736.  yssenl,  sortent,  au 
Test.  424. yssoi/j  sortait ,  1 1  \5.jystj  sort ,  1679, 
21,403.  et  au  Test.  1666.  yssi  j  sorti  ,  1952, 
81 83.  ystray ,  sortirai ,  8159.  ystra  y  sortira, 
1 757  f  4222 , 1 1,572.  ystrez  >  sortirez ,  8234.  js* 
iroit ,  sortirait,  4224.  yssit,  sortit ,  16,996.^- 
sist ,  sortît,  13,070.  yssisse  ,  sortisse  ,  11,507. 
yssir,  sortie ,  issuev,  82 18. 

Ytel,  tel  ,  8086.  ytieù/xj  tels,  7i5o,  i2,ior. 

Yvernagb*  hiver,  3435* 


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